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Thabor, et fit ses dispositions. Les chrétiens s'étaient retranchés sur une colline voisine d'Acre, et appelée la Colline de Fodoul. Bibars essaya de monter sur la colline, aux cris de Dieu est grand (1), et montra une ardeur extraordinaire. Lui-même excitait les soldats à la piété et à la bravoure. En un instant il s'éleva un cri général; les fakirs, les dévots de l'armée, les esclaves, se précipitèrent pour combler les fossés. Les chrétiens, partout repoussés, se retirèrent dans la ville, et les environs furent mis à feu et à sang. Les arbres furent coupés, les maisons brûlées ; les musulmans s'avancèrent jusqu'aux portes de la ville; tous croyaient que Bibars allait s'en emparer. Dans un assaut général les chrétiens furent renversés dans les fossés; plusieurs périrent aux portes; une des tours fut minée et démolie ; mais le lendemain Bibars se désista du siége et tourna d'un autre côté. »

Makrizi ne dit pas quelle raison porta Bibars à changer si subitement de dessein; elle paraît nous avoir été révélée par la chronique arabe d'Ibn-Férat. Il semble résulter de quelques expressions obscures de cet auteur, que les Génois qui nourrissaient un vif. ressentiment contre la ville d'Acre, où ils étaient

(1) Ou, pour s'en tenir plus littéralement aux expressions de Makrizi, au bruit du Tahlil et du Takbir; c'était le cri d'armes ou de guerre des Musulmans. Le Tahlil consiste dans ces paroles: il n'y a pas de force et n'y a pas de puissance, si ce n'est en Dieu, en cet étre suprême, en cet être puissant; et le Takbir dans celles-ci: Dieu est grand, Dieu est grand, il n'y a pas d'autre dieu que Dieu. Dieu est grand, Dieu est grand. Louanges à Dieu.

sans cesse en guerre avec les Vénitiens pour leurs intérêts de commerce, avaient promis au sultan d'atta

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que

quer cette cité par mer tandis lui l'assiégerait par terre. Le seigneur chrétien de Tyr devait les seconder. Comme ni les uns ni les autres ne se trouvèrent au rendez-vous, Bibars fut obligé de renoncer à son dessein; mais il fut très-irrité de ce manque de foi. Dans sa colère, il fit dévaster les campagnes de Tyr, ainsi que celles de la principauté d'Antioche. De leur côté, les chrétiens entrèrent sur les terres des musulmans et y mirent tout à feu et à sang. De part et d'autre on enlevait les bestiaux, on massacrait les hommes, on rasait les maisons; toutes les hauteurs, tous les défilés, tous les lieux fortifiés par les hommes et par la nature devinrent des repaires de brigands. Telle était l'habitude du pillage, que même dans les villages où la paix avait été respectée jusquelà, les paysans ne pouvaient se contenir en voyant passer un troupeau ou une caravane. A la fin on ne prit plus la peine de cultiver les terres ; les travaux de l'agriculture furent suspendus ; le pays fut en proie à la famine, et alors on fut obligé de négocier pour obtenir une trève et pouvoir ensemencer les terres.

Au milieu de ces excès, un grand nombre de chrétiens renièrent leur religion. Makrizi parle, en divers endroits, de bandes de ces misérables qui se présentaient au sultan, et à qui on donnait des chevaux et des armes.

Tome XI.

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§ XC. Conquêtes de Bibars sur les chrétiens. Il prend Césarée et Arsouf.

An 663 (1265). Les Francs de la Palestine, dans leur impuissance, en appelaient à toutes les nations voisines. Cette année, le roi de la petite Arménie, qui était chrétien, poussé par leurs instigations, menaça d'envahir la Syrie. Il fallut que Bibars fît marcher contre lui une partie de son armée. Dans le. même tems, les chrétiens s'adressèrent aux Tartares pour les engager à passer de nouveau l'Euphrate. Les Tartares prirent en effet les armes, et formèrent le siége de Birah, forteresse qui domine les rives de ce fleuve, et qui est comme la clé de la Syrie. On était alors au printems, et les troupes égyptiennes étaient encore dans leurs cantonnemens. Pour le sultan, il prenait le plaisir de la chasse. A la nouvelle du mouvement des Tartares, Bibars fit partir en toute hâte les troupes qui étaient disponibles, et il se mit bientôt lui-même en marche avec le reste de ses forces. Les Tartares, l'ayant appris, furent saisis d'un tel effroi, qu'ils abandonnèrent le siége de Birah. Alors Bibars résolut de se venger des chrétiens auteurs de cette guerre. En vain le seigneur de Jaffa, qui avait toujours été fidèle au traité, vint intercéder pour les Francs. Le prince se plaignit avec amertume de leurs incursions continuelles, de leur intelligence avec les Tartares. Ainsi, sans vouloir rien écouter, il prit le chemin de Césarée, sur les bords de la mer, et se disposa à subjuguer cette ville. Nous allons laisser

parler à ce sujet Makrizi, notre guide ordinaire pour cette époque :

<< Bibars, en se mettant en marche, avait à dessein dissimulé son projet, afin de prendre la ville au dépourvu. Il feignit de n'être occupé que du plaisir de la chasse. Les émirs avaient ordre de faire comme lui. Personne dans l'armée ne savait où l'on allait. En attendant, on travaillait nuit et jour aux machines de siége. Le sultan lui-même était au milieu des ouvriers, les animant par son exemple. Quand tout fut prêt, l'armée se rassembla tout d'un coup devant Césarée. On était alors au jeudi 9 de djoumadi premier (26 février), et les habitans n'avaient fait aucun préparatif. L'attaque eut lieu le jour même. Les soldats, se faisant des espèces d'échelles avec les piquets de fer et les courroies de leurs chevaux, sautèrent dans les fossés et escaladèrent les remparts. En un moment la ville fut occupée, et les chrétiens se réfugièrent dans la citadelle; c'était un des châteaux les mieux bâtis et les plus forts de la Palestine. Le roi de France (saint Louis), pendant son séjour en Palestine, l'avait fortifié avec beaucoup de soin. Il était entouré de tout côté de fossés baignés par les eaux de la mer; les pierres qui avaient servi à sa construction étaient extrêmement dures, et s'enchâssaient les unes dans les autres en forme de croix, ce qui les mettait à l'épreuve de la brèche et de la mine. Après même qu'on était parvenu à creuser sous le mur, la partie supérieure restait suspendue et ne tombait pas. Pendant qu'on l'attaquait, Bibars en

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voya devaster les environs du côté du Jourdain, ainsi que les campagnes d'Acre.

Cependant les assauts ne discontinuaient pas. Le suhan s'était etabli en face de la citadelle, au haut C'une egħise, d'où il dirigeait les attaques. Quelquefois il s'avançait dans des machines roulantes et venait visiter lui-même la brèche. Un jour on le vit, un bonchier à la main, combattre avec intrepidité, et à son retour avoir son bonchier herisse de traits. Il ne cessa't de donner lui-même l'exemple de la bravoure. Quiconque se distinguaît etait sur-le-champ recompense. Pinserrs fois à distribna des robes d'honneur BEX omits of a¤x soldats. A la fin les chretiens, lassés de tant à efforts, se rendirent, moyennant la vie souve. Le siege n'avait dure que quelques jours. La vile in dette les omins of les soldes se partage rent is revanx : le sulan y pri part en persoE, DE

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