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DICTIONNAIRE

DES

SCIENCES POLITIQUES ET SOCIALES.

NAPLES (ROYAUME DE). Voy. SICILES (DEUX).

N

NASSAU (DUCHÉ DE). — L'un des Etats de la Confédération germanique. Le territoire de Nassau formait avant la révolution un comté immédiat de l'empire germanique, et la famille qui y régnait s'est divisée à plusieurs reprises en plusieurs branches dont la plus célèbre est celle des Nassau-Orange, qui gouverne actuellement le royaume des Pays-Bas. Les princes de Nassau se joignirent à la Confédération du Rhin lors de la dissolution de l'empire d'Allemagne et prirent le titre de ducs, que les traités de Vienne leur ont conservé. Le Nassau subit, dans le cours des guerres de la révolution, de nombreuses modifications dans son importance et son territoire. Le 24 mars 1816 s'éteignit, avec le duc Fréderic-Auguste de Nassau-Usingen, la branche d'Usingen, et la ligne de Nassau-Weilburg réunit, par l'avénement du duc Guillaume, los possessions de la branche aînée de cette maison. Dès le 2 sep tembre 1814, cette principauté obtint une constitution octroyée, qui fut développée plus tard par plusieurs édits, notamment celui du 4 novembre 1815, concernant l'élec tion des états. Les états du duché étaient divisés en deux chambres: la première la chambre des seigneurs (Herrenbank, nommés par le roi héréditairement ou à vie, se composait des princes et seigneurs médiatisés, assez nombreux dans le duché; la seconde se composait de 22 députés, dont l'un choisi par les pasteurs luthériens, un par les pasteurs réformés, un autre par les curés catholiques, un par les chefs des établissements d'éducation, trois par ies industriels portés dans les classes supérieures de l'impôt des patentes et dans leur sein, quinze par les propriétaires fonciers payant au moins sept florins de contributions directes en principal, parmi les propriétaires payant 21 florins. Les états doivent être consultés sur les lois principales; ils peuvent faire des propositions au duc pour la modification des lois, de même que lui présenter des griefs relatifs à l'adminis tration, etc. Tous les impôts doivent être consentis par eux; les impôts directs pour DICTIONNAIRE DES SCIENCES POLITIQUES.

un an, les indirects pour six ans. Cette constitution ne fut pas modifiée à la suite de la révolution de juillet. En 1831, la chambre des seigneurs ayant fait de l'opposition au duc régnant, on augmenta le nombre de ses membres par de nouvelles nominations.

Le duché de Nassau occupe la treizième place dans la Confédération germanique. 1 compte 424,717 habitants. Les dépenses et recettes annuelles sont de 3 millions de florins environ. Le contingent de Nassau est de 8,354 soldats et 6 canons, et de 9,525 thalers.

NATION, NATIONALITÉ. L'histoire nous offre le spectacle de nations nombreuses qui se sont succédées sur le globe, et quand on jette un coup d'œil sur les grands mouvements de l'humanité, on voit que celle-ci n'est en réalité qu'une société de nations diverses, ayant chacune leur vie propre et constituant pour ainsi dire autant d'individualités distinctes. Ce fait a frappé tous ceux qui se sont occupés des questions de politique générale, et depuis longtemps l'on s'est demandé quel est le caractère distinctif qui constitue les nationalités

Nous n'exposerons pas en détail toutes les hypothèses qui ont été émises à ce sujet. Elles se résument dans les théories suivantes les uns placent le caractère de la nationalité dans les races, les autres dans la religion, les autres dans la langue, les autres dans l'habitation et le territoire, les autres dans certaines identités pantheistes, d'autres enfin dans un but commun d'activité. C'est cette dernière théorie qui nous paraît la seule véritable. Avant de l'exposer, nous dirons quelques mots des autres.

Ici nous invoquerons principalement l'expérience historique: elle dément en effet presque toutes les doctrines que nous venons de nommer. Et d'abord ceux qui attribuent la différence des nations à la différence des races partent d'un principe essentiellement faux, puisqu'ils supposent que l'humanité n'est pas issue d'une même origine et qu'il existe naturellement des races d'homines diverses, semblables aux verses espèces animales d'un même genre. III.

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Dans l'hypothèse véritable d'une même origine, on trouve que les variétés des hommes ne sont qu'un résultat de leur existence en natious séparées, et à ce point les différences de races sont la conséquence des différences de nationalité au lieu d'en être la cause. Mais les faits prouvent avec évidence que la race ne constitue pas la nationalité. Est-il une nationalité mieux constituée que la France? Et cependant combien de races sont entrées comme éléments dans cette unité? Celtes, Grecs, Romains, Germains, Scandinaves! D'autre part, ces mêmes éléments sont entrés dans la formation de la nation anglaise, et pourtant cette nationalité diffère essentiellement de la nôtre.

La même observation s'applique à la langue et au territoire. Au sein d'une même nation il peut se faire qu'on parle des langues différentes sans que le lien national en soit moins solide, ainsi que cela a lieu encore dans diverses parties de la France; il peut se faire aussi que des peuples de même langue constituent des nationalités très-diverses, comme l'Angleterre et les EtatsUnis. L'unité de territoire ne suppose nullement l'unité des nationalités; car en général l'unité du territoire est factice et aéterminée par le peuple même qui l'habite; et des territoires qui peuvent présenter une unité naturelle très-réelle sont souvent habités par deux ou plusieurs nations différentes. La religion a constitué sans doute dans l'antiquité un des caractères essentiels des nationalités; mais c'est quand les religions étaient elles-mêmes nationales. Le même fait pourrait encore se présenter sous Je règne du christianisme chez les peuples protestants. Mais au point de vue du christianisme véritable, du catholicisme, cette hypothèse n'est pas admissible. Le cathoticisme suppose que tous les hommes soient réunis dans une foi commune malgré les diversités politiques, malgré la distinction des nationalités; ce n'est donc pas la religion qui peut constituer celles-ci. Et de fait l'histoire nous montre plusieurs peuples parfaitement distincts entre eux, la France, Espagne, l'Italie, etc., bien qu'ils professent la niême religion.

Les écoles panthéistes de l'Allemagne ont supposé que de même qu'il existait un génie ou esprit général de l'humanité entière, il en existait un pour chaque peuple, et que c'était la différence de ces génies, sortes de substances confuses, qui constituait la différence des nationalités. Nous ne nous ar rêterons pas à réfuter cette hypothèse qui ne peut être admise que par les partisans du panthéisme, doctrine contradictoire à tous les fondements de la raison humaine, mais que nous n'avons pas à combattre ici.

Reste entin la doctrine du but commun d'activité. Cette doctrine a été émise par M. Buchez, et nous la croyons parfaitement fondée en fait. Elle suppose que les hommes ne se réunissent en société que pour agir en commun, et que pour agir en commun il

leur faut nécessairement un but commun. Les sociétés nationales se forment donc de la même manière que les sociétés de moindre importance, les sociétés scientifiques, littéraires, commerciales. Seulement leur but est en proportion de la masse des hommes et de la suite des générations qui doivent y concourir; il ne peut se fonder luimême que sur la morale religieuse et doit supposer une série d'actes qui exigent le travail de quelques siècles au moins. Voici comment nous avons exposé cette doctrine dans un article publié dans l'Européen, en 1837 :

Pour qu'une formule puisse devenir un but commun d'activité pour un grand nombre d'hommes, et constituer une nationalité, il faut qu'elle remplisse elle-même certaines conditions, hors desquelles elle ne peut acquérir cette valeur; il faut qu'elle inspire une foi assez profonde pour faire des martyrs, et pour que ceux qui l'acceptent ne craignent pas de mourir pour elle; il faut aussi qu'elle propose une œuvre grande et difficile, qui demande une action longue et puissante, un effort soutenu de plusieurs siècles. Cette dernière condition surtout est indispensable pour que la nation ait une durée, et pour que les générations successives se sentent unies dans la même pensée et dans la même œuvre.

:

« La religion seule peut donner une formule pareille; il n'y a qu'elle qui puisse poser un devoir absolu, car seule elle parle au nom de Dieu, qui seul est souverain absolu il n'y a qu'elle qui puisse imposer une œuvre longue et difficile, car seule eile enseigne la fonction de l'humanité, dont toutes les fonctions nationales ne sont que des instruments: il n'y a qu'elle enfin qui puisse inspirer une foi profonde à l'individu, et le pousser au dévouement et au martyre, car seule elle lui apprend son rapport avec l'univers, et lui enseigne qu'il n'existe que comme fonction d'un but universel, auquel il doit se sacrifier saus

cesse.

il est déjà évident que l'égoïsme individuel ne peut être posé comme le but commun d'activité d'une société, car l'égoïsme n'inspire aucune foi commune, car il place pour chaque individu son but en lui-même, car il ne peut engendrer que des luttes, car il ne pose aucune œuvre à réaliser, car il n'institue aucun lien entre les générations successives, car il finit avec la mort ou la volonté de chaque individu.

« Une société ne peut donc se former que lorsque la religion a offert aux hommes un but commun d'activité, tel que nous venons de le décrire, et que ce but a été librement accepté par eux lorsque cela a eu lieu, lorsqu'une formule religieuse a été acceptée, et qu'elle a constitué une nationalité, elle devient le principe et la fin de la nation nouvelle, elle devient sa morale, elle sépare ses actes et ceux des individus qui la composent en actes bons et mauvais; elle ordonne un système de fonctions pro

pres à accomplir le but accepté ; elle assigne à chaque individu son devoir et son droit; elle devient la certitude absolue de la société, son criterium, son pouvoir, sa souveraineté.

«Des nationalités peuvent pourtant se former autrement que par l'acceptation d'une religion nouvelle, lorsque, par suite de révolutions arrivées dans le sein d'une société, un fragment de cette société se détache et va fonder une nouvelle unité. Dans ce cas, ce fragment emporte avec lui, soit le but même de la société ancienne, et alors il constitue une société semblable; soit au moins une partie de ce but, une fonction spéciale qui y était appropriée, et alors il prend un caractère qui diffère suivant la spécialité à laquelle il s'est livré.

« Lorsque le but d'activité d'une société est atteint, ou lorsque la société y renonce au milieu de son action et abandonne l'œuvre commencée, sa force vitale est rompue et sa perte est prochaine. La renonciation au but commun se fait par un protestantisme: on nie la religion, et, par suite, le devoir qu'elle seule avait institué et qu'elle seule sanctifiait. L'effet immédiat de cette négation est l'immobilisation de la société : celleci toutefois subsiste encore au moyen des formes de conservation acquises dans les temps d'activité; mais bientôt ces formes elles-mêmes, dépourvues de l'esprit qui les vivifiait, perdent leur valeur et deviennent. incapables de conserver la société plus longtemps. Alors celle-ci marche plus rapide ment vers sa décadence, et le moindre choc l'anéantit. I en est absolument de même pour les sociétés dont le but est atteint. Le résultat définitif est la destruction de la société, à moins pourtant qu'elle n'ait accepté un but nouveau, et qu'elle ne forme ainsi une nation nouvelle. »

Si nous jetons un coup-d'œil sur l'histoire universelle, nous y trouverons la confirmation de la théorie que nous venons d'exposer.

Les cités, fondées sur le sol de la Grèce, furent nombreuses et durent presque toutes leur origine à des guerriers étrangers, dont la plupart venaient de l'Egypte, d'Asie, ou qui au moins connaissaient la morale égyptienne, et qui se mêlèrent aux populations indigènes de la Grèce, et rallièrent autour d'eux ces débris épars d'une civilisation plus grande. Le but que posa chaque fondateur à la cité qu'il établissait était l'accroissement de la cité, de la race qui y vivait, et sa domination sur les races environnantes. L'organisation générale correspondait parfaitement à ce but, et se trouve nexplicable si on ne l'admet pas. En effet e devoir le plus général de tout citoyen était celui des armes; la fonction militaire était la seule qu'un citoyen pût remplir avec honneur, et toutes les fonctions industrielles étaient abandonnées aux esclaves et aux affranchis. Le droit individuel était en rapport avec ce but; l'individu était toujours considéré comme une partie d'un

tout, et n'était rien par lui-même. L'éducation tendait sans cesse à détruire l'esprit d'individualité et à établir le sentiment du but commun, en se formant partout dans les écoles publiques et communes, et en ne devenant individuelle qu'au temps de la décadence des cités.

Les principales cités furent Athènes Sparte, Corinthe, Thèbes, Argos, etc. Toutes eurent le même but d activité, mais toutes ne parvinrent pas à le développer au même degré; et, à la fin elles succombèrent toutes sous les efforts d'une cité plus heu

reuse.

Athènes reçut son but égoïste et guerrier d'un chef militaire sorti d'Egypte. Ce chef et ses successeurs, et les individus de la caste militaire qui les accompagnaient, tout en instituant le but commun d'activité guer rier et conquérant, donnèrent en même temps une impulsion intellectuelle et industrielle assez grande à la nation nouvelle. Du temps des rois, Athènes agit déjà contre les peuples environnants; après ceux-ci, des troubles intérieurs la forcèrent pendant quelque temps au repos; mais lorsque la guerre entre les riches et les pauvres eut été terminée par Solon et Pisistrate, elle se livra avec ardeur à son but. Elle attaqua d'abord le roi de Perse et attira la guerre médique sur le sol de la Grèce. Depuis ce temps, elle fut en guerre avec les autres cités, et celle guerre n'avait d'autre but que son accroissement égoïste. Ce but, du reste est bien évident dans toute la constitution d'Athènes; car l'individu était absolument nul devant le peuple qui représentait matériellement la souveraineté ; et l'on connaît la manière dont agissaient envers les cités étrangères les hommes les plus vertueux d'Athènes. Athènes parvint, de cette manière, à un haut degré de puissance intellectuelle et matérielle; et si, malgré ses efforts continus, eile ne parvit pas à subjuguer les autres cités par la force des armes, elle les subjugua du moins par sa supériorité dans les travaux de l'esprit et dans la science qu'elle fit du point de vue de son but.

Sparte fut fondée par une race guerrière de Doriens et d'Héraclides. Chez ceux-ci, le but guerrier et conquérant était enraciné depuis longtemps; Lycurgue ne l'institual pas, il ne fit que lui donner une forme avec la science qu'il avait apprise en Egypte. Cette forme était parfaitement appropriée à ce but, et elle en est la démonstration la plus évidente. En fet, celte communauté étroite où l'individu est toujours sacrifié et dans laquelle il peut se mouvoir à peine, cette morale sévère qui s'étend sur les plus minutieux détails de la vie individuelle; la communauté des femmes et des enfants; le jugement rigoureux porté contre l'enfant al constitué; l'éducation commune qui enseigne continuellement le sacritice de soi-même; l'instruction exclusivement militaire; tous ces faits prouvent, saus réplique, la vérité de nos assertions.

On sait, du reste, quels furent les actes de la cité spartiate: on sait comment elle accomplit son but en asservissant Athènes; comment elle s'annula bientôt elle-même, en abandonnant sa morale; comment, dans les derniers temps de la Grèce, elle brilla encore d'un dernier éclat, en ressaisissant le but d'activité et la forme qui y était appropriée, et comment elle succomba de nouveau, en l'abandonnant une seconde fois.

Nous n'examinerons pas en détail les autres cités de la Grèce. Toutes, comme Athènes et Sparte, eurent pour principe leur propre extension aux dépens des autres cités; et toutes ne vécurent qu'en mettant ce principe en action. Nous en avons assez dit pour que cela soit compréhensible pour tous. L'histoire de la Grèce est la vérification complète de la doctrine du but commun d'activité. C'est cette doctrine seule qui peut expliquer ces rivalités actives eutre les cités grecques, ces guerres intérieures non interrompues entre toutes les nationalités, qui avaient chacune un but exclusif à celui des autres; c'est cette doctrine seule qui peut nous faire comprendre cette relation des citoyens avec leur cité, celle activité passionnée dans les affaires politiques, ce grand dévouement, cette abnégation absolue de l'individualité, qui animaient chez les Grecs les soldats et les généraux.

La Grèce fut conquise par la Macédoine; par la Macédoine qui, comme la Grèce, avait pour but unique d'activité la guerre et la conquête. Mais chez cette nation, le pouvoir et la souveraineté qui naissent du but, étaient aux mains d'un seul chef héréditaire; et cette constitution politique du pouvoir donna à la Macédoine une puissance d'expansion énorme, qui lui permit de réaliser la conquête de l'Asie. Là régnait une seule race qui avait asservi toutes les autres, mais qui ne formait plus ellemême une nationalité; car dans le grand empire perse, il n'existait qu'une seule unité, celle de l'esclavage et de l'exploitation. I fut remplacé par le grand empire macédonien, auquel Alexandre le Grand proposa pour but la conquête du monde; mais il inourut avant d'avoir accompli son œuvre, et nul ne lui succéda.

Avant d'aller plus loin, nous devons dire la raison de ces buts uationaux égoïstes et exploiteurs. Nous la trouvons dans la religion même de l'Egypte d'où sortirent tous ces buts; là on enseignait, comme nous l'avons dit ailleurs, que la nation égyptienne seule était agréable à Dieu; que les étrangers étaient de la race des esclaves; qu'il fallait les asservir, et chaque fragment qui se séparait de l'Egypte devait commenter cette idée. Il faut remarquer en outre que la plupart des fragments qui se détachaient du centre social étaient exclusivement composés de guerriers; de ceux-là même auxquels le devoir militaire et la loi d'extermination à l'égard de l'étranger avaient été enseignés de la manière la plus

absolue; voilà pourquoi chacune de ces cités fut constituée au point de vue individuel, voilà pourquoi la guerre fut le seul rapport possible entre elles et cette morale et ces rapports durent nécessairement exister jusqu'à ce qu'une parole nouvelle vint dire au monde : il n'y a pas de races supérieures ou inférieures, car tous les hommes sout frères et fils d'un même père qui est au ciel.

L'histoire de Rome nous offre encore une confirmation de la doctrine du but commun d'activité. Cette cité se forma de l'accession de deux races différentes au même but, la guerre et la conquête. Ces deux races étaient de naissance différente, et la cité romaine était divisée dès le commencement en patriciens et plebéiens. Les travaux qui ont été faits sur les origines de l'histoire romaine, qui détruisent en partie les légendes tirées des anciennes traditions, loin de mettre ces faits en doute ne font que les confirmer. Il s'établit à Rome dès sa fondation un double mouvement: l'un qui tendait à élever la classe plébéienne, et à la mettre de niveau avec ia classe patricienne; le second, auquel le premier était subordonné, tendait à la conquête de toutes les populations environnantes. Nous connaissons la plupart des actes auxquels donnaient lieu ces principes de mouvement, et nous en voyons parfaitement le développement.

D'abord, à l'extérieur, Rome s'attaque aux petits peuples qui l'environnent et parvient à les soumettre après une lutte longue et acharnée. Lorsqu'elle a acquis une force assez grande pour braver tous les petits Etats de l'Italie, elle marche rapidenient; elle soumet en peu de temps l'Italie méridionale, et arrive enfin au contact de nationalités plus grandes. Elle s'attaque d'abord à Carthage, qu'elle brise après une lutte terrible alors elle ne connaît plus de bornes ; elle veut avoir le monde entier, et se met à l'œuvre pour le conquérir.

A l'intérieur, le peuple avait acquis peu à peu tous les drois des pa.riciens; et il devait en être ainsi, car il prenait la même part à l'activité commune, et versait son sang pour toutes les conquêtes. Pourtant, il ne parvenait à ce résultat qu'après des efforts nombreux et une lutte acharnée. Aussi, l'inimitié des patriciens et des plé béiens était-elle devenue très grande, et il n'y eut que le but commun d'activité qui put conserver l'unité entre eux. C'est ce que sentirent très-bien les patriciens; car un de leurs moyens de combattre les plébéiens était de susciter une guerre extérieure et de tourner leur activité contre l'ennemi; et ils établirent le principe de ne jamais laisser la cité sans guerre. Le peuple, de son côté, ne refusa jamais de se mettre en campagne, et souvent sa rivalité se formula par une activité plus grande en vue du but commun, c'est-à-dire par des propositions de guerre que faisaient coup sur coup les tribuns et les patriciens.

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