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Ce période, considéré sous le rapport littéraire, porte l'empreinte de cet esprit investigateur et philosophique, qui caractérise notre époque ; et à des noms justement célèbres, cités par l'auteur, nous ajouterons celui de M. Rizo, bien digne de figurer à côté de ceux des Coray, des Vardalachos, des Vamvas, etc.

Jusqu'à Coray, personne encore n'avait songé efficacement à donner à la langue grecque moderne une régularité systématique, ni à la purger de mots ou de locutions contraires à son génie national. Cependant avant lui, Néophyte Doukas, et Catardzy, secondé en cela par Anathase Christopoulo, avaient cherché par deux moyens opposés à effectuer cette réforme. Le premier voulut corriger et enrichir l'idiome moderne en y introduisant des mots ou des formes grammaticales puisés dans l'ancien et tombés en désuétude. Les archaïsmes contrastaient d'une manière trop choquante avec l'état actuel de la langue pour que ce mélange pût avoir une existence durable. Le second système consistait à écrire la langue telle qu'on la parle communément, sans aucune différence quelconque. Mais alors on tombait dans un style vulgaire et grossier; et l'on était menacé d'une corruption dont rien désormais n'aurait arrêté les progrès. Coray sentit les inconvéniens graves qui résulteraient de l'adoption de l'une ou de l'autre méthode, et proposa un système moyen, capable de satisfaire la classe instruite et le peuple. Il conseilla d'épurer successivement l'idiome populaire, sans y introduire de formes anciennes qui s'en éloigneraient trop; de proscrire tous les mots étrangers et d'y substituer des mots grecs, puisés, mais avec réserve, dans la langue ancienne; enfin, de bannir les locutions étrangères introduites dans la langue par les traductions. Si le moyen de réforme indiqué par Coray trouva des adversaires, il fut aussi dénaturé par des partisans fanatiques. Ces derniers créèrent un style bizarre et inintelligible; imaginèrent des tours et des expressions ridicules et insolites, qui ne se trouvaient dans aucun écrivain ancien ou moderne. Alors, pour mettre un terme à cet état de choses, M. Rizo composa une comédie intitulée le Nouveau patois des Savans, et l'arme du ridicule, maniée main habile, coupa par une les racines du mal plus promptement que ne l'auraient fait les dissertations les plus érudites. Le temps et la raison ont affermi le système de Coray; et la langue déploie aujourd'hui une beauté qui doit en rendre l'étude aussi utile qu'agréable.

Nous glisserons sur les pages que l'auteur consacre aux écoles grecques fondées en Turquie, en Russie et en Italie. Nous remarquons seulement que le lycée de Scio surpassait tous les autres établissemens de ce genre, et pouvait rivaliser avec les plus célèbres universités de l'Europe; et nous voyons avec plaisir M. Rizo faire l'éloge de l'administration de M. de Richelieu, qui fut gouverneur de la province d'Odessa pendant plusieurs

années.

M. Rizo, ou plutôt le savant éditeur, M. Humbert, donne en appendice une revue critique des principaux ouvrages de la littérature grecque moderne. Les sermonnaires en forment une partie considérable : les plus célèbres sont Miniati, Eugène Bulgaris et Constantin OEconomos. L'histoire offre peu de productions remarquables, quoiqu'on cite avec éloge les ouvrages de Vatazzi et d'Athanasaky Ypsilanti; on en peut dire autant de la philosophie. Le nombre des traductions en grec moderne est comparativement très-grand; nous remarquons celles qui ont été faites de Rollin, de Montesquieu, de Robertson, de Schiller, du Tasse, d'Ovide, de J.-J. Rousseau, etc. Les Grecs d'aujourd'hui n'ont ni voyages ni romans; à moins qu'on ne veuille décorer du nom de roman certains contes en vers, du moyen âge, parmi lesquels on distingue celui qui a pour titre Eratocritos, qui remonte au 16° siècle. La poésie compte en revanche une foule d'auteurs plus ou moins recommandables. La beauté du climat, l'amour de la gloire et de la patrie, qui jadis inspirèrent tant de nourrissons des muses, ont encore, dans ces temps modernes, exercé leur douce et puissante influence sur l'esprit des Hellènes. La rime paraît avoir été introduite dans la versification grecque dès le 15° siècle, mais ne lui est pas essentielle comme à la nôtre. Au reste, le nombre des poètes de génie est peu considérable : nous signalerons pour la poésie dramatique Zambilios et Piccolo, auteurs de tragédies; pour le genre lyrique, le célèbre Riga, dont les chants pleins d'enthousiasme guerrier et patriotique communiquaient aux Grecs l'ardeur dont il était lui-même embrasé; pour la poésie légère, Athanase Christopoulo, dont les chansons gracieuses, naïves et voluptueuses peuvent être comparées à celles d'Anacréon, et sont dans la bouche de tous ses compatriotes. Le même a composé un dithyrambe dans lequel il s'élève à la plus haute poésie,

il s'adresse à la liberté; c'est à elle qu'il demande des inspirations. La pompe du style, la richesse des expressions, le sublime des idées et la grandeur du sujet, tout concourt à faire de cette ode un des morceaux les plus remarquables de la littérature grecque moderne.

Enfin, des notes instructives et remplies d'intérêt terminent le volume. Elles renferment des faits historiques généralement peu connus, et pour la plupart très-curieux.

Les personnes peu judicieuses qui mesurent la longueur d'un article à l'étendue de l'ouvrage auquel il se rapporte, trouveront que nous avons parlé avec trop de détail du cours de littérature grecque; mais celles qui pensent qu'un livre plein de faits mérite, malgré sa briéveté, un examen aussi approfondi que ceux qui imposent par leur notabilité matérielle (ce qui n'est souvent qu'un effet de la prolixité), ne nous blâmeront pas d'avoir accordé quelques lignes de plus à celui-ci, sauf à en donner quelques-unes de moins à tel gros volume que personne ne lira. E. C. D. A.

18. THE LATIN READER. Le Lecteur latin; par Fr. JACOBS, In-12. Northampton, 1825. (North american Review; juillet, 1825, p. 246).

Nous avons annoncé sous le n° 301 du Tome VI du Bulletin, le Lecteur grec du même auteur, également traduit de l'allemand en anglais, et imprimé aux États-Unis. Le but de cet ouvrage est indiqué par son titre même; il s'agit de faciliter de plus en plus l'intelligence de la langue latine, à l'imitation des colloques d'Érasme, mais d'après un plan différent, qui tend à abréger l'étude de la grammaire par des exercices faciles, fait au moyen de petites phrases expliquées par le professeur. Le traducteur de l'écrit de M. Jacobs, M. Bancroft, se propose de donner le complément de cet ouvrage, pour que les élèves puissent terminer l'étude du latin d'après la même méthode.

19. AN ETYMOLOGICAL DICTIONARY OF THE LATIN LANGUAGE. Dictionnaire étymologique de la langue latine; par le Rév. J. E. J.VALPY. In-8° de 550 p. Londres, 1828; Baldwin et comp. Cet ouvrage est d'une utilité générale, particulièrement pour les savans. L'étude de l'étymologic est d'une si haute importance

sous le double rapport de l'histoire et de la grammaire, qu'il doit paraître surprenant que cette science soit aussi peu connue qu'elle l'est de nos jours. Dans le fait, elle forme le seul fondement solide de toute langue, et ceux qui s'appliquent à la connaître à fond, remarquent bientôt qu'elle tend naturellement à fortifier les raisonnemens et à éclaircir une multitude d'ambiguités d'idées et de langage (Liter. Chronicle; 26 avril 1828). 20. CONJURATION DE CATILINa et Guerre DE JUGURTHA, traduites de Salluste; par LEOPOLD, comte DE BOHRN; In-8° de 17 f.. Paris et Strasbourg, 1826; Levrault.

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21. SUR LES LANGUES CROATE, BOLGARE ET ALBANIENNE (Bibliographitcheskie Listi. Feuilles bibliographiques; no 40, 1825, Suppl.)

M. Bobrowski, auquel on doit déjà des notions fort intéressantes sur les idiomes slaves, divise la langue croate en deux dialectes principaux, le dalmate et le ragusien. Il prétend également que les Morlaques ou Morlakhi appartiennent au peuple croate. Les Ouskotsi, les Khotchevari et les Tchitchi sont kraïniens, et l'histoire ainsi que la philologie, ne pourraient que retirer les plus grands avantages de recherches sur ces différentes peuplades. On assure que les premiers, qui habitent au sud, là où se trouve la ville d'Ouskokerberg, sont d'origine servienne; que les Khotchévari (Gotscheer) descendent d'étrangers Francs, faits prisonniers et établis dans le pays par l'empereur Charlemagne. Quant aux Tchitchi, qui demeurent sur les frontières de l'Istrie, ils offrent beaucoup d'analogie avec les Slovaks.

Les Bolgares viennent de traduire du russe dans leur langue les histoires saintes de Hübner. Cette publication est digne de l'attention des philologues, car on sait jusqu'à présent si peu de choses relativement à cette langue, que tout ce qui la concerne ne peut manquer d'exciter un grand intérêt. Vouk Stéphanovitch Karadjitch ne nomme que trois ouvrages où il ait rencontré la langue bolgare, 1o le mitarstvima; 2° une instruction morale par le moine Joachim Khadji; et le Aɛžíxov Teтρáyλwσoov du prêtre Daniel Moskopolskog, dont la seconde édition a paru à Venise en 1802. On trouve dans ce dernier ouvrage des passages grecs, valaques, bolgares, et arnaoutes ou albaniens, tous écrits en caractères grecs. On est en outre redevable à M. Karadjitch

du premier vocabulaire bolgare, présentant une série de 285 mots; on lui doit aussi 27 chansons populaires dans les mêmes dialectes, ainsi que quelques essais de traduction de l'Histoire sainte et plusieurs remarques grammaticales sur la langue bolgare. Ce qu'il y a surtout de curieux dans ces dernières, c'est que l'article s'ajoute à la fin des mots pour leur donner de la force, comme moreto, krtchmarnitsata, outréto, etc., et que les noms ne changent presque jamais de terminaison, comme za moja tchovek ot jeroussalim kraj more, na kon, ot kon, nemam voda, etc. Ce qu'il y aurait de fort utile pour la connaissance critique des langues, ce serait de savoir à quelle occasion, où et par qui ont été composés les recueils de mots dont M. Karadjitch a fait l'examen. Au reste, il est certain que la langue bolgare a elle-même plusieurs dialectes qui méritent d'être étudiés, et dont fait partie celui qu'a dernièrement découvert dans la Macédoine M. Dobrowski. Il est également à désirer qu'avec le temps on s'empresse de publier tout ce qui peut avoir rapport à la langue des Bolgares et des autres peuples de race slavonne. Sans de semblables notions, comment les lecteurs pourraient-ils savoir qui sont ces femmes bolgares, pélagiennes, aux cheveux blonds et aux yeux enfoncés, dont parle M. Pouqueville dans son Voyage de Grèce, Tom. II, pag. 191 et suivantes. On croit annoncer une nouvelle agréable à tous les savans en communiquant ici le projet qu'a formé un seigneur russe ami des sciences, de procurer à un savant étranger tous les moyens de faire un voyage scientifique dans la Bolgarie, la Macédoine, l'Albanie et la Koutsovlachie.

L'albanien ne mérite pas moins que le bolgare de fixer l'attention des philologues. Thunmann est celui qui, jusqu'à présent, a donné des notions les plus exactes sur cet idiome, et l'on s'attend de jour en jour à voir paraître à Vienne un ouvrage fort curieux, relatif à l'origine et au genre de cette langue encore si peu connue. « L'albanien, dit l'auteur de l'ouvrage que nous annonçons ici, est beaucoup plus important qu'on ne l'a pensé jusqu'ici; c'est in lubitablement l'ancienne langue des Européens.

A. J.

Chants his

22. SPIEWY HISTORYCZNE Z MUZYKON RYCINAMI. toriques, avec musique et gravures; par Jules Ursin NIEMCEWICZ, président de la Société roy. des Amis des Sciences,

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