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DES SCIENCES HISTORIQUES,

ANTIQUITÉS, PHILOLOGIE.

PHILOLOGIE, ETHNOGRAPHIE ET LINGUISTIQUE.

293. L'ORAISON DOMINICALE DANS LES LANGUES DE L'ASIE, avec une traduction interlinéaire; par Mathias NORBERG, prof. à Lund. (Nova acta reg. Societ. scientiar. Upsal.; vol. IX, p. 207.)

Un avant-propos de l'Académie d'Upsal nous apprend que feu le prof. Norberg, un des premiers orientalistes du Nord, avait conçu le projet de rapprocher les oraisons dominicales dans les langues de l'Asie, telles qu'elles sont insérées dans l'ouvrage intitulé Mithridate, par Adelung et Vater. Berlin, 1806-1817, 4 vol. in-8°. Pour montrer l'affinité de toutes les langues de l'Asie avec l'hébreu et l'arabe, M. Norberg mit en note les mots hébreux et arabes qui se rapprochent des mots sanscrits, malais, marattes, turcs, tartares, chinois etc., employés dans l'oraison dominicale et dans quelques autres morceaux publiés par Adelung et Vater. Quelques feuilles de ce grand travail étaient imprimées lorsque Norberg mourut. L'Académie n'a pas continué l'impression; elle avertit seulement que le reste a été déposé en manuscrit dans ses archives où l'on pourra le consulter.

D-G.

294. I. INDISCHE Bibliothek. Bibliothèque indienne, de M. de SCHLEGEL; Tom. 2, 4o partie. Bonn, 1827.

Sur

295. II. ETWAS Ueber meine Studien des alten Indiens. mes études de l'Inde ancienne; par M. de HEEREN. Gottingue, 1827.

On ne saurait nier que, depuis une cinquantaine d'années, les progrès de la littérature orientale n'aient été plus marquans qu'ils ne le furent dans les siècles précédens. Il importe fort peu pour le moment d'en rechercher les causes, faciles à trouver; mais, ce qui semble frappant au premier abord, ce sont les fréG. TOME X.

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quentes luttes dans lesquelles on voit s'engager beaucoup de personnes qui s'en occupent. Sans doute, la littérature classique a vu de ces combats (1), et Bentley même ne sut pas toujours rester dans les bornes convenables; mais il nous semble que ce cas est plus fréquent daus la littérature orientale, où l'on peut supposer que le terrain, moins connu, expose plus fréquemment à l'erreur, et prête le flanc à la critique; d'un autre côté, il faut avouer, qu'à commencer par le P. Paulin, qui parlait de choses qu'il n'entendait guère, il y a eu des personnes dont le zèle surpassait les connaissances; de plus, trop d'empressement à réunir et à envisager comme un tout les notices éparses fournies jusqu'à ce jour par les orientalistes, nuit essentiellement, à notre avis, au fond d'un ouvrage; car, pour remplir les lacunes, on est obligé de recourir à des écrits secondaires qui ne méritent guère de confiance, ou bien même à l'imagination et aux hypothèses.

M. de Heeren, qui tient un rang élevé parmi les historiens allemands, a publié, en 1785, les premiers volumes d'un ouvrage sur la politique et le commerce des Anciens. Dans les éditions subséquentes, il a tâché de se tenir toujours de niveau avec les progrès du siècle; et, en 1815, il a donné un volume sur l'Inde ancienne, dont la seconde édition, augmentée, est de 1824; c'est cette partie de l'ouvrage qui est devenue l'objet d'une critique détaillée de M. de Schlegel, et dont ce dernier a livré une partie au public. La réplique de M. de Heeren se trouve mentionnée en tête de cette notice.

Il nous paraît inutile de faire mention des différens points sur lesquels les deux savans ne sont pas d'accord; la littérature indienne n'est pas encore parvenue à ce degré de sûreté où nous voyons la littérature classique, sur laquelle il est assez facile d'avoir des vues arrêtées; toutefois, nous avons cru remarquer combien il est difficile, sans la connaissance de la langue, d'éviter des méprises sur bien des objets qui ne paraissent requérir que la connaissance des choses que pourraient donner des traductions ou des mémoires.

Dans des traités de mythologie, philosophie, etc., on avait

(1) Voyez entr'autres Petavii miscellanea exercitationes (contre Saumaise) dans Juliani Opp. II, 345-415. Paris, 630, in-4° : et d'Argens, Ocellus Lucanus, p. 266, 267. trad. all.

jusqu'ici l'habitude d'accorder une place, à la vérité peu considérable, à l'Orient; on s'aperçoit maintenant que ce dernier demande à être traité avec plus d'étendue; mais les matériaux sont encore insuffisans, et quelquefois les personnes occupées à les préparer laissaient beaucoup à désirer sous le rapport de la critique, et même de l'exactitude et du savoir. Il est donc clair qu'il faut voir de ses propres yeux; et,habitué à un langage décidé dans la littérature ancienne, on doit avoir quelque peine à ne pas s'en servir en Orient.

Pour revenir au sujet qui nous occupe, nous voyons que M. de Heeren a élargi la base de son travail en accordant un volume entier à l'Inde ancienne; les différentes traductions d'auteurs originaux et un grand nombre de mémoires qui ont paru depuis une quinzaine d'années, l'ont mis à même, au lieu de commenter les notices éparses et souvent inexactes des Grecs (1), de travailler d'après des autorités indigènes. On peut espérer que la Chine sera traitée avec le même soin; et, certes, ici les matériaux ne manquent pas; sans parler de ceux qui, depuis 1811, ont été publiés, on possède, dans la traduction française du Chouking, un cadastre qui remonte aux premiers âges de l'histoire (le Yukong) et qui, bien certainement, est le plus ancien de tous ceux qui existent; à notre avis, il est beaucoup plus complet et plus détaillé que le fameux 27 chapitre d'Ézéchiel, qui jette tant de lumières sur le commerce des Phéniciens.

S.

296. NOUVEAUX aperçus sur L'HISTOIRE DE L'ÉCRITURE CHEZ LES ARABES; par M. SYLVESTRE DE SACY (Journal asiatique; avril 1827, p. 209 et suiv.)

Nous avons déjà rendu compte dans ce journal (2) d'un premier travail de M. de Sacy, sur deux papyrus arabes, de l'an 133 de l'hégire (750 de J. C.), papyrus écrits en caractères cursifs, et qui montraient que l'écriture cursive chez les Arabes, bien loin d'avoir été découverte dans le dixième siècle de notre

(1) Megasth. ap. Strab. p. 1035 C. ed. Almel. άypapois voμois xpwμe νοις. οὐδὲγαρ γραμματα εἶδεναι αὐτοὺς ἀλλ ̓ ἀπὸ μνημης ἑκαστα διοικεῖσθαι. D'après des données astronomiques les Vedas ne sauraient être postérieurs au quatorzième siècle avant notre ère. - Le Dvandva dans le Bhagavadguita 10,33 est un terme technique de grammaire.

(2) Mars, 1827, p. 206 et 207.

ère, l'avait été au moins deux siècles plutôt. Voici un nouveau papyrus écrit également en caractères cursifs, et qui porte la date 40 de l'hégire. On y lit, entre autres noms, ceux de deux compagnons de Mahomet, dont les pères eux-mêmes avaient également joué un grand rôle du vivant du prophète. Ce sont Abd-Allah, fils d'Amrou (1), et Osama, fils de Zeyd (2). Ainsi, on peut croire que l'écriture cursive, bien loin d'être, comme on le croyait, postérieure à l'écriture cufique, lui est antérieure, et que, par la suite, on ne fit que modifier certaines formes qui avaient été découvertes avec l'usage de l'écriture

même.

297. DEUX ODES MYSTIQUES DU POète persan Seyd-Ahmed-Hatif; traduites par M. JOUANNIN (Ibid.; déc. 1827, p. 344 et suiv.)

Hatif est le nom d'un poète d'Ispahan, qui vivait il y a près d'un siècle. Engagé dans la secte des Sofis, ses poésies respirent tout le mysticisme, toutes les exagérations de ces moines contemplatifs. On y remarque cependant de la grâce dans le style et de l'élévation dans les pensées. Ces deux odes avaient déjà été publiées par M. Jouannin, dans les Mines de l'Orient. 298. THÈSE CRITIque sur la langue originale de l'Évangile DE ST.-MATHIEU, soutenue devant la Faculté de Montauban; par Charles GRAVITZ. 24 p. in-8°. Paris, 1827.

Il s'agit de déterminer dans quelle langue l'Évangile de St.Mathieu a été écrit en original, question qui a divisé les plus savans critiques. Si l'auteur est arrivé à une conclusion différente de celle adoptée par la majorité des protestans, c'est parce que les argumens en faveur de l'original hébreu lui ont paru« reposer sur des témoignages et des preuves qu'on ne saurait invalider ».

Il examine quelle est la langue originale de cet Évangile, et les différentes opinions sur ce sujet. Il pense qu'il a été évidemment composé pour les Juifs de la Palestine; que la langue hébraïque était alors langue vulgaire ; il expose en faveur de son

(1) Sur Amron, Voyez la notice de Mahomet, par M. Reinaud, Description des monumens musulmans du cabinet de M. le duc de Biacas, Tom. I, p. 240 et 335 et suiv.

(a) Sur Zeyd, voy. ibid. p. 224, 226 et 241-243.

hypothèse les témoignages de Papias, d'Irénée et d'Origène, ainsi que celui d'Eusèbe. Il se demande comment il se fait que l'original se soit perdu dans les premiers siècles, et ne se soit pas même conservé chez les Chrétiens judaïsans, chez les Nazaréens et les Ebionites, et il en conclut que cet Évangile, d'abord écrit en hébreu par Mathieu, se perdit; de sorte qu'il ne nous reste qu'une traduction grecque exécutée peu après la publication du premier.

Quoique M. Grawitz ait déployé beaucoup de savoir et de critique dans son travail, nous ne pouvons l'adopter, bien que nous reconnaissions que la question est peut-être douteuse. Voici quelques-unes de nos raisons: 1o Entre les mains de qui a péri cet Évangile original de Mathieu en hébreu? entre les mains des Nazaréens et des Ébionites, répond l'auteur. Mais cet Évangile des Hébreux, que ces sectes vénéraient, et qui serait, d'après l'auteur, le Saint-Mathieu original, est différent du texte grec que nous possédons. Comment donc notre texte serait-il la traduction d'un autre texte qui en diffère? L'objection est grave. L'auteur répond que les Ébionites corrompirent le vrai St.-Mathieu; fait possible, mais qui ne s'appuie sur aucune espèce de preuve. L'assertion. est purement gratuite. 2o Quelqu'un a-t-il vu cet Évangile original? oui, dit M. Grawitz, mais c'était l'Évangile des Hébreux, que Jérôme assure avoir vu et traduit, et non notre Évangile actuel de Mathieu, en langue hébraïque. 3o Surtout, l'auteur ne nous paraît point avoir fait assez d'attention aux caractères parfaitement originaux du style de notre Évangile grec de Mathieu, et à une considération qui nous semble décisive contre son hypothèse, et sur laquelle M. Cellerier, d'après Huy, a si bien insisté. Admettons un moment un original hébreu; cette version renferme des passages de l'Ancien Testament; ces passages, reproduits en hébreu, par un Hébreu, vont naturellement être pris dans la version de la bible hébraïque. Supposons maintenant qu'un traducteur grec se présente; il arrive aux passages cités. Que va-t-il faire? ou bien il va prendre le texte même des Septante, pour rendre ces passages, ou bien il va les traduire lui-même en grec, d'après le texte original qu'il a sous les yeux. Il n'y a réellement que ces deux hypothèses possibles. Hé bien! c'est précisément ce que le prétendu traducteur ne fait pas. En comparant Esaïe, XLII, 2,

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