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que nous allons reproduire, d'après les Mittheilungen, de Petermann 1.

Partout, les chaussées et les routes ont été améliorées, d'innombrables établissements ont été fondés, des chemins ont été ouverts pour rendre facile l'accès des foires et des marchés annuels, à Sretensk, à Selenghinsk, à Troïtzkossavsk, à Petrovski, à Savod, etc.; des primes ont été établies par l'autorité pour relever l'agriculture de son état d'infériorité, et déjà on peut dire qu'elle est florissante dans la moitié occidentale de la Trans-Baïkalie. Des progrès encore plus marqués ont été faits dans l'élève du bétail. On peut déjà compter dans la province 500 000 chevaux, 400 000 bêtes à cornes, 750 000 moutons: en 1851, la province ne renfermait pas plus de 500 000 bêtes à laine. La pêche, l'éducation des abeilles et la chasse sont également fort actives; celle-ci donne des fourrures recherchées, et particulièrement des hermines, des martres zibelines, et des belettes.

D'après le dernier recensement publié par le comité central de statistique du ministère de l'intérieur, la Trans-Baïkalie comptait en 1861, y compris les Cosaques qui y sont établis en station, 355 000 habitants distribués sur une superficie de 56 millions d'hectares environ. De ces 355 000 habitants, 200 000 étaient Russes et de la religion grecque orthodoxe; le reste appartenait au culte lamaïque ou à d'autres formes d'idolâtrie.

La province est partagée en trois districts, Nertchinsk, Selenghinsk et Verkhné-Oudinsk; on y distingue en outre la ville de Kiakhta, qui a son gouverneur militaire à part, et le cercle de la ville capitale, Tchita, Tchitinskaïa-sloboda, ou, plus anciennement, Tchitinskoï-ostrog. Avant d'avoir été élevée, en 1851, au rang de chef-lieu de province, Tchita n'était qu'une chétive bourgade de 659 habitants en 1855, elle en comptait 784; en 1858, 1432; en 1862, 3019. Une estime approximative lui donne au milieu de 1865, 4500 âmes. Les autres villes se sont accrues dans les mêmes proportions. Bargouzïn avait en 1858, 51 habitants; en 1862, 981. Verkhné-Oudinsk est montée de même de 3741 habitants à 4032. Kiakhta avait, en 1858, 443 habitants; en 1865 elle en a 992, auxquels il faut ajouter les 3980 âmes que lui ont apportées Oust-Kiakhta et Troïtzkossavsk qu'on a réu

1. 1866, no 5, p. 193.

nies à Kiakhta. Deux villes seulement ont perdu en population, Nertchinsk et Selenghinsk, la première descendue de 4011 habitants à 3774, la seconde de 1436 à 999'.

La ville capitale, Tchita, d'après les dernières observations astronomiques, est située par 52° 2' de latit. N., et 111° 10' de longitude à l'E. de Paris; les tableaux de poste fixent à 6791 versts sa distance de Saint-Pétersbourg. La ville et la province sont protégées, du côté de la frontière chinoise, par cinq forts récemment construits ou augmentés, Akchinskaïa, Kharazaïskaïa, Koudarinskaïa, Tchïndanskaïa et Zouroukhaïtouïevsk. La dernière, la plus importante et la plus peuplée, renfermait en 1862, 1800 habitants.

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18. Renseignements sur la province d'Erzeroum. Annales du commerce extérieur, n° 1654, avril 1866.

19. Nik. KHANIKOFF. Reise im nordlichen Kleinasien.... Voyage dans le Nord de l'Asie Mineure en 1846. Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin, 1866, no 5, p. 415-435; avec une carte de M. H. Kiepert.

M. Khanikoff, bien connu du monde savant par ses travaux comme ingénieur et comme orientaliste, a communiqué à M. Kiepert l'original russe du journal resté inédit de cette excursion. M. Kiepert l'a fait traduire en allemand, et a construit l'itinéraire à l'échelle d'un millionième.

20. P. DE TCHIHATCHEFF. Asie Mineure. Description de cette contrée. Paléontologie, par M. A. D'ARCHIAC, P. FISCHER et E. DE VERNEUIL. Paris, 1866, grand in-8, avec un Atlas in-4° (Morgand). 70 fr.

1. Nous reproduisons littéralement les chiffres du document, tout en sachant très-bien ce qu'il faut penser de cette prétention des pièces officielles à l'exactitude minutieuse. Ici, par exemple, 999 habitants, pas un de plus, pas un de moins!

21. Carte de la côte de Karamanie. Corrigée en 1866. Paris, Dépôt de la marine (no 1483). 2 fr.

22. Le professeur MOURAT. Voyage en Cilicie, trad. de l'arménien vulgaire et accompagné de notes, par E. Prud'homme. Revue de l'Orient, Bulletin de la Soc. orient. de France, oct. 1865, p. 697-707.

23. J. G. TAYLOR, brit. consul at Diarbekr. Travels in Kurdistan, with Notices of the sources of the eastern and western Tigris, and ancient ruins in their neighbourhood. Journ. of the Roy. Geogr. soc., vol. XXXV, p. 21-58, with map.

A l'autre extrémité de l'empire russe en Asie, dans ses provinces du Caucase, nous aurions sûrement à constater un progrès analogue dans le développement économique aussi bien que dans l'étude du sol et dans la connaissance plus intime des populations, si, pour ces provinces, nous avions eu entre les mains les documents qui nous eussent permis d'en présenter un aperçu. M. Raddé lui-même, qui en explore les parties occidentales, n'a donné cette année aucune relation de ses recherches, si ce n'est une courte lettre au directeur des Mittheilungen1. Les courses de M. Raddé ont continué d'avoir pour théâtre les hautes vallées de la Mingrélie et du Souanéthi.

La Société de géographie de Saint-Pétersbourg a entrepris sur le Caucase plusieurs travaux utiles; elle prépare un recueil de données statistiques sur l'Isthme, et elle en fait dresser une carte sous la direction de M. Stebnitzky. La carte est à l'échelle de 40 versts au pouce; elle répondra au besoin généralement senti dans ces derniers temps. d'une bonne carte manuelle de ce pays.

Sur les confins de ces territoires extrêmes de la domination russe, la province turque d'Erzeroum (Arménie turque) a été l'objet d'une communication intéressante émanée d'un

1. No 7 de 1866, p. 268. Voir le volume précédent de l'Année géographique, p. 195.

de nos résidents dans ces parties (n° 18). A côté des études savantes qui s'appliquent au sol ou aux populations, nous aimons à rencontrer ces utiles documents de géographie économique, qui renferment toujours des enseignements positifs.

Bien que le sol de la province d'Erzeroum soit généralement montagneux ou calcaire, il serait néanmoins susceptible, s'il était exploité convenablement, d'être fort productif. La nature du terrain semble indiquer que les montagnes doivent recéler de nombreux filons métallifères; mais on n'a pas cherché à tirer parti des éléments de richesse que l'exploitation des mines pourrait offrir. La seule mine qui ait rapporté quelques bénéfices est celle de Madèn-keuf, située à quelque distance à l'E. de Beïbourt; la galerie ayant été envahie par les eaux, les travaux ont été abandonnés et nul n'a songé à faciliter l'écoulement de ces eaux, non point par des machines d'épuisement, mais par une simple tranchée ouverte au-dessous de la galerie.

Il existe aussi des gisements houillers dans la province, notamment à Torthoum et à Hassan-kalèh, à quelques heures d'Erzeroum. Sans parler du parti que des établissements industriels pourraient tirer un jour de ces gisements, il eût été facile de les mettre à profit pour se procurer un combustible moins coûteux que le bois, ou plus approprié aux usages domestiques que le tések, qui n'est autre chose que le fumier des chevaux ou des bestiaux séché au soleil.

Indépendamment des filous houillers ou métalliques, on rencontre des marnières fort riches. Les argiles sont aussi abondantes que variées, et, s'il était sérieusement question d'établir des routes dans la province, le grès et tous les matériaux nécessaires seraient à portée des ingénieurs et des ouvriers.

Il y a dans presque tous les districts des eaux minérales, froides ou thermales. A Kassan-kalèh existent trois sources différentes, extrêmement abondantes, qui sont très-fréquentées par les gens du pays. A Ilidja, se trouve également une source thermale dont la température est de 30 degrés centigrades environ, et qui jouit d'une grande réputation dans la contrée. Les bains qui ont été établis dans ces deux localités sont publics et gratuits. A Ecchi-Elma, à une journée de distance de Beïbourt, et à Maden-keuï, sur la route d'Erzeroum, il y a des sources froides dont les eaux ne sont pas utilisées.

En général la province d'Erzeroum offre un aspect aride et désolé; les montagnes sont dépouillées de toute végétation; les plaines sont mal cultivées et ne produisent que du blé et de l'orge, en quantité à peine suffisante pour la consommation locale. Les blés de la province sont d'une qualité inférieure; on en fait un pain lourd et pâteux connu sous le nom de lavach.

Comme on l'a dit plus haut, le bois manque complétement dans les environs d'Erzeroum; on trouve des chênes à Massat et de grandes forêts de sapin à Sohanli; ce dernier district fournit les bois de construction dégrossis ou débités en planches. Ces forêts sont très-mal exploitées.

Les habitants du pachalik d'Erzeroum nourrissent une grande quantité de bestiaux. Les districts d'Erzeroum, de Beïbourt, de Terthoum, d'Alachker et de Pasèn sont ceux où l'élevage se fait sur la plus grande échelle. On ne connaît point la richesse du Kurdistan en bestiaux de toute espèce. Elle doit être considérable; car cette province alimente l'Asie Mineure, la Syrie, et envoie ses produits jusqu'à Constantinople.

La province produit du tabac; c'est à Mouch que cette culture est la plus étendue. A Erzinghian, Mouch et Betlis, il y a des vignes, dont le raisin, blanc ou noir, sert à faire un vin de mauvaise qualité, fort, et tellement mal préparé, qu'il se gâte promptement. On peut encore citer le sésame parmi les produits naturels du pachalik.

Le commerce d'Erzeroum, en dehors du transit, se borne à des échanges entre cette ville et les provinces avoisinantes. Erzeroum n'a pour ainsi dire pas d'industrie; quelques ouvrages en cuivre et des chaussures en maroquin rouge sont les seuls articles un peu remarquables qui y soient fabriqués.

Disons-le en terminant: l'impression que laissent invariablement les documents de cette nature émanés des provinces turques, c'est un sentiment ou de découragement ou de colère en présence d'une administration stupidement apathique, laissant dépérir sous sa main impuissante les dons précieux que Dieu a prodigués aux contrées de l'Orient, à ces belles contrées auxquelles un gouvernement éclairé rendrait bientôt la prospérité, la richesse et la vie.

Le voyage du professeur arménien Mourat dans la Petite

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