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ROYA

MERCURE

DE FRANCE.

SEINE

No. DCLXXVII.-Samedi 1. avril 1815.
N°.

POÉSIE.

HYMNE A LA PROVIDENCE,

Par les élèves de l'institut d'éducation de M. PESTALOZZI, établi à Yverdun, en Suisse.

Les merveilles de la nature attestent la puissance,

la grandeur et la bonté de Dieu.

PREMIÈRE STROPHE.

Un Instituteur, au nom de M. Pestalozzi.

ASSEMBLAGE étonnant des merveilles du monde,
Où s'exprime de Dieu la sagesse profonde;
Nature, dont nos yeux admirent la beauté :
Nous chantons tes bienfaits, ta noble majesté.
Nous célébrons ce Dieu, dont ta magnificence
Manifeste en tous lieux l'invisible présence.
Sa grandeur est partout. Et la voûte des cieux,
Et les plaines de l'air, et l'astre radieux

Qui parcourt en vainqueur l'un et l'autre hémisphère,
Et du flambeau des nuits l'inégale lumière;

Ces corps étincelans, vastes mondes épars,
Qu'interrogent en vain nos avides regards;
Les fleurs dont, au printemps, la terre se couronne
Les moissons de l'été, les doux fruits de l'automne,
Et l'hiver, hérissé de ses âpres frimats : *
Tout d'un Dieu créateur attesté la puissance;
D'un Dieu conservateur tout peint la providence.

Adorons, ô mes fils, ce père des humains!
L'univers tout entier est l'œuvre de ses mains.
Du mortel bienfaisant, sa véritable image

Le cœur pur, à ses yeux, est le plus digne hommage.
La nature avec nous célèbre sa bonté,

Sa gloire, sa grandeur, sa noble majesté.

(Cette dernière partie de la strophe doit être répétée par le chœur.)

SECONDE STROPHE.

UN JEUNE GARÇON, au nom de ses camarades.
QU'IL est puissant ce Dieu qui gouverne les mondes,
Qui règle les saisons, qui règne sur les ondes,
Qui tour à tour apaise et soulève les mers;
Qui dit au fier lion : sois le roi des déserts;
Qui dit à l'aigle altier, aux ailes étendues :
Sois rival du soleil, et plane sur les nues;
Qui protège à la fois les plus faibles oiseaux,
Les insectes rampans, les humbles arbrisseaux;
Qui ne dédaigne point la moindre créature,
Et prodigue ses soins à toute la nature!

LE CHOEUR DES JEUNES GARÇONS.

Élevons jusqu'à lui nos cœurs reconnaissans :
O père des humains! nous sommes tes enfans.
UN JEUNE GARÇON continue.

Nous voulons mériter tes bontés paternelles.
Fais briller à nos yeux ces clartés immortelles

Qu'admirent tes élus au céleste séjour.

Ta loi, Dieu bienfaisant, est une loi d'amour.

Fais que tous les mortels s'aiment comme des frères;
Qu'à l'envi l'un de l'autre, au sein de leurs misères,
Par d'utiles secours, par des soins généreux,

Ils mettent leur bonheur à faire des heureux !
Qu'ils imitent ainsi tes sublimes exemples;
Qu'à toutes les vertus ils consacrent des temples;
Et que, par des bienfaits honorant ta bonté,
Ils offrent des cœurs purs à la Divinité !

TROISIÈME STROPHE.

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UNE JEUNE FILLE, au nom de ses compagnes. De ce Dieu tout-puissant le culte plein de charmes N'exige point de nous un vain tribut de larmes. D'une innocente joie il pénètre nos cœurs; Il nous fait de sa loi savourer les douceurs. De la hauteur des cieux qui roulent sur nos têtes y Il contemple nos jeux et sourit à nos fêtes : Il écoute nos chants, il aime nos plaisirs; Sa bonté paternelle exauce nos désirs. Il soutient l'infortune; il protége l'enfance, Prête son bras vengeur à la faible innocence; Il est du malheureux le refuge et l'appui : Nos chants religieux s'élèvent jusqu'à lui.

UN JEUNE GARÇON, au nom de ses camarades.

C'est toi, Dieu protecteur, qui créas cet asile,
Où, par les soins d'un père indulgent et facile,
Dont les sages discours, les tendres sentimens
Eclairent nos esprits et forment nos penchans,
Le culte des vertus et l'amour de l'étude

Sont pour nous, dès l'enfance, une douce habitude.

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LE CHOEUR DES JEUNES GARÇONS ET DES JEUNES FILLES.

Conserve-nous ce père, objet de notre amour;
Conserve-nous la paix de notre heureux séjour.
Exauce, Dicu puissant, l'innocente prière
Que des enfans soumis adressent à leur père;
Et puissions-nous un jour, dignes de ta bonté,
Par d'utiles vertus servir l'humanité !

MARC-ANTOINE JULLIEN,

Chevalier de la Légion d'honneur.

LE BOSQUET.

SALUT, bosquet chéri! salut, riant asile!
Le sage te préfère au fracas de la ville;
Dans tes mille détours, en rêvant, égaré,
Il savoure à longs traits un bonheur ignoré.
Tout lui plaît et tout parle à son âme attendrie.
Le ruisseau qui serpente à travers la prairie,
Des arbres agités le doux frémissement,
Tout nourrit de son cœur le vague sentiment.
Combien de fois moi-même, assis sous ton ombrage,
Je t'appris mes secrets et mon doux esclavage!
Combien de fois aussi l'écho du mont voisin

De mes chants amoureux répéta le refrein!

Voici le chêne altier dont l'ombre séculaire

Protégea le repos de ma faible paupière.

C'est dans ce doux réduit, vers le déclin du jour,

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Que bercé par l'espoir, mon cœur rêvait l'amour.
Là, japerçois l'enceinte où seul avec ma mère
J'arrose de mes pleurs la cendre de mon frère.
Le soir, lorsque Morphée agite ses pavots
Sur les faibles mortels avides de repos,
Je viens dans cette enceinte à la mort consacrée,
Dire un chant de douleur sur la tombe sacrée.

Mais quittons cette asile où veillent les regrets
Glissons-nous doucement sous ce taillis épais.

O souvenirs empreints d'amertume et de charmes!...
Témoin de mon bonheur, sois témoin de mes larmes.?
C'est ici que Zulmy a couronné mes feux; -
C'est ici qu'en pleurant, j'ai reçu ses adieux,
Rossignols, suspendez votre brillant ramage.
Qu'est devenu le temps où sur le vert feuillage,
Assis près de Zulmy et soupirant des vers,
A vos concerts d'amour j'unissais mes concerts?
Hélas!.... mais de mon cœur étouffons le murmure.
Dans ce bosquet riant, orgueil de la nature,
Tout enivre mes sens, tout charme mes regards.
J'admire ce palmier aux longs rameaux épars,
Et suivant du ruisseau la course vagabonde,
Je mêle mes soupirs aux soupirs de son onde.
Adieu, toi qui me vis au printemps de mes jours,
Cultivant les beaux arts, l'amitié, les amours
Tu me verras encore au déclin de ma vie,
Bosquet chéri! guidé par la mélancolie,
Sous ton feuillage épais qu'agite le zéphyr,
Chaque soir je viendrai chercher un souvenir.

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Auprès d'elle attiraient papillons et zéphyrs,

Troupe inconstante et bigarrée,

Dont au matin la Rose est adorée.

De leurs vœux la coquette enchantait ses loisirs;
Aucun én vain ne poussait de soupirs.

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