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comme suit rapport des pêcheurs de perles de Bahreïn, 20 lacs de roupies ou 200 000 livres sterling; rapport des pêcheurs du littoral arabe du golfe Persique, autre que Bahrein, 20 lacs de roupies ou 200 000 livres sterling; total, 400 000 livres (10 millions de francs). Le revenu levé par les chefs eux-mêmes sur les pêcheries de perles consiste en une taxe d'un dollar par an sur chaque plongeur, et sur chaque homme qui accompagne le plongeur pour tenir la corde. Le revenu ainsi recueilli par le chef de Bahreïn peut être d'environ 50 000 dollars, représentant, par conséquent, 25000 plongeurs et 25 000 assistants pour tenir la corde, et montant à 5 pour 100 sur le produit total. La plus grande partie des meilleures perles est envoyée au marché de Bombay. D'un autre côté, une quantité considérable de perles est expédiée vers Bagdad. Généralement le marché de Bombay préfère la perle de teinte jaunâtre et d'une sphéricité parfaite, tandis que le marché de Bagdad préfère la perle blanche. Les perles de petite dimension vont principalement aussi à Bagdad.

VIII

LE TURKESTAN CHINOIS.

55. Capt. T. G. MONTGOMERIE. On the geographical position of Yarkund and other places in central Asia. Proceedings of the Roy. Geogr. soc. Vol. X, no 4, p. 162-165.

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56. Central Asia. Article de la Quarterly Review, octobre 1866, p. 461-503.

Cet article, de la même main que celui que nous avons signalé l'année dernière dans la même Revue (voir notre précédent volume, p. 209, no 128, et p. 215), en forme la suite naturelle; il touche plus particulièrement à la géographie et à l'histoire géographique.

§ 1. Excursion du capitaine Johnson au pays de Khotan.

Notre tour de l'Asie nous ramène par la Perse vers les hautes régions alpestres qui confinent au nord-est de l'Iran et au nord-ouest de l'Inde. On sait que les opérations trigonométriques de la carte du Pendjab, poussées très-loin dans cette direction sous la conduite du capitaine Montgomerie, du corps royal des ingénieurs, nous ont valu des informations étendues sur le bassin du Sindh, au-dessus du Kachmir, jusqu'à la chaîne neigeuse de Karakoroum, qui forme la ligne de séparation entre le nord-ouest de l'Inde et le Turkestan chinois. Une circonstance particulière et tout à fait imprévue a singulièrement agrandi, dans le cours de 1864, la connaissance que nous avions de ces régions.

Un ingénieur attaché aux opérations du capitaine Montgomerie se trouvant à Lèh (qu'on nomme aussi Ladak), sur le haut Indus, reçut du khan de Khotan l'invitation de venir le visiter à Eltchi, sa capitale, ville plus connue des géographes européens sous le nom de Khotan. Inutile d'ajouter que M. Johnson accepta l'invitation avec un vif empressement. Il partit, portant avec lui ses instruments, afin de pouvoir faire une bonne reconnaissance générale d'un pays jusqu'alors presque entièrement inconnu. La relation de M. Johnson est fort étendue, mais nous n'en connaissons encore qu'une analyse succincte, dont il a été donné lecture dans une des réunions de l'Association britannique pour l'avancement de la science. Entre la chaîne de Karakoroum et celle de Kouen-loun, M. Johnson traversa une longue. série de plateaux élevés de 5000 à 5300 mètres au-dessus du niveau de la mer; ces plateaux n'offrent partout que des

1. Voir le III vol. de l'Année géographique, p. 205.

plaines parfaitement unies. M. Johnson atteignit la rivière. Karakasch par 35° 53′ de latitude et 79° 23' de longitude à l'est du méridien de Greenwich (77° 2′ 51′′ du méridien de Paris), à un point élevé de 4724 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il employa seize jours pour franchir la distance de Karakasch à Eltchi.

Le pays de Khotan tout entier n'est qu'une immense plaine s'inclinant vers Ak-sou (à quinze longues marches au nord d'Eltchi), et arrosée par de nombreux cours d'eau qui vont tous se réunir à la rivière Argol, tributaire du lac Lob. A six milles au nord-est d'Eltchi commence le grand désert de Gobi, avec ses sables mouvants. Le pays de Khothan est très-fertile; sous ce rapport, on peut le comparer au Kachmîr. Eltchi est une grande ville d'industrie; les principaux articles qu'on y fabrique sont les soieries, les feutres, les tapis, et de grosses étoffes de coton. Sa population peut être de quarante mille âmes, et celle de tout le pays de deux cent cinquante mille; Eltchi est à 1319 mètres audessus du niveau de la mer. Le pays de Khotan a récemment secoué le joug chinois. Le khan a une armée de six mille fantassins et de cinq mille cavaliers. M. Johnson apprit bientôt que l'intention du khan, en invitant un officier anglais à venir visiter sa capitale, était de solliciter l'alliance britannique, et peu s'en fallut qu'il ne fût retenu comme otage. Il éprouva de grandes difficultés, par suite de la défiance du khan, à faire les observations des hauteurs du soleil et de l'étoile polaire pour déterminer la latitude d'Eltchi. Au bout de seize jours, il quitta la ville et reprit la route du Kachmir par Zilghiâ et la rivière Karakasch.

On ne peut qu'attendre avec grande impatience la publication complète du Mémoire de M. Johnson et de la carte dont il sera sans doute accompagné.

§ 2. Un voyage astronomique à Yarkand. Discussion sur les bases
scientifiques de la géographie du Turkestan chinois.

Une autre communication lui forme dès à présent un très-remarquable complément; celle-ci est du capitaine Montgomerie.

Le capitaine Montgomerie nous apprend que, pendant qu'il travaillait comme astronome à la grande triangulation du Pendjab et des contrées limitrophes, il était constamment préoccupé, tout en parcourant le Kachmîr et le PetitTibet, de la possibilité de pousser une reconnaissance dans les contrées qui s'étendent au nord du Moûs-tâgh et des montagnes de Karakoroum. Ce fut l'objet d'une lettre qu'il adressa en 1863 à la Société asiatique de Calcutta, et que nous avons fait connaître dans le troisième volume de l'Année géographique1. Rappelant la difficulté pour un explorateur européen de pénétrer dans des contrées doublement gardées par la politique défiante du gouvernement chinois, dont elles relèvent, et par les dispositions inhospitalières des populations à l'égard des étrangers, M. Montgomerie faisait remarquer que les musulmans de la frontière nordouest de l'Inde sont dans l'habitude constante d'aller de Ladak à Yarkand, et de là à Bokhara par Kachgar et Khokand, et que si l'un d'eux était mis en état de faire de bonnes observations (ce qu'il regardait comme très-réalisable), on aurait par là un moyen de se procurer les informations désirables sans éveiller aucun soupçon. « N'auraiton que la latitude de Yarkand et son altitude approximative, ajoutait le savant ingénieur, ainsi que des autres villes du Turkestan oriental, ce serait déjà un très-beau résultat, attendu qu'il y a encore de très-grandes incertitudes sur ces deux points pour ces parties de l'Asie centrale. »

1. Page 206.

Ce projet si bien conçu, le capitaine Montgomerie l'a bientôt après réalisé. Il s'est trouvé un mounchi, un musulman éclairé nommé Mohammed-i-Hamad, ayant parfaitement la pratique des instruments, et qui a consenti à se charger de l'entreprise. Elle n'était pas sans périls, comme on ne le savait que trop par la triste fin d'Adolph Schlagintweit en 1857; les observations devaient être faites assez secrètement pour échapper à tout espionnage. C'est ainsi que le colonel Pelly, dans son excursion au Nedjed, a pu prendre une suite de hauteurs, et même déterminer une longitude importante1, sans être découvert par les Arabes. Mohammed partit dans l'été de 1863 et arriva sans accident à Yarkand; il y passa l'hiver, y fit, durant les nuits, un nombre suffisant d'observations, et repartit au printemps. Il est vrai que ses précautions avaient donné l'éveil, et que les autorités chinoises allaient l'inquiéter sérieusement. Le mounchi ne rapportait que des latitudes, à la vérité; mais ses relevés de route permettent, dans l'opinion du capitaine Montgomerie, de relier la position de Yarkand à celle de Ladak, et d'en déduire ainsi la longitude au moins approximative de la première de ces deux villes. Mohammed n'a pas joui de son succès; il est mort au moment où il allait atteindre la première station trigonométrique de la triangulation. Ses papiers, cependant, ont été sauvés et remis entre les mains du capitaine Montgomerie. Il en résulte que la latitude de Yarkand, telle que l'a déterminée l'agent dévoué du chef de la Commission topographique, est de 38° 19'46", ce qui diffère assez peu des déterminations antérieures ; quant à la longitude, M. Montgomerie, d'après les données laissées par Mohammed, la fixe à 77° 30′ environ à l'E. de Greenwich, à peu près 75° 10' à l'E. de Paris. L'altitude est évaluée à 4000 pieds anglais, un peu plus de 1200 mètres, au-dessus du niveau de la mer.

1. Ci-dessus, p. 67.

L'ANNÉE GEOGR. v. - 7

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