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n'ont pas d'autre vœu à former que nous puissions jamais. regarder comme admissible.

Mais l'affaire ne sera pas arrivée à son dernier terme par ce qui se passera entre le Souverain et ses sujets. La question politique reste à vider entre les puissances prises individuellement; entre le Souverain Pontife et les cinq Cours; enfin, et en dernier résultat, entre l'indépendance morale et politique de la Cour de Rome et les prétentions contraires de la France, prétentions à la prédominance en Italie qu'elle n'avoue pas, mais qui n'en exercent pas moins une influence permanente sur la marche de son Gouvernement à l'égard du Saint-Siége et de tous les États de second ordre.

Nous sommes absolument obligés ainsi dans notre for intérieur de séparer toujours les questions, et d'en faire une juste distribution entre ce qui parmi elles appartient au domaine exclusif du Saint-Siége, et ce qui est du domaine de la politique. Dans la présente question, la division n'est pas difficile à établir; la législation est du ressort immédiat du Souverain Pontife; la forme dans laquelle celui-ci devra demander et exiger la retraite des troupes étrangères, est du ressort de la politique.

La partie législative de la question se compose de la confection des lois, de leur mise en vigueur et de la garantie de leur durée; la partie politique se réduit à une demande et à une acceptation.

Ce

que nous avons à demander au Saint-Père relativement à la première partie de l'affaire, sera complété le jour où les lois auront été promulguées et où elles auront été déclarées permanentes. En attendant, nous prenons acte de l'engagement qu'a pris envers nous le Souverain Pontife, «qu'une déclaration conçue dans ce sens et dans cet esprit aurait certainement lieu».

Ce qu'il nous reste à lui demander à l'égard de la partie politique de la question, c'est que le Cabinet pontifical ne se prive pas, par des démarches imprudentes et mal conçues, des moyens d'affermir le repos futur de ses États et d'assurer en même temps son entière et parfaite indépendance politique.

Comme le seul moyen que nous ayons jugé propre à servir deux intérêts aussi puissants se trouve dans le choix de la forme que nous avons proposée, mais qui n'est pas comprise à Rome, nous nous réservons de revenir sur cette négociation le jour où nous croirons opportun de le faire.

J'espère, Monsieur l'ambassadeur, vous avoir mis à même de connaître parfaitement notre pensée et la direction qu'elle suit. Ce que nous avons demandé à la Cour de Rome, nous le lui demandons encore aujourd'hui, car la solution de l'affaire entre cette Cour et les puissances ne pourra se trouver que là. Quand il s'agit de sauver des amis, il ne faut pas se rebuter, et l'on ne doit pas même les écouter au delà de certaines bornes. Notre conscience nous dit que nous avons raison, et aussi souvent qu'il en est ainsi, nous ne savons pas reculer. Nous ne nous tenons pas à des mots; c'est uniquement aux faits que nous nous attachons. Nous n'insistons par sur le mot de pragmatique; mais ce sur quoi nous ne reculerons pas, c'est sur une déclaration qui ait la valeur d'une pragmatique. N'entrez pas aujourd'hui en discussion sur l'affaire, tenez-vousen à la promesse du Saint-Père telle qu'elle vous a été faite.

LA FÊTE DE HAMBACH*.

1088. Metternich au baron Gise, ministre des affaires étrangères de Bavière, à Munich (Lettre). Vienne, le 8 juin 1832.

1088. Dans la lettre que Votre Excellence a bien voulu m'écrire à la date du 3 de ce mois, et qui m'est parvenue aujourd'hui par l'intermédiaire de M. le feld-maréchal de Wrede, vous vous exprimez avec un abandon, avec une franchise qui m'imposent le devoir de vous répondre avec une parfaite sincérité, d'autant plus que l'affaire dont il s'agit a

Nous avons eu déjà l'occasion de dire quelques mots sur cette fête populaire. Voir la note qui accompagne le no 1061, p. 286. (Note de l'Éditeur.)

une gravité exceptionnelle, et que les mesures commandées par les circonstances sont urgentes et ne souffrent point de retard.

Dans ma réponse à votre lettre, je suivrai l'ordre que vous avez adopté pour votre communication; de cette manière nous arriverons le plus sûrement à une entente qui réponde à vos désirs et qui, par suite, justifie mes espérances.

Que Votre Excellence me. permette de commencer par déplorer avec vous, si l'intention bien arrêtée du ministère royal était de maintenir l'interdiction de la fête de Hambach, que les autorités subalternes aient agi dans un sens diamétralement opposé à cette intention. L'inconvénient qui est résulté du fait que la Bavière a été la première à ouvrir une sorte d'arène légale aux menées révolutionnaires, est incalculable, car tous les rapports que je reçois d'Allemagne me donnent la conviction que c'est de Hambach que la révolution est partie pour se répandre dans tous les districts d'Allemagne et pour y causer une agitation plus ou moins vive, selon que les Gouvernements ont plus ou moins de force pour arrêter momentanément les violences des fanatiques perturbateurs de l'ordre public. Mais le mal est fait; loin de moi la pensée de remonter à l'origine de ces excès, si ce n'est pour répondre à la question suivante Quelle voie le Gouvernement royal a-t-il à suivre pour remplir d'une manière satisfaisante ses devoirs envers l'immense majorité de ses sujets qui sont restés calmes et fidèles aux bons principes, ainsi que ses devoirs envers les États confédérés? Votre Excellence trouve qu'il y a deux sortes de moyens propres à conduire à ce résultat : l'un, plus doux, serait de suivre la voie légale; l'autre, plus rigoureux, consisterait à étouffer l'agitation révolutionnaire par l'emploi de la force armée. Je croirais volontiers qu'il faut appliquer en même temps ces deux genres de procédés, si l'on veut atteindre le but que l'on se propose. Que Votre Excellence laisse d'abord à la loi son libre cours; les faits parlent trop haut pour qu'il soit besoin d'autre chose que de l'application consciencieuse des lois pour soumettre les coupables à l'enquête et au jugement qu'ils ont encourus. . . . . Mais qu'en même temps Votre

Excellence mette sur pied, dans le cercle du Rhin, une force militaire imposante, une force assez considérable pour prévenir le retour de semblables mouvements révolutionnaires, pour assurer le respect de la loi et pour garantir au citoyen paisible la protection du Gouvernement, qu'il est en droit, de par la loi et la constitution, d'invoquer et d'exiger. Je prie Votre Excellence d'envoyer les troupes royales dans le cercle du Rhin, sans se laisser arrêter par des considérations étrangères, ni par la crainte de complications politiques. Il n'y a pas de considération de nature politique qui puisse être assez grave pour justifier des demi-mesures, car ce qui s'est passé dans la Bavière rhénane est connu de tout le monde, et ce qui s'y passera encore, à moins que l'on ne prenne des mesures aussi promptes qu'énergiques, est malheureusement facile à prévoir. Si le mal est aussi grand que des rapports sûrs me le font craindre, il ne restera probablement d'autre parti à prendre qu'à déclarer cette province en état de siége et à en confier le gouvernement à un commandant militaire capable cum derogatione omnium instantiarum.

Si je comprends bien les appréhensions de Votre Excellence au sujet d'une immixtion étrangère, Votre Excellence redoute de la part de la France des protestations contre un rassemblement de troupes bavaroises sur la frontière française. Je prie Votre Excellence de ne pas se tourmenter à cet égard, car le Gouvernement français comprendra facilement que les hommes qui ont l'audace de vouloir créer une république allemande ne sauraient pas non plus être les amis du Gouvernement royal qui existe aujourd'hui en France. Les hommes avec lesquels fraternise Lafayette ne sont pas les hommes du Gouvernement de Louis-Philippe. Du reste, les Gouvernements allemands n'ont pas à se laisser arrêter par la crainte d'une immixtion étrangère, de manière à négliger de rétablir l'ordre et le calme à l'intérieur : c'est ce que l'Autriche et la Prusse ne tarderont pas à prouver à la Diète, attendu que selon les communications que le comte de Münch doit faire prochainement à la Diète, l'Empereur et le Roi de Prusse mettent toutes leurs forces militaires à la disposition de la Diète pour

le cas où elle les trouverait nécessaires afin de rétablir le calme et l'ordre en Allemagne.

Du reste, je crois devoir insister vivement auprès de Votre Excellence pour qu'Elle saisisse l'occasion qui se présente de poursuivre des agitateurs et des perturbateurs de l'ordre tels que Wirth, Siebenpfeiffer, Grosse et d'autres qui sont montés à la tribune lors de la fête de Hambach, de les poursuivre, disje, sur un autre terrain que sur celui de leurs délits de presse, et, vu leurs menées subversives, qui constituent des actes de haute trahison, de leur interdire dorénavant, non-seulement l'accès des États bavarois, mais encore de demander à tous les autres Gouvernements confédérés de ne pas tolérer leur présence sur le territoire allemand. Relativement à cette disposition, je prie Votre Excellence de compter sur notre appui à la Diete, où cette question peut être posée de la manière la plus sûre et avec le plus d'autorité.

J'ai exposé à Votre Excellence toutes mes idées sur les questions sur lesquelles j'ai été appelé à me prononcer. Je vous prie de vouloir bien les communiquer à M. le feld-maréchal de Wrede, et j'attends avec intérêt les autres détails que vous m'avez promis.

L'ÉMEUTE DE JUIN A PARIS.

1089. Metternich à Lützow, à Rome (D.). Vienne, le 15 juin 1832. 1090. Metternich à Apponyi, à Paris (D. secr. r.). Vienne, le 21 juin 1832.

1089. Les événements les plus féconds en conséquences se succèdent avec une rapidité qui prouve à quel point le corps

social est en combustion.

Nos nouvelles de Paris, au moment où je vous écris, vont jusqu'au 7 de ce mois inclusivement. J'en marque avec précision la date, car chaque jour, chaque heure même, peut apporter des changements à l'objet et à la valeur des événe

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