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terre soit définitivement fixée. En comparant les différentes mesures des degrés avec la figure moyenne qui en est déduité, on remarque des anomalies partielles si considérables, qu'il n'est pas possible de les attribuer uniquement aux erreurs inévitables des opérations; on est conduit à admettre que la vraie figure de la terre diffère de la figure moyenne. Ces anomalies, qui en grande partie ont un caractère tout à fait local, portent le nom de déviations locales du fil à plomb, et dépendent sans doute de la structure intérieure de la terre. Pour diminuer leur influence sur la moyenne obtenue par les différentes mesures, il faut multiplier autant que possible le nombre des observations. Chaque nouvelle mesure doit donc intéresser vivement les géographes, comme une acquisition considérable pour leurs investigations séculaires. Indépendamment des déviations locales du fil à plomb, les anomalies mentionnées peuvent provenir d'une autre cause encore.

La mesure d'un arc du parallèle était le meilleur moyen de s'assurer de l'exactitude de la supposition qui admet la terre comme étant un ellipsoïde de révolution. Le perfectionnement actuel des instruments et des moyens d'observation, et l'usage des télégraphes électriques, donnent la possibilité de déterminer la longitude tout aussi exactement que la latitude. La quantité considérable des triangulations existantes, qui couvrent l'Europe comme d'un immense réseau, suggéra en 1860 à M. Struve l'idée d'en profiter pour une mesure du grand arc du parallèle européen. Pour la réalisation de ce projet, M. Struve avait en vue, dans le commencement, le parallèle qui se trouve sous le 47° degré de latitude, sur lequel avaient été exécutés en Russie, dans l'année 1849, des travaux de triangulation de premier ordre sous la direction du général Vrontschenko; mais comme les travaux géodésiques au sud de l'Allemagne, sur ce parallèle, ne présentaient pas l'exactitude récessaire, on a dû préférer pour la mesure projetée le 52° parallèle. L'année 1867 doit

être employée par les astronomes russes à continuer leurs opérations entre Saratof et Orsk.

A aucune autre époque de notre histoire il n'aurait été possible de couvrir l'Europe entière de ce vaste réseau de triangles qui commence à l'Atlantique et aboutit à l'Oural. De nos jours on a pu accomplir cette grande et belle œuvre parce que les gouvernements se sont tous montrés disposés à coopérer à une entreprise scientifique, et que le télégraphe électrique permet de constater instantanément l'exactitude des opérations.

Ce merveilleux instrument que l'électricité fournit actuellement aux astronomes, a permis aussi d'effectuer entre l'Ancien et le Nouveau monde une opération non moins importante pour l'étude mathématique du globe. Nous transcrivons la note suivante du Compte rendu de la séance de notre Académie des sciences du 24 décembre 1866:

M. le Président annonce à l'Académie que la différence de longitude entre Terre-Neuve et Valentia (Irlande), c'est-à-dire entre les points de l'Amérique et de l'Europe où viennent aboutir les deux extrémités du câble transatlantique, a été déterminée par M. Gould, chargé de cette opération par le Coast Survey des États-Unis.

Un premier calcul a donné :

Longitude de Terre-Neuve, station de Heart's

Content, par rapport à Valentia (Irlande). 2515650
Durée du passage de l'électricité à travers le

câble.....

0$32

Ces résultats ne sont pas définitifs, mais ils n'auront sans doute à subir que de très-faibles corrections.

M. Airy, de son côté, vient de rattacher à l'Observatoire de Greenwich la station choisie à Valentia par les astronomes amé'ricains; et la jonction de Terre-Neuve, Heart's Content, avec le continent américain, doit être terminée aujourd'hui. On connaitra donc bientôt, à une fraction minime près de seconde de temps, la longitude de la côte orientale de l'Amérique du Nord.

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Nous devons le morceau suivant à l'obligeante communication de M. Charles Maunoir, aujourd'hui secrétaire général de la Société de géographie, et qui s'est consacré, plus particulièrement que personne en France, à cette branche si considérable et si importante des travaux géographiques.

Quelques pages au sujet des cartes ne seront pas déplacées dans l'Année géographique, et nous allons sommairement examiner les plus importants des travaux de cet ordre, en commençant par les productions de la grande topographie officielle. Les gouvernements de presque tous les Etats européens ayant reconnu qu'il était indispensable à leurs services administratifs de posséder une carte sûre et détaillée du pays, ont fait dresser des cartes topographiques, dont plusieurs, celle de la France est du nombre, — ont été l'occasion d'opérations géodésiques d'un haut intérêt pour l'étude de la forme et des dimensions de la terre. Ces cartes, véritables monuments, nous montrent, dans son développement le plus complet, l'art de figurer sur une surface plane relativement restreinte, et à l'aide de certaines conventions graphiques, les éléments multiples qui accidentent le sol, que ces éléments soient dus à l'effort de la nature, comme les montagnes, les vallées, les cours d'eau, ou qu'ils soient le résultat du travail humain, comme les voies de communication, les villes, etc.... Renonçant à la puérile tradition du secret, qui voulait que ces cartes ne fussent pas livrées à la publicité afin de ne pas servir à

infériorité par rapport à l'Allemagne et surtout à l'Angleterre, infériorité si on le compare à la plupart des autres parties de l'enseignement de nos propres écoles; et nous avons dit maintes fois qu'une des principales raisons de ce triste état de choses, une raison qui suffirait seule pour rendre inutiles, ou peu s'en faut, les velléités d'amélioration (déjà bien faibles et bien insuffisantes) qui se sont manifestées de temps à autre, était le manque de bons livres d'enseignement élémentaire et d'enseignement supérieur. En fait d'ouvrages élémentaires, nous avons certainement des livres faits par des hommes instruits et habiles; mais c'est la méthode traditionnelle que tous ont suivie, c'est le moule dans lequel ces livrets sont tous invariablement jetés, qui sont, à notre avis, déplorablement mauvais. Ce sont toujours d'interminables nomenclatures, d'arides et rebutants exercices de mémoire, rien qui parle à l'esprit et sollicite l'intelligence.

C'est un sujet auquel nous ne revenons qu'avec répugnance1, tant il est décourageant de jeter aux vents du désert une voix qu'on sait d'avance ne devoir pas être entendue. Cette année cependant, nous avons à constater une double amélioration. A-t-on fait quelque chose pour éléver l'enseignement supérieur, pour lui donner plus de portée et d'autorité? Hélas! non; mais on doit à l'initiative de deux professeurs distingués par leur savoir et leur expérience deux ouvrages qui dans l'état des choses rendront certainement un grand service. Celui de M. Raffy (no 574) est bien conçu pour ouvrir l'intelligence à l'étude de la géographie, pour en inspirer le goût et en préparer la voie : ce sont des préliminaires qui porteront d'excellents fruits, à la condition d'être fécondés par la parole d'un maître habile. Le livre de M. Dussieux (n° 571) est d'un autre ordre. C'est un traité

1. Voir le 2o volume de l'Année, aux pages 409 et 413, le 3 vol., p. 432; etc.

général, convenablement développé non-seulement pour une étude plus avancée, mais aussi pour répondre au besoin d'informations que le cours journalier des événements et des affaires éveille dans toutes les classes. Très-fréquemment des correspondants inconnus m'ont fait l'honneur de s'adresser à moi pour être renseignés sur le choix d'un bon traité de Géographie à leur usage ou à l'usage de leurs enfants, et j'avoue en toute humilité que ces demandes m'ont toujours embarrassé. Le Précis de Malte-Brun, excellent comme livre de cabinet, est aujourd'hui de trop vieille date pour répondre aux besoins courants: — je parle de l'édition originale, la seule que je puisse recommander en toute conscience1; et jusqu'à présent je ne connaissais chez nous aucun ouvrage qui pût le remplacer. Celui de M. Dussieux répondra désormais à ce besoin. C'est un travail bien conçu, fait avec conscience et savoir, et qui témoigne partout de la connaissance des meilleures sources, chose si rare chez les compilateurs.

Nous rangerions volontiers sinon dans la classe des ouvrages d'enseignement géographique proprement dits, au moins parmi les livres les mieux faits pour en donner le goût et en préparer la sérieuse étude, les Voyages fictifs dans la composition desquels M. Jules Verne a conquis une spécialité si éminente. Nous avons déjà plus d'une fois exprimé notre sentiment sur ces remarquables compositions2; les qualifier seulement de voyages fictifs, ce n'est en donner qu'une bien imparfaite idée. Fictifs par la forme dont la riche imagination de l'auteur a créé le cadre et ménagé les incidents, nous ne connaissons rien de plus sérieux pour le fond et le détail; il est impossible de mieux fondre dans un

1. J'en ai dit ailleurs les raisons. Voir le 2e volume de l'Année, P. 12.

2. On peut voir notamment les pages 270 et 408 du 3° volume de 'Année géographique.

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