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Discussions entre le gouvernement des États-Unis d'Amé-
rique et le gouvernement anglais au sujet de la naviga-
tion du Saint-Laurent.

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QUATRIEME PERIODE.

DEPUIS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, 1789, JUSQU'A
NOS JOURS.

$ 1. Application

d'intervention

dans les guerres de la révolution française.

On doit chercher l'origine de la première guerre de la révolution française dans l'application du principe de l'interven- du principe tion armée, par les puissances alliées, aux affaires intérieures de la France, pour arrêter le progrès de ses principes révolutionnaires, et l'extension de sa puissance militaire sur le continent. L'histoire atteste que ce motif était bien celui avoué par les puissances alliées dans la guerre continentale de 1792, et, comme tel, fournissant un exemple convaincant du danger provenant de la tentative d'incorporer dans le code international un principe si indéfini et si susceptible d'abus dans son application pratique. L'histoire antérieure de l'Europe, comme nous l'avons vu, avait offert plusieurs cas d'intervention par des états européens dans les affaires l'un de l'autre, quand les intérêts et la sécurité des puissances intervenantes étaient immédiatement menacés par ce qui se passait chez les autres nations. Telles étaient les interventions des puissances catholiques et protestantes en faveur des adhérents à leur foi religieuse pendant les guerres qui succédèrent à la réformation, et les différentes ligues formées pour réprimer d'abord l'agrandissement de l'Autriche, et ensuite celle de la maison de Bourbon qui menaçait la sécurité générale, en derangeant l'équilibre entre les puissances européennes. Suivant l'opinion des cours alliées, et des publicistes qui soutenaient leur cause,

la

§ 2.

Origine de la guerre continentale de 1792.

révolution française présentait un danger imminent pour l'or-
dre social de l'Europe, par la propagation des principes révo-
lutionnaires de la France, et en même temps pour l'équilibre
de puissances, par l'étendue croissante de son empire
militaire.

D'un autre côté, la France réclamait le principe de la non-
intervention et de l'indépendance des nations. Pour juger ce
grand litige en connaissance de cause, il faut retracer l'histo-
rique des négociations qui ont précédé la guerre.

L'assemblée nationale avait compris dans l'abolition des
redevances féodales et des dimes, les possessions des princes
allemands, tant séculiers qu'ecclésiastiques, dans les provinces
dont la souveraineté avait été cédée à la France par le traité
de Westphalie, avec la réserve des droits de propriété privée
et de juridiction. Des plaintes furent adressées au gouverne-
ment français de la part des états de l'Empire, et le 28 octobre
1790, l'assemblée nationale publia un décret autorisant le roi
à ouvrir des négociations au sujet d'une indemnité pécuniaire
pour les réclamants. Cette offre ayant été rejetée, l'affaire fut
portée par l'empereur Léopold II devant la diète, qui pro-
nonça son conclusum le 10 décembre 1791, par lequel on
priait l'empereur de conserver les droits et les propriétés des
états de l'Empire, contre l'usurpation de la France; on déclara
que les réclamants avaient droit à l'assistance de l'Empire;
on invoqua la protection des puissances, garantes de la paix
de Westphalie, et un armement général fut décrété. Ce con-
clusum fut ratifié par l'empereur, qui demanda de nouveau
justice en faveur des princes lésés, dans une lettre adressée
à Louis XVI, en date du 3 décembre 1791. Dans la réponse
du roi des Français, en date du 15 février 1792, il renouvela
l'offre déjà faite de traiter sur les bases d'une indemnité pé-
cuniaire, et il refusa la demande du rétablissement du statu
quo,
comme étant incompatible avec la nouvelle constitution
française; mais il proposa d'étendre l'indemnité pécuniaire

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aux arrérages des revenus dus aux princes allemands, depuis le décret du 4 août 1789, qui abolissait les droits féodaux. Plusieurs princes allemands profitèrent de cette offre, mais les conventions arrêtées avec eux devinrent inapplicables par suite d'événements subséquents'.

Il n'est guère probable que cette question eût amené la guerre, si elle n'eût été jointe à d'autres incidents d'une plus grande importance.

Les princes français et d'autres émigrés qui s'étaient réfugiés dans les électorats ecclésiastiques du Rhin, s'assemblèrent, et s'armèrent dans l'intention d'envahir la France. Le comte d'Artois eut une conférence avec l'empereur Léopold à Mantoue, le 20 mai 1794, et reçut des assurances de coopération de la part de l'Autriche et de l'Empire. On a même dit qu'un traité formel d'alliance fut signé à Pavie, le 6 juillet, entre l'Autriche, la Prusse et l'Espagne, pour le partage des provinces frontières de la France. Il est douteux que ce traité ait jamais existé; mais ce dont on ne peut douter, c'est que Léopold II adressa, le même jour, une circulaire aux principales puissances européennes, dans laquelle il les invita de déclarer à la nation française que les souverains regardaient la cause de Sa Majesté Très-Chrétienne comme la leur; qu'ils exigeaient que ce monarque, ainsi que toute sa famille, fussent mis en liberté sur-le-champ, avec la permission de voyager où ils le désireraient; qu'ils fussent traités avec les égards dus par des sujets à leurs souverains; que les grandes puissances se réuniraient pour venger une offense quelconque contre la liberté, l'honneur et la sécurité du roi et de sa famille; qu'ils

1 SCHOELL, Histoire des traités de paix, vol. IV, pp. 172—180. Il est assez remarquable que l'empereur, dans sa correspondance avec Louis XVI, qui était en latin, se plaignît que les lettres de ce dernier étaient écrites en français, tandis que l'usage reçu demandait que toute affaire entre l'empereur et la France fût traitée en latin.

ne regarderaient comme lois constitutionnelles que celles auxquelles le roi aurait donné son libre consentement; et enfin qu'ils se serviraient de tous les moyens pour terminer le scandale d'une usurpation fondée sur la rébellion, et dont l'exemple était funeste à tous les gouvernements '.

Il paraît évident qu'aucun traité pareil ne fut formellement signé à Pavie, d'après le contenu d'une convention qu'on sait avoir été faite à Vienne le 15 juillet, entre l'Autriche et la Prusse, par laquelle elles arrêtèrent qu'un traité d'alliance serait conclu entre elles aussitôt que la paix serait faite entre la Russie et la Porte-Ottomane, et que l'impératrice de Russie, ainsi que les deux puissances maritimes, la Grande-Bretagne et la Hollande, seraient invitées à y accéder 2.

Un mois après la signature de ces préliminaires, l'empereur, le roi de Prusse, et l'électeur de Saxe, eurent la fameuse conférence de Pilnitz, à laquelle assistèrent le comte d'Artois et plusieurs émigrés français de distinction. A cette réunion, les deux premiers souverains signèrent en commun, le 27 août, une déclaration conçue dans des termes assez vagues et généraux, portant qu'ils regardaient la situation du roi de France comme un objet d'un intérêt commun à tous les souverains de l'Europe; et exprimant l'espoir que cet intérêt serait reconnu par les puissances dont on avait réclamé le secours; et qu'ils ne refuseraient pas d'employer, conjointement avec leursdites Majestés, les moyens les plus efficaces, relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d'affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique, qui serait également convenable aux droits des souverains et au bien-être de la nation française; que dans ce cas l'empereur et le roi de Prusse étaient résolus d'agir promptement d'un mutuel accord avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé et commun. Qu'en

1 SCHOELL, Histoire des traités de paix, vol. IV, p. 185. 2 MARTENS, Nouveau recueil des traités, vol. V, p. 236.

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