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marchandises provenant de l'Égypte, de Bengazi, de Tripoli, du sud de l'Algérie, du Fezzan, du Maroc, de Timbouctou et de tout le Soudan. La monnaie qui sert de base aux transactions pour les échanges est nommée real gh'âti; elle vaut cinq piastres de Tunis, soit environ 3 fr. 30 c. La guerre a empêché cette année le départ des caravanes, car les Touareg et les Arabes profitent des événements militaires pour se livrer à leurs brigandages.

Il existe au Soudan des produits qui, s'ils étaient exploités, pourraient apporter beaucoup de richesse dans ce pays. Sans parler des marchandises encombrantes, comme les céréales, les laines, le coton, qui ne pourraient supporter les frais d'un long transport avant d'arriver à Tripoli, il y en a d'autres qui, sous un petit volume, sont assez précieuses pour pouvoir être exportées avantageusement : l'indigo, par exemple, y est d'excellente qualité, et il est si abondant, la plante croissant sans culture, qu'il ne coûte pour ainsi dire que la peine de le récolter et de le fabriquer par les procédés les plus grossiers. La poudre d'or, l'or en lingots, les plumes d'autruche, l'ivoire, la cire, le séné, le benjoin, les gommes, les cuirs secs et ouvrés, les peaux de bêtes pour tapis, tous ces produits pourraient très-bien alimenter le commerce de retour avec l'Europe.

Les négociants musulmans qui se livrent au commerce de l'intérieur de l'Afrique ont fait depuis quelques années des fortunes considérables. Ce commerce est principalement entre les mains des habitants de Gh'adamès; ils forment la plus grande partie des caravanes qui partent de Tripoli pour Gh'ât, Kano, Touat et Timbouctou. Les négociants européens vendent ordinairement leurs marchandises aux Gh'âdamecin en leur faisant crédit d'une année à l'autre. Ceux-ci s'obligent à donner en échange les produits de l'intérieur qu'ils rapporteront; tous ces différents comptes se règlent en monnaie turque.

Les principales marchandises qui composent les caravanes pour l'intérieur sont les toiles de coton dites de Malte, les draps de Tibet, les verroteries de Venise, les papiers communs, les bourres de soie, le satin, les petits miroirs, etc., etc. La valeur de ces marchandises augmente dans de fortes proportions, selon l'importance des demandes et l'approvisionnement de la place.

Quant aux produits qui composent d'ordinaire les caravanes venant de l'intérieur de l'Afrique, soit par Gh'adamès, soit par Morzouk, ce sont les dents d'éléphant, les plumes d'autruche, les peaux de kelab (bœufs sauvages), le séné, la poudre d'or et

les lingots, l'indigo, les peaux de lions, léopards et panthères, le benjoin, le musc, la gomme arabique.

Les caravanes qui partent de Tripoli prennent deux routes bien distinctes les unes passent par Morzouk pour se rendre dans le Soudan, les autres par Gh'adames, qui est la route la plus facile pour Timbouctou.

Les marchandises que les négociants européens de Tripoli vendent pour l'intérieur de l'Afrique ne varient jamais et produisent toujours un type en quelque sorte traditionnel; les verroteries de Ve..ise seules subissent jusqu'à un certain point les caprices de la mode, et, dans ce cas, les négociants de Gh'adamès ont soin d'apporter à Tripoli des échantillons des verroteries qui sont le plus en vogue.

Depuis le commencement de 1863, le gouvernement turc, craignant que les négociants de Gh'adamès ne dirigeassent les caravanes venant de l'intérieur de l'Afrique vers nos possessions de l'Algérie, a aboli les droits que payaient jusque-là les Gh'âdamecin, et qui ne s'élevaient pas à moins de 13 à 14 pour 100. Depuis lors, les caravanes ne payent qu'un droit de transit de 2 pour 100, et toutes les facilités sont accordées aux négociants de Gh'adamès pour la sûreté des routes et la protection de leur

commerce.

Les transactions commerciales avec le Soudan pourraient prendre une extension bien plus considérable, et les progrès de notre colonie du Sénégal, si elle étend ses relations vers le Niger et son immense bassin, pourraient un jour ne pas rester étrangers à ce développement.

IX

L'ALGÉRIE,

TUNIS ET LE MAROC.

325. A. DE FLAUX. La régence de Tunis au dix-neuvième siècle Paris, 1865, in-8, 410 pages. (Challamel.)

M. de Flaux, déjà connu par son voyage scientifique en Scandinavie et ses travaux sur la Suède et le Danemark, avait été chargé en 1861, par le ministre d'État, d'une mission ayant pour objet « de faire des

recherches à la bibliothèque de Tunis et d'explorer l'emplacement de Carthage. » La première partie de cette mission n'a pu aboutir à aucun résultat, les bibliothèques de Tunis, reléguées dans les Mosquées, étant inaccessibles aux chrétiens. Les recherches sur les ruines de Carthage, si bien explorées déjà par M. Beule et d'autres savants, n'ont revélé à M. de Flaux aucun fait important et nouveau, ainsi qu'il l'expose luimême dans son rapport au ministre; aussi a-t-il reporté ses investigations sur l'état présent de la régence, son gouvernement et les diverses populations qui l'habitent; le livre qu'il publie a pour but de faire connaître les résultats de cette etude. L'auteur commence par décrire quelques parties de l'Algérie qu'il a visitées et son arrivée à Tunis, puis il jette un coup d'œil rétrospectif sur l'histoire du pays. Il trace ensuite le tableau pittoresque de la ville, de ses rues, de ses bazars, de ses marchés, et il fait connaitre le caractère et les mœurs des différentes classes de sa population mélangée, chrétiens, maures, turcs, arabes, juifs. Il apprécie, dans les chapitres suivants, le gouvernement du bey et de ses ministres, ainsi que leurs courageuses tentatives de réforme, dont il fait le plus grand éloge. L'état de l'agriculture, l'organisation de l'armée, l'administration de la justice, ne sont pas oubliés. La seconde partie du volume renferme, aprés un abrégé chronologique de l'histoire des deys de Tunis, un résumé de l'histoire de Tunis depuis la chute des deys jusqu'à la mort d'Hamouda pacha, et la suite de cette histoire depuis l'avènement d'Othman-Bey jusqu'à celui de Mohammed es-Sadak; la description des principales villes de la régence, et celle des ruines de Carthage; le rapport de l'auteur au ministre d'État; la liste des consuls et des vice-consuls de France à Tunis depuis le seizième siècle; une traduction de la constitution et de la loi organique du pays; un grand nombre de traités conclus entre le gouvernement de Tunis et les diverses puissances européennes, et enfin deux fragments de poésie tirés d'auteurs arabes.

326. Ch. Tissor. Géographie comparée du golfe de Carthage. Revue africaine, journal des travaux de la Société historique algérienne, no 58, juillet 1866, p. 269-285.

M. Ch. Tissot, aujourd'hui consul de France à Iassi en Roumanie, a résidé à Tunis, il y a quelques années, comme élève consul, et il s'y occupait avec amour de la géographie comparée de l'ancienne province d'Afrique. Déjà il avait donné à la Revue algérienne un mémoire sur les routes romaines au sud de la Byzacène. Aujourd'hui il continue les mêmes études dans le mémoire actuel sur la géographie comparée d'une partie du littoral de la Tunisie. Les lignes suivantes, qu'il a mises en tête de son travail, en marquent l'excellente direction. « Le D' Barth (Wanderungen, p. 128) a constaté les difficultés que présente la géographie comparée de la côte orientale du golfe de Carthage. Ces difficultés sont inextricables, en effet, lorsqu'on se borne à rapprocher les données contradictoires de Ptolémée, du Stadiasme et des deux Routiers impériaux; elles disparaissent devant l'examen critique de ces textes, dont la valeur est inégale. Quand on se dégage des indications évidemment erronées du Géographe d'Alexandrie, on trouve dans le Stadiasme et dans les deux Itinéraires tous les éléments nécessaires à la solution

du problème. » M. Tissot discute les positions de Maxula, ad Aquas, Therma, Carpi et Galabras.

327. Tableau de la situation des établissements français dans l'Algérie, année 1864. Paris, 1866, grand in-4, 272 pages.

328. Jules DUVAL. Réflexions sur la politique de l'Empereur en Algérie. Paris, janvier 1866, in-8, vш-184 pages.

329. Henry GUYS. Étude sur les mœurs des Arabes, et sur les moyens d'amener ceux de l'Algérie à la civilisation. Marseille, 1866, in-8, 48 pages. (Paris, Dentu.)

330. De l'assimilation des Arabes; suivi d'une étude sur les Touâreg. Par un ancien curé de Laghouat. Bar-sur-Aube, 1866, in-18, x11-252 pages. (Paris, Challamel.)

331. Le baron Henry AUCAPITAINE. Nouvelles observations sur l'origine des Berbers-Thamou, à propos des lettres sur le Sahara adressées par M. le prof. E. Desor à M. E. Liebig (Aus Sahara und Atlas, vier Briefe am J. Liebieg. Wiesbaden, 1865). Nouv. Annales des voyages, oct. 1866, p. 104-113.

La Note de M. Aucapitaine roule sur le rapprochement fait par M. Desor entre les Thamou à la barbe blonde des vieux monuments pharaoniques et les populations berbères. M. Aucapitaine cherche à fortifier cette vue par de nouveaux rapprochements.

332. Le prince Nicolas BIBESCO. Les Kabyles du Djurdjura. Revue des Deux-Mondes, 1er et 15 avril, et 15 décembre 1865, 1er mars 1866.

Cet important travail se partage en quatre sections: 1, la société kabyle avant la conquête; 2, la société kabyle depuis la conquète; 3, la Kabylie au temps des Romains; le passé en regard du présent; 4, la Grande Kabylie au temps de la régence; importance de la nationalité kabyle.

La pensée de l'auteur peut se résumer dans le passage suivant : « Oui, il y a une question kabyle en Algérie, question ignorée longtemps ou méconnue, qui réclame sa place à côté et en face de la question arabe; il y a une question kabyle parce qu'il y a une vraie race kabyle ou berbère, qui à travers les siècles a conservé son caractère, qui n'existe pas dans le Djurdjura seul, mais qui se rencontre éparse sur le sol africain et y mérite vraiment le nom de nationalité. »

333. L. LAGRETELLE. Études sur la province d'Oran. Marseille, 1865, in-18, 248 pages. 2 fr.

334. G. RASCH. Nach den Oasen von Siban in der grossen Wüste Sahara. Berlin, 1866, in-8. (Vogel). 1 thlr. 1/3.

335. O. MAC CARTHY. Etude critique sur la géographie comparée et la géographie positive de la Guerre d'Afrique de Jules César. Revue africaine, no 54 et 55, novembre 1865 et janvier 1866, p. 430-442, 36-42.

Courte, mais intéressante esquisse.

336. Revue africaine, journal des travaux de la Société historique algérienne, 10° année. 1866. Alger (Paris, Challamel), in-8, avec pl.

Chaque année forme un volume, chaque volume se compose de six cahiers. Les cinq cahiers parus de 1866 (nous n'avons pas encore reçu le sixième) sont pleins, comme d'habitude, de notices et de mémoires relatifs à l'archéologie, à la géographie, à l'ethnographie et à l'histoire des provinces algeriennes. Comme d'habitude aussi, M. Adrien Berbrugger est l'âme à la fois de la Société algérienne et du journal qui en est l'organe. Nous ne pouvons mentionner que les travaux qui touchent à la géographie; les principaux sont :

E. Bache, Notice sur les dignités romaines en Afrique (ce long travail se continue par articles successifs dans chaque cahier). Arnaud, Notice sur les Sahari (no 55). — Mac Carthy, Essai sur la géographie de la Guerre d'Afrique de J. César (v. ci-dessus, le no 335). Le capit. Dewulf et A. Berbrugger, Civitas Nattabutum, no 55. (Comp., cidessous, au no 338). A. Berbrugger, Sur le nom de Julia Cæsarea (ibid). - Du même, le Tombeau de la Chrétienne (ibid. et n° 57). Du même, Hyppone (no 56). — Ch. Tissot, Géographie comparée du golfe de Carthage (voir ci-dessus, no 326). A. Berbrugger, Tanaramusa Castra, no 59). Du mème, Le littoral de l'Algérie sous les Romains et de nos jours (ibid). — etc., etc.

337. Recueil des Notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine. T. X, 1866. Constantine. (Paris, Challamel.) In-8, xx-333 pages et 28 pl.

338. Léon RENIER. Note sur l'inscription d'Oum-Guériguèche. Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 19 janvier 1866, p. 10; et Revue archéologique, février 1866, p. 100-102.

Après avoir rapporté le texte restitué et la traduction de l'inscription, l'illustre épigraphiste ajoute : « Cette inscription est curieuse, en ce qu'elle nous fait connaitre un monument élevé en l'honneur de Commode dix-huit ans après sa mort. Mais ce qui donne surtout une grande importance à cette inscription, c'est qu'elle nous fait connaître le nom exact et la véritable situation géographique d'une cité dont le nom était altéré chez les auteurs, et qu'on avait jusqu'ici mal placée sur la carte. Le nom des Nattabutes se lit en effet Natabudes dans toutes les éditions de Pline; mais il se lisait Natabutae dans des manuscrits consultés par Dalechamp, et qu'il a indiqués dans son édition par la lettre V. Il se lit Nasaboutis dans la plupart des éditions de Ptolémée. M. Wilberg l'a, il est vrai, corrigé en Nattabootar; mais les meilleurs manuscrits ont Nattaboutis, ce qui est, ainsi que le démontre notre inscription, la véritable leçon. Une mauvaise interprétation du texte de Ptolémée avait fait placer les Nattabutes au sud des Musulames ou Musulanes, qui habitaient les vallées situées au pied de l'Aurès. Notre inscription prouve que c'est au nord de ce peuple qu'il faut les placer, au moins à l'époque où elle a été gravée; car il serait possible qu'ils fussent encore nomades à l'époque où écrivait Ptolémée, et qu'ils ne se fussent fixes que plus tard dans la contrée où notre monument a été découvert. >>

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