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général Feuchères alla coucher le soir à la ferme avec sa brigade, et le 22 il s'y rendit lui même avec quatre bataillons et cinq bouches à feu. En arrivant il se porta directement vers le pont. Les Arabes, craignant d'être coupés, prirent aussitôt le parti de rétrograder. Quelques obus, que leur lançait, chemin faisant, l'artillerie, accéléraient leur retraite. Obligés de défiler pendant une demi-heure sous le feu des tirailleurs du général Feuchères, blottis derrière des broussailles, à petite portée des sentiers par lesquels l'ennemi devait se retirer, les Arabes éprouvèrent de fortes pertes. Le général Berthezène les poussa pendant plus de deux heures sur la route de Blida, jusqu'au premier puits, et les fit suivre de là jusqu'à Bouffarick par sa cavalerie, qui en sabra un grand nombre. Ils se dispersèrent dans toutes les directions. On leur tua ou blessa au moins 800 hommes. Parmi les morts se trouvaient quelques personnages importants, à en juger par la beauté de leurs armes.

Depuis ce jour, la plaine fut entièrement débarrassée d'Arabes et de Kabaïles. Convaincues de l'inutilité de leurs efforts, les tribus ennemies ne tentèrent plus d'attaques nouvelles. Jusqu'à la fin de l'année, la campagne d'Alger jouit d'une tranquillité parfaite, et les provisions arrivèrent en abondance au marché de cette ville.

C'est là tout ce que présentent de faits intéressants, en 1831, les colonies anciennes et nouvelles de la France : le tableau de leur situation complète celui de son état intérieur.

DEUXIÈME PARTIE.

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

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CHAPITRE PREMIER.

HOLLANDE ET BELGIQUE. — Protocole du 20 décembre 1830. — Discussion sur le choix du chef de l'État, dans le congrès belge.— Protocoles du 9 et du 20 janvier. Protestation du congrès contre ce dernier protocole, Le duc de Nemours est élu roi des Belges. - Protocole du 7 février. - L'élection du duc de Nemours n'est pas ratifiée le roi par des Français. M. Surlet de Chokier est nommé régent de la Belgique. -Protocole du 19 fevrier. — Aspect général des affaires de Belgique et de Hollande. - Troubles graves en Belgique. — Fréparatifs de guerre. Ajournement du congrès. Nouvelles négociations relatives au choix du chef de l'État. Protocoles du 10 et du 21 mai. - Hostilités entres les Belges et les Hollandais. - Nouvelle réunion du congrès. Lettre de lord Ponsonby. - Le prince de Saxe-Cobourg est élu roi des Belges Réclamations des plénipotentiaires hollandais contre la lettre de lord Ponsonby.- Réponse de la conférence. Acceptation de la couronne par le prince de Saxe-Cobourg.- Nouvelles bases de séparaElles sont acceptées par le congrès belge et re

tion en 18 articles. fusées par la Hollande.

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Nous venons d'assister au spectale des efforts de la France pour asseoir et consolider sa révolution; spectacle non moins curieux, non moins fécond souvent en incidents dramatiques que la révolution elle-même, et plus instructif encore, plus digne des méditations de l'homme d'État et de l'historien; car cette seconde partie de l'œuvre révolutionnaire est presque toujours et partout la plus difficile à accomplir. Les diverses nations de l'Europe qui ont ressenti le contre-coup de la révolution de juillet, et opéré de grands et violents changements dans leur intérieur, vont le prouver à leur tour par d'éclatants exemples; et avant toutes, cette Belgique, si prompte à imiter

la France, et qui a rencontré tant d'obstacles pour achever le laborieux enfantement de son indépendance.

Ici tout était à créer: il fallait à la fois établir une constitution, organiser un gouvernement, obtenir l'admission, dans la famille des peuples européens, d'un pays qui avait toujours été subordonné à quelque grande monarchie, et fixer en même temps les conditions de son divorce avec la Hollande. Ce dernier problème, qui était le plus compliqué, à cause des nombreux intérêts opposés qu'il mettait en jeu, était dévolu à la conférence de Londres, formée des représentants de l'Autriche, de la France, de l'Angleterre, de la Prussé et de la Russie. Son premier soin avait été d'arrêter l'effusion du sang, en prescrivant une entière cessation d'hostilités entre les Hollandais et les Belges (protocole du 4 novembre 1830 ). Un autre protocole, celui du 20 décembre, annonça de la part de la conférence l'intention de s'occuper de discuter et de concerter les nouveaux arrangements les plus propres à combiner l'indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités, les intérêts et là sécurité des autres puissances, et la conservation de l'équilibre européen. A cet effet, la conférence engageait le gouvernement provisoire de la Belgique à envoyer à Londres, le plus tôt possible, des commissaires munis d'instructions et de pouvoirs assez amples, pour être consultés sur ces arrangements, qui ne pourraient, du reste, affecter en rien les droits que le roi des Pays-Bas et la Confédération germanique exerçaient sur le grand duché de Luxembourg.

Ce protocole et la réponse du comité diplomatique belge ne furent communiqués que le 3 janvier au congrès de Bruxelles. Dans cette réponse il était dit que les commissaires actuellement à Londres avaient des instructions suffisantes pour être entendus sur toutes les affaires de la Belgique, et qu'ils ne laisseraient pas ignorer à la conférence que, dans les circonstances imminentes où se trouvait le peuple belge, il semblerait impossible que la Belgique constituât un état indépendant, sans garantie immédiate de la liberté de l'Escaut, de la

possession de la rive gauche de ce fleuve, de la province du Limbourg en entier, et du grand duché de Luxembourg, sauf ses relations avec la Confédération germanique.

La discussion que souleva le protocole du 20 décembre, qui fut accueilli avec un vif sentiment de défiance et de mécontentement, tandis que la réponse du comité diplomatique parut aux yeux du congrès une véritable protestation pleine de dignité et de fermeté, dériva bientôt de son premier objet pour porter principalement sur la question du chef de l'État. Toutes les opinions s'accordèrent à déclarer qu'il était urgent de s'en occuper sans retard. Sur ce point il ne pouvait y avoir de difficulté, tant le pays, travaillé, tiraillé par vingt partis différents, était impatient de sortir du provisoire qui le dévorait. Aussi les pétitions affluaient-elles de toutes parts pour presser le congrès d'en finir, en proposant tel ou tel candidat (1). Mais ce qu'il était moins aisé de décider, parce qu'ici la force des choses soumettait le congrès à consulter des intérêts étrangers,

(1) Le rapport de toutes ces pétitions, fait au congrés dans la séance du 27 janvier par M. F. Lehon, présente une statistique curiense des opinions qui partageaient la Belgique sur cette grande question. Elles étaient divisées en trois catégories, comprenant, la première, celles qui demandaient la réunion à la France; la seconde, celles qui s'opposaient à cette réunion; la troisième, celles qui avaient pour objet le choix du roi.

Les pétitions qui demandaient la réunion étaient presque toutes émanées des provinces de Liége, de Namur et du Hainaut; celles qui étaient couvertes du plus grand nombre de signatures appartenaient à la ville de Verviers.

Pour la réunion 2,720 signatures.

Contre la réunion 66.

Chef de l'état Lafayette, 1; Fabvier, 1; Sébastiani ou Châteaubriand, 1; le prince de Carignan, 1; Charles d'Autriche, 1; Surlet de Chokier, 1; Ch. Rogier, 1; le pape, 1; Félix de Mérode, 2; un prince indigène, 91; Othon de Bavière, 3; le duc de Reichstadt, 80; le duc de Reichstadt, le duc de Nemours, ou tel autre que l'on voudra, 1; le prince de Salm-Salm, 277; le prince de Saxe, 1; le duc de Nemours, 644; LouisPhilippe, 607; le duc de Leuchtemberg, 3,695.

Contre le duc de Leuchtemberg, 1.

On croira sans peine que plusieurs de ces noms excitèrent une hilarité générale au sein de l'assemblée.

c'est de savoir le prince qui, en consolidant l'indépendance de la Belgique, lui assurerait les plus grands avantages pour son commerce et son industrie.

Chaque puissance avait ses motifs de prédilection ou d'exclusion. Ainsi, il résulta de deux lettres adressées de Paris par MM. Gendebien et Firmin Rogier au comité diplomatique, et lues au congrès dans la séance du 8 janvier, que si le prince Othon de Bavière était élu, il serait reconnu par la France, et que quant à son mariage avec l'une des filles de sa majesté Louis-Philippe, M. Sébastiani ne pensait pas qu'il s'éleverait aucun obstacle.

J'étais en train de faire des questions, ajoutait M. Rogier. Je parlai du parti belge qui voulait la réunion à la France, et je demandai si, dans le cas où ce parti viendrait à l'emporter, le gouvernement français persisterait à nous repousser et à nous refuser un prince de la famille royale. M. Sébastiani me répondit que la réunion était impossible, qu'elle entraînerait une guerre générale, que l'Angleterre n'y consentirait jamais...... J'adressai à M. Sébastiani une question sur le parti républicain. -Comme • république, vous ne seriez jamais reconnus par l'Europe. Et si nous choisissions un roi belge? Il serait vu avec autant de déplaisir que • la république. Le prince Othon est le roi qui vous convient, et la Russie ⚫ elle-même, peut-être, ne tarderait pas à le reconnaître. »

Mais quelques efforts que l'on fit pour gagner les voix au prince Othon (1), le candidat de la diplomatie, comme on disait en Belgique, le congrès ne paraissait pas songer à lui déférer la couronne, parce que son élection nécessiterait une régence pendant la minorité du jeune prince (il n'avait que quinze ans); que les éducations faites sur le trône viennent rarement à bien; que les régences sont toujours faibles; que cet inconvénient serait plus grand encore en Belgique où les événements de la révolution avaient fait naître le besoin impérieux d'un chef fort et respecté.

D'un autre côté, voyant qu'une réunion à la France et l'élection d'un prince de la famille de Louis-Philippe rencontrait des difficultés insurmontables dans la résolution de son gou

(1) C'est le même prince qui depuis a été choisi par les trois puissances alliées pour régner sur la Grèce.

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