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tif, le sang des veines mésentérques, splénique et porte, et celui des autres vaisseaux; tous ces fluides furent analysés chimiquement. La composition du chyle, comparée à celle de différentes sortes de sang, donna lieu aux questions suivantes :

1.° « Quelles sont les substances prises par les vaisseaux absorbans » du canal intestinal et versées dans le canal thorachique!

2.° » Certaines substances passent-elles en même temps dans le » canal thorachique et dans le sang contenu dans les veines mésente» riques, splénique et porte!

3.°» Certaines substances ne se rencontrent-elles pas exclusivement » dans le sang du système de la veine porte, et non dans le chyle du » canal thorachique ! »

Les expériences pour éclaircir ces différens points ont conduit les auteurs à des recherches sur la fonction de la rate et sur les voies cachées de l'urine.

Il n'est pas aussi aisé qu'on pense de bien faire des expériences et d'en tirer les justes conséquences. Pour que des expériences soient probatoires, il faut qu'on ait pris bien des précautions, qu'on n'ait rien négligé, que tout ait été pour ainsi dire calculé. Nous avons eu occasion de connoître des hommes d'une grande réputation, qui ne sentoient pas qu'on ne pouvoit compter sur les résultats qu'ils obtenoient de faits isolés. Nous sommes loin d'appliquer cette réflexion à MM. Tiedeman et Gmelin, qui paroissent avoir mis beaucoup de soin dans leurs re

cherches.

Le nombre de leurs expériences est de seize; elles ont consisté dans l'introduction de substances odoriférantes, colorantes et de composés salins, dans l'estomac et le canal intestinal.

Après la description de chacune de ces expériences, les auteurs en exposent les résultats dans six articles: dans le premier, ils considèrent les effets des substances odorantes, colorantes, et des composés salins, qu'ils ont employés ; ce sont le camphre, le musc, l'alcool, l'essence de térébenthine, l'ail, l'assa-foetida. Leur présence fut reconnue dans l'estomac et dans les diverses parties du canal intestinal; il en fut de même du principe colorant. Les auteurs avoient fait avaler à des animaux de f'indigo, du vert d'iris (1), de la gomme gutte, de la garance, de la rhubarbe, de la teinture de tournesol, Plusieurs de ces principes colorans, ainsi qu'ils le remarquèrent, ne sont pas détruits par l'action de l'estomac

(1) Le vert d'iris est composé avec le suc de rhamnus catharticus et la solu tion d'alun.

et du canal intestinal. La plus grande partie de ces substances est évacuée avec les excrémens. La teinture de tournesol change de couleur dans l'estomac, et devient rouge; le suc gastrique des chiens, des chats, des lapins et des chevaux, rougit à la manière des acides. A mesure que cette teinture avance dans le canal intestinal, la nature acide se perd; et ce fluide, secrété dans le cæcum rougit fortement la teinture de tournesol, ce qui fait croire que cet intestin remplit les fonctions d'un second estomac : la même chose a lieu dans le jabot des poules. Il paroît aux auteurs que dans le suc gastrique il y a deux acides, un fixe et un volatil; le premier est un acide acétique, et le second un acide lactique. Les sels terreux et métalliques sont rejetés avec les excrémens; quelques-uns passent dans l'urine, très-peu dans le sang des veines mésentériques et de la veine porte.

Les résultats du second article sont relatifs au chyle. Les auteurs ne purent reconnoître par la couleur, et par les réactifs chimiques, les substances colorées qu'ils avoient administrées aux animaux, ni dans le chyle du canal thorachique, ni dans les vaisseaux lymphatiques du canal intestinal, ni dans le chyle que contenoient ces vaisseaux. Ces résultats, d'accord avec ceux du célèbre Hallé, si digne de nos regrets, sont contraires aux expériences de plusieurs physiologistes anciens, dont ils donnent les noms et rapportent les opinions; ils ne retrouvent pas davantage les principes odorans dans ces mêmes canaux; observation que Dumas, Flandrin et M. Magendie avoient déjà faite : une fois seulement ils découvrirent le prussiate de potasse dans l'estomac d'un chien, et le sulfate de potasse dans le chyle d'un autre.

Il s'agit, dans l'article 3, des phénomènes vitaux du canal thorachique et des vaisseaux absorbans. Suivant MM. Tiedeman et Gmelin, les parois du canal thorachique sont le siége d'une contractilité vitale, prouvée par la manière dont le chyle s'échappe lorsqu'on pique ce canal après l'avoir lié; c'est par jet qu'il en sort. Mascagni et Bichat attribuèrent ce qui se passe alors à une simple élasticité, qui supposeroit que quand l'animal est mort le chyle a un effet semblable, tandis que le contraire a lieu. La même action vitale existe dans les vaisseaux lymphatiques du canal intestinal.

Au quatrième article, les auteurs rapportent les résultats qu'ils ont obtenus, relativement au sang considéré dans les veines mésentériques, dans la splénique et la veine porte. Lès qualités des substances qu'ils avoient fait prendre aux animaux, se sont retrouvées dans ces organes; d'où il suit que le canal thorachique n'est pas la voie unique et exclusive à travers laquelle les substances passent du canal intestinal

dans la masse du sang. Il existe donc un passage pour porter les substances odorantes, colorantes et les composés salins, de l'estomac et du canal intestinal dans la veine porte; voici comment les auteurs cherchent à l'expliquer : « Ou tous les vaisseaux absorbans du canal intestinal ne » s'abouchent pas au canal thorachique, et alors une partie de ces; » vaisseaux s'anastomose aux veines qui concourent à former le système. » de la veine porte; et c'est au moyen de ces vaisseaux absorbans que » les substances prises dans l'estomac et dans le canal intestinal passent » dans la veine porte; ou il existe un passage immédiat à travers lequel » ces substances sont portées de l'estomac et du canal intestinal dans » les veines ; ou enfin ces deux dispositions existent simultanément. » Le cinquième article est consacré à des considérations sur la fonction de la rate, viscère qui est dans un rapport très-intime avec le système absorbant: la rate est destinée à séparer du sang artériel un fluide coagulable, qui est pris ensuite par les vaisseaux absorbans et porté dans le canal thorachique, afin d'assimiler le chyle à la masse du sang. Les auteurs appuient cette théorie de beaucoup de raisonnemens, dans lesquels nous ne les suivrons pas.

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Il ne nous reste plus qu'à parler des résultats qui ont rapport à l'urine; ils sont l'objet du sixième et dernier article. Dans ce liquide, les auteurs ont retrouvé plusieurs des substances qui, dans les expé riences, avoient été données aux animaux, telles que l'essence de térébenthine, la rhubarbe, l'indigo, la gomme gutte, le prussiate et le sulfate de potasse; ce qui paroît d'autant moins étonnant, que, dans l'usage ordinaire de la vie, des substances que nous avons prises par la bouche, pénètrent très rapidement dans la vessie. Les asperges, la térébenthine et certains liquides en offrent des exemples que tout le monde connoît; on ne doute pas que, dans ce cas, les substances, au lieu de parvenir à ce viscère par la voie longue de la circulation, ne prennent une route directe et cachée, par laquelle elles y arrivent trèspromptement.

En résumant les principaux résultats de leurs expériences, MM. Tiedeman et Gmelin croient,. que les substances alimentaires, odoriférantes, colorantes et les composés salins, absorbés dans l'estomac et le canal intestinal, peuvent passer après avoir été mêlés aux divers fluides, dans la masse du sang par plusieurs routes, savoir, par les vaisseaux lymphatiques et le canal thorachiques, par d'autres vaisseaux lymphatiques qui s'anastomosent avec les veines dans les ganglions mésentériques et par les racines de la veine porte; 2. que les substances portées dans le système sanguin, à travers le canal thorachique et sous

forme de chyle, se mêlent, à leur passage à travers les ganglions mésentériques et le canal thorachique, avec un fluide rougeâtre, coagulable, qui assimile le chyle à la nature du sang; 3.° que les substances qui passent par la veine porte, éprouvent, par leur mélange avec le sang veineux et le travail de la secrétion bilieuse, un changement qui les rapproche de la composition du sang.

Nous pensons que MM. Tiedeman et Gmelin, pour éclaircir des points de physiologie très-difficiles, ont employé la seule méthode propre à remplir le but, celle des expériences, et que les résultats qu'ils en ont obtenus peuvent contribuer aux progrès de la science. TESSIER.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE, ET SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES.

Le 13 mai, aux funérailles de M. Van-Spaendonck, membre de l'académie royale des beaux-arts, M. Quatremère de Quincy, secrétaire de l'académie, a prononcé le discours suivant: « Le digne et à jamais regrettable confrère auquel nous disons le dernier adieu, fut, comme vous le savez, une de ces conquêtes que les arts de la France se vantoient depuis long-temps d'avoir faites sur ce pays voisin, où la nature avoit placé l'école spéciale d'un genre de peinture intimement lié à la science et aux études du règne végétal. Les ouvrages de M. Van-Spaendonck, dont le nom désormais sera prononcé immédiatement après celui de Van-Huysum, ont peut-être marqué le terme que ne pourra plus dépasser l'art de peindre les fleurs. S'il est vrai qu'en cette partie l'imitation soit arrivée au point de remplacer la nature, pour le charme des yeux, et aussi pour l'étude physiologique des plantes, il sera donné sans doute aux artistes d'égaler en ce genre les travaux de leurs prédécesseurs, mais il leur sera difficile d'ajouter à l'utilité que la science peut en retirer... Le nom de M. Van-Spaendonck étoit encore sur la liste des académiciens présens à votre dernière séance, et rien chez lui n'avoit pu nous faire pressentir que ce nom alloit être rayé de la liste des vivans. Toutefois M. Van-Spaendonck étoit arrivé aux dernières années de la vie humaine. Lorsque nous portons nos regards en arrière d'un demi-siècle, nous le voyons déjà figurer avec honneur dans les expositions du Louvre. Membre déjà ancien de l'académie de peinture, lors de sa dissolution; membre de l'Institut dès sa création; doyen, sinon d'âge, au moins d'élection, de l'académie actuelle des beaux-arts, il semble qu'il auroit dû, par l'antiquité de tous ces titres, nous avertir que son heure ne pouvoit guère être éloignée. Et cependant il n'en fut pas ainsi. C'est que rien, ni dans sa personne, ni dans son esprit, ne sembloit avoir vicilli. Une grande urbanité de manières, l'usage du monde, la conservation des qualités extérieures dont la nature l'avoit doué, tout contribuoit à nous faire illusion sur son âge. II sembloit l'ignorer lui-même. Nul en effet n'étoit plus actif pour remplir nonseulement les devoirs d'obligation, mais ceux même qui ne tiennent qu'aux bienséances sociales. Nul n'étoit plus exact à s'acquitter des moindres soins,

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de ceux même que l'académie auroit desiré lui épargner. Nul, dans la force de l'âge, n'eût mis plus de zèle à satisfaire aux divers travaux dont la variété de, ses talens l'avoit chargé, et qu'il sut allier, sans aucune discontinuation, à l'exercice de son art. Par un bonheur assez rare, au milieu de ces secousses violentes qui ont opéré dans la direction d'un grand nombre de talens tant de dérangemens et de déviations, M. Van-Spaendonck, resté fidèle à sa vocation, se procura, dans la liaison de son art avec les sciences naturelles, un asyle contre les orages de la révolution. Professeur d'iconographie au Jardin des plantes, il trouva le moyen d'être utile sans exciter l'envie, partageant son temps entre l'art de peindre les charmes de la nature, et celui d'enseigner à les connoître et à les reproduire... Tel étoit le caractère singulièrement distinctif de cet homme estimable, qu'il auroit pu par-tout ailleurs échapper encore au choc de toutes les passions alors déchaînées... Il avoit un préservatif contre toutes les haines; c'étoit un fond de bienveillance inépuisable, un esprit si bien réglé, une raison si égale, un tel éloignement pour les excès, un zèle pour le juste et le vrai si bien tempéré, que chacun l'eût pris pour arbitre et pour conciliateur... Comment, avec un aussi rare caractère, qu'il ne faut pas confondre avec celui de l'égoïste indifférent et adulateur, comment M. VanSpaendonck n'auroit-il pas recueilli de toute part, après que la paix nous fut rendue, le fruit de ses heureuses qualités! Rien effectivement depuis n'a manqué à son bonheur. Il n'a point, comme cela arrive trop souvent, survécu à son talent; que dis-je! son talent lui survit encore dans un frère qui, digne d'être son rival et son successeur, perpétuera par de nouveaux ouvrages un nom que l'on comptera dans le petit nombre de ceux qui auront illustré l'art, plus encore qu'ils n'en auront été illustrés. »

« Qu'il me soit permis à mon tour, a dit M. le baron Cuvier, de déposer un triste et dernier tribut sur la tombe du grand artiste que nous avons perdu.... Dès sa première jeunesse, M. Van-Spaendonck n'a vécu en quelque sorte que pour le Jardin du Roi. Né dans la patrie des Breughel et des Van-Huysum, élevé dans cette école hollandaise qui porta dans l'imitation de la nature un fini si pur et si précieux, il trouva que ce vaste établissement, le temple le plus grand et le plus beau qui ait été consacré à la nature, étoit digne de devenir pour lui une seconde patrie. Où pouvoit-il, en effet, choisir plus heureusement sa demeure qu'au milieu de ces productions riantes dont son art devoit immortaliser les beautés fugitives! Chaque année les fleurs sembloient y renaître pour lui; chaque année elles sembloient rivaliser d'éclat et lui offrir de nouveaux traits, des nuances inaperçues dont il pût enrichir ses compositions. Ses tableaux y étoient sans cesse à côté de ses modèles; mais leur comparaison ne fut jamais qu'un motif d'admiration de plus. Et cependant ce n'étoient pas des hommes ordinaires qu'il avoit pour premiers juges; c'étoient les plus profonds connoisseurs de cette nature dont il retraçoit des images si vives. M. Van-Spaendonck peignoit les plantes dans le lieu même où Jussieu en parloit; il peignoit à côté de Buffon, de cet autre peintre si brillant aussi, et si sublime.... Comment, au milieu d'une telle société, n'auroit-il pas été enflammé de cet enthousiasme, source nécessaire de tout grand talent et cet enthousiasme ne respire-t-il pas en effet dans ses ouvrages! A voir cette vie, ce prodigieux effet de ces simples groupes de fleurs, ne diroit-on pas qu'un feu particulier les anime!... Que ne puis-je faire entendre ici la voix de ses innombrables élèves, qu'avec tant de complaisance et une assiduité si soutenue, il; initioit aux secrets de son art!

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