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FAISANT SUITE A L'OUVRAGE INTITULE

SOUVENIRS

D'UN VOYAGE DANS LA TARTARIE ET LE THIBET

PAR M. HUC

ANCIEN MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE EN CHINE

誠之所感,無窮否而不通

Nul lieu n'est impénétrable pour quiconque

est animé d'une foi sincère.

(Voyages de Fa-hien dans les royaumes bouddhiques.)

Deuxième Edition.

TOME SECOND

PARIS

LIBRAIRIE DE GAUME FRÈRES

RUE CASSETTE, 4

M DCCC LIV

DS 709 487 1854

V.2

Le propriétaire de cet ouvrage se réserve le droit de le traduire ou de le faire traduire en toutes les langues. Il poursuivra, en vertu des lois, décrets et traités internationaux, toutes contrefaçons ou toutes traductions faites au mépris de ses droits.

Le dépôt légal de ces deux volumes a été fait à Paris, et toutes les formalités prescrites par les traités seront remplies dans les divers États avec lesquels la France a conclu ou conclura des conventions littéraires.

35-22-42 65

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Le trésor surnaturel des pilules rouges. tale des Chinois.

Médecine expérimen

Origine et histoire du choléra-morbus. Libre exercice de la médecine. Bons effets des pilules rouges.

--

Guérison. Terrible loi de responsabilité.

Tragique his

toire. Gracieuse attention du préfet de Kuen-kiang-hien.

Amour des Chinois pour les cercueils.
de sa bière.

- Voyage d'un malade à côté Calme et tranquillité des Chinois au moment de la

mort. Visite à notre cercueil.

Départ de Kuen-kiang-hien.

On a coutume de dire que la santé est le plus grand de tous les biens que l'homme puisse posséder ici-bas. Les jouissances de la vie sont, en effet, tellement fragiles et fugitives, qu'elles s'évanouissent toutes à l'approche de la plus légère infirmité. Mais, pour l'exilé, pour le voyageur qui erre dans des contrées lointaines, la santé n'est pas seulement un bien, elle est un trésor inappréciable; car c'est une chose amèrement triste et douloureuse que de se trouver aux prises avec une maladie sur une terre

étrangère, sans parents, sans amis, au milieu d'hommes inconnus, pour lesquels on est un objet d'embarras, et qui ne vous regardent jamais qu'avec indifférence ou antipathie. Quelle affreuse et désespérante situation pour celui qui a toujours uniquement compté sur les secours des hommes, et qui a le malheur de ne pas savoir trouver en Dieu son appui et ses consolations.

Il manquait à notre long voyage, si rempli de vicissitudes de tout genre, cette nouvelle épreuve. Dans la Tartarie et le Thibet, nous avions été menacés d'être tués par le froid, de mourir de faim, d'être dévorés par les tigres et les loups, assassinés par les brigands ou écrasés par des avalanches; souvent il n'eût fallu qu'un faux pas pour nous précipiter du haut des montagnes dans des gouffres affreux. En Chine, les bourreaux avaient étalé sous nos yeux tous les appareils de leurs atroces supplices, la populace s'était ameutée pleine de colère autour de nous; la tempête enfin avait failli nous engloutir au fond des eaux. Après avoir tant de fois senti la mort auprès de nous, et sous des formes si diverses, il ne nous restait plus qu'à la voir, debout, au pied de notre lit, prête à saisir tranquillement et selon les procédés ordinaires une proie qui lui avait si souvent échappé. Pendant deux jours entiers, il plut à Dieu de nous laisser devant les yeux cette lugubre et sombre vision.

Le soir même de notre arrivée à Kuen-kianghien, et pendant que nous recevions la visite des principaux magistrats de la ville, nous fumes pris tout à coup de grands vomissements accompagnés de

violentes douleurs d'entrailles. Nous sentîmes bientôt comme une décomposition générale, qui s'opérait dans tout notre corps, depuis les pieds jusqu'à la tête, et nous fumes forcé de nous aliter. On s'empressa d'aller chercher le médecin le plus renommé, disaiton, de la contrée, un homme accoutumé à faire des prodiges, et guérissant avec une admirable facilité toutes les maladies incurables. En attendant l'arrivée de ce merveilleux docteur, auquel nous étions loin d'avoir une confiance absolue, les mandarins de notre escorte et ceux de Kuen-kiang-hien dissertaient avec beaucoup de science et de sang-froid sur les causes de notre maladie et les moyens à employer pour nous guérir.

Nous avons dit que tous les Chinois, en vertu de leur organisation, étaient essentiellement cuisiniers et comédiens; nous pouvons ajouter qu'ils sont aussi tous un peu médecins. Chacun donc exposa son opinion sur notre état, dans les termes les plus techniques, et il fut arrêté par les membres officieux de cette faculté de rencontre que notre noble et illustre maladie provenait d'une rupture d'équilibre dans les esprits vitaux. Le principe igné, trop alimenté depuis longtemps par une chaleur excessive, avait fini par dépasser outre mesure le degré voulu de sa température. Il s'était donc allumé comme un incendie dans la sublime organisation de notre corps. Par conséquent, les éléments aqueux avaient été desséchés à un tel point, qu'il ne restait plus aux membres et aux organes l'humidité nécessaire pour le jeu naturel de leurs mouvements; de là ces vomissements, ces douleurs d'entrailles et ce malaise général qu'on lisait

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