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relève maintenant du gouvernement d'Orenbourg'. L'année dernière, la sécurité de la province annexée, attaquée sans cesse par les Khokands, obligea le général Kryjanovski de marcher sur Tachkend, grande ville de 100 000 âmes dont il s'empara le 27 juin. Le 23 septembre, après avoir installé un gouvernement local indigène, il proclama l'indépendance de l'État de Tâchkend, confirmant ainsi les déclarations de la circulaire du prince Gortchakof du 21 novembre 1864, portant que la Russie n'avait pas l'intention de s'agrandir en Asie. En effet, un oukase du 18 août et un règlement du 6 octobre ont organisé le Turkestan russe en dehors du khanat de Tâchkend.

L'émir de Boukhara, irrité de la prise de Tâchkend, somma les Russes de se retirer, arrêta leurs marchands à Samarkand, retint plus tard, malgré leur caractère diplomatique, les envoyés russes, et attisa l'hostilité des tribus turcomanes soumises à son influence. Dès le mois de janvier de la présente année, le général Romanofski reprit l'offensive: le 14 mai, il enleva la forteresse de Naou; le 20, il battit l'ennemi à Irdjar; et le 5 juin, il lui tua 2500 hommes et prit d'assaut la ville de Khodjend.

Cette place, défendue par une double enceinte fortifiée, est située sur la rive gauche du Syr-daria; elle renferme 80 000 habitants et est considérée comme le boulevard de l'Asie centrale. C'est le point où se rencontrent les routes principales suivies par les caravanes de la Boukharie, du Khokand et du Turkestan chinois. En présence de ces succès, on s'attend à ce que l'émir relâche les envoyés et les négociants russes, et à ce qu'il demande à traiter.

Le pays dont les armées russes sont maîtresses offre de grandes ressources agricoles et industrielles et de riches produits minéraux. Mais on ne sait, quant à présent, ce que le. gouvernement de Saint-Pétersbourg compte faire de ses nouvelles conquêtes au delà du Turkestan. Peut-être sera-t-il amené à les étendre encore. Bien que les Russes soient trèséloignés de leur base d'opérations, ils dominent sur la mer d'Aral comme sur la Caspienne, et leurs steamers armés peuvent remonter l'Amou comme le Syr-daria. Ils possèdent d'ailleurs l'art de la colonisation, et leurs Cosaques sont à la fois bons cultivateurs, bons matelots et bons soldats.

1. Sur cette nouvelle province, voy. le vol. précédent de l'Année, p. 217.

2. Voir ibid, p. 210.

En outre, autour de leurs postes fortifiés qui se succèdent de dix en dix lieues, les populations pastorales et agricoles viennent s'abriter, et forment une suite non interrompue de centres de résistance.

Grâce à ce système prudent en même temps que progressif, ils pourraient arriver un jour, par le khanat de Khiva, jusqu'aux frontières de Hérat et de l'Inde, sans rencontrer de résistance capable de les arrêter.

Un autre correspondant du Moniteur lui écrit de SaintPétersbourg à la date du 3 août :

Depuis quelques mois, la Russie a fait dans l'Asie centrale de rapides progrès. Employant tour à tour les négociations et la guerre, elle a pris des positions importantes dans le Turkestan. Cette vaste contrée comprend une foule d'États de toutes dimensions désignés sous le nom de khanats, et qui comptent ensemble environ 9 millions d'habitants. Borné au N. par la Russie d'Europe et la Sibérie, à l'ouest par la mer Caspienne, au sud par la Perse et le Hérat, à l'est par la Chine, le Turkestan contient des peuplades qui se livrent à un commerce actif, mais qui sont en hostilité perpétuelle les unes avec les autres. Depuis que la Russie s'est établie dans ces parages, elle y a suivi une politique d'une incontestable habileté.

Deux khanats ont principalement attiré l'attention du cabinet de Saint-Pétersbourg, le khanat de Khokand et le khanat de Boukharie. Le premier, borné au N. par le territoire russe des Kirghiz et comprenant environ 3 millions d'habitants, possédait jusqu'à l'année dernière la riche et importante ville de Tachkend. Cette populeuse cité, qui a plus de 80 000 âmes, était l'objet des convoitises de l'émir de Boukharie, et, de son côté, la Russie regardait avec raison Tâchkend comme un des centres les plus avantageux pour l'exportation de ses manufactures et l'extension de son commerce dans l'Asie centrale. Dès les premiers mois de 1865, l'émir de Boukharie laissa percer son intention de profiter des troubles du Khokand pour s'emparer des possessions de ce khanat. Un parti boukhare se forma à Tâchkend, et le général Tcherniaïef, pour empêcher les troupes de l'émir, déjà concentrées à Samarkand, de se saisir du pays et d'étendre le territoire boukhare sur la rive droite du Syr-daria, prit Tâchkend au printemps de l'an dernier, et y installa, avec une garnison russe, une municipalité indigène. Ce résultat

porta un grand coup aux prétentions de l'émir de Boukharie, qui est le plus puissant et le plus riche des princes du Turkestan. Il avait voulu à la fois étendre son influence sur le pays de Khiva et sur le pays de Khokand. Pour détourner les Khiviens de leurs relations pacifiques avec la Russie, il avait réussi à allumer la guerre entre eux et les Turcomans habitant la steppe qui est située entre le Khiva et la mer Caspienne. Cette lutte, en affaiblissant les Khiviens, avait diminué leur commerce et augmenté dans une proportion considérable celui de la Boukharie.

L'émir, non content de ce premier succès, espérait développer ses forces dans le khanat de Khokand, lorsque l'attitude énergique des Russes est venue contrecarrer tous ses projets. Des marchands russes ayant été sur ces entrefaites arrêtés à Boukhara, le général Tcherniaïef fit partir pour cette ville des envoyés chargés de réclamer la liberté de leurs compatriotes. En même temps, le général, à la tête de ses troupes, traversait le Syr-daria et se dirigeait du côté de Samarkand. L'émir promit alors de rendre la liberté aux marchands et aux émigrés russes; mais à peine le général Tcherniaïef s'était-il retiré sur la rive droite du Syr-daria, que l'émir, jetant le masque, marchait à son tour en avant. Le général Tcherniaïef étant retourné à Saint-Pétersbourg, le général Romanofski prit le commandement de l'armée.

Les succès que les armes russes viennent de remporter sont décisifs. La prise de Khodjend ouvre aux Russes, avec le reste du khanat de Khokand et le bassin tout entier du Syr-daria, la route directe de Kachgar et de Yarkand. Les événements postérieurs à la note que nous venons de transcrire ont été, dans un journal semi-officiel de Saint-Pétersbourg, l'Invalide russe, le sujet d'un article dont nous reproduisons les derniers paragraphes à titre de docuinent historique :

La prise de Tâchkend déplut à l'émir de Boukharie, tant parce que ses troupes avaient pris part à la défense de cette ville et avaient été battues, que parce que la perte de Tâchkend renversait ses plans relatifs au rétablissement de l'ancien empire de Tamerlan, plans que l'émir caressait, comme on le sait,

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II.

AFRIQUE.

Les pays de la Guinée depuis la Sénégambie jusqu'au delta
du Kouara (vulgairement le Niger)................... :...... 297

Le Gabon et les terres avoisinantes....

III. Les autres contrées de l'Afrique australe. Le Cap et les pays au nord du Cap. La côte orientale. L'intérieur.

Bibliographie.....

§ 1. Coup d'œil sur les pays au nord du Cap. Les Boers et
leurs deux républiques......................

§ 2. Note sur le Cap. Les annexions anglaises..

§ 3 Le Dr Livingstone et ses voyages.................

306

309

.....

312

. 315

318

§ 4. Le nouveau voyage du Dr Livingstone.

§ 5. L'entreprise de M. le baron de Decken sur la côte
orientale, aux environs de l'équateur. Désastre. Le
voyageur et une partie de ses compagnons assas-
sinés par les Sɔmål.....

319

IV. Madagascar et les autres iles africaines.....

327

V.

La région des sources du Nil et les grands lacs. La rela-
tion de M. Baker et les nouvelles expéditions.

Bibliographie....

333

1. La relation de M. Baker. M'voutan-Nzighė, le grand
lac du haut Nil.....

335

§ 2. Un voyageur français à la recherche des sources du Nil.

M. Le Saint....

350

... 352

VI.

§ 3. Une nouvelle lettre de M. Miani..................

Le haut Nil. L'Abyssinie et la Nubie. Courses et publications. 354

VII. L'Égypte. Erudition et voyages.

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VIII. Le Sahara et le Soudan. Gerhard Rohlf...

IX. L'Algérie. Tunis et le Maroc......

porta un grand coup aux prétentions de l'émir de Boukharie, qui est le plus puissant et le plus riche des princes du Turkestan. Il avait voulu à la fois étendre son influence sur le pays de Khiva et sur le pays de Khokand. Pour détourner les Khiviens de leurs relations pacifiques avec la Russie, il avait réussi à allumer la guerre entre eux et les Turcomans habitant la steppe qui est située entre le Khiva et la mer Caspienne. Cette lutte, en affaiblissant les Khiviens, avait diminué leur commerce et augmenté dans une proportion considérable celui de la Boukharie.

L'émir, non content de ce premier succès, espérait développer ses forces dans le khanat de Khokand, lorsque l'attitude énergique des Russes est venue contrecarrer tous ses projets. Des marchands russes ayant été sur ces entrefaites arrêtés à Boukhara, le général Tcherniaïef fit partir pour cette ville des envoyés chargés de réclamer la liberté de leurs compatriotes. En même temps, le général, à la tête de ses troupes, traversait le Syr-daria et se dirigeait du côté de Samarkand. L'émir promit alors de rendre la liberté aux marchands et aux émigrés russes; mais à peine le général Tcherniaïef s'était-il retiré sur la rive droite du Syr-daria, que l'émir, jetant le masque, marchait à son tour en avant. Le général Tcherniaïef étant retourné à Saint-Pétersbourg, le général Romanofski prit le commandement de l'armée.

Les succès que les armes russes viennent de remporter sont décisifs. La prise de Khodjend ouvre aux Russes, avec le reste du khanat de Khokand et le bassin tout entier du Syr-daria, la route directe de Kachgar et de Yarkand. Les événements postérieurs à la note que nous venons de transcrire ont été, dans un journal semi-officiel de Saint-Pétersbourg, l'Invalide russe, le sujet d'un article dont nous reproduisons les derniers paragraphes à titre de document historique :

La prise de Tâchkend déplut à l'émir de Boukharie, tant parce que ses troupes avaient pris part à la défense de cette ville et avaient été battues, que parce que la perte de Tâchkend renversait ses plans relatifs au rétablissement de l'ancien empire de Tamerlan, plans que l'émir caressait, comme on le sait,

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