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qu'ils s'étaient plus ou moins bien exactement fixées, les whigs se sont avancés en masse pour se dissoudre comme un nuage. La nation, froissée dans ses intérêts les plus divergents, s'est alors réveillée; car ce que les chefs du radicalisme nommeront sans doute le sommeil de la nation, est en toute réalité son réveil. Il y a trois ans, il n'en était pas ainsi. Que les hommes qui se trouveront aujourd'hui placés au timon de l'État s'emparent de la vérité; qu'ils se saisissent, en partant du point auquel sont arrivées les choses, de la réforme, et qu'ils l'appliquent avec discernement, avec force et avec sagesse, aux anciens abus comme aux nouveaux; à ceux qui existent véritablement, et non à ces soi-disant abus supposés et voulus par les ennemis de la chose publique; et le succès pourra couronner leur noble entreprise...

1855.

EXTRAITS DU JOURNAL DE LA PRINCESSE MÉLANIE.

DÉTAILS BIOGRAPHIQUES.

1175. Vienne (du 25 février au 14 mars).

VIENNE.

1175. Maladie de l'Empereur. - Sympathie de la population.

faits en vue de la catastrophe.

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Préparatifs

L'Empereur dicte son testament.

On

appelle des médecins au lit du malade. Mort de l'Empereur François.
Avénement de l'Empereur Ferdinand. — Organisation du Gouvernement.
Mission du prince Guillaume de Prusse à Vienne.
Lettre à Ficquel-
Paroles de l'Impératrice Caroline-Augusta au sujet de l'Empereur

mont.

François.

Vienne, le 25 février.

1175. J'ai été horriblement effrayée ce matin quand Clément m'a dit que l'Empereur était dangereusement malade.

* Le ministère whig, renvoyé spontanément par le Roi, reprit cinq mois plus tard (avril 1835) la direction des affaires publiques sous la présidence de

On lui a pratiqué une saignée à huit heures. Une pneumonie semble s'être déclarée. J'étais profondément affectée, surtout à l'idée que Clément a pu me cacher toute une journée un fait aussi grave, qui devait l'inquiéter et le préoccuper à tel point. Cela m'ôte toute confiance et me fait craindre qu'il ne me cache toujours ce qui doit lui briser le cœur. Stifft a été ici; il trouve l'état de l'Empereur aussi satisfaisant que possible. Clément me tranquillise quand je me tourmente; mais je suis dans un état de surexcitation continuelle. J'ai été extrêmement peinée quand Podstatzky est venu me dire que le prince de Bavière ne viendrait pas ce soir, parce que j'ai dû conclure de ses paroles qu'on était très-inquiet à la Cour. Comme je suis habituée à voir Clément prendre les choses du bon côté, j'ai été profondément affligée.

J'étais au désespoir d'avoir organisé chez moi un bal pour ce soir. Cependant, comme Stifft a écrit à Clément que l'Empereur allait aussi bien que possible, j'ai reçu mes invités avec courage et avec résignation.

Pas d'autres nouvelles dans la nuit.

26 février.

Quel affreux réveil à dix heures! J'ai fait chercher Clément. On m'a dit qu'il n'était pas à la maison, que l'Empereur était au plus mal, qu'on lui avait administré les derniers sacrements à huit heures, et qu'il était tellement affaibli que probablement il ne passerait pas la journée. A midi, Clément revint enfin. Il me dit que l'Empereur allait beaucoup mieux, qu'il avait été plusieurs fois dans la nuit sur le point d'étouffer et qu'il avait eu la fièvre; qu'on l'avait saigné, qu'il avait été luimême très-inquiet et qu'il avait demandé qu'on l'administrât. Stifft avait voulu s'y opposer; l'évêque Wagner (confesseur de l'Empereur) avait dit qu'il ne trouvait pas l'état du malade alarmant, qu'il ne lui donnerait pas l'extrême-onction et qu'il

lord Melbourne, avec lord Palmerston comme secrétaire d'État aux affaires étrangères. (Note de l'Éditeur.)

ne considérait la cérémonie de ce matin que comme une confession et une communion désirées par l'Empereur. L'Impératrice était rassurée, parce qu'elle le trouvait calme et tout autre qu'il ne l'avait été cette nuit. L'archevêque voulait ordonner des prières publiques; cette question souleva de grandes discussions, ainsi que celle de savoir si l'on devait fermer les théâtres et les bals. Cette fermeture eut lieu en effet, et de ce côté, du moins, tout se passa bien, Dieu merci. Dans le courant de la journée, le mieux se soutint. Je passai la soirée avec Clément, qui travaille avec une assiduité extrême; car il faut qu'il parle à tous les diplomates du monde et qu'il s'occupe en ce moment de la politique de toute l'Europe.

Elle est vraiment touchante, la sympathie que la population montre pour l'Empereur. Partout ce ne sont que des malédictions contre les Transylvaniens, qui, dit-on, sont cause de la maladie de l'Empereur. On voudrait les mettre en pièces. Tout le monde est consterné, et, Dieu merci, on sait apprécier chez nous ce que Dieu menace de nous ravir. Il est arrivé une foule de monde pour prendre des nouvelles, et tous ces gens errent tristement par la ville. Un moment comme celuici est vraiment douloureux au possible! Je me suis couchée sans pouvoir dormir, car j'écoutais sans cesse s'il venait quelqu'un pour appeler Clément. Lui, heureusement, a dormi.

27 février.

Les nouvelles de ce matin étaient bonnes. L'Empereur a dormi six heures, et son état s'était amélioré au point que tout le monde en était étonné. Hier soir, on avait pratiqué une petite saignée à la suite de laquelle le malade s'était senti beaucoup mieux. Günter, qu'on avait appelé, déclara que la maladie de l'Empereur était une inflammation du foie, et ajouta que tous les symptômes étaient favorables. On cherchait à nous tranquilliser de toutes les manières.

Clément a fait un tour de promenade avec moi sur le bastion; il m'a parlé des mesures qu'il prenait pour le cas où nous aurions l'affreux malheur de perdre notre Empereur bien-aimé.

Ce qui dans ce moment est rassurant pour le monde, c'est le fait que tous, bons et méchants, se rapprochent de Clément et cherchent auprès de lui des conseils et un appui. Rien n'est admirable comme le courage qu'il déploie et la présence d'esprit avec laquelle il pense à tout.

28 février.

A sept heures, on nous a apporté une terrible nouvelle. La fièvre a augmenté. La nuit a été mauvaise; bref, nous voyons la mort venir. Taaffe a fait appeler Clément. Il venait de la Cour, où il avait appris que l'Empereur avait fait chercher son chef de cabinet Martin pour lui dicter ses dernières volontés. Clément se rendit aussitôt auprès de l'Empereur et revint après deux heures. Il le considère comme perdu! Stifft déclare qu'il n'y a plus rien à faire. Clément travaille vraiment sur la tombe de l'Empereur, car il regarde la catastrophe comme un fait accompli. Jamais je n'ai vu un calme, une résignation, un courage égal au sien. Il admire l'Impératrice, qui se comporte admirablement. Il a parlé à Wagner, à Hoyos, à Sedlnitzky; bref, tout le monde trouve en lui un soutien. J'ai été tourmentée par les nouvelles les plus absurdes qu'on est venu me débiter; à deux heures, je le croyais mort. Je me rendis dans la chapelle du palais pour prier. Quand je revins chez moi, j'appris qu'une consultation avait lieu. Je crois que Dieu veut nous conserver l'Empereur, car on cherche à découvrir à tout prix un remède, afin de tenter au moins tout ce qui est humainement possible. Wolf, Fischer et Wierer ont été appelés. J'espère qu'au moins le dernier sera éclairé par le SaintEsprit. Clément a assisté à la consultation. A son retour, il nous a donné des nouvelles rassurantes. Wierer dit qu'il y a plus de motifs d'espérer que de craindre. Il trouve que la constitution du malade est extraordinairement forte, et dit que c'est une maladie grave sans danger immédiat. Bref, nous nous reprenons à vivre, après avoir renoncé ce matin à tout espoir. J'avoue que mon pauvre Clément me fait grand pitié et qu'il m'inquiète horriblement, car des émotions de ce

genre sont au-dessus des forces humaines! Que Dieu veuille avoir pitié de nous!

1er mars.

Les nouvelles de ce matin sont passables. Notre Empereur adoré a passé une nuit assez tranquille. Mes gens m'ont raconté que la cuisinière a mis hier à la petite loterie, qu'elle a pris le n° 12 (parce que l'Empereur est né le 12 février), le no 43 (parce qu'il y a quarante-trois ans aujourd'hui qu'il est monté sur le trône) et le n° 67 (son âge), et que ce matin elle a gagné vingt-huit mille florins avec trente kreutzers. Nous avons regardé ce fait comme un heureux présage, et Clément l'a écrit à l'Impératrice, qui a montré le billet à notre bon Empereur.

A quatre heures, nous avons appris que la fièvre avait augmenté. Clément s'est rendu immédiatement au palais, où une consultation avait lieu. Je suis allée prier dans la chapelle impériale, puis j'ai eu une conversation avec Clément. La baronne Sturmfeder, que je rencontrai avec les petits Archiducs, m'a semblé très-inquiète, ce qui me met dans l'angoisse. Les hommes de l'art avaient décidé qu'il fallait pratiquer une forte saignée, et l'on a tiré au malade huit onces de sang. Mon Dieu, quel affreux traitement !

Dans l'après-midi, l'Impératrice a fait appeler Clément, afin qu'il assistât à une nouvelle consultation. On a encore une fois saigné l'Empereur, et à partir de ce moment il était perdu. Il eut une longue conversation avec le Roi de Hongrie; puis il fit entrer toute sa famille et bénit tous ses enfants, y compris le petit Archiduc François. Jusqu'au dernier moment il a gardé toute sa connaissance. Clément est resté absent depuis six heures jusqu'à minuit; à ce moment, il est revenu pour nous dire que tout n'était pas encore fini, mais que l'on n'attendait plus que le moment terrible de cette mort qui frapperait le monde entier comme un coup de foudre. A peine mon pauvre mari était-il rentré que deux messages le rappelèrent. Toute la famille impériale était réunie auprès de l'Empereur

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