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rieur. A peu près vers le tropique, il reconnut la limite de deux flores et de deux faunes différentes; au 22° degré de latitude, la flore était devenue complétement abyssine. Cette fois le voyage s'arrêta à Souâkin. M. Schweinfurth revint au Caire, où il passa les mois d'octobre et de novembre. Il en repartit vers la fin de novembre pour sa seconde excursion, par la même voie que la première. Un des objets principaux que s'y proposait le voyageur était l'exploration des montagnes d'Elba (au 22° degré de latitude); cette excursion importante, tentée à cinq reprises, ne réussit complétement que deux fois. Arrivé ensuite pour la seconde fois à Souâkin, M. Schweinfurth entreprit une course à l'intérieur plus longue que les autres; une marche de vingtdeux jours le conduisit à Kassala. Il vit sur cette route une ville de Troglodytes dans le Djebel Mammân. Il demeura longtemps à Kassala, avant de poursuivre son voyage vers le Ghédârif à travers un pays de steppes. A une journée au sud du Ghédârif (vers le 14° parallèle) commence la région des forêts tropicales. M. Schweinfurth séjourna sept mois à Matamma, dans le canton de Galabât 1. La saison des pluies passées, le voyageur reprit sa route à travers les plaines herbeuses, et atteignit Aboû Harras sur le fleuve Bleu. Après avoir vu Khartoum, M. Schweinfurth regagna Souâkin et l'Égypte.

Quoique l'objet essentiel du voyageur fût l'étude botanique des pays nubiens, ses courses ne laisseront pas, à en juger par ses lettres, d'apporter d'intéressants matériaux pour l'étude physique du pays et pour les connaissances des populations. M. Schweinfurth a relevé à la boussole la route de Souâkïn à Kassala, et dans cette étude topogra

1. C'est le même pays que M. Baker a longtemps exploré, comme on l'a vu précédemment (ci-dessus, p. 336). Les mêmes localités ont été revues plus récemment par un autre excursioniste allemand, M. le comte de Krockew.

phique il a apporté un soin particulier à la reconnaissance des ouâdis qui débouchent à la côte à travers la chaîne littorale.

Encore une nouvelle de la haute Nubie. On nous écrit, il y a quelques jours seulement, qu'un naturaliste toscan, le docteur Ori, est tout récemment arrivé au Caire après une expédition des plus aventureuses dans l'intérieur de l'Afrique. Profitant de sa position officielle comme médecin en chef du Soudan égyptien, et sous le patronage spécial du roi Victor-Emmanuel qui avait pourvu aux frais de l'expédition, le docteur Ori a fait un voyage d'études naturelles qui a duré près de sept ans. Le voyageur était accompagné de sa femme, non moins courageuse et déterminée que Mme Baker. Ses recherches ont été principalement dirigées vers les pays peu connus de Dar-Salèh et de Dar-Foûr, et dans les contrées qui avoisinent le fleuve Blanc et le fleuve Bleu. De plus amples détails nous manquent. Si le docteur Ori a pu pénétrer dans le Dar-Foûr, il aura fait ce que n'a pu faire aucun Européen depuis Brown, ce que l'expédition allemande, sous la conduite de Munzinger, n'a pas osé entreprendre en 1862. Les explorations du naturaliste italien l'ont conduit, dit-on, au milieu de territoires qu'aucun voyageur n'avait jamais visités, et il en a rapporté une magnifique collection de plantes et d'animaux. Son intention, après avoir mis en ordre ses richesses et publié sa relation, est de retourner dans le Soudan et d'y pousser encore plus loin ses recherches.

Avant de nous éloigner de ces contrées qui entrent chaque jour de plus en plus dans le cercle de la géographie positive, quelques mots encore sur l'état où se trouve actuellement l'Abyssinie. Nos informations nous sont fournies, outre les journaux anglais, par un homme dont les travaux savants en Abyssinie sont bien connus du monde géographique, le docteur Charles Beke, qui a depuis occupé,

jusqu'au commencement de 1866, le poste de consul britannique à Massâouah.

Un moment comprimé sous la main de l'empereur Theodoros, l'empire des Négoûs est redevenu depuis plusieurs années un théâtre incessant de guerres intestines. Les Abyssins, nous dit-on, soupirent après la délivrance; et cependant, la délivrance des maux qu'entraînent avec elles les guerres civiles, c'était surtout de Théodore qu'ils pouvaient l'attendre, car ce qu'il faut avant tout, c'est une main ferme et une volonté inflexible. Théodore pouvait être le restaurateur de l'ancien empire, si les circonstances n'avaient pas tourné si fatalement contre lui. M. Beke (peut-être influencé par ses sentiments d'Anglais) regarde comme ayant été surtout fatal à l'empereur de Gondar la perte de ses deux amis, le consul anglais Plowden et M. Bell, tués l'un et l'autre au commencement de 1860, dans la guerre contre DedjadjNégoûsyé, que le gouvernement français avait reconnu comme souverain indépendant du Tigré, en retour de la cession qu'il avait faite à la France du port de Zoula (site de l'ancienne Adulis) et de l'île de Dissî sur la même côte.

Le consul Plowden disait que l'Abyssinie « avec un port de mer, des frontières bien assises et un roi à idées civilisées, pourrait traiter avec quelque puissance que ce fût sur un pied d'égalité. »

M. Plowden avait raison; mais l'Abyssinie s'est éloignée plus que jamais de ces conditions. La cession que la Turquie vient de faire à l'Égypte de toute la côte occidentale de la mer Rouge, enlève au Négoûs toute chance de s'étendre jusqu'à la mer. Massâouah, de même que Souâkïn, sont maintenant des ports égyptiens.

Cette circonstance de la cession des ports éthiopiens de la mer Rouge à l'Égypte est un fait nouveau pour nous. ( sait qu'Adulis était le port, alors très-célèbre, des 1 d'Axoum prédécesseurs de l'empire des Nég

ut

changé. La cession du gouvernement turc a été consommée à la fin du mois d'avril dernier. Le gouvernement égyptien, depuis lors, n'a pas seulement mis une forte garnison dans l'ile de Massâouah; il a réuni plusieurs corps de troupes considérables sur les frontières du nord de l'Abyssinie, en vue de prendre possession de facto de tous les territoires contestés.

On assure que le but de la cession opérée par la Porte, à l'instigation de l'ambassadeur anglais, aurait été d'exclure l'influence française des côtes de la mer Rouge. Le but sera-t-il atteint? il est permis d'en douter. Sans parler de la vente ou de la cession faite à la France de l'admirable site d'Adulis, qui peut redevenir un jour, mieux que Massâouah, le véritable marché maritime de l'Abyssinie régénérée, il ne faut pas oublier que le gouvernement a acquis au fond du golfe d'Aden, il y a quelques années, l'importante position d'Obokh; et déjà la France s'est mise par cette voie, que ses explorateurs ont reconnue il y a vingt ans (M. Rochet d'Héricourt, notamment), en rapport avec le roi du Choa. Enfin, dans le nord-est de l'Abyssinie, la mission catholique a constamment gagné pied depuis vingt-huit ans, et voit s'augmenter chaque jour le nombre de ses adhérents, dont le nombre dépasse aujourd'hui soixante mille; tandis que les missionnaires anglicans, maltraités et repoussés, sont à présent tout à fait exclus du pays.

Tels sont les faits constatés par un homme parfaitement placé pour les bien connaître. Nous comprenons, sans les partager toutes, les appréciations du docteur Beke; du moins il est un point où notre esprit et le sien se rencontrent c'est le regret de voir un pays chrétien, au sein de la mystérieuse Afrique, se dégager si péniblement des entraves de la barbarie, et l'espoir que dans un prochain avenir l'action plus puissante de l'Europe sur les rivages de la mer Rouge aidera l'empire déchiré des Négoûs à se reconstituer d'une manière définitive dans une forte unité. Alors l'Abys

sinie pourra remonter au rang qu'elle a eu autrefois dans la chrétienté, et reprendre la place à laquelle elle a droit.

VII

L'ÉGYPTE.

ÉRUDITION ET VOYAGES.

304. C. B. KLUNZINGER, Artz zu Kosseir. Statistisch-topographisch ethnographische Schilderung von Kosseir. Geschrieben im april 1865. (Tableau statistique, topographique et ethnographique de Kosseir, écrit au mois d'avril 1865 par le Dr Klunzinger, médecin résident à Kosseïr). Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde, Berlin, 1866, no 3 et 4, p. 238-249, 292-319, avec le plan de la ville.

Outre la description de la ville, ce mémoire contient une notice étendue sur les Ababdèh qui en occupent les environs.

305. LAVALLEY. Rapport sur les travaux du Canal maritime de l'isthme de Suez. Mémoires de la société des ingénieurs civils, 1866, 3o trimestre, p. 478-527.

306. L. LE SAINT. L'isthme de Suez. Essais de canalisation dans les temps anciens et au moyen âge. Projet de M. de Lesseps. Phases diverses de la question. Travaux accomplis de la Méditerranée à la mer Rouge. Avec une carte d'après la triangulation opérée par M. Larousse, ingénieur hydrographe de la Marine impériale. Paris, 1866, in-12, vii-279 pages. (Hachette.) 3 fr.

307. H. BRUGSCH und J. DUEMICHEN. Geographische Inschriften altägyptischer Denkmæler (Inscriptions géographiques des monuments de l'ancienne Egypte. 4° partie. Leipzig, 1866, in-4. (Heinrichs.) 20 thlr.

308. Dr G. EBERS, Privatdocent in Jena. Ueber die Witchtigkeit der neuesten Entdeckungen deutscher Gelehrter auf aegyptischem Boden. Mittheilungen de Petermann, 1866, no 8, p. 294-299.

Dans cet aperçu, d'ailleurs fort intéressant, des récentes découvertes (archéologiques) faites sur le sol égyptien, pourquoi s'être borné « aux

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