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quences qu'aurait un essai manqué. Nous sommes convenus que je ne parlerais pas à l'Empereur avant que l'ambassadeur et moi en fussions tombés d'accord. Deux jours après est venu le scandale ministériel, et ce n'est que depuis la rentrée de M. de Rigny que M. de Sainte-Aulaire a repris le fil de notre premier entretien. Il m'a prévenu qu'il avait écrit au ministre d'engager le Roi à vous parler à ce sujet, et il a ajouté qu'il serait important que vous pussiez recevoir à cet égard des instructions. J'ai assuré M. de Sainte-Aulaire que je n'étais pas à même de vous en donner sans avoir pris les ordres de l'Empereur, et que, comme il m'avait lui-même engagé à ne pas faire encore une démarche pareille, je ne saurais vous donner une direction.

dire

C'est là où en est l'affaire, et si je vous en rends compte, c'est afin que vous fassiez semblant de n'en rien savoir si le Roi devait jamais y toucher. Vous devez avoir l'air de puiser dans votre jugement personnel tout ce que vous pourrez sur les égards avec lesquels Sa Majesté Impériale a l'habitude d'accueillir les Princes étrangers qui viennent le visiter. Ne parlez pas du public, car celui-ci ne regarde pas la Cour de

France.

Tout cet épisode a la valeur d'une tuile qui tombe sur un passant. C'est la tuile qui a tort, car elle ne devrait pas tomber, mais c'est le passant qui souffre de sa chute. Je me flatte que les grands événements du jour mettront du lest dans la barque de Mgr le duc d'Orléans, et qu'il ne croira pas le moment propice aux voyages d'agrément. M. de Sainte-Aulaire cherche dans cette excursion plus qu'un simple désir de voir du pays; il croit à des idées de mariage. « Vous avez plusieurs Archiduchesses à établir», m'a-t-il dit; «pourquoi ne nous en donneriez-vous pas une?» J'ai fait semblant de ne point entendre le propos.

Il y a dans tous ces projets un fond de grande légèreté, et je crois en conscience que le Roi Louis-Philippe aurait raison en ne pressant pas се que le temps n'a

pas encore

mûri.

14 décembre.

1166. M. de Sainte-Aulaire était prévenu déjà par sa correspondance directe du changement de destination qui semble devoir avoir lieu à son égard. Il n'en est pas content, mais il obéira. J'ai quelque peine à croire que M. de Talleyrand ait le courage d'entreprendre le voyage de Vienne; s'il devait en être autrement, je n'aurais rien à objecter à sa venue. De tous les diplomates, c'est avec M. de Talleyrand que j'aurai le moins de difficulté à m'entendre sur bien des choses, et c'est lui que je craindrais le moins dans celles sur lesquelles une entente entre nous serait impossible. J'ai fait un si grand nombre d'affaires avec lui qu'il ne serait pas pardonnable si je ne le connaissais pas, tout comme il doit me connaître. M. de Talleyrand, comme homme et comme esprit, représente en toute vérité la France telle qu'elle est, tandis que la majeure partie des envoyés à l'étranger n'en représentent souvent que des partis et bien souvent qu'eux-mêmes.

24 décembre.

1167. Je vous envoie sub volanti l'expédition que j'adresse à M. de Hummelauer.

Veuillez en prendre connaissance et ne point arrêter le courrier. Lisez ce que j'écris sur les affaires anglaises, mais ne communiquez rien de mes dépêches à aucun de vos collègues. Cette recommandation porte principalement sur le contenu de celle qui touche aux affaires d'Espagne. Mon intention est de sonder les dispositions du duc de Wellington, et ce n'est que dans les voies les plus directes qu'une pareille entreprise peut être couronnée de succès. Il n'y a certes jamais eu de situation plus difficile que celle du duc, et elle ne peut dès lors être ménagée avec trop de scrupule.

L'ensemble de mon expédition à Londres vous prouvera que nos prétentions à l'égard de l'attitude que nous désirons voir prendre au nouveau Cabinet anglais ne sont empreintes

d'aucune exagération. Ce Cabinet traine, comme je le dis dans mes dépêches à Londres, trop de mauvais bagage à sa suite pour pouvoir marcher droit et vite*. Il devra commencer par s'assurer une existence et tâcher de prendre racine. Aussi mes prétentions ne dépassent-elles guère les limites d'une attitude passive le jour où la complicité active de l'Angleterre avec le Cabinet doctrinaire de France cessera, un grand bien aura déjà été atteint.

:

Le retour vers un meilleur état de choses prendra-t-il de la consistance en Angleterre ? C'est de la solution de cette grosse question que dépend le sort de ce pays et de beaucoup d'autres encore; je suis trop éloigné de la scène pour pouvoir me former une opinion, et je me renferme ainsi dans une trèspénible attente.

M. Ancillon vient de me communiquer une dépêche raisonnée qu'il a adressée le 15 de ce mois à M. de Werther. Comme je suppose que celui-ci vous en aura donné connaissance, je m'empresse de vous assurer que j'approuve en entier les vues et les jugements que renferme le travail prussien. Tout ce que M. Ancillon dit sur la situation du Cabinet français est frappé au coin de la vérité la plus exacte.

Madame de Dino a écrit ces jours derniers au prince Esterhazy pour lui rendre compte de la décision de M. de Talley

*Le lendemain, Metternich écrivait à Sainte-Aulaire : « Voici des nouvelles de Paris du 18 que l'on m'envoie de Francfort. Vous Y verrez la composition du nouveau ministère anglais. Tout ce qu'il est possible d'en conclure, c'est qu'il est là. Ce seront les hustings qui décideront du sort de l'Angleterre. Ce qui m'est prouvé, c'est que je n'ai pas idée comment il deviendra possible de former un nouveau ministère, si celui du jour devait succomber. Trois partis influent sur les élections, les tories, les whigs et les radicaux. S'il n'y avait que deux partis, leur force numérique trancherait la difficulté; mais comme les whigs sont moitié conservateurs et moitié radicaux, et que ces subdivisions se jettent tantôt dans l'un et tantôt dans l'autre plateau de la balance, comme ils ont contre eux et les tories et les radicaux, il en résulte un désordre qui sera surmonté Dieu sait comment. »

A ce moment, le nouveau Cabinet tory était composé de la manière suivante: Peel, premier ministre; Wellington, affaires étrangères; Goulburn, intérieur; Wharncliffe, sceau privé; Baring, commerce; Aberdeen, marine; Lyndhurst, lord-chancelier, etc. (Note de l'Éditeur.)

raud de se retirer entièrement des affaires. Elle dit que le poste de Vienne lui avait été offert à deux reprises, mais qu'il l'avait refusé, vu son âge et ses infirmités, et même, abstraction faite de ces motifs, par la considération qu'il aurait craint de fournir trop d'aliments à ses calomniateurs, en venant, dans l'endroit même où il avait aidé à assurer le triomphe du principe de la légitimité, défendre la thèse contraire, et cela, de plus, dans le pays même où la famille de Bourbon jouit d'un asile et dans une ville que vient souvent visiter madame la Dauphine. Malgré ces belles paroles, je crois que M. de Talleyrand cherche à ne plus rien faire, ou à dépenser son dernier feu en Angleterre, si les choses y prennent une tournure qui lui plaise.

Je vis dans de bien vives inquiétudes sur ce qui arrivera dans ce pays-là d'ici à deux mois. Le sort du corps social s'y joue sur un tapis vert.

CONFÉRENCES DES MINISTRES ALLEMANDS A VIENNE.

1168. Discours d'ouverture de Metternich, du 13 janvier 1834.-1169. Discours de clôture de Metternich, du 12 juin 1834. —1170. Le Roi FrédéricGuillaume III de Prusse à Metternich (Lettre). Berlin, le 25 juin 1834. 1171. Metternich au Roi de Prusse (Lettre). Vienne, le 20 juillet 1834.

1168. Les plénipotentiaires des Princes Souverains et des villes libres de la Confédération germanique se trouvent réunis aujourd'hui pour la troisième fois afin de délibérer sur les questions les plus importantes qui intéressent l'Allemagne, et pour la troisième fois il m'est donné d'assister comme membre à cette solennelle réunion. Aujourd'hui comme autrefois j'ai la ferme et intime conviction que cette réunion, aussi bien que les autres, sera une cause de prospérité et de bonheur durable pour notre commune patrie, et déjà deux fois l'espérance qui m'anime a été réalisée.

L'honorable assemblée aura déjà vu par la lettre d'invi

tation que Sa Majesté l'Empereur, d'accord avec Sa Majesté le Roi de Prusse, a fait parvenir à tous les Cabinets allemands, que la tâche que nous sommes appelés aujourd'hui à remplir est différente de celle dont les Cabinets allemands se sont occupés lors de leurs délibérations antérieures. Quand nous nous sommes réunis en 1815, il s'agissait de fonder la Confédération et de lui assurer un rang honorable parmi les puissances européennes. En 1820, nous avons eu à développer, à consolider la Confédération et à compléter ses lois fondamentales. Il s'agit aujourd'hui de maintenir la Confédération et les membres qui en font partie, il s'agit d'envisager sans crainte les dangers qui menacent la Confédération ainsi que les différents États allemands, et ensuite d'examiner loyalement, consciencieusement, les moyens dont l'application, au milieu des dangers de la période orageuse que nous traversons, est commandée à chaque Gouvernement en particulier ainsi qu'à la Confédération tout entière par le devoir de se conserver soi-même et par le souci de l'intérêt des peuples allemands.

C'est par ces paroles que je définis la lourde tache qui sera l'objet de nos conférences.

Sa Majesté l'Empereur, mon très-gracieux Maître, voit dans l'empressement avec lequel tous les Gouvernements allemands ont répondu à la proposition qui leur a été adressée de se réunir dans ce but, une nouvelle preuve que ses confédérés lui ont donnée dans cette circonstance, de la confiance qu'ils ont dans son dévouement à la cause de la Confédération; et j'ai été expressément chargé d'être, à cet égard, l'interprète de la reconnaissance de l'Empereur, mon Maître. Aussi l'Empereur trouve-t-il que cette confiance lui fait un devoir de parler sans détour à ses confédérés de la question qui doit être agitée ici, question également importante pour lui et pour tous les membres de la Confédération, et de leur faire part ses vues, de ses désirs et de ses espérances avec la franchise et la liberté qui caractérisent ses rapports avec les Gouvernements de la Confédération germanique. Sa Majesté aime à croire que les hommes qui ont été envoyés ici par leurs Souverains dans un temps si agité et pour remplir une tâche

de

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