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lution; les circonstances avaient fini par les mettre en relief, et il était urgent de les appliquer. C'est dans ce sens que furent conçues les instructions transmises à M. Le Hon, plénipotentiaire belge à Paris, et aux agens envoyés à Berlin et à Francfort, MM. Behr et Michiels'.

Le ministre des affaires étrangères, M. Lebeau, essaya aussi de traiter directement avec la Hollande, mais ce fut en vain 2.

Il me reste, pour compléter cet exposé, à citer un dernier fait, qui exprime à lui seul un changement de position. Tout en combattant le principe de l'intervention, le Comité diplomatique et le premier ministère du Régent avaient demandé l'exécution de l'armistice, et s'étaient consumés dans de vains efforts; le deuxième ministère du Régent regarda cette question comme secondaire et surannée, et porta presqu'exclusivement son attention sur l'élection du Roi et la délimitation définitive. Il reconnut jusqu'à un certain point le principe de l'intervention, et c'est ce que M. Lebeau déclara publiquement dans la séance du 2 avril; il s'exprimait ainsi :

« Je dirai cependant, sans prétendre porter une accusation contre qui que ce soit, que j'ai trouvé des documens officiels qui embarrassent nécessairement la marche que

1 La note attribuée à ce dernier était un extrait de ses instructions, extrait défiguré et qui n'était point son ouvrage.

2 La lettre écrite, à et effet, au nom du Régent de la Belgique, par M. Lebeau, au baron Verstolck de Soelen, est du 9 mai 1831; elle parvint à La Haye le 13.

Les plénipotentiaires hollandais, d'après les ordres de leur gouvernement, portèrent cette lettre à la connaissance de la Conférence, par une note du 21 mai, en faisant remarquer le silence gardé par le ministre belge sur les bases de séparation arrêtées à Londres, et en insistant sur l'exécution prochaine de cet acte.

(Note de la troisième édition.)

je me propose de suivre (vif mouvement d'intérêt): tout se tient en diplomatie; de-là la nécessité de compter pour beaucoup ce qui précède, lorsqu'on veut préjuger la suite: aussi voudra-t-on bien me permettre de prendre acte des faits consommés, afin qu'on ne puisse pas m'imputer toutà-fait ceux qui en seront la suite (mouvement). Vous allez voir que le droit d'intervention n'a pas seulement été consacré dans le protocole du 20 décembre, il est encore en termes formels dans celui du 17 novembre, et vous allez vous en convaincre. Après avoir posé dans ce dernier protocole les conditions de l'armistice accepté par nous, il est dit que l'armistice est de notre part un engagement pris envers les cinq Puissances. Vous voyez, Messieurs, que de ce protocole résulte explicitement le droit d'intervention: car dire que lorsque nous nous engageons envers la Hollande à observer les conditions de l'armistice, nous nous engageons aussi envers les Puissances médiatrices, c'est comme si les Puissances nous disaient : « Vous exécuterez les conditions de l'armistice, ou nous » vous y forcerons par la voie des armes. >>

>> Les faits ainsi posés, il faut en subir les conséquences inévitables. Les germes de l'usurpation étant ainsi déposés dans les premiers actes de notre diplomatie, ils porteront leur fruit; il faudra bien que la marche des négociations ultérieures en soit entravée: car il faudra nécessairement tenir compte des faits accomplis (sensation). »

M. Lebeau se trompait, toutefois, en ne faisant remonter l'intervention qu'au protocole du 17 novembre; je crois avoir prouvé qu'elle date du premier protocole du 4 novembre 1830, accepté par le Congrès lui-même. La Belgique s'était débattue pendant quatre mois contre les

conséquences d'un principe devenu incontestable; le deuxième ministère du Régent admit jusqu'à un certain point le principe, et s'efforça d'en neutraliser les effets. Il trouva un auxiliaire sincère et dévoué dans un diplomate étranger', qui, désespérant d'établir l'indépendance belge sous un prince de la dynastie hollandaise, saisit avec ardeur une combinaison qui pouvait conserver la Belgique comme une barrière contre la France, sans le secours de la restauration.

1 Lord Ponsonby, commissaire de la Conférence à Bruxelles ; il avait remplacé M. Cartwright, le 10 décembre 1830.

CHAPITRE X.

Élection du prince Léopold.

Le Congrès national avait en quelque sorte siégé en permanence; le 6 mars, il s'ajourna pour la première fois, il se réunit de nouveau le 29 du même mois; après avoir reçu les explications ministérielles et voté quelques lois d'urgence, il se sépara, le 12 avril, sans ajournement fixe. Le ministère, plus libre dans sa marche, poursuivit activement la solution de la grande question qu'il s'était posée. L'envoyé officiel près du gouvernement britannique n'étant pas parvenu à se faire recevoir, la Belgique était sans représentant à Londres; tout intermédiaire venant à manquer, le ministère résolut de s'adresser directement au prince Léopold, et fit choix à cet effet de quatre commissaires MM. le comte Félix de Mérode, H. Vilain XIIII, l'abbé de Foere et Henri de Brouckere. Le 10 mai, M. Devaux, ministre d'état, se rendit également à Londres, chargé d'une mission spéciale.

:

La première entrevue du prince Léopold avec les commissaires belges eut lieu le 22 avril, et fut suivie de plusieurs autres; de hautes convenances s'opposent à ce que j'en révèle les détails. Je me bornerai à rapporter les belles paroles par lesquelles le prince ouvrit ces conférences * : << Toute mon ambition est de faire le bonheur de mes

Extrait d'une lettre du 22 avril 1831.

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