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buter à tant de difficultés que l'on avait fini par le considérer comme irréalisable par l'initiative privée. Enfin, le gouvernement accordait son concours, le chemin était ouvert, la voie tracée. On s'imagine avec quelle ardeur Verbeke se mit au travail. La longueur, les difficultés de ce travail n'étaient point faites pour le rebuter; elles aiguillonnaient au contraire son zèle et son activité. Que de longues et heureuses veilles nous avons consacrées ensemble à la mise en train, aux minutieuses recherches, au classement de tous ces matériaux patiemment réunis! Les heures s'écoulaient sans qu'on y prît garde et, lorsqu'enfin nous étions forcés de remettre la suite du travail au lendemain, c'était encore, avant de se séparer, de l'œuvre qu'on parlait, de son avancement, de son accomplissement. Hélas! cet accomplissement, Verbeke ne devait pas le voir. A la fleur de l'âge, à quarante et un ans, en pleine ardeur, en pleine sève, alors que tout lui souriait, brusquement une maladie terrible le terrassa et en quelques jours l'enleva à l'affection des siens. Couché sur son lit de douleur, alors que nous avions perdu tout espoir, il conservait encore des illusions sur son état, il espérait, il s'inquiétait de ce que nous faisions, de la marche de nos travaux, formant des projets d'avenir, comptant sur un prochain rétablissement!

Verbeke mourut le 21 août 1887. Il était né à Waereghem, le 18 novembre 1846.

Au cimetière d'Ixelles, où il fut enterré, une affluence considérable d'amis était venue lui rendre les derniers devoirs. Des paroles d'adieu prononcées sur sa tombe, nous extrayons les passages suivants, qui se rapportent plus spécialement à la carrière bibliographique de notre regretté collaborateur :

« Entré très jeune et par goût dans la carrière de la librairie, il se forma à cette profession difficile, qui réclame de tous ceux qui s'y livrent instruction, intelligence et surtout travail, à une école excellente, dont le commerce du livre a le droit de s'enorgueillir celle de la librairie Decq.

<< Il avait 20 ans à peine quand son patron lui confia la direction de sa maison de Liége. Cela prouve en quelle haute estime, malgré son jeune âge, il avait ses connaissances et son intelligence.

<< Verbeke ne se plut pas à Liège et revint à Bruxelles où, en 1870, il entra à l'Office de Publicité.

« Il faisait de la librairie avec amour et avec succès. Il aimait d'instinct tout ce qui était beau; les arts dans leurs diverses manifestations l'intéressaient et l'attiraient.

<«< Aussi le livre n'était-il point pour lui un objet de négoce, mais aussi et surtout une œuvre d'art et un instrument de civilisation. Il s'intéressait à tout ce qui pouvait le répandre et le faire connaître. La science bibliographique le comptait parmi ses adeptes; tous nous nous rappelons avec quelle obligeance il mettait à notre disposition son vaste fonds de connais

sances.

« Je n'étonnerai personne en disant que Verbeke utilisait ses loisirs en s occupant encore et toujours du livre.

«En 1880, lorsque fut créée la Bibliographie nationale, il fut appelé un des premiers à participer à ce travail gigantesque et difficile. Sans marchander il lui donna tous ses soins et toutes ses peines, il lui consacra tous ses loisirs et toutes ses veilles. Hélas! cette œuvre à laquelle il s'était attaché avec tant de dévouement, il ne la verra point achevée. Mais ses collaborateurs la continueront et conserveront, inscrit à son frontispice, le nom de celui qui contribua à en fonder les assises. >>

M. Frédéric MOLENSCHOT remplaça Verbeke dans la rédaction de la Bibliographie nationale. Une longue carrière de bibliophile, la part qu'il avait prise indirectement à nos travaux dès le début, en nous fournissant de nombreux renseignements auxquels son obligeance nous permettait de recourir, nous avaient engagés à nous adresser à lui pour remplir la place que la mort avait faite dans nos rangs. Des circonstances particulières l'avaient même seules empêché de devenir notre collaborateur en titre dès l'origine de notre publication.

Dès qu'il eut accepté, il se dévoua entièrement, exclusivement à notre travail. Il concentra sur cet objet toute sa sollicitude, toute sa passion de bibliophile. Jouissant de loisirs entiers, il n'est pas, pour ainsi dire, depuis son entrée parmi nous, une minute de son existence qu'il n'ait consacrée à la Bibliographie nationale, pas un instant où il n'ait eu la préoccupation de cette ceuvre. Les connaissances qu'il avait acquises durant les cinquante années pendant lesquelles il s'était constamment occupé de livres, fréquentant assidûment les ventes publiques, annotant et collationnant, ces connaissances précieuses furent mises à notre disposition et nous idèrent puissamment à compléter notre tâche et à la rendre plus parfaite.

D'une conscience extrême dans son travail, il apportait à tout ce qu'il faisait une exactitude minutieuse, qualité précieuse pour tout ce qui regarde la bibliographie.

Malgré son âge avancé, il était d'une vigueur et d'une ardeur au travail

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peu communes. Aussi étions-nous loin de songer à sa fin si prochaine. Nous l'avions quitté un soir bien portant et dispos; le lendemain, nous apprîmes qu'il venait d'être frappé d'une attaque d'apoplexie qui l'avait presque entièrement paralysé. Il souffrit pendant trois semaines. Et le peu de forces qui lui restaient étaient encore consacrées à son occupation favorite; dans ce corps inerte, le cerveau se reportait vers l'œuvre inachevée et qu'il comptait reprendre bientôt ; sa parole embarrassée nous entretenait encore de ce qui était devenu son unique souci.

Né à Anderlecht, le 15 septembre 1820, il mourut à Ixelles, le 5 février 1891.

Entre ces deux pertes, nous en avions fait une autre, que tout le monde des lettres a ressentie comme nous. M. Charles RUELENS, conservateur des manuscrits à la Bibliothèque royale, mourait le 8 décembre 1890.

Nous n'entreprendrons pas de retracer ici sa carrière d'écrivain et d'érudit; les éminentes fonctions qu'il a occupées, la place qu'il a tenue comme lettré, comme savant, comme poète, comme bibliophile, comme artiste, et qu'une infatigable activité pouvait seule lui permettre de remplir, ne nous permettent pas de le faire d'une façon digne de lui dans cette courte notice. Parmi tant de préoccupations diverses qui se partagèrent cetle laborieuse et féconde existence, il en est qu'il caressait et chérissait entre toutes, celles qui concernaient le livre. Aussi fut-il l'un des premiers à mettre en avant l'idée de la Bibliographie nationale et, par la haute influence que lui donnait sa position, il contribua à mettre l'idée à exécution, à obtenir l'appui des pouvoirs publics qui lui était indispensable. Il ne se contenta pas de l'impulsion qu'il lui avait donnée, il prit sa part de tous les travaux de préparation et de mise en train. Lui, que tant d'occupations, que tant de relations diverses appelaient ailleurs, pendant longtemps il fut chaque soir notre collaborateur assidu, concourant à toutes les parties de notre labeur, discutant d'abord les moindres détails d'organisation, dépouillant les renseignements que nous avions recueillis, annotant les innombrables fiches qui constituent nos matériaux, classant et collationnant avec nous. Et dans toutes les questions, son esprit sagace et lucide, sa grande expérience des livres, nous venaient puissamment en aide.

Lorsque, plus tard, le travail marchant régulièrement, le concours journalier de sa présence ne nous fut plus aussi nécessaire, il n'en continua pas moins à suivre notre œuvre pas à pas. Jusqu'au dernier moment, il

n'est pas une de nos épreuves qu'il n'ait soigneusement revue et corrigée. Bien souvent il nous avait entretenus de ses projets d'organisation de tout ce qui se rapporte à la bibliographie et à la circulation du livre. C'est dans cet ordre d'idées que fut provoquée, à l'occasion du troisième centenaire de la mort de Christophe Plantin, la Conférence internationale du livre, qui se tint à Anvers, en 1890, sous sa présidence, et aux débats de laquelle il prit une part active. Il y développa les projets qu'il nourrissait depuis longtemps, tendant à une organisation nationale et internationale de la librairie par l'intervention officielle des gouvernements, et dans lesquels les publications bibliographiques tenaient une large place.

Nous donnerons dans le tome III la notice de M. Charles RUELENS, comprenant la liste de ses nombreux travaux publiés avant 1880.

Les noms des collaborateurs que nous avons perdus resteront inscrits jusqu'à la fin de la publication parmi ceux des rédacteurs de ce travail. Ils ont, en effet, pris une large part à la préparation de ce qui reste à paraître aussi bien que des parties qui ont paru déjà. Nos recherches ne s'appliquent point seulement aux notices que nous envoyons à l'impression; elles ont encore pour objet de compléter, de rectifier sans cesse les renseignements que nous avons amassés jusqu'ici, tant pour ce qui regarde la suite de la publication que le supplément, pour lequel des matériaux nombreux sont déjà réunis. C'est en vue de cet avenir, qui ne devait pas être le leur, que nos collaborateurs ont travaillé sans cesse avec nous; il est de stricte justice que leur nom reste inscrit en tête d'une œuvre à laquelle ils ont sacrifié une bonne partie d'eux-mêmes, de leurs veilles et de leurs préoccupations.

Leur mort a laissé parmi nous un vide qui ne se peut combler. Si elle n'a pas désorganisé notre entreprise, c'est que celle-ci, grâce au travail constant auquel nous nous sommes livrés en commun, a été établie sur des bases solides, et que la marche régulière en a été ainsi assurée. Nous nous efforcerons donc de la mener à bonne fin. Mais le fardeau qu'ils nous aidaient à porter retombe ainsi sur nous seuls; la charge devient plus lourde à mesure que le chemin avance. Puissent nos forces nous permettre de le poursuivre jusqu'au bout!

Nous avons mentionné dans l'introduction du tome Ier les retards causés à notre publication par les déménagements successifs auxquels nous avions dû procéder et les vicissitudes auxquelles ces changements de locaux

avaient donné lieu. Elles n'étaient point terminées encore. La démolition des bâtiments de la rue de l'Orangerie, en vue de l'édification des nouveaux ministères, devait une fois de plus nous forcer à chercher un abri.

Nos recherches ont heureusement abouti, grâce à la bienveillance de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts et de l'Académie royale de médecine, qui nous ont accordé au Palais des Académies la jouissance d'un local parfaitement approprié à nos travaux et qu'elles nous ont permis de considérer comme stable.

Nous profitons en même temps, grâce à l'obligeance du personnel qui y est attaché, de la proximité des bibliothèques des deux Académies, qui constituent pour nous de précieuses sources de renseignements.

Nous considérons comme un devoir d'exprimer nos remerciements aux deux corps savants qui nous ont accordé une si bienveillante hospitalité ; nous en ressentons d'autant plus vivement le prix que nous la considérons comme un témoignage de l'intérêt qu'ils portent à notre œuvre.

* *

La franchise de port qui nous avait été accordée et qui avait largement contribué à nous faciliter notre tâche, nous a malheureusement été retirée. Cette mesure nous a été très préjudiciable. Notre budget est limité; nous avons été forcés de restreindre nos demandes de renseignements. Il en est résulté certaines lacunes, certaines défectuosités dont nous croyons devoir signaler la cause, en en déclinant la responsabilité.

Nous devons renouveler ici nos remercîments aux personnes que nous avons mentionnées dans la préface de notre premier volume comme nous ayant fourni des renseignements qui nous ont été d'un grand secours. Toutes ont continué à nous prêter leur bienveillant et précieux concours. Nous exprimions le regret de ne pouvoir citer tous ceux à l'aide desquels nous avons recouru; nous devons cependant ajouter aux noms que nous avons donnés celui du R. P. SOMMERVOGEL, qui travaille en ce moment à la nouvelle édition de la Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus et nous communique, avec beaucoup d'obligeance et de désintéressement, les matériaux qu'il a réunis pour compléter cette œuvre grandiose; celui de M. DESMAZIÈRES, receveur du bureau de bienfaisance de Tournai, qui possède de nombreux documents relatifs à la bibliographie de cette ville; de M. GERMAIN, bibliothécaire du ministère des Affaires étrangères;

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