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REIFFENBERG; livraisons 1-10. In-8°. Bruxelles, 1825-1827; Tarlier.

Ceux qui chercheraient dans ce recueil des articles de critique sur la littérature ancienne, se tromperaient; car, malgré le titre, les archives philologiques de M. Reiffenberg sont plutôt des mélanges littéraires, et paraissent s'adresser à toute sorte de lecteurs; aussi le style en est-il plutôt celui d'une feuille quotidienne que celni d'un recueil scientifique. L'ouvrage contient plusieurs morceaux intéressans. Dans la 1re livraison, qui justifie le mieux son titre, on trouve un article sur les bibliothèques des Pays-Bas. Nous avons remarqué dans les autres livraisons une notice sur un manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne, contenant le voyage de l'archiduc Philippe en Espagne, par Antoine de Lalain, seigneur de Montigny, mort à Gand en 1540. Il y dans cette relation quelques traits curieux de mœurs; sur le bombardement de Bruxelles au 17° siècle; sur les particularités qui, dans les ouvrages de sir Walter Scott, ont trait à la Belgique, etc. M. de Reiffenberg analyse beaucoup d'ouvrages relatifs à la littérature et à l'histoire du moyen âge, et montre une érudition très-variée, surtout quant à la littérature de la Belgique. 307. SYSTEM DER LOGIK.-Système de logique, par Ch. H. BACH

MANN. 650 p. in-8°. Leipzig, 1828; Brockhaus.

D.

Depuis 1781, époque où parut la Critique de la raison pure de Kant, l'étude de la philosophie, dans toute son étendue, eut en Allemagne un degré d'importance qu'elle n'avait pas eu jusqu'alors; les partisans et les adversaires de cette doctrine, et bientôt les nouveaux systèmes de Fichte, Schelling et Hegel, qui à leur tour trouvèrent des commentateurs et des critiques, n'ont cessé jusqu'à ce jour à occuper les têtes profondes de l'Allemagne. La métaphysique surtout dut se ressentir de cette foule de doctrines, néanmoins Kant avait déjà trouvé le secret d'ébranler aussi les bases de la logique, en la partageant en pure et transcendante et en soutenant que cette dernière doit résoudre le problème de la possibilité des recherches de la métaphysique, tandis que la première n'indique que le mécanisme des opérations de notre esprit.

Là dessus, M. Bachmann observe que, de cette manière, on

s'engage dans un cercle dont il est impossible de se tirer, et qu'il faut bien admettre des idées données que nous possédons avant que la conscience de nous même, qui ne se développe qu'assez tard, ne les classe et les éclaircisse. Au surplus, quelle que soit la différence des 2 écoles sur quelques points de cette nature, elles s'accordent toutes à reconnaître que l'objet de la logique est le développement complet et systématique des lois de la pensée, de même que celui de la philosophie en général est de rechercher et de lier les premiers principes de toutes nos connaissances.

L'auteur a partagé son travail en trois parties; la première qu'il nomme notions élémentaires, contient les quatre grandes lois de la pensée, la différence entre la raison ( Verstand) et l'intelligence (Vernunft), le désordre auquel la confusion de ces deux objets a donné lieu, et puis les idées, les jugemens et les conclusions traités avec beaucoup de développemens, où rien de ce qui regarde les opinions des anciens, des scholastiques du moyen âge et des philosophes modernes les plus connus, n'est omis. Cette partie occupe 266 pages.

La seconde traite de la méthode, c'est-à-dire de la logique ap-pliquée; l'auteur, à notre avis, a très bien fait d'accorder plus d'étendue à cette partie qu'elle n'en a ordinairement; car la difficulté consiste surtout dans le maniement des principes dans l'application. La même clarté, la même rigueur de démonstration, jointe à des idées ingénieuses et profondes, se fait voir dans cette partie qui occupe plus de 300 pages.

La troisième est consacrée à l'histoire de la logique; c'était une opinion assez répandue que les Orientaux ne méritaient aucune place dans l'histoire de la philosophie; on s'accordait à ne voir daus leurs dogmes que de l'imagination. L'excellent résumé de la philosophie chinoise, rédigé par la personne qui est seule en état de le donner et inséré dans le premier volume de la Revue trimestrielle publiée par M. Buchon, les mémoires de Coler -brooke sur la philosophie indienne, l'analyse du Bhagavadghita par M. de Humboldt, sont la preuve sans réplique du contraire. Nous avons remarqué avec plaisir que M. Bachmann, pag. 570, est d'avis que cette opinion erronée ne venait que de ce qu'on ne connaissait guère les sources, vu qu'on s'était habitué à ne trouver tout que chez les Grecs.

G. TOME X.

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L'auteur fait cette remarque au sujet d'Aristote, p. 595: On ne sait ce qu'on doit le plus admirer, ou la sagacité de l'homme qui fut en état de donner un tel code à l'esprit, ou la négligence et la servilité des siècles subséquens, qui supportèrent patiemment le joug de cet esprit et ne furent pas en état de combler les lacunes qu'vaient laissées ces ouvrages.

M. Bachmann parle avec quelque détail de la philosophie du moyen âge; mais d'abord les Arabes y manquent, et ensuite le défaut d'un ouvrage étendu sur cette partie, se fait sentir vivement dans tous les traités qui y sont relatifs; sans doute les 22 volumes in-folio d'Albert le Grand et autres masses de subtilités, devant être discutés, semblent exiger une vie toute entière, consacrée spécialement à ces recherches où les résultats semblent ne pas dédommager des efforts; mais il est vrai aussi « que tout se tient dans la chaîne immense des vérités. »

S.

ARCHEOLOGIE, NUMISMATIQUE.

308. RAPPORT fait à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance du 18 juillet 1827, par sa Commission des antiquités de la France, sur les Mémoires envoyés, depuis le 16 juillet 1824 jusqu'au 18 juillet 1828.

Il n'y a pas 10 ans que l'Académie conçut et fit approuver au Gouvernement le projet de diriger de nouvelles recherches sur les antiquités de la France. Ce plan embrassait la connaissance et la description de tous les monumens qui, depuis l'établissement des Grecs et des Romains jusqu'au 16° siècle, peuvent éclaircir et compléter l'histoire des sciences, des arts, des mœurs, des usages et de la langue de notre patrie.

Ces longs et importans travaux sont le véritable apanage de ces corps qui, par leur renouvellement successif, ne meurent point en effet, et qui peuvent mesurer leur vie et leurs efforts, non par des générations, mais par des siècles d'existence. Pour conduire à leur fin de semblables entreprises, la longueur du temps et la courte durée des jours de l'homme ne sont point un obstacle. Les projets les plus vastes s'achèvent, et des plans gigantesques en apparence, s'ils sont réellement utiles, parviennent à leur accomplissement, sûrs de trouver dans les généra

tions futures de la science une succession non interrompue de continuateurs habiles et éclairés.

C'est peut-être sous ce point de vue que l'utilité des Académies se fait remarquer d'une manière plus frappante. Le moment était opportun; il fallait se hâter de sauver du naufrage et de la destruction les débris de nos antiquités nationales.

La révolution avait emporté une foule de monumens historiques, religieux ou chevaleresques. Il en existe encore des plans, des dessins, des descriptions, qu'il était important de réunir et de conserver. Les besoins d'une population croissante et d'une active industrie tendent chaque jour à détruire les chefs-d'œuvre de l'architecture et des arts, dont les Grecs et les Romains ont décoré nos provinces, surtout dans le midi de la France. Il était utile d'opposer une barrière à ces ravages de la civilisation.

Le théâtre d'Orange peut nous en fournir un exemple. Ce monument, plus considérable que les plus grands théâtres de l'Italie, puisque sa largeur est de 182 pieds 6 pouces, tandis que le théâtre de Marcellus à Rome et le Colisée n'ont, le premier que 180, et le second que 160 pieds de diamètre, offre encore dans le plus bel état de conservation sa façade septentrionale. Cette façade ou mur de la scène, composée de portiques, d'escaliers, de vomitoires, d'appartemens nommés hospitalia par les anciens, présente une masse imposante ornée d'un grand nombre de pilastres et d'arcades. Comme ce théâtre est situé au milieu de la ville, les voisins s'en étaient emparés, eț avaient même commencé à miner les gros murs pour s'y former des logemens.

Le préfet et l'architecte du département ont rivalisé de zèle pour assurer la conservation de ce bel édifice. Avec un faible secours du gouvernement et les généreuses contributions de la province, il y a lieu d'espérer que l'orchestre devant être déblayé par ces travaux, on y découvrira des statues, des basreliefs, des ornemens d'architecture, qui dédommageront amplement des frais qu'aura coûtés cette restauration indispensable. De plus, cet édifice antique, ainsi réparé, serait consacré à l'utilité publique, et donnerait à la ville d'Orange, pour ses halles et pour ses foires, un emplacement qui lui manque.

Beaucoup de monumens d'un autre genre sont encore enfouis sous la surface de notre sol, parmi les ruines de nos antiques

cités. Il n'est peut-être pas impossible d'en exhumer quelquesuns de leurs décombres. Outre un théâtre, des thermes, des murs d'enceinte et des portes antiques, déjà on a retrouvé à Fréjus, autrefois Forum Julii, l'ancien port, si considérable du temps d'Auguste, le môle et même le phare qui servait à diriger les navigateurs. Nous attendons de M. Texier, ingénieur du département, et auteur du Mémoire sur les antiquités de Fréjus, un plan, des dessins, et une description détaillée du phare. Cette découverte, si elle est constatée, serait d'autant plus curieuse, qu'il ne reste aucune trace des phares d'Ostie et d'Alexandrie, et que celui de Fréjus serait le seul monument antique de ce genre qui eût échappé à la destruction.

Enfin pour me borner à un exemple circonscrit, nous ne connaissons encore que fort peu de constructions et d'inscriptions de ces Gaulois, nos ancêtres, qui paraissent néanmoins avoir atteint, avant la domination romaine, un certain degré de civilisation. Ne peut-on pas espérer qu'une investigation plus attentive nous fournira ces témoignages, qui pourraient remplir une des grandes lacunes de l'histoire?

Depuis dix ans, l'Académie a reçu un grand nombre de Mémoires sur la géographie, les antiquités, les monumens, sur diverses parties de l'histoire religieuse, civile ou littéraire de la France. Elle a pris soin de les classer et de les mettre en ordre, dans le but de publier un jour ce qu'il y aurait de plus neuf et de plus important.

Le Gouvernement avait cru devoir encourager ces recherches en mettant à la disposition de l'Académie des médailles d'or, qui étaient distribuées dans la séance publique de cette Académie, aux auteurs des meilleurs ouvrages qui lui avaient été envoyés dans le courant de l'année. Tous les ans, à la mème époque, la Commission des antiquités nationales a fait un rapport détaillé sur ces Mémoires, et, depuis 1821, douze médailles et des éloges donnés, d'après un mûr examen, ont récompensé le zèle des hommes laborieux qui se livrent à ces utiles recherches. Le ministère, en 1825, avait suspendu la distribution de ces médailles; elle vient d'être rétablie. Averti par un ministre, appréciateur éclairé du mérite de ces travaux, le roi qui aime et qui protége toutes les connaissances utiles, s'est empressé d'accorder aux lettres ce nouveau bienfait; et les let

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