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par un de nos voyageurs, dont les belles et copieuses études fourniront certainement les éléments d'une des plus importantes relations qui aient été données sur le Mexique, les officiers du génie attachés à nos colonnes ont relevé un très-grand nombre d'itinéraires et de reconnaissances qui rayonnent dans toutes les directions autour de la vallée centrale; et ces précieux matériaux, transmis au ministère de la guerre et communiqués à la Commission scientifique', fourniront les éléments d'une carte générale, qui sera, malgré ses lacunes, une des meilleures que l'on possède sur aucune partie de l'Amérique.

En somme, à quelque point que doivent s'arrêter les travaux de la Commission, elle aura marqué son passage sur le sol mexicain; elle y aura déposé un germe qui portera ses fruits. A nos yeux, ce qui devait donner une importance particulière à ces travaux de la Commission française, c'était de jeter les bases de ce qu'on peut nommer les études américaines; c'était de marquer le point de départ des études comparées de

1. Le colonel Doutrelaine, dont le zèle et l'activité pour faciliter les travaux des voyageurs de la Commission sont au-dessus de tout éloge, écrivait de Mexico à S. Ex. le Ministre de l'Instruction publique, président de la Commission scientifique, sous la date du 31 juillet dernier (1866): « Les officiers du génie du corps expéditionnaire du Mexique ont parcouru, avec des colonnes en marche, une grande partie des routes qui sillonnent le pays entre les longitudes de Guaymas à l'O. et d'Alvarado à l'E., et entre les latitudes de Chihuahua au N. et d'Oajaca au S.; et, conformément à mes ordres, ils ont fait le levé de toutes ces routes aussi exactement que la rapidité et les accidents de leur marche le leur ont permis. J'ai pensé qu'il pourrait être agréable à la Commission d'avoir une carte d'ensemble de ces nombreux itinéraires, tout imparfaits qu'ils puissent être, et une copie des notes qui m'ont eté fournies à l'appui des levés. Je viens, en conséquence, de faire entreprendre l'exécution de cette carte, à l'échelle du millionième, et je m'empresserai de la transmettre à Votre Excellence aussitôt qu'elle sera terminée. » Le canevas ici annoncé est effectivement arrivé à Paris; mais la Commission scientifique, par des raisons d'économie, ayant renoncé à construire elle-même une carte du Mexique, ce document, avec tous les autres matériaux, a été remis au dépôt de la guerre où se construit une carte militaire.

linguistique, d'ethnographie et d'archéologie du continent américain, en rejetant à tout jamais dans les guenilles de la vieille école la marche surannée des hypothèses gratuites, des suppositions sans base et sans critique qui ont enfanté tant de systèmes absurdes, en appliquant, en un mot, à cette étude nouvelle la forte méthode qui a créé depuis trente ans en Europe la science actuelle de la philologie comparée, et qui en a tiré de si grands résultats. Encore une fois, le germe est jeté; et, quels que soient ceux à qui il appartiendra d'en poursuivre la culture, il est impossible désormais qu'un peu plus tôt ou plus tard, d'une main plus hésitante ou plus ferme, la vraie méthode, la méthode critique, ne dirige pas exclusivement dans la voie d'investigation nouvelle, la seule qui puisse jeter quelque lumière sur les origines américaines.

Γ

L'ISTHME AMÉRICAIN ET LES ANTILLES.

ÉTUDES SUR LE TRACE D'UN CANAL INTEROCÉANIQUE.

204. DE BOTMILIAU, ancien Consul général de France à Guatemala. Note sur les États de l'Amérique Centrale. (Communication du Ministère des Affaires Etrangères). Bulletin de la société de Géographie, nov. 1865, p. 465-485.

Notices géographiques et statistiques sur les États de Guatemala, San Salvador, Costa Rica, Honduras et Nicaragua.

205. Dr. M. WAGNER. Ueber den Character und die Hohenver

haeltnisse des Vegetation in den Cordilleren von Veragua und Guatemala (sur le caractère et les rapports d'altitude de la végétation dans les montagnes de Veragua et du Guatemala). Bulletin (Sitzungsbericht de l'acad. des Sciences de Munich, 1866, 1, 2 cah., p. 151-182).

206. Laurence OLIPHANT. On the Bayanos river, isthmus of Panama. Journal of the Roy. Geogr. Soc., vol. XXXV, p. 142–147; avec une carte de l'isthme de Panama.

Note sur le col de l'isthme compris entre le golfe de San Blas et le cours inférieur du rio Bayanos, à une trentaine de milles anglais (50 kilom.) à l'E. de Panama, à peu près sous le 79° méridien à l'O. de Greenwich (81° 1/3 O. de Paris). C'est là que se trouve la partie la plus resserrée de l'isthme américain (environ 65 kilom.), et M. Oliphant constate que jusqu'à présent, nonobstant deux ou trois tentatives connues, il n'en a été fait aucune reconnaissance complète. On a toujours été arrêté par la dangereuse hostilité des sauvages aborigènes qui occupent les vallées profondément boisées de la chaine intermédiaire. M. Oliphant ne croit pas qu'au point de sa plus grande dépression la crête dépasse ici une altitude de 12 à 1500 pieds anglais. La reconnaissance devrait être effectuée sous la protection d'une escorte suffisante pour tenir les Indiens en respect.

207. H. DE SUCKAU. Une voie nouvelle à travers l'Amérique Centrale. Etude géographique, etnographique et statistique sur le Honduras. Paris, 1866, in-8, 48 pages et une carte. 2 fr. (Librairie Centrale).

208. Jules FLACHAT. Note sur le fleuve de Darien, et sur la configuration du sol au point de vue du tracé d'un canal interocéanique entre le Rio Grande del Darien et l'Atrato. Paris, 1866, in-8. 104 pages et 2 pl. (Lacroix).

Extrait des Mémoires de la Société des ingénieurs civils.

209. Annuaire de la Martinique pour l'année commune 1866. Fortde-France, 1866, in-8, 292 pages, 3 fr.

210. Annuaire de la Guadeloupe et dépendances, pour 1866. BasseTerre, juin 1866, in-18, 363 pages.

211. Dr. Camille RICQUE. Haïti et les Haïtiens. Nouvelles Annales des voyages, mai 1866, p. 145-170.

Souvenirs anecdotiques de la cour de l'empereur noir Faustin Soulouque. Ces souvenirs remontent à dix ans au moins.

S 1er. Étude du bassin du Darien par M. Jules Flachat, au point
de vue de la communication interocéanique.

Ce n'est pas sur le projet plus ou moins réalisable d'un canal de communication interocéanique par les vallées du Rio Grande del Darien et de l'Atrato inférieur que nous voulons arrêter notre attention, mais sur l'étude même de la vallée du Darien dont ce projet a été l'occasion (no 208). Les dix ou douze projets élaborés par les ingénieurs pour

la coupure de l'isthme américain, celui de M. Flachat comme ses devanciers, auront eu tout au moins pour résultat d'apporter d'excellents matériaux pour la géographie; c'est à ce titre que nous consignons ici l'extrait suivant de ce grand et beau travail. L'exploration dont M. Flachat fait l'exposé a eu lieu au mois de décembre 1865.

La population du Darien soumise, de nom seulement, au gouvernement de Panama, est de 12 à 1500 âmes, non compris les tribus libres qui sont sur le versant N. E. des Cordillères, entre le San Blas et l'embouchure de l'Atrato.

Les cases ou habitations des naturels sont près des cours d'eau, mais au-dessus du niveau auquel parviennent les inondations ordinaires; elles sont closes au moyen de claires-voies en cannes de Castille ou bambous grêles, et dans le genre des poulaillers.

La crainte des inondations extraordinaires et celle des serpents et insectes venimeux, conduit quelques habitants à conserver l'ancienne coutume qui consiste à n'avoir qu'un premier et pas de rez-de-chaussée. Dans ce cas, la partie inférieure sert d'abri aux porcs et aux vaches, et le haut à la famille.

Dans les villages où les attaques nocturnes des tigres contre les bestiaux sont à craindre, les porcs sont quelquefois enfermés dans des parcs.

Les Indiens sont généralement très-doux; les nègres et les métis le sont beaucoup moins.

On peut obtenir de ces gens, par la douceur, un attachement sérieux; les Indiens surtout mettent leur amour-propre à préserver des dangers de la forêt les personnes qui les emploient.

La contrée du Darien est couverte d'une forêt vierge de 15 à 30 mètres d'élévation, souvent impénétrable sur le bord des cours d'eau. Le pays est très-accidenté et entrecoupé de rivières, la plupart torrentielles, et qui, à sec au printemps, acquièrent une puissance et une hauteur extraordinaires pendant la saison des pluies.

L'horizon au N. du Darien est barré par une suite non interrompue de montagnes dont la direction générale est N. O. S. E., et qui s'arrêtent assez brusquement dans l'E. du Darien. De ces montagnes sortent une foule de rivières qui viennent se réunir dans un fond très-déprimé où coule le Chucunaque, principal affluent du fleuve du Darien.

Du côté de l'E., le bassin de Chucunaque se relève progressivement et aboutit à un plateau légèrement accidenté, où quelques-uns des affluents du Rio Grande prennent leur source, à côté des tributaires de Chucunaque.

Dans le S. et au S. O. des pics très-élevés indiquent que le terrain du Darien est également inaccessible pour un canal. Ces pics sont plus isolés que les montagnes du N., mais cependant pas assez pour que l'on ne puisse apercevoir leurs bases réu nies sur un terrain d'une altitude assez considérable.

A l'O., des collines, ramifications des montagnes du N. et des pitons du S., semblent barrer complétement le bassin du Darien de ce côté; mais leur altitude est moins forte et surtout moins uniforme qu'à l'E. C'est entre ces collines occidentales que le fleuve s'est creusé une communication avec l'océan Pacifique. Il est probable que le bassin du Darien était primitivement un lac, et il ne faudrait pas un travail colossal pour submerger tout le pays, et rendre la communication entre les deux océans presque aussi facile qu'au Nicaragua.

A l'E., autant que la vue peut s'étendre, on n'aperçoit avec les lunettes qu'un fond uniforme de verdure qui s'élève progressivement de manière à atteindre une centaine de mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis que les montagnes et les pics du N. et du S. s'élèvent à 300 et 400 mètres; l'horizon est ensuite découpé par des collines qui saillissent sur ce plateau, et c'est vers le S. E., c'est-à-dire vers les sources du Paya, que l'on remarque la plus forte dépression.

Entre les montagnes du N., les plateaux qui en descendent et les nombreuses collines que forment les ramifications des pics du S., circule le grand fleuve du Darien, appelé Tuyra dans sa partie supérieure. Ce fleuve a sa source dans les gorges d'un des plus forts pics du midi du Darien; il fait le tour des massifs montueux du Pirré et du Paca. Dans ce grand tour, il coule au milieu des nombreuses collines qui forment la réunion des Cordillères, puis au pied des terrains en pente descendant des montagnes du N. E., à l'intersection de ces pentes avec les ramifications des contre-forts des pitons du S.

Des collines venant tantôt du N., tantôt du S., obligent à tout instant le fleuve de changer brusquement de direction.

Dans cette partie, le fleuve est souvent resserré entre des berges élevées et escarpées; son cours est parsemé de rapides, de barrages et de chutes dangereuses, surtout à la descente.

Dans la partie inférieure du fleuve, les dépôts de vase for

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