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LA NAISSANCE DU PRINTEMPS.

Du doux Printemps c'est la naissance!
Sans bruit il fait ses premiers pas,
Et s'appuyant sur l'Espérance

Eveille le monde ici bas.

Le merle chante sa venue
Avec son accent cristallin,
Chaque oiseau le porte à la nue,
Et l'accueille d'un frais refrain.

En chantant monte l'alouette

Tout là haut devers le ciel bleu, Porter sa voix si joliette

Auprès des anges du bon Dieu. Le roitelet et la linotte,

La foule rassemblée aux bois,

Chacun vient lui chanter sa note

Au beau Printemps, la fleur des pois!

Comme tout s'empresse d'éclore

Pour fêter son charmant retour,

Voyez de la gentille Flore

Sous ses pas pulluler la cour! Le ciel, la terre à sa naissance Revêtent leurs riches couleurs,

Et le prisme de l'Espérance

S'en vient miroiter dans les cours.

Les arbres ressentent son souffle,
Qui va visiter leurs chez eux,
Et qui bientôt les emmitouffle

De bourgeons verts, tout merveilleux;
Si qu'ayant éveillé leur sève,

Feuilles et fleurs naissent soudain,
Que l'aveugle croit faire un rêve
En humant parfum si divin.

Le bétail broute dans la plaine,
Sur les collines les brebis,
Les vents de leur suave haleine

Des ruisseaux baisottent les lis.
La Nature nous dit: "Espère !

Le bonheur va venir, attends!
Bonne nouvelle pour la terre

Il nous est né-l'heureux Printemps !"

AU PREMIER MERLE DU PRINTEMPS.

JOYEUX oiseau! joyeux oiseau !
Qui du printemps fait la réclame,
Que ton gazouillement nouveau
Apporte de baume à mon âme !
Ces gazouillements enchanteurs,
Pour nous soulèvent la cachette
Où couvent les gentilles fleurs,

Où s'éveille la violette.

Ils viennent parler à nos cœurs

De ces Perce-neiges modestes,
Les plus innocentes des fleurs
Dont les natures sont célestes.
Charmantes filles du soleil,
Les impuretés de la terre
Ne souillent leur blanc appareil
Tant las! leur vie est éphémère.

Ils parlent de ces frais tapis,

Où se plait tant la Primevère,

Et de ces bois où par rubis

Le soleil verse sa lumière. Ils parlent du gentil ruisseau,

De ses chants égayant la route, Et contant tout bas son rondeau À l'Asphodèle qui l'écoute.

Ils parlent de l'ancien hiver
Qui vers le nord a pris la fuite,
Et puis de la chaleur de l'air
Qui bientôt amène à sa suite
Les parfums du jour et du soir,
Les promenades aux prairies,

En un mot le charmant espoir

Que pleut sur nous Pasques-fleuries!

Ils parlent d'arbres et de bois,

D'amour, de joie, et de musique ;

Ils parlent des divins émois,

De la Nature prolifique;

Ils parlent de jours de soleil,
D'heureux rêves, de belles fêtes;

Et d'un avenir tout vermeil

Ils sont les suaves prophètes.

Ils parlent de charmants aveux,
D'extase, et de plus doux langage;
Ce sont les lais les plus joyeux
Pour le pélerin en voyage.

Ces accents entendus la nuit

Ont les douceurs les plus étranges, Cette musique vous séduit

Comme séduit la voix des Anges.

Joyeux oiseau! joyeux oiseau !
Du Printemps vivace réclame,
Que ton gazouillement nouveau
Apporte de baume à mon âme !
Jamais sans un nouvel émoi

Je n'entends ta voix sympathique Tu fus et tu seras pour moi

La clé, l'esprit de la musique !

AU PREMIER COUCOU DE L'ANNÉE.

LA fleur entr'ouvrait son calice,
L'air était doux, calme et propice,
Les monts, les vallons et les bois
Laissaient rayonner leurs émois ;
Aux arbres mesdames les fées,
Quand j'entendis je ne sais d'où
Ta fraîche voix, gentil Coucou,
Avaient suspendu leurs trophées :
Coucou! Coucou! ton chant joyeux
Est le chant que j'aime le mieux !

Le soleil souriait à Flore,

Mais les forêts dormaient encore ;
A peine gazouillait l'oiseau
Et chuchotait le gai ruisseau;
On eut dit que dame Nature

Sur tous bruits mettait le verrou
Pour entendre, gentil Coucou,
Ta voix si naïve et si pure.

Coucou! Coucou! ton chant joyeux
Est le chant que j'aime le mieux !

Au doux son de ta voix nouvelle,
La nature devint plus belle ;
La primevère eut plus de feu,
La violette un ton plus bleu :

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