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qui est écrite de la manière la plus distincte dans tous les recueils de traditions populaires : voici ce texte et ma réponse :

« Là où il n'y a point d'annales, le peuple, c'est-à-dire le mob, «< ne manque jamais d'accumuler sur la tête d'un héros favori « les lauriers de plusieurs héros. »

Les Arabes du Désert (semblables en cela aux Germains de Tacite) n'avaient d'autres fastes que les poëmes dont ils chargeaient leur mémoire, et il n'y a point eu de poëme régulier parmi eux, ainsi que l'attestent leurs plus graves auteurs, avant Mouhalhil, frère du héros de cette dissertation.

Tout ce que l'on vient de lire était écrit, lorsque j'ai trouvé dans le Mouzhir filloughah de Souyoûtiyy la confirmation de mon dernier calcul chronologique. Voici ce que je lis au chap. XLIX de cet ouvrage, qui traite de l'histoire de la poésie arabe.

que

<< Oumar Ibn-Schabbah a dit dans ses Vies des poëtes: Il est impossible de dire au juste quel fut le premier poëte ou le premier poëme. Les savants ne sont point d'accord sur ce sujet. Chaque tribu arabe réclame la priorité pour un poëte sorti de son sein, en excluant toutefois ceux qui n'ont fait deux ou trois vers d'une seule veine, parceque deux ou trois vers ne constituent point ce que les Arabes appellent un poëme. Ainsi les familles d'origine yamanique attribuent le premier poëme à Amroulqays, les Banoû-Açad à Oubayd fils d'Alabrass, les Taghlibides à Mouhalhil, les Bakrides à Amr fils de Qamïah et Mouraqqisch surnommé Alakbar, les Iyâdides à Abou-Douâd. D'autres prétendent que le poëte Afwah l'Awdiyyide est antérieur à tous ceux-là, et que c'est lui qui le premier a fait un poëme régulier. »

Après avoir exposé ces prétentions contradictoires, OumarIbn-Schabbah conclut en disant :

« Ces différents poëtes, pour chacun desquels une tribu arabe revendique la priorité, ont vécu à des époques peu éloignées l'une de l'autre, et je pense que le plus ancien de tous n'a pas précédé l'hégire de beaucoup plus d'un siècle (lam yasbiqi 'lhidjrata bimïati sanatin aw nahwihâ).

Nous avons trouvé 81 ans pour l'intervalle entre l'âge viril

de Koulayb et la naissance de Mahomet, et nous avons observé que cet intervalle pouvait être réduit à 60 ans; entre la naissance de Mahomet et l'hégire on compte à-peu-près 50 années solaires; ainsi, d'après mon calcul, et en profitant de la faculté que nous laisse le petit nombre de générations sur lequel porte le compte des 81 ans, il y aurait entre l'âge viril de Koulayb et le commencement de l'hégire un intervalle d'environ 110 ans. Le poëte Mouhalhil, frère cadet de Koulayb, n'est à l'apogée de son talent qu'après la mort de son royal frère; mettons une demi-génération d'intervalle entre l'apogée viril de Koulayb, et l'apogée poétique de Mouhalhil, et nous serons conduits à dire que celui-ci florissait 97 ans avant l'hégire; or 97 ans est la valeur d'un siècle lunaire, limite assignée par-Ibn Schabbah à l'intervalle qui sépare le commencement de l'hégire du plus ancien des poëtes nommés ci-dessus. Cela posé, que l'on ouvre les traités de versification arabe, ou les ouvrages composés sur les priorités de tout genre (Koutoub alawaïl), et l'on verra que l'opinion générale attribue à Mouhalhil le premier poëme régulier. On peut donc le considérer comme le plus ancien des poëtes nommés par Ibn-Schabbah; mais alors même qu'il ne serait pas leur doyen, tous ces poëtes ayant vécu à des époques peu éloignées l'une de l'autre, nous sommes en droit de dire que notre calcul est d'accord avec la donnée approximative d'IbnSchabbah.

CORRECTIONS.

Quoique les Qourayschides n'aient été définitivement établis à la Mecque que sous le quatrième aïeul de Mahomet, on peut admettre que la tendance pacifique et commerciale qui les distinguait des autres tribus maaddiques remonte beaucoup plus haut. Nous avons parlé du droit qu'avait la postérité de Kinânah de proroger les suspensions d'armes ; cette attribution législative nous révèle le caractère neutre d'un canton (si je puis m'exprimer ainsi) au milieu d'une association de cantons entre lesquels la guerre est un jeu constitutionnel. Or le père de ce canton neutre, Kinânah, figure dans la généalogie de Mahomet et de tous les Qourayschides; c'est le treizième aïeul de Mahomet et le bisaïeul de Fihr ou Qouraysch. Cette observation infirme une

partie des bases sur lesquelles reposent nos calculs précédents. Essayons de les rectifier.

Dans le calcul approximatif de la date de la bataille de Khazâz, j'ai supposé, pour plus de simplicité, les générations de la ligne de Mahomet égales à celle de la ligne d'Amir au-delà du septième aïeul de Mahomet. Cette supposition n'est pas exacte. -Les premières sont toujours plus longues que toutes les autres générations arabes, quoique la différence diminue, ainsi que je l'ai dit, à mesure qu'on se rapproche de la souche. - Dans la recherche de l'époque où vivait Koulayb, j'ai compté les dix-huit générations qui se trouvent entre Nizâr et Mahomet, à raison de trois par siècle : autre erreur en sens contraire.

Eu égard aux diverses conditions sous lesquelles ont vécu les ancêtres de Mahomet, je crois me rapprocher de la vérité en comptant les douze premières générations de sa ligne, depuis Maadd jusqu'à Kab, à raison de trente ans l'une, et les huit autres à raison de trois par siècle, ce qui place la naissance de Maadd ou l'âge viril d'Adnân vers cinquante ans avant J. C.-Première correction, applicable à ma première note sur l'article qui a pour titre « Origine de la guerre de Baçoûs, etc. »

D'après cette nouvelle base, les dix-huit générations de Nizâr à Mahomet représentent un intervalle de 567 ans. En divisant ce nombre par 22 qui, d'après la généalogie d'Aschâ, est celui des générations bakrides comprises dans le même intervalle de 567 ans, on aura 25, 8 ans pour la valeur d'une génération bakride. Or entre Nizâr et Koulayb il y a dix-huit générations comme entre Nizâr et Mahomet; si donc on multiplie 25, 8 par 18, le produit 464 représentera le nombre d'années compris entre l'âge viril de Nizâr et la naissance de Koulayb.—Ce dernier nombre retranché de 567 donne pour reste 103, intervalle entre la naissance de Koulayb et celle de Mahomet. Mais Koulayb, l'un des trois qui, seuls d'entre les princes arabes, ont eu la gloire de commander à toutes les tribus sorties de Maadd, Koulayb qui se créa tant de prérogatives et dont le caractère altier était devenu proverbial, n'arriva sans doute que par degrés à l'apogée de sa puissance. On peut donc raisonnablement supposer qu'il avait alors 43 ans, et n'était plus séparé de la naissance de Mahomet que par un intervalle de 60 ans. C'est aussi vers cette

époque que je place sa mort violente; et comme Mouhalhil son frère, qui jusque-là n'avait chanté que l'amour, déploya une immense énergie dans la guerre désastreuse qu'il fit à la tribu du meurtrier, je suis fondé à croire qu'il était plus jeune que Koulayb d'environ 13 ans ; et me voilà conduit sans effort à une date qui s'accorde parfaitement avec la limite d'Ibn-Schabbah.

A présent nous possédons les données sur lesquelles doit être assis le calcul de la date de la bataille de Khazâz, ou plutôt de sa limite inférieure. Abou-Amr, fils d'Alalâ, nous a dit, après soixante ans de recherches, que cette bataille est antérieure à Amir fils de Ssassaah, à Dârim fils de Mâlik, et à Djouscham fils de Bakr, ce qu'il faut peut-être entendre de la postérité de ces personnages plutôt que des personnages mêmes. Nous supposerons donc, comme ci-devant, que le plus ancien des trois a vu la journée de Khazâz; mais nous ne dirons plus que les générations sont égales dans les trois généalogies. Djouscham, fils de Bakr, appartient à une tribu où, d'après notre dernier calcul, les générations ne sont que de 25, 8 ans; c'est la tribu de Taghlib, la plus belliqueuse de toutes les tribus arabes, et celle où les générations sont le plus courtes. Il est vrai que le compte des 25 ans et 8 dixièmes est déduit de la généalogie d'Aschâ qui était bakride; mais nous avons vu que ces deux tribus-sœurs, Bakr et Taghlib, vivaient sous les mêmes conditions, et que par conséquent le nombre calculé pour Bakr convient également à Taghlib. Cela posé, les quinze générations qui se trouvent entre Adnân et Djouscham représentent un espace d'environ 387 ans; ajoutons 25, 8 ans pour atteindre l'age viril de Djouscham, et nous aurons 413 ans, intervalle entre l'âge viril d'Adnân ou la naissance de Maadd et l'âge viril de Djouscham. D'après nos dernières observations, les vingt générations qui se trouvent entre Adnan et Mahomet représentent un espace d'environ 627 ans; si donc l'on retranche 413 de 627, le reste 214 représentera le nombre d'années qui s'est écoulé entre l'époque où Djouscham était dans sa force, et la naissance de Mahomet.

Maintenant, pour toutes les autres tribus arabes, qui ne sont mi aussi tranquilles que Qouraysch, ni aussi belliqueuses que Bakr et Taghlib, quoi de plus naturel que de prendre une moyenne entre 33,33, maximum, et 25,8, minimum des gé

nérations arabes? Cette moyenne est de 29 à 30 ans ; cependant, comme toutes ces tribus sont errantes, aussi bien que Bakr et Taghlib, et que sous beaucoup de rapports elles mènent le même genre de vie, il est juste de faire pencher la balance du côté de Taghlib, et d'évaluer leurs générations à 28 ans.

Cela posé, les douze générations qui se trouvent entre Adnân et Dârim représenteront un laps de 336 ans, et les onze générations d'Amir au même Adnân un laps de 308 ans. Amir est donc le plus ancien des trois personnages. Ajoutons 28 au dernier nombre pour atteindre l'âge viril d'Amir, puis retranchons la somme de 627, et le reste 291 sera la limite inférieure que nous cherchons, c'est-à-dire le plus petit nombre d'années qui ait dû s'écouler entre la bataille de Khazâz et la naissance de Mahomet. Or entre la naissance de Koulayb et celle de Mahomet il y a 103 ans; il y en aurait donc au moins 188 entre la journée de Khazâz et la naissance de Koulayb.

Ainsi, lorsque Mahomet poussa les Arabes moustaribes à la conquête du monde, leur indépendance datait de plus de trois siècles, et remontait pour le moins au règne de Probus, peut-être au règne d'Aurélien, en sorte que la décadence de l'empire Homérite ou Sabéen dans le midi de la péninsule arabique, correspondrait au temps où le commerce de l'Inde prenait la route septentrionale de Palmyre sous la protection de Zénobie.

Maintenant je dis que la limite inférieure assignée par AbouAmr doit être considérée comme la limite supérieure de la date, ou comme la date même de la bataille de Khazâz.

En effet Abou❜lmoundhir, d'après lequel Ibn-Abd-rabbouh raconte l'origine de la guerre de Baçoûs, parle de deux grandes batailles antérieures à celle de Khazâz, la bataille de Soullân et celle d'Albaydâ, toujours entre Tihâmah et le Yaman; car Tihâmah est l'antique demeure des tribus issues de Maadd :

"

Ghaniyat* dârounâ Tihâmata, etc. »

(Voyez la traduction du 2o chant de Mouhalhil.) Adossé à la forteresse naturelle de l'Assîr, le pays nommé Tihâmah fut le berceau de l'indépendance arabe; et c'est encore là qu'elle se maintient et se maintiendra de nos jours, non plus

Ghaniyat, c'est-à-dire kânat (fut). Voyez le Qâmoûs de Fayrouzàbâdiyy.

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