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Quelques années plus tard, d'autres expéditions eurent un meilleur succès. Les Français de la Normandie où les Normands, équipèrent à Dieppe deux navires; ils partirent au mois de novembre 1364, et dépassant les Canaries, arrivèrent vers la Noël au cap Vert, sous lequel ils mouillèrent dans une baie qui depuis ce temps a conservé le nom de baie de France. Après avoir recueilli de l'ivoire, ils continuèrent d'avancer au sud, touchèrent à Boulombel (Sierra leone), ensuite au cap de Monte et s'arrêtèrent enfin à l'embouchure d'une petite rivière près d'un village, qu'ils nommèrent Petit-Dieppe; ils opérèrent leur retour à Dieppe au mois de mai 1365.

Au mois de septembre suivant, 1366, des marchands de Rouen s'associèrent avec ceux de Dieppe, et il fut armé quatre navires pour renouer les relations commerciales avec les nègres. Deux des navires firent leur traite au Petit-Dieppe; un troisième alla opérer son chargement en malaguette, à l'embouchure d'une rivière plus éloignée, devant un village auquel ils donnèrent le nom de Paris; le quatrième navire poussa plus loin encore et se procura une grande quantité d'ivoire et quelque peu d'or chez des peuples moins sociables.

Ces expéditions furent continuées tous les ans par les armateurs de Rouen et de Dieppe, qui établirent ainsi des comptoirs au cap Vert, à Boulombel, au cap de Monte, au Petit-Dieppe et à Paris.

Ce n'est qu'en 1380, qu'un navire expédié de nouveau de Rouen s'avança jusqu'au lieu d'où l'on a d'abord rapporté de l'or; il y arriva en décembre, trouva les habitants mieux disposés et revint à Dieppe, après un voyage de neuf mois.

L'année suivante, 1381, le 28 septembre, il partit de Dieppe trois navires. L'un s'arrêta au point où l'on avait déjà traité, et qu'on appelait la Mine, à cause de la grande quantité d'or qu'on y avait recueillie; l'autre alla jusqu'à Mouré; le troisième jusqu'à Akara. On envoya de nouveau trois navires en 1383, deux étaient chargés de matériaux de construction pour bâtir à Mina un comptoir, où l'on laissa dix à douze personnes; le troisième, contrarié dans ses opérations par les marées, revint avant les autres et fut réexpédié, pour ravitailler la Mina.

Cet établissement prospéra jusqu'en 1410. A cette époque désastreuse pour la France, les expéditions se ralentirent, puis cessèrent tout à fait (26).

delor, algorn de sen Lorens, qui es a x de agost, e fo en lany MCCCXLVI. - Cette expédition est confirmée par une autre carte contemporaine du catalan Macia de Villadestes de l'année 1457 (Tastu sur la carte catalane, notices et extraits, t. XIV). Un manuscrit de la bibl. d'Usodimare, qui appartenait autrefois aux archives secrètes de Gènes, répète cette mention avec quelques variantes et explications. Recessit de ciuitate Majorigarum galleatia una Joannis Ferne catalani, in festo sancti Laurentii, quod est in decima die mensis augusti a. d. 1346, causa cundi ad riu Auri, et de ipsa galleatia nunquam postea aliquid novum habuerunt. Istud flumen de longitudine vocatur Vedamel

sols et le fleuve plein); similiter vocatur riu Auri, quia in eo colligitur aurum de paiola

(G. Graeberg, annali di geografia edi statistica, t. II, p. 290). Voyez D'Avezac, notice, chap. 4, p. 21; Malte-Brun, XIX, p. 521.

(26) Un chirurgien allemand Samuel Braun de Basle, pendant le séjour de trois années, qu'il fit à la côte d'or, de 1617 à 1620, au fort Nassau, apprit par les récits des indigènes que les Français avaient jadis un établissement en Guinée. In dieser Festung Nassau zu More), wie auch zu Accara, hab ich Leuth gesehen, welche 130 jahr alt worden. Die haben mir gesacht: dass die Mina, schon vor etlichen Jahren, von den Frantzosen, so dahin gehandlet, seye angefangen worden. Und die weil alle jahr 3 monat lang, ein solch Regenwetter mit hartem Wind (welchen wir Travada heissen

La navigation vénitienne n'offre pas de dates aussi positives: mais il n'est pas douteux qu'elle visitait les mers septentrionales. Les Génois, d'un autre côté, dominant sur la mer noire, établirent leur marine sur la mer caspienne (27).

La marine variée sur tant de mers, animait le dessin des cartes dans

entstehet, in massen viel Wahren zuschanden werden, haben sie an die Einwohner begert, dass sie mogten ein Magasin oder Packhauss bawen. Welches inen auch die Schwartzen, so mit inen wol zufrieden sind, gern verwilliget haben. Haben also ein zimlich gross Packbauss gemacht, und die Wahren auf das Land gebracht. Also einen guten handel bekommen, besonders weil damalen die Einwohner dess Lands, das Gold, mit gewogen, sonder beym Augenmass verhandlet. Da nun den Portugalesern kund gethan worden, dass die Frantzosen guten handel bey den Schwartzen bekom. men, haben sie dieselbigen ohnversehens überfallen, und dass Packhauss eyngenommen.... Haben also endlich auss diesem Kauffhauss, eine Capell gemacht, welches jezt garfest ist (Fünff Schiffarten, Sam. Brauns, p. 27, publiés à Frankfort en 1652, par les soins de Jean Theodore de Bry). -Le souvenir de cet ancien établissement se conservait en même temps en Normandie. Le père George Fournier, né à Caen (1595, mort 1652), rapporte ce qui suit: avant que les Portugais nous eussent enlevé la Mine, toutte la Guinée était remplie de nos colonies, qui portaient le nom des villes de France dont elles estoient sorties (hydrographie, p. 202, de l'édition 1643; et p. 154, de l'édit. 1667). - En attendant, sur le lieu même, les nouveaux possesseurs de la Mina, les Hollandais, qui savaient qu'un magasin y avait été bâti par les Portugais en l'année 1484, distinguèrent les murailles et les constructions du fort, antérieurement érigées par des Français: dit kasteel (van de Mijn) wort geoordeelt een zeer oudt gebouw te zijn, gelijk zulx de verschillende jaer-aentekeninge in verscheide plaetsen aenwijzen. Aen een vervallen batery, by de onzen voor eenige jaren weer opgemaekt, en de Franse batery genoemt (ter oorzake het een Fransch gebouwscheen en de Fransen, na der inwoonderen zeggen, voor de komste der Portugesen daer gehuistvest waren), vinden d' onzen de zijfertallen van't jaer dertien hondert, zonder de twee volgende letteren te kunnen bekennen (Olivier Dapper (mort en 1690), naukeurige beschrijvinge der afrikaensche gewesten, Amsterd. 1668, p. 439). -Le voyage de D'Elbée en 1669 et 1670, confirme cette observation. Ce magasin français transformé en église et fortifié par les Portugais gardait encore en 1667, la trace de ses anciens maîtres Villault de Bellefond, qui visita alors ces parages, l'atteste de la manière la plus précise : les Hollandais, dit-il, se servent aujourd'hui pour leurs prèsches, de la mème église que nous y bastismes... dans laquelle on remarque encore les armes de France. Ensuite il donne le récit détaillé des expéditions dieppoises exécutées entre 1364 et 1410, que nul n'avait publié avant lui, quoique on sût que la Guinée était remplie de colonies françaises, qui portaient le nom de villes de France, avant l'arrivée des Portugais. Ce récit se trouve compris dans la relation qu'il adressa à Colbert et qu'il fit imprimer en 1669 sous le titre de remarques sur les costes d'Afrique et notamment sur la coste d'Or, pour justifier que les Français y ont esté longtemps auparavant les autres nations (pp. 5, 410-429). — Ce récit est répété par Estancelin, recherches sur les voyages et déconvertes des navigateurs Normands en Afrique, pp. 7 à 14; et par Vitet, histoire des anciennes villes de France, t. II, pp. 1 à 36; (D'Avezac notice des découvertes dans l'océan atlantique, chap. 1 et 10, pp. 2-5; 73 84). Comment s'est il fait, que des entreprises aussi suivies de 1364 se soient éclipsées et aient été ignorées des écrivains jusqu'en 1617; qu'elles aient échappé à la connaissance des marins génois; de manière qu'aucune carte n'a su rendre compte d'une acquisition aussi immense pour la géographie; que le baron normand Bethencourt dans son entreprise de 1402, ignore la navigation dieppoise et n'en fait aucune mention? Il faut avouer que des doutes pénibles chargent ce mystère, démesurément agrandi, ou complétement controuvé. On voit que c'est la prise en possession de la Mina par les Hollandais, qui éveille l'évènement oublié, ou l'inventé; les récits des nègres et la vue des murailles pouvaient contribuer à illusionner l'imagination. La relation de Villault de Bellefond, il faut le présumer, a du ètre puisée dans les registres de l'amirauté de Dieppe, détruits ensuite dans le bombardement de 1694. Mais le relateur n'indiquant point ses sources, a pu être séduit par quelque invention obscure, qui précédemment avait pu surprendre la confiance de Fournier. Ces doutes ne sauraient être levés que par des témoignages contemporains. Les registres de l'amirauté sont détruits, mais ce n'est point là exclusivement qu'on pourrait trouver des témoi⚫ gnages. D'autres archives existent, celles de Rouen, de particuliers, les rouennais participaient aux expéditions dieppoises qui étaient des expéditions faites par des particuliers. Des entreprises qui durèrent quarante ans ont dù laisser quelques indices dans les chartes de commerce: or, ivoire, malaguette, Afrique, Guinée, ne se trouvaient-elles pas quelque part dans les documents de cette époque ? Le moindre témoignage contomporain, directe ou indirect, confirmerait tout ce qu'on a narré postérieurement. Il faut espérer qu'un jour toute incertitude sera levé à cet égard.

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(27) Et encore voz di que la mer... est appelé la mer de Gleveshela (Gheluchelan, Geluchelan, Glebache, Geluche, Cechichelam, Ghelukelar, Geluchelaz, Ghebachela, Gieluche, Gelachalat : variantes du nom de la mer caspienne ou Ghilan des arabes et Khvalinskoïe des russes) et zire environ sept cent milles, et est longe de tous mer, ben doze jornee, et hi met de dénz le flu d'Eufrautes et maites autres flus, et est tout environee de montagne et de terre et novelement les marchians de Jene, najerent por cel mer, car il nont mis leingn où il najerent, et d'iluech vint la soie ke est apelle gelle: dit dans l'annee 1296 Marco Polo (chap. XXIII). - La version latine de ce passage est assez infidèle: et sciatis quod mare Cechichelam, girat octingenta miliaria, et est longe ab omni mare bene duodecim dietas. Et intrant ibi, multa magna flumina, inter quae, intrat fluvius Eufrates, unus de fluminibus paradisi deliciarum. Et veniunt mercatores de levante et navigant per illud mare inde venit sericum quod vocatur ghelle (cap. 15).

la pratique des cosmographes, elle engageait à étudier le ciel et les instruments par lesquels on l'examinait; elle donna la direction à la méthode de la fabrication des cartes tant spéciales que générales.

BEAUX RÉSULTATS; CARTES NAUTIQUES DU XIVe SIÈCLE; DÉCOUVERTES CONTINENTALES; 1320-1410.

108. Les monuments géographiques du xive siècle sont nombreux et de la plus haute importance. Les uns ne nous offrent que la continuation de rouelles figuratives, mais les autres méritent la qualification de véritables cartes géographiques, atteignant à une haute perfection.

Nous avons devant nous cinq images figuratives. Une petite, dessin d'un code d'Arras (no 78 de notre atlas) (28). Cette image offre quelques bizarreries dans l'écriture et dans les noms: not' mdie (Northmandie); Aufrique (Afrique); Mortagne (Mauritania); au-dessus de Hircanie on lit: la mer carpes (caspes, caspienne) et à travers le medescossie (la même mer caspienne qualifiée de mer de Goz, Gucia, Scozia de Marco Polo, cap. 220); Ayse trogene (Asie troïenne, mineure); Ayse gfie (grandissime?).

Une autre se trouve dans un code de Vienne (no 72 de l'atlas).

La troisième vient d'un code de Guillaume de Tripolis (n° 73 de l'atlas) (29).

La quatrième, de forme ovale (n° 70 de notre atlas) est de RANULPHE DE HYGGEDEN ou Ralphe Higden, Hykeden, savant bénédictin du monastère de S. Werberg, dans le comté de Chester où il mourut l'an 1560. Il est auteur d'un ouvrage historique intitulé: polychronicon et accompagné de l'image du monde en question (30).

L'océan environnant de la carte de Ranulfe Hyggeden est décoré par les îles fantastiques et réelles. Citcana (scythique), Appolinnan ? souvenir poétique du séjour d'Apolon hyperboréen?), Dacia (Danemark), Tile (Toule), Wrislad (Frisland, Feroer); Noravega Islanda; Scocia, Man; Anglia, Wallia, Hibernia; Fortunata; Tanigna, Malicus (Malaka? plutôt Malcus mons? par lequel traverse le méridien Syene-arym (Baconis opus maj. p. 195), (voyez la note précédente 2), Salie (Ceilon). Dans la méditerranée les îles sont un peu en désordre. Dans la mer noire les deux épigraphes dérivent, je pense, de dénominations grecques qui se mêlaient en abondance dans les descriptions latines de cette mer, comme on peut le remarquer par les explications que nous avons annotées dans notre portulan général. Dans la carte de Ranulfe, la portion occidentale, très-large, de la mer inscrite dolcos

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(28) L'image d'Arras est dans sa grandeur naturelle. Elle avait été publiée en écriture moderne par François Joseph Mone (Anzeiger für Kunde der teutchen Vorzeit, Karlsruhe 1836). Ma gravure est exécutée sur la copie que M. Grandguillaume, de la société archéologique, a eu l'extrème obligeance de dessiner. Une note complaisante de M. le bibliothécaire Bacouël m'avertit que cette carte se trouve isolée, sur un des derniers feuillets du manuscrit dn xrv siècle, no 820, portant pour titre grammatica Prisciani et dialectica.

(29) Toutes les deux sont copiées de l'atlas de Santarem à unc échelle réduite de moitié.

(50) La figure que je donne dans mon atlas est copiée sur celle qu'a reproduite le magasin pittoresque de 1849, p. 47, 48; je doute de son exactitude dans les détails. Goughs avait extrait cette carte d'un manuscrit de la bibl. du college benet: il y trouva England in it so conspicuousa, dont il donna la figure, t. I, p. 64, sur sa IIIplanche, no 2.

dokezos prolixus; et la portion orientale est rétrécie, enfoncée, creuse, bathmos ou bathinos, Babuvw, excavo, Baluvos, fovea. Dans toute la carte il n'y a que trois villes marquées : Jérusalem, Roma et Parisius, cette dernière est entourée de provinces. Quelques épigraphes sont très-déplacées : Campania (pays maritime) touche la Catalonia et sépare la provincia de la mer; Turingia, Bulgaria, ne sont pas mieux; Wandali et Scandinavia gardent les rivages de la mer noire. Il ne manque pas d'autres inexactitudes dans les inscriptions et le dessin.

Toutes ces images se distinguent par la reproduction infatigable de la nomenclature romaine ancienne; en général elles sont presque privées d'appellations contemporaines. La seule carte de Higgeden étale quelque nouveauté quant à l'Europe et l'océan environnant.

La cinquième image est peinte vers 1370 dans le manuscrit de la chronique de S. Denys, qui appartenait à Charles V, roi de France (n° 71 de l'atlas) (31).

Toutes sont préoccupées de la situation du paradis terrestre qui est au sommet, l'orient étant en haut de chaque figurine. Elles placent Jérusalem rigoureusement dans le centre. Celles des siècles précédents n'étaient pas aussi scrupuleuses sous ce rapport, comme du xme et du XIVe siècle.

Ces images, ces peintures, ces miniatures, représentant la conception des cartes géographiques, décèlent néanmoins un progrès, des idées avancées et prouvent que les connaissances géographiques, en grandissant, devenaient plus vulgaires.

Sur cinq cartes que nous observons, trois sont disposées par la rose des vents, où l'on remarque les quatre vents cardinaux, ou les quatre vents principaux, et les vents subalternes ou intermédiaires :

oriens, est, subsolanus.
meridies, sud, auster.

occidens, vest, favonius, zephyrus.
septentrio, nort, aquilo, borcas.

Les vents subalternes sont au nombre de huit :

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Nous ne nous arrêtons pas sur la transposition de quelques-uns, ni sur l'instabilité des appellations, mais nous ferons remarquer que la direction des vents guidait les dessinateurs, qu'ils avaient devant eux les cartes construites d'après cette méthode; qu'ils pensaient dans la reproduction des anciennes images, imiter cette méthode et se conformer à la construction des mappemondes.

(31) Le manuscrit est conservé dans la bibl. de S. Geneviève à Paris; notre copie est réduite en proportion de 100 à 83 d'après la publication de Santarem.

La méthode de dresser les cartes géographiques par la rose des vents n'était pas nouvelle. Elle était connue et pratiquée dans l'antiquité (32). Lorsque la marine des Pisans, des Génois, des Vénitiens et d'autres, prit de la croissance, elle ne put se passer de cartes géographiques. Comme la carte rogérienne était continentale, elle ne pouvait satisfaire les pilotes. Elle a pu servir de base pour une mappemonde, mais les cartes nautiques, tant spéciales que générales, exigeant une autre opération, toute l'attention des cartographes se porta vers la direction des vents. Pour approvisionner les marins de cette espèce de cartes, ils organisèrent dans les villes maritimes des établissements géographiques, où l'on dessinait toutes sortes de cartes ainsi il ne manquait pas de portulans ni aux pilotes majorcains, ni aux pilotes italiens (33).

Les arabes avaient leurs images figuratives et leurs cartes géographiques. De même les latins ayant leurs images et connaissant les méthodes de la construction des cartes géographiques, se donnaient la peine de les dessiner quand le besoin s'en faisait sentir. Chez les premiers c'étaient les astronomes, les géomètres, les savants géographes versés dans les mathématiques qui dressaient les cartes. Chez les latins, les dessinateurs qui savaient manier un compas, qui comprenaient les courses des marins et les itinéraires des voyageurs continentaux composaient ces cartes et avaient à cet effet des ateliers. Le fait est avéré par les monuments du xive siècle qui en sont sortis. Mais ils possédaient des ateliers avant cette époque, et bien antérieurement ils se livraient à l'art du dessin, du temps de Roger et même avant; ils étaient alors probablement moins nombreux qu'au xive siècle, et quelque peu moins avancés dans leur connaissance, mais ils n'étaient point privés d'instruction: ils élaboraient lentement ce que le xive siècle mit au jour; quoique l'on ne connaisse pas de monument de leur connaissance et de leur capacité, rien n'autorise à les accuser d'ignorance. Supposant même qu'ils négligaient totalement le dessin des cartes les qualifier d'ignorants ce serait comme si un savant auteur taxait d'ignorant un homme instruit, parce qu'il ne serait pas auteur comme lui et n'ambitionnerait pas la célébrité d'écrivain. Les latins étaient assez bons dessinateurs, assez instruits pour dresser et dessiner les cartes géographiques, et certainement aussi capables que les arabes. Ils différaient seulement par la méthode et par les bases de leur construction (34).

(32) La construction des cartes géographiques basées sur la rose des vents était connue dans les temps les plus anciens, et pratiquée par les navigateurs. Telle fut la carte de Timosthénès. Elle servit de modèle à Eratosthénès, qui n'eut qu'à la copier pour l'usage de l'école alexandrine (voyez mes recherches de géogr. ancienne II, 30, 34-37, III, 42-57, tabula 12, 13, 34). Cette méthode se perpétua dans la pratique des navigateurs. Reprise au moyen àge elle porta à un haut degré la perfection de la composition des cartes maritimes. Elle était connue chez les arabes qui dressaient les roses de positions relativement à Kaaba (centre sacré).

(33) Qu'on ne dise pas que ce que j'avance ici est hasardeux : nous verrons leur produit.

(34) Il n'arrive que trop souvent, qu'au lieu de chercher et d'apprécier le savoir et les connaissances des siècles reculés, on sème sur eux avec profusion un blame d'ignorance. On fesait grand bruit d'ignorance de l'intérieur, à cause qu'en 1095 les moines ignorants de Tournay ne connaissaient pas la situation de l'abbaye de Ferrieres. On comptait parmi les découvertes géographiques l'apostolat d'Otton de Bamberg en Pomeranie, connue par son commerce, dont l'existence fut ébranlée par l'influence continuelle des Allemands et du christianisme. Les marchands de Brème, en 1157, furent comparés à Cabral, parce que la tempête les avait jetés sur les côtes d'un pays connu, dont ils ignoraient les rivages (Fergusson, Sprengel, Malte-Brun, etc.).

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