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à leur égard; cependant il n'y a pas long-temps encore que, sur les bords du Rhin et dans le Würtemberg, on s'est vu forcé d'employer la voie des armes pour exterminer ces vagabonds. Dans tous les pays du Nord, dans les plus froids même, les Bohémiens rencontrent des asiles. On trouve beaucoup de nomades en Lithuanie et en Courlande.

Plusieurs écrivains allemands ont rapporté dans leurs écrits que, sous l'impératrice Catherine II, des familles entières de Bohémiens avaient été transportées du Holstein dans un des gouver nemens de l'empire de Russie (1); le peu d'authenticité de cette assertion est prouvé par un oukaze de l'année 1759, qui interdit aux Bohémiens l'entrée de la capitale et de ses environs, défense qui a été maintenue dans tous les autres décrets subséquens relatifs à ce peuple.

Le sud-est de l'Europe est l'endroit où l'on voit le plus de Bohémiens. On en compte 50,000 en Hongrie (2), 36,000 en Transilvanie (3) et 5,000 dans le Bannat (4). Dans la Boukovine, indépendamment de Soo Bohémiens inscrits comme faisant partie des domaines des propriétaires et des couvens, on en comptait encore 842 familles errantes (5). Il s'en trouve encore une innombrable quantité dans le pays slavon appartenant à l'Autriche. Sulzer suppose que la Moldavie et la Valachie en renferment plusieurs milliers de Kgniajeskié, c. ad. sujets de princes, et quelques dizaines de mille de Boïarskié, c. à d. sujets de boyards. Dans ces contrées, les Bohémiens sont divisés en castes, dont chacune porte le nom de son maître (6). La Bessarabie, la Bulgarie, la Grèce et la Romanie sont inondées de Bohémiens, qui de là se rendent pour la plupart à Constantinople (7). On peut calculer approximativement combien il s'en trouve en Tur(1) Berlinische Monatschrift, 2783, 116.

(2) Jacob Tolli epistolæ itinerariæ per C. H. Henninium (Amst. 1700, p. 201.)

(3) Joseph Benkö Transilvania. Windob. 1778, 8, T. I, § 167, p. 501. (4) Versuch einer politischen und natürlichen Geschichte des Temesuarer Banats. (Wien, 1780, 4, erst. Theil, 6ter Brief.

(5) Ueber die Grosse und Bevolkerung der europæischen Staaten. Leipzig, 1785, 8, p. 437. (6) Sulzer, Geschichte des transalpinischen Daciens, 2' ter Band, pag. 136-146.-Carra, Hist. de la Moldavie et de la Valachie, p. 186. (7) Türkischer Schauplatz. Hamburg, 1663, fol. nom. 106.)

quie, d'après le relevé des impôts prélevés sur eux en 1776, et qui se montait à 2,690 kesses, ou 1,300,045 piastres turques (1).

L'histoire ne saurait déterminer exactement l'origine des Bohémiens, non plus que l'époque et le pays où ils s'établirent d'abord en Europe. Ils parurent en 1417 dans la Hongrie, la Moldavie et la Valachie (2). La même année ils furent remarqués par les Allemands des côtes de la Baltique (3); et l'année suivante on en vit en Suisse (4), et généralement presque toutes les chroniques allemandes de cette époque en font mention (5). En 1422, ils visitèrent l'Italie, sous le prétexte d'adorer le Saint-Père, et, en 1427, ils se montrèrent à Paris sous le nom de Bohémiens (6); de là ils furent contraints de retourner en Allemagne, où Aventin fixe leur première apparition en l'année 1439, ce qui détruirait l'opinion de Muratori, qui les fait y venir d'Italie (7), et bien plus encore la supposition de Majoli; qui ne place l'arrivée des Bohémiens dans le Nord qu'après leur persécution en Italie (8). Cependant on ne trouve nulle part la preuve qu'ils aient paru avant 1417. Eccard (9) parle sans au

(1) Osmanischer Finanz-Etat vom Jahr 1776, dans Schlazer's Briefwechsel, cah. xxx11, pag. 126.

(2) Certe primum omnium in Moldavia, Valachia ac Hungaria circiter annum 1417, visi sunt, istincque in alias Europæ ditiones propagatiGeorg. Pray. annales regum Hungariæ. P. IV, p. 275. Grisclini, historia Bannates Temeswar, p. 212.

(3) Hermanni Corueri Chronicon ad annum 1417. In Jo. Ge. Eccardi corpore histor. medii ævi I, 11. Colum. 1225. Kranz, Sæchsische Chr. Buch. 11, ch. 2, p. 293. Sebest. Münster, Cosmographie, Buch 3, kap. 5, pag. 370.

(4) Stumpf, Schweitzer Chronik, liv. 8, ch. 10, p. 425.

(5) Hedio Paralipomena, ad Urspergum, pag. 402. Crassius, pag. 345. Spangenberg, dans sa Chr. de Mansfeld, p. 357; Zeilter, lettr. 71; Heidenreich, dans la Chr. de Leipzig, p. 62 et suiv.

(6) Pasquier, Recherches de la France, l. IV, ch. 12, p. 361. (7) Annali d'Italia, tom. IX, pag. 110.

(8) Simon Majoli Dierum canicularium, tom. III, collog. 2, pag. 631. Mart. Szentivanes. Diss. Horograph., IV, p. 227.

(9) Johann Ge. Eccardi Dissert. de usu et præstantia studii etymologici in historia,'cap. I. Cingaros primum in Poloniam trajecisse, ex ipsorum apud Münsterum relatione consilio postea Valachiæ Transilvaniæque sese infuderunt.

cune espèce de fondement lorsqu'il assure que la Pologne fut leur premier séjour en Europe, car Münster, qu'il cite, garde le silence à cet égard, et la constitution (1) de 1624 atteste évidemment qu'ils passèrent de Valachie en Pologne (2). Le savant Tchatsky n'émet pas son opinion relativement à ces mots du privilége de Boleslas V, roi de Pologne (1256), et advenæ qui vul gariter Szalassi vocantur a servitute exactionis liberantur. Il ne dit pas si ce passage doit s'entendre des Bohémiens. Mais, comme ce peuple n'a jamais porté ce nom en Pologne, qu'il n'y a été connu que sous celui de Tsigans ou Philistins, et qu'on n'en entendit parler qu'en 1501, il est probable que le privilége de Boleslas a voulu faire mention de quelque autre peuplade, ou peut-être même d'une horde de Tatars errans.

Aventin et, après lui, presque tous les savans supposent que les Bohémiens parurent d'abord en Turquie (3), parce que c'est dans ce pays qu'aujourd'hui encore ils se trouvent en plus grand nombre. Tout porte à croire qu'il en arriva une multitude en Europe, car à l'époque de leur apparition on en vit des hordes entières de plusieurs milliers d'individus sous le commandement de Kniazes (princes) ou rois (4): la horde de Bohémiens qui parut en Suisse était composée de 14,000 âmes, y compris les enfans et les femmes (5). Sur les bords de la Baltique, ils se montrèrent en troupes de plusieurs centaines d'hommes (6), amenant leur bien sur des chevaux, des ânes et même des chiens (7). J. . . . . . T.

......

200. ACTES ET DOCUMENS DIPLOMATIQUES, en langue ruske ou RUSKO-LITHUANIEN, qui se trouvent à Moscou, dans la bibliothèque du comte Tolstoy; par Ign. DANILOWICZ et Joach. LELEWEL. (Dzienick Warszawski; décemb. 1826.)

Ignace Danilowicz, nommé professeur du droit lithuanien à

(1) Vol. leg., tom. 3, f. 468.

(2) Sulzer, Beschreibung des transalpinischen Daciens, liv. 11,p. 143. Ibid., Pray. Ann. d. koen. Hung.

(3) Aventin, Annalen, lib. 8, p. 418.

(4) Kranz, Sächsischer Chr., II. liv., ch. 2. Münster, Cosmographie, liv. III, ch. 1. Stumpf et Gerler.

(5) Stumpf, pag. 425.

(6) Hermann Corner, Chron. in Eccard; corpus histor. medii ævi, t. II, colum. 1225.

(7) Kranz, Münster et Stumpf,

l'Université de Charkow (1), se rendant de St.-Pétersbourg au lieu de sa destination, passa par Moscou où il visita la bibliothèque du comte Tolstoy, qui est si riche en monumens slavons du moyen âge. Devant, d'après les fonctions qui lui sont confiées, s'attacher particulièrement, dans ses leçons, à expliquer les anciens statuts de la Lithuanie, il chercha dans la bibliothèque qu'il visitait les diplomes qui ont un rapport direct avec sa mission. Il nomme rusko-lithuanien, ou bialo-ruske, ou blancruske, le dialecte dans lequel ils sont écrits. Il y en a depuis le 12° siècle. On voit que, même dans le 16° siècle, on parlait le ruske ou rusko lithuanien à Lemberg, comme à Wilna et à Knyzsýn. C'était la langue dont on se servait dans la chancellerie des Jagellons et des Sigismond, pour les affaires qui regardaient la Russie-Rouge et la Lithuanie.

Le savant Lelewell, qui a complété et expliqué les observations de Danilowicz, a publié 8 diplomes donnés en langue ruske. Le premier est une donation que le célèbre Witold, grand duc de Lithuanie, lieutenant de Wladislas Jagellon, accorda en 1399 aux chanoines de la cathédrale de Wilna. Voici le commencement de cet acte, en ruske et en polonais actuel; nous y joindrons la traduction française.

RUSKE.

My welikij. Kniaz Witowt. daem wiedane wsiem. Kto na sej list. uzozrit' ili slysziť' dali esmo zemlju. kanownikom. wilenskim. na imia. Berezynskaja. k Strieszinu. szto byli esmo. dano Kniazju Jur' ju Toloczku ot Rohaczewa ot Toimia.

POLONAIS.

My wielki Kniaz Witowt, daiem wiedzenie wszystkim, kto na ten list zayrzy czyli slyszy: Dalismy ziemien Kanonikom wilenskim na imie Berezynska ku Streszinowi cosmy byli dali Kniaziowi Ierzemu Toloczkowi od Rohaczewa od Toimia.

Traduction française.

Nous, grand kniaz ou grand duc Witowt, donnons à savoir à tous ceux qui verront cette lettre ou en entendront parler : nous donnons aux chanoines de Wilna la terre appelée Bérézynska, visà-vis Streszinow, comme nous l'avions donnée au kniaz ou seigneur George Toloczkow, de Rohaczew (2) et de Toimia. (1) On a conservé dans cet article l'orthographe polonaise pour les

noms russes.

N. d. R.

(2) Rohaczew est situé au-delà du Dnieper, à l'embouchure de la Bérézyna. Le village Bérézynska, devenu si célèbre dans nos fastes mili

9 diplome: Lettre du tzar Michel Fédorowicz, adressée, l'an 1634, au roi Wladyslas IV, et écrite en caractères ruskes:

RUSKE.

Bozieju milostiu, my welikii hosudar car i welikii kniaz Mi

chajlo Fedorowicz, wsea Rusii samoderzec, Wladimirzkii, Moskowskii, Nowhorockii, car Kasanskii, car Astrachanskii, car Sibirzkii, hosudar Pskowskii i weliki kniaz Twerskii, Iugorskii, Permskii, Wiatckii, Bolharskii i inych hosudar i welikii Kniaz Nowa horoda Nizowskie zemli, Rezanskii, Rostowskii, Jaroslawskii, Bielo ozerskii, Udorskii, Obdorskii, Kondinskii, i wseja siewernyja strany powelitel i hosudar, Iwerskii zemli, Kartalinskich i Hruzinskich carei, Kubardinskie zemli Czerkaskich Ihorskich Kniazei i inych mnohich hosudar i obladatel.

Po dohoworu naszeho carskoho weliczestwa, welikich poslow, bojarina i namiesnika Pskowskoho Fedora Iwanowicza Lwowa i towaryszczi.

Welikolio hosudario Wladis lawa. czetwertaho bozeju milostiu korolia Polskoho i welikoho Kniazia Litowskoho, Ruskoho, Pruskoho, zemoitckoho, Mozowietckoho, Kijewskoho, Wolynskoho, Podolskoho, Smolenskoho, Podliaszskoho, Czernihowskoho, Polotckoho, Witepskoho, Mstislawskoho, Liffjanskoho, Litonskoho, i inych a Szwetckoho, Khotckoho, Wandalskoho diedicznoho ko

POLONAIS.

Z bozcy milosci my wielki hosudar car i wielki kniaz Mi

chal Fedorowicz wszystkiey rusi samodzierzca, etc.

Po rozmowie naszego carskiego wieliczenstwa wielkich poslow, boiara i namiestnika Pskowskiego Fedora Iwanowicza Lwowa i towarzyszow.

Z wielkiego hosudara Wladyslawa IV. z bozey milosci krola polskiego.....ego Krolenskiego wieliczenstwa, etc.

taires de 1812, est un peu plus haut sur la Bérézyna, au couchant de

Minsk.

G. TOME X.

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