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DES SAVANS.

MARS 1822.

À PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE:

1822.

Le prix de l'abonnement au Journal des Savans est de 36 francs par an, et de 40 fr. par la poste, hors de Paris. On s'abonne chez MM. Treuttel et Würtz, à Paris, rue de Bourbon, n.o 17; à Strasbourg, rue des Serruriers, et à Londres, n.o 30 Soho-Square. Il faut affranchir les lettres et l'argent.

Tout ce qui peut concerner les annonces à insérer dans ce journal; lettres, avis, mémoires, livres nouveaux, &c. doit être adressé, FRANC DE PORT, au bureau du Journal des Savans, à Paris, rue de Ménil-montant, n.° 22.

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MÉMOIRE sur les cours d'eau et les canaux d'arrosage des Pyrénées-orientales, par M. Jaubert de Passa, conseiller de préfecture du département des Pyrénées-orientales; précédé du rapport sur ce mémoire à la Société royale et centrale d'agriculture, par une commission composée de MM. le chevalier Challan, le-baron de Chassiron, le comte Dubois, le baron Petit de Beauverger, le chevalier Tessier, Yvart, et le vicomte Héricart de Thury, rapporteur. A Paris, de l'imprimerie de M.me Huzard (née Vallat-la-Chapelle), rue de l'Éperon Saint-André-des-Arcs, n.° 7, janvier 1822, in-8., 311 pages.

UN

N même motif, celui de favoriser l'agriculture, a produit deux effets contraires. Dans le nord, où il y a beaucoup de pays humides et

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marécageux et où se trouvent des eaux stagnantes, on a cherché et on a trouvé des moyens de se débarrasser de leur funeste surabondance. Dans le midi, où le soleil dessèche la terre, les habitans de certaines contrées ou localités sont parvenus à la rendre fertile par des irrigations capables de suppléer aux pluies trop peu fréquentes. Cette industrie, devenue indispensable sous un ciel ardent, est encore utile même sous d'autres températures, où l'on peut s'en servir pour multiplier des productions; aussi l'emploie-t-on dans plusieurs pays, afin de doubler les récoltes en fourrages. Les sociétés d'agriculture, convaincues de cet avantage, n'ont pas négligé dans leurs travaux la propagation d'une aussi intéressante pratique. Celle qui est le centre des autres, et qui s'assemble à Paris, a provoqué des recherches sur l'origine des irrigations, sur la manière dont elles s'opèrent, sur les lois qui les régissent, et sur toutes les circonstances qui les accompagnent.

L'irrigation, comme beaucoup d'autres pratiques, est née de l'observation; c'est la nature qui l'a créée. Un cultivateur a vu que là où couloit un ruisseau, la terre sur ses bords se couvroit de verdure et produisoit une végétation plus belle; il a été conduit à introduire sur sa propriété l'eau dont il pouvoit disposer, et il est parvenu à la fertiliser. De proche en proche sans doute il a eu des imitateurs, qui ont obtenu le même succès. De ces premières tentatives à un véritable système d'arrosage, il y a moins d'intervalle qu'on ne pourroit penser ; il n'a fallu que commencer, pour faire trouver des moyens de perfectionnement. C'est surtout dans le voisinage des montagnes, où il y a des pentes, qu'un système a pu s'établir d'abord avec avantage, en prenant l'eau à des ruisseaux rapides. Peu à peu on a fait servir des rivières au même objet, à l'aide de travaux qui en ont partiellement exhaussé le niveau. Maintenant on construit des machines plus ou moins ingénieuses, pour élever, autant que possible, ce fluide, auquel nous devons principalement la fertilité de notre sol, afin de lui donner une hauteur qui permette de le répandre sur des prairies basses. Telles sont, selon nous, l'origine de l'irrigation et la marche naturelle de cette précieuse pratique, qu'on a établie en système dans plusieurs de nos départemens. C'est à celui des Pyrénées-orientales, comme le plus intéressant sous ce rapport, que s'attache l'auteur de l'ouvrage que nous faisons connoître. Cet ouvrage auroit été quelque temps sans paroître, si M. Jaubert de Passa n'avoit cédé, en le laissant publier, au desir que lui en a témoigné la société royale et centrale d'agriculture.

Il est divisé en cinq titres ou paragraphes. Le premier contient des recherches historiques, dont nous allons donner quelque idée.

«Le système d'irrigation des Pyrénées-orientales est une sage appli»cation du droit romain à la nature du sol que devoient fertiliser de » nombreux canaux ; il a résisté aux révolutions et traversé des siècles, » parce que le peuple est sur-tout intéressé à sa conservation. Les » lois usagères sont gravées dans la mémoire du cultivateur; il les invoque en faveur de son industrie et pour assurer le produit de ses » travaux, &c.

» Lorsque les Romains parurent pour la première fois sur les côtes » de la Gaule narbonnaise et de la Celtibérie, les peuples de ces con»trées étoient déjà réunis en corps de nation. La victoire les subjugua, » mais ils conservèrent leurs institutions et leurs lois. Le droit romain » puisa même dans les lois celtiques quelques-unes de ses dispositions, >> adoptions heureuses autant que prudentes, qui posoient les fondemens » de la législation coutumière, devenue plus tard commune à tout le » midi des Gaules. On a dit que les Romains avoient trouvé établies » chez les Étrusques les premières lois sur les irrigations des terres : cette » assertion expliqueroit peut-être comment le Roussillon trouva plus » tard dans l'adoption du code romain, bien qu'encore imparfait, les » garanties que réclamoient son industrie et les localités. On a dit aussi » que l'arrosage étoit connu dans les environs de Bilbilis, long-temps » avant la conquête de l'Ibérie: mais, quoi qu'il en scit, que les lois » usagères aient été l'ouvrage des anciens peuples de l'Espagne ou de » la Gaule, ou qu'elles soient dues aux comtes souverains, on trouvera » toujours dans la législation presque complète des Romains sur les » cours d'eau, la preuve irrécusable qu'ils ont bien connu l'irrigation des

>> terres. >>

Les Wisigoths succédèrent aux Romains dans la possession de la Gaule narbonnaise; ils ne se livrèrent que tard à l'agriculture: il ne paroît pas qu'ils aient rien changé aux institutions relatives à l'arrosage.

Les Sarrasins, qui vinrent après, conservèrent aux vaincus leurs propriétés et leurs coutumes; le respect pour les lois de l'arrosage fut une des conditions des traités.

Dans la suite, Charles Martel délivra l'Europe de l'invasion qui la menaçoit, et Pépin repoussa les Maures au-delà des Pyrénées. Ceux-ci favorisèrent l'agriculture, qu'ils avoient étudiée dans l'orient; ils connoissoient l'arrosage d'Égypte par submersion. Un de leurs auteurs, D.Abu-Zacaria, plus connu sous le nom d'Ebn-al-Awam, a fait un traité complet d'agriculture: on y trouve des notions curieuses sur l'arrosage des terres et sur la construction des réservoirs pour les temps de sécheresse.

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