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tage de repousser le plus possible l'Empereur en Allemagne ; de vous assurer son influence pour la négociation avec l'Empire; de ne pas laisser Mantoue à sa disposition; d'écarter aussi, dans les circonstances, toute idée de congrès. Les motifs de tels vœux doivent être vivement sentis par vous; mais, encore une fois, ils sont des avertissemens et rien autre chose.

La Dalmatie et l'Istrie vénitiennes devant, suivant toute apparence, rester à l'Empereur et amener de nouvelles relations commerciales, vous arrêterez dans un article, qu'il sera fait un traité de commerce par lequel la France jouira des avantages des nations les plus favorisées. Les détails en seront renvoyés à l'époque même de ce traité.

Vous demanderez avec force et vous saurez obtenir la liberté de toutes personnes détenues pour cause d'opinions politiques, et victimes de leur amour pour les Français et pour la liberté.

Enfin vous exigerez comme réparation et indemnités pour les citoyens Maret et Sémonville, ambassadeurs de la république Française, enlevés à main armée sur un territoire neutre, en 1793, par ordre de l'archiduc Ferdinand, pillés, chargés de liens, conduits à travers l'Allemagne de cachot en cachot, et, par la violation la plus révoltante du droit des gens, détenus en prison pendant trente mois, eux et leur suite, la somme de 354,440 francs, à laquelle furent fixées, par ordre du Directoire, le 23 floréal an iv, non les réparations, mais les indemnités seules qu'ils avaient droit de réclamer. De plus, pour la citoyenne Mongerout, veuve du citoyen Mongerout, ci-devant maréchal-de-camp, lequel, chargé d'une mission extraordinaire à la cour de Naples, fut arrêté par ordre du même archiduc et a péri dans les cachots de Mantoue, après avoir été indignement pillé, la somme de 50,000 francs; et enfin pour la famille de Lamarre, secrétaire de légation à Constantinople, et de Taistre, ingénieur, interprète attaché à cette résidence, l'un et l'autre arrêtés par la même autorité, et morts en prison, une indemnité que vous désignerez.

Cette lettre n'annule en rien les instructions passées, en ce qui n'y serait pas directement contraire. Du reste, elle ne gêne aucune de vos combinaisons, et vous laisse parfaitement le maître d'agir suivant votre prudence.

CH. MAUR. TALLEYRAND.

V.

Dépêche circulaire envoyée par lord Castlereagh aux légations de S. M. Britannique, lors du congrès de Laybach, en 1821.

Ministère des affaires étrangères, le 21 janvier 1821.

Monsieur,

Je n'aurais pas cru nécessaire de vous faire aucune communication, dans l'état actuel des discussions commencées à Troppau et transférées à Laybach. Mais une circulaire adressée par les cours d'Autriche, de Prusse et de Russie, à leurs diverses légations; circulaire qui, à ce que pense le gouvernement de S. M., pourrait, si on n'y faisait pas attention, produire, même sans intention, des idées très-erronées sur les sentimens passés et présens du gouvernement britannique sur les objets auxquels touche cette circulaire, m'y a engagé.

Voilà pourquoi il est devenu nécessaire de vous informer que le roi lui-même s'est cru obligé de refuser de prendre part aux mesures en question.

Ces mesures embrassent deux objets distincts : 1° L'établissement de certains principes généraux pour régler à l'avenir la conduite politique dans les cas qui seront déterminés. 2o Le mode proposé pour agir en conformité de ces principes à l'égard des affaires de Naples.

Le système des mesures qu'on propose sous la première rubrique, si on les mettait réciproquement en pratique, serait en opposition directe avec les lois fondamentales de ce royaume. Mais si même cette objection décisive n'existait pas, le gouvernement britannique n'en regarderait pas moins les principes sur lesquels on veut fonder ces mesures, comme n'étant pas propres à être admis comme système de loi inter-nationale. Nous sommes convaincu que l'adoption de ces principes sanctionnerait inévitablement, et pourrait, entre les mains de monarques moins bienfaisans, réaliser une intervention dans les affaires intérieures des états, bien plus fréquente et plus étendue qu'il n'est dans l'intention des augustes individus dont ils proviennent, et qu'elle ne peut se concilier soit avec l'intérêt gé

néral, soit avec la dignité et l'autorité réelle de souverains indépendans. Nous ne croyons pas que l'alliance soit autorisée, par les traités existans, à attribuer à ses membres, comme tels, un semblable pouvoir général; nous ne concevons pas non plus que ces pouvoirs extraordinaires puissent être attribués aux puissances alliées par aucune transaction diplomatique nouvelle entre elles, sans s'arroger une suprématie incompatible avec les droits des autres états, ou, si on se procure l'accession de ces états, sans créer en Europe un système fédératif non-seulement trop vaste pour répondre efficacement à son but, mais encore accompagné de beaucoup d'inconvéniens sérieux.

Quant aux affaires particulières de Naples, le gouvernement de la Grande-Bretagne, dès les premiers momens de la révolution, n'a pas hésité à exprimer combien il désapprouvait la manière dont cette révolution s'est effectuée, et les circonstances qui l'ont accompagnée; mais en même temps il a expressément déclaré aux souverains alliés qu'il ne croyait ni de son devoir, ni de son droit, d'intervenir dans les affaires de ce pays : il a reconnu cependant, de la manière la plus complète, que les autres souverains européens, et surtout l'Autriche et les puissances de l'Italie, pouvaient sé croire dans une position différente; il a déclaré qu'il ne prétendait pas préjuger l'impression que cette question pourrait faire sur eux, encore moins intervenir dans la marche que tels gouvernemens jugeraient à propos d'adopter, dans l'intérêt de leur propre sécurité, pourvu cependant que ces gouvernemens fussent disposés à donner toutes les garanties raisonnables, que leurs vues soient entièrement éloignées de tout projet d'agrandissement subversif du système territorial de l'Europe, tels que les derniers traités l'ont établi.

Dès les premiers instans de la révolution napolitaine, le gouvernement du roi a uniformément suivi ces principes, et des copies d'instructions successives envoyées aux autorités de la Grande-Bretagne à Naples, ont été de temps en temps transmises à la connaissance des gouvernemens alliés.

Quant à l'espérance qu'on a exprimée dans la circulaire cidessus mentionnée, du consentement que les cours de Londres et de Paris devaient donner aux mesures plus générales proposées à leur adoption, et fondées, comme on le prétend, sur les

traités existans, pour justifier son attachement à ses propres principes et sa bonne foi, le gouvernement anglais, en refusant son consentement, doit protester contre l'interprétation que l'on donne à ces traités.

Il n'a jamais vu que ces traités imposassent de telles obligations, et il a, dans différentes occasions, dans le parlement et dans ses rapports avec les souverains alliés, gardé avec fermeté la négative dans cette proposition; il s'est toujours expliqué avec la plus grande franchise à ce sujet. Les délibérations de Paris, en 1815, avant les conclusions du traité d'alliance à Aix-laChapelle, en 1818, et postérieurement, certaines discussions qui ont eu lieu l'année dernière, le prouvent assez.

Après avoir repoussé les fausses idées que l'on pourrait appuyer sur le passage de la circulaire en question, si nous gardions le silence, après avoir déclaré en termes généraux, et sans entrer en argumentation, le dissentiment du gouvernement britannique des principes généraux contenus dans la circulaire, on doit clairement exprimer qu'aucun gouvernement n'est plus préparé que le nôtre à soutenir le droit des états, d'intervenir dans les cas où leur propre sûreté, ou leurs intérêts essentiels sont sérieusement menacés par les transactions intérieures d'un autre éjat. Mais, comme nous regardons l'exercice de ce droit comme ne pouvant être justifié que par la plus forte nécessité, et comme devant être limité et réglé par cette nécessité; nous n'admettons pas que ce droit puisse être généralement et indistinctement appliqué à tous mouvemens révolutionnaires, sans égard à leur influence immédiate sur un état ou des états particuliers: nous n'admettons pas qu'il puisse devenir, par mesure de prévoyance, l'objet d'un traité d'alliance. Nous en regardons l'exercice comme une exception à des principes généraux d'une haute importance, et comme une exception qui ne peut résulter que des circonstances d'un cas spécial; nous croyons en même temps que des exceptions de cette espèce ne peuvent jamais, sans le plus grand danger, être tellement réduites en règles, qu'elles puissent être incorporées dans les notes diplomatiques ordinaires ou dans les codes de la loi des nations.

Comme il paraît que plusieurs ministres des trois cours ont déjà communiqué cette circulaire aux cours auprès desquelles

ils sont accrédités, je laisse à votre discrétion à faire une réponse convenable de la part de votre gouvernement, en réglant votre langage sur les principes tracés dans la présente. Vous aurez soin cependant, en faisant cette réponse, de rendre justice, au nom de votre gouvernement, à la pureté d'intention qui a sans doute animé ces augustes cours, lorsqu'elles ont adopté le système de mesures qu'elles suivent. Vous devez déclarer que la différence d'opinion qui règne entre elles et la cour de Londres à ce sujet, ne peut faire aucun changement dans la cordialité et l'harmonie de l'alliance pour tout autre objet, ou diminuer le zèle qui les anime réciproquement pour donner l'effet le plus complet à leurs engagemens existans.

Je suis, etc.

CASTLEREAGH,

VI.

Dépêche de M. le prince de Metternich, ministre des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, adressée de Vérone au chargé d'affaires de S. M. I. à Madrid, sur les affaires d'Espagne; du 14 décembre 1822.

La situation dans laquelle se trouve la monarchie espagnole, à la suite des événemens qui s'y sont passés depuis deux ans, était un objet de trop haute importance pour ne pas avoir sérieusement occupé les cabinets réunis à Vérone. L'empereur, notre auguste maître, a voulu que vous fussiez informé de sa manière d'envisager cette grave question, et c'est pour cet effet que je vous adresse la présente dépêche.

La révolution d'Espagne a été jugée par nous dès son origine. Selon les décrets éternels de la Providence, le bien ne peut pas plus naître pour les états que pour les individus, de l'oubli des premiers devoirs imposés à l'homme dans l'ordre social; ce n'est pas par de coupables illusions, pervertissant l'opinion, égarant la conscience des peuples, que doit commencer l'amélioration de leur sort; et la révolte militaire ne peut jamais former la base d'un gouvernement heureux et durable.

La révolution d'Espagne, considérée sous le seul rapport de l'influence funeste qu'elle a exercée sur le royaume qui l'a subie, serait un événement digne de toute l'attention et de tout

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