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ment donné la navigation ne vînt à être arrêtée, et cette perspective était un continuel sujet d'alarmes.

C'est pour y remédier qu'on a conçu le projet d'établir auprès de l'ancien canal un nouveau canal sans écluses, à niveau commun avec le lac Ladoga, et entrepris dans de telles conditions, que cette voie navigable fût toujours pourvue d'une quantité d'eau suffisante et se trouvât entièrement à l'abri de la sécheresse. Un oukase du 28 février 1861 (ancien style) ordonna le commencement des travaux, qui furent confiés à un entrepreneur pour le prix de 4 600 000 roubles argent, avec l'obligation d'avoir terminé tout l'ouvrage dans l'espace de cinq ans. Le contrat a été régulièrement exécuté, et le projet de Pierre le Grand, qui avait voulu que le canal commencé par lui se fit sans écluses, est aujourd'hui réalisé. Saint-Pétersbourg n'aura plus à redouter, comme autrefois, les désastres provenant des sécheresses, et la navigation, se divisant désormais entre le nouveau canal et l'ancien, sera plus facile et plus rapide. L'inauguration a été faite à Schlusselbourg par l'empereur, accompagné des ministres. On avait placé sur un navire le canot de Pierre le Grand, et deux pelles d'argent ayant appartenu l'une à ce prince, l'autre à l'impératrice Anne. Après un Te Deum, l'empereur est monté dans une embarcation et a parcouru une certaine distance sur le nouveau canal, qui prendra le nom de canal d'Alexandre II. Quant à l'ancien, il sera désigné sous celui de canal de Pierre le Grand.

3. Archéologie. Antiquités de la Tauride.

Nous n'ajouterons rien ici à ce que nous avons dit, dans notre relevé bibliographique (ci-dessus, no 392 à 394), de quelques études intéressantes sur divers points d'ethnologie russe; mais nous nous arrêterons un instant, avant de finir,

sur le fait curieux, et tout à fait nouveau, constaté par M. Chwolson dans son mémoire sur l'épigraphie tumulaire des Juifs de Crimée (no 390).

L'intérêt particulier du mémoire de M. Chwolson est d'avoir établi, par les inscriptions funéraires qu'il a déchiffrées, que « déjà longtemps avant la naissance de J.-C. des tribus turco-tâtares doivent avoir vécu sur le sol de la Tauride. »

Contre ce résultat, ajoute M. Chwolson, alléguera-t-on la conjecture déjà émise, notamment par Klaproth, que les tribus turques ne se sont répandues dans ces contrées qu'au cinquième siècle de notre ère, et les tribus tâtares (mongoles) au treizième siècle? A cela nous répondrons que sans doute une double invasion des deux peuples a eu lieu aux époques indiquées, mais que nous ignorons absolument à quelle race les habitants antérieurs de la Tauride appartenaient. On leur donnait, en général, les noms de Taures et de Scythes; mais qu'est-ce que c'était que les Taures et les Scythes?

Cette remarque amène M. Chwolson à reprendre cette question si souvent discutée de la nationalité des Scythes.

Les Scythes, dit-il, appartenaient-ils à la famille des peuples indo-européens? Était-ce des Turcs, des Mongols, des Finnois? Ou bien faut-il ranger sous cette appellation une multitude de peuples ou de tribus d'origine et de langues diverses, Germains, Slaves, Turcs, Mongols, Finnois et autres, peuples dont les faibles restes se sont conservés dans le Caucase? Si nombreuses que soient les recherche's qui ont été faites sur la question des Scythes, et quelle qu'ait été la sagacité des savants hommes à qui ces recherches sont dues, il n'en est pas moins vrai qu'elles n'ont conduit jusqu'à présent à aucun résultat certain. S'il m'est permis de me prononcer pour une des opinions qui ont été émises dans cette question difficile, je dirai que sous le nom de Scythes il ne faut pas entendre, du moins pour les derniers temps', un peuple spécial et déterminé. Les Scythes n'étaient exclusivement ni un peuple indo-européen, ni un peuple turc, ni un peuple.

1. Cette réserve est bonne.

mongol, ni un peuple finnois, mais un composé de tous ces peuples.

M. Chwolson ajoute qu'en ce cas comme en beaucoup d'autres il a pu arriver, et qu'il est arrivé certainement, que le gros d'une tribu ait appartenu à une race et la dynastie des chefs à une autre race, ce qui n'a pas peu contribué à obscurcir ces questions de nationalité chez les anciens peuples nomades, et à y jeter du doute; outre que la dénomination de Scythes a sans doute été employée par les nations voisines d'une manière vague et indéterminée, comme le nom de Francs, par exemple, chez les Orientaux. Il est certain que chez les anciens Grecs la plupart des auteurs, et spécialement Hérodote, appliquent le nom de Scythes à un peuple spécial et déterminé; mais par la suite cette appellation fut appliquée à une multitude de tribus du Nord, d'origine et de langue très-diverses.

Dans tous les cas, les études de M. Chwolson sur les anciennes inscriptions tumulaires de la Crimée ont établi un fait jusqu'à présent ignoré, et contraire à l'opinion commune, à savoir, que des tribus de race turque ont habité la Crimée dans des temps antérieurs à l'ère chrétienne, fait que n'indiquait aucun des maigres documents que nous possédons sur les anciens habitants de la Tauride, mais qui n'est non plus contredit par aucun de ces documents.

V

LES ROYAUMES DU NORD.

SUÈDE ET NORVÉGE. DANEMARK.

401. Ortbestæmmelser i Sverige, verkstællde af topografiska Corpsen æren 1814-1849. Stockolm, 1866, in-8, 54 pages (Norstedt).

Ce cahier contient toute la suite des positions trigonométriques et

astronomiques, au nombre de 1300 environ, déterminées en Suède par le corps royal des ingénieurs depuis 1814 jusqu'en 1849. Les longitudes sont rapportées à l'observatoire de Stockholm, 15° 43' 32" 55 E.du méridien de Paris.

402. J. H. MANSA. Generalkort over Nörrejylland. Kopenhagen, 1866, 2 feuilles. 1 rixd. la feuille.

403. Generalstabens topographiske kort over Danmark. feuille 18, Slagelse; 19, Skaelskör; 20, Samsö; 30, Hindsholm; 31, Odense. Kopenhagen, 1865. 5 feuilles. A 1 rixd. la feuille.

404. G. W. PAIJKULL. Un été en Islande. Tableaux de voyage. Stockholm, 1866, in-8, avec illustr. (en suédois).

405. Kort over.... Carte de la côte occidentale du Groenland, d'Arsouk à Holsteensborg. Copenh. 1866. 1 feuille, 3 fr. 80 c.

Un chapitre d'ethnographie finnoise.

Une correspondance norvégienne nous fournit d'intéressants détails sur une branche des populations finnoises dont le nom eut une certaine notoriété dans les relations du moyen âge.

La nouvelle division administrative du Finmark norvégien, qui comprend maintenant deux districts, l'un à l'est, l'autre à l'ouest, a rappelé l'attention sur les affaires de cette intéressante contrée. Les nationalités y sont différentes, les langues variées, les habitants nomades y vivent à côté des habitants sédentaires; les voies de communication sont très-rares, et l'état de la civilisation est tellement primitif qu'il n'est pas facile d'établir une conciliation entre des éléments si hétérogènes. L'immigration des Qvennes, peuplade finlandaise que l'on suppose descendre des aborigènes de la péninsule scandinave, apporte au Finmark des bras qui peuvent y être utiles; mais l'ancienne population sédentaire se plaint quelquefois que les nouveaux venus, race active et entreprenante, les gênent dans l'exercice de leur principale industrie, qui est la pêche. La langue des Finlandais Qvennes diffère de celle des Lapons, mais présente avec elle de grandes analogies. Les Lapons vivent surtout de leurs rennes. Ce sont de vrais pasteurs, des tribus nomades qui habitent sous la tente. Les Qvennes, comme les Norvégiens, aiment les rési

dences fixes. Ils se livrent à la pêche, à l'agriculture, à l'élève du bétail, et beaucoup d'entre eux travaillent aux mines. Les Lapons, les Qvennes et les Norvégiens appartiennent au culte luthérien, avec des variétés dans le rite seulement. L'immigration des Qvennes dans le Finmark proprement dit a suivi une augmentation progressive depuis les dernières périodes décennales. En 1845, la population s'élevait à 43 938 individus, dont 28 839 Norvégiens, 12 412 Lapons et 2687 Qvennes. En 1855, le chiffre de la population atteignait 54 655 âmes, dont 36 358 Norvégiens, 13 668 Lapons, 4629 Qvennes. De 1855 à 1865, il n'y a pas eu de recensement, mais il est hors de doute que l'accroissement des Qvennes dépasse de beaucoup celui des Norvégiens.

Il n'y a aucune loi qui s'oppose, en Norvége, à l'établissement des étrangers. Les Qvennes peuvent donc résider dans le Finmark aux mêmes conditions que les Norvégiens, et, comme les indigènes, ils peuvent exercer tous les métiers, s'adonner à la pêche, acheter des terres et des maisons. Mais ils n'acquièrent qu'après un séjour de cinq ans les droits de citoyen, en ce qui touche la commune et son administration. Il y a des Qvennes et des Lapons finlandais qui viennent en Norvége au printemps, pour l'époque de la pêche, et qui, lorsqu'elle est terminée, retournent en Finlande. Ceux-là ne sont pas regardés comme Norvégiens. Une société religieuse finlandaise fournit aux Qvennes des livres de prière dans leur langue maternelle, et leur envoie quelquefois des prêtres à qui les autorités norvégiennes permettent de dire le service divin pour leurs coreligionnaires. On cite même le directeur des grandes mines de cuivre de l'Alten, qui a fait venir, il y a quelques années, des maitres d'école qvennes.

C'est dans la partie occidentale du Finmark, notamment dans le district de Tromsoë, qu'ont lieu des collisions assez fréquentes entre les Lapons nomades et les habitants sédentaires. Les troupeaux de rennes des Lapons, en traversant les terres cultivées, y causent de grands dégâts, et c'est là une source de conflits. Il est question en ce moment de nommer une commission composée de quatre membres, dont deux Suédois et deux Norvégiens. Cette commission se rendrait dans les parages où les contestations se renouvellent le plus souvent. Elle constituerait une surveillance sérieuse d'agents spéciaux, et l'on fixerait une route déterminée que les troupeaux de rennes devraient suivre pour leurs émigrations périodiques. On propose

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