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La seconde contient toutes les côtes de l'Italie, les îles de la mer ionienne et la partie correspondante de l'Afrique au sud de l'Italie : ed è da ammirarsi la bellezza della forma e contorni di questa, quale appunto nei posteriori portolani si ravvisa: mentre i geografi soltanto alla fine del sec. XVI cominciarono a ben disegnarla sulle loro carte (60). La troisième représente l'Asie mineure, la Mésopotamie, la Syrie, l'Arabie, l'Eygypte avec les mers rouge et perse, une portion de la mer indienne avec ses îles; les cours du Tigre et du Nil, les indications et le dessin des villes intérieures, des monts et des fleuves à couleur verdâtre, accompagnés de courtes épigraphes (61).

La quatrième contient le périple de l'archipel et les côtes africaines vis-à-vis de celui-ci.

La cinquième enfin offre le périple de la mer noire. Suit une figure d'astrolabe à plusieurs cercles concentriques avec les signes du zodiac, etc., et un compartiment carré inscrit les noms de ces signes, le tout de la belle configuration et de couleurs variées.

C'est l'atlas de Sanuto composé de 8 à 9 cartes générales, spéciales, portulanes, topographiques et de plans des villes, accompagné d'une courte esquisse de géographie. Zurla ne nous a pas averti si ces cinq cartes de la méditerranée sont de la même échelle, pouvant ainsi se coordonner et joindre dans un seul tableau; ou si elles sont des périples de portulans détachées de différentes échelles, à rebords irréguliers: toujours est-il certain pour nous, qu'elles ont servi à composer la méditerranée entière della forma e contorni quale appunto nei posteriori de l'époque de la renaissance des lettres.

DESSINATEURS.

127. Marino Sanuto a pû savoir dessiner et connaître la méthode de la construction des cartes: mais comme il ne le dit pas lui-même, nous ne devons considérer les cartes de son atlas que comme des copies des cartes de l'époque et des cartes antérieures, qu'il a fait faire, afin de les attacher à son ouvrage, pour donner la lumière aux ignorants. Elles sont de l'école vénitienne, de la fabrique vénitienne. Cette école a pû fournir à cette époque beaucoup d'exemplaires copiés. Le doge Francesco Dandolo (1329-1339), suspendit alors dans la salle ducale une carte nouvellement exécutée (62). On ne peut pas contester le primato dans l'art du dessin géographique aux Vénitiens, dont la puissance, le commerce, les relations, l'activité, les possessions maritimes, la marine, surpassaient toutes les autres nations mais on ne peut refuser une collaboration fructueuses à d'autres cités, surtout aux Génois, qui se distinguaient par leurs entreprises océaniques. Le petit atlas de 1318, de PIETRO VISCONTE de Janua (le génois), est là pour

(60) Nous verrons comment ces belles formcs se sont perdues et ne reparurent que vers la fin du xvi° siècle.

(61) Zurla prévient que cette carte est la mème qui est publiée par Bongars comme quatrième qualifiée par Sanuto de terra Egypti : nous la donnons presque entière sous le titre de littora maris Syriaci.

(62) Correva l'anno 1339, quando questo principe, , ... vene a morte efu sepellito nel monastero de' minori. Dicesi ch' in suo tempo, fossero fatte le nobilissime carte di cosmografia, che tuttavia sono e si vedono se bene dopo rinnovate, e risarcite nella sala ducale (Paolo Morosini, istoria di Venezia, 1637, p. 233).

attester qu'à Gênes existait une fabrique de cartes non moins active : Petrus Visconte de Janua fecit istas tabulas, anno domini mcccxviii, dit une note de cet atlas (63). La carte castillane de 1346 n'est pas trop postérieure (64). Le portulan médicéen de l'année 1551 est un grand atlas, grand-folio, composé de huit cartes doubles sur parchemin (65). Nulle part il ne manquait de dessinateurs plus ou moins exercés. Partout on copiait les cartes géographiques, il n'y avait à cet égard ni secret d'état, ni privilége, ni monopole quelconque, ni propriété intellectuelle, ni brevet d'invention: on dessinait, on copiait. Sanuto fit préparer plusieurs copies de son atlas et l'exposa à Rome, à Paris, à Bruges. Les italiens excellaient dans l'exécution, les Espagnols ne leur étaient pas inférieurs, et le produit partait de la même source. On se communiquait, on se recherchait mutuellement. L'école de Venise avait la connaissance de ce qu'on avait consigné en Sicile: tout le monde connaissait les récits de Marco Polo et pouvait avoir sous les yeux les cartes de la fabrique vénitienne. Plusieurs noms de dessinateurs de cartes de toutes les nations sont connus; mais, à mon avis, on peut avec plus de certitude les considérer comme copistes que leur attribuer une composition nouvelle. Peut-être un jour aura-t-on le bonheur d'exhumer quelque auteur. Mais dans l'état actuel des connaissances comme les copistes et l'auteur de l'atlas de Sanuto nous sont cachés, de même on n'a aucun droit de qualifier d'auteurs ceux qui ne s'appellent pas compositeurs eux-mêmes. Visconti, Marcus ne sont ni auteurs, ni compositeurs. Ils ont signé la date de l'exécution de leur copie comme font ordinairement les copistes. Et ceux qui composaient, comme Pizigani, avaient devant eux des compositions, des matériaux possédés aussi par les autres. Car les compositions ne s'improvisent point, elles ne se décèlent pas dans le xive siècle, comme invention récente d'un seul, l'art n'était pas nouveau. Les véritables auteurs de ces cartes, sont ces laborieux cosmographes, qualifiés d'ignorants, dont on ignore les noms, et qui travaillaient dans l'obscurité du siècle précédent : le xiv° siècle nous ouvre l'abondante moisson de leurs labeurs.

PIZIGANI, 1367.

128. La grande carte de 1367, des deux vénitiens FRANÇOIS et DOMINIQUE PIZIGANI, est certainement de l'école de la fabrique vénitienne. Objet d'admiration. La dimension de la carte n'a pas moins de 138 cent sur 92 (4 pieds 1/4 sur 3 moins 2 pouces). Les huits vents principaux sont figurés et accompagnés de légendes comme beaucoup d'autres figures. De leurs huit points, sont tirées les lignes à l'usage des marins. On voit en outre de petits traits accompagnés de points disséminés en guise d'échelle sur différentes directions de vents. Les

(63) L'atlas hydrographique de Visconte 8 est d'une petite échelle. Il est conservé dans la bibliothèque de Vienne en Autriche. La copie se trouve depuis plusieurs années à Paris.

(64) Mss de la bibl. nat. de Paris, no 6816 (Malte-Brun, géogr. de l'édit. de Huot, livre XX, p. 521). (65) Baldelli Boni del portolano mediceo e delle scoperte dei Genovesi nell' Atlantico, inseré dans son storia del milione, p. 153-172. La huitième carte de cet atlas offre un calendrier lunaire perpétuel, avec divers exemples qui tous se rapportent à l'année 1351, (D'Avezac, notice des découvertes dans l'océan atlantique, chap. 5, p. 32, 33).

pavillons des Vénitiens, Génois, Catalans, Portugais, etc., sont placés aux lieux de leurs domination et dans les mers que sillonnaient leurs vaisseaux. Les écritures sont nombreuses, variées, d'une grande délicatesse, heureusement, presque toujours lisibles, en latin quelque fois peu intelligent. Per tacere di quanto spetta al Europa, la quale giusta i limiti di que' giorni si stendo fino al Irlanda : l'exactitude de certaines parties présente un singulier contraste avec la grossière imperfection d'autres cartes contemporaines (66), sur lesquelles on a voulu juger la connaissance géographique de l'époque et mesurer l'ignorance des siècles.

La carte porte à son extrémité orientale la note suivante: MCCCLXVII hoc opus compoxuit franciscus pizigano venetiarum et dominicus pizigano in venexia meffecit Marcus a die x1 decembris. Le dessinateur était un certain Marcus, et les compositeurs deux Pizigani vénitiens (67). Les compositeurs surveillaient et dirigeaient leur dessinateur et peintre mais ils savaient dessiner eux-mêmes et certes, les Pizigani ne se sont pas bornés à composer une carte unique. Dans un code de l'abbaie de S. Michel de Murano se trouve, sur une petite feuille, le tableau des côtes de la méditerranée et deux autres tableaux peints de chiffres et de figures astronomiques et relatives à la sphère; le premier tableau offre l'épigraphe suivante : MCCCLXXIII adi vIII du zugno Francesco Pizigano viniziano in veniexia mefece (68). Nous n'avons pas été assez heureux pour avoir à notre examen ces précieux monuments, mais nous ne négligerons pas d'utiliser quelque fragment de leur description (69). Le même xive siècle a vu paraître un manuscrit du libro da navegar per mi Antonio Liprando, qui contient plusieurs portulans de différente grandeur (70).

Ce sont de beaux monuments qui par leur exécution, leur peinture, leur scrupuleuse exactitude et la précision des détails, ont conquis l'admiration de savants géographes. Tous sont le produit de l'Italie. Inspirés par l'influence des arabes, des byzantins, des franks, les Italiens cultivaient les connaissances humaines, la poésie, la philosophie, les sciences. Acceptant l'initiative des autres, ils avançaient, créaient leur goût, leur méthode, leùrs idées et façon, et bientôt initiaient les initiateurs eux-mêmes dans le mystère des sciences. Les connaissances géographiques, à dater des efforts rogériens et de la composition des cartes, étaient du nombre des connaissances qui se communiquaient de l'Italie à la chrétienté et la péninsule pyrenéenne se mit en première ligne pour suivre la marche des navigateurs et des cartographes italiens.

La carte des Pizigani passa des mains de Girolamo Zanetti dans celles de P. Paciaudi, ensuite à la bibl. de Parme où elle est conservée. La bibl. de Paris s'en est procuré une copie en 1845.-Zanetti dell' origine di alcune arti principali appresso i Viniziani 1758 en a donné une description; dont on a un extrait par Zurla, sulle antiche mappe idro-geographiche cap. 7-10.

(67) Voici la conjecture de Formaleoni, sur le modèle qui a pu servir à la composition de Pizigani. Constantinople porte une couronne et un double pavillon, dont un aux cinq croix, l'autre au lion ailé. Formaleoni conclut que le modèle fut dessiné immédiatement après la prise de Constantinople par les croisés en 1202. Une lutte s'est engagée sur l'ancienneté de la carte des Pizigani entre P. Megnini et Angelo Pezzana.

(68) Voyez la note du chap. 10, sulla antique mappe idro-geographiche, de Zurla. (69) Voyez ci-dessous chap. 117-419,

(70) Zurla, ibidem.

CARTE CATALANE 1375-1378.

129. La splandeur à laquelle les Catalans s'étaient élevés sous leurs comtes, dont le dernier, Raimond V, monta sur le trône d'Aragon, s'accrut encore en 1230 et 1234 par la conquête que le roi Jacq fit de l'île de Majorque et du royaume de Valence sur les Maures. Toutes les entreprises royales augmentaient la renommée des Catalans. Ils passaient pour les plus éclairés de la péninsule; leurs courses commerciales et militaires dans un grand nombre de ports des mers noire et méditerranée, ouvrirent une vaste connaissance de toutes les parties du monde dont elles étaient entourées. Ils avaient, bien avant 1286, leurs cartes marines, et se servaient des instruments d'astronomie nautique propres à trouver sur mer l'heure de la nuit par les étoiles. Depuis l'an 1303, ils succédèrent aux Génois dans la domination du vaste et faible empire grec et sous leur amiral Roger de Flor, soutinrent les guerres contre les Turks de ce pays. Majorque, depuis la conquête avait formé un royaume à part. Elle participait à l'activité entreprenante des Catalans en 1315. L'infant Ferdinand (mort en 1316) se fit nommer à Clarenza souverain de la Morée. Le roi de Majorque Jacq III, épousa en 1362, la reine de Naples et pensait à des découvertes de pays éloignés pour étendre la navigation et le commerce. Les Majorquins avaient de fréquentes relations avec l'Afrique, faisaient des courses vers l'océan et les îles appelées Canaries et autres. C'est dans l'océan que les investigations majorquines allaient faire de malheureuses expéditions (71); c'est là que se dirigeait vers le fleuve d'or, l'expédition de Jacq Ferer, dans l'année 1346 (72).

Par cette disposition, les Catalans et les Majorquins, s'ils n'étaient pas supérieurs aux Italiens, leur étaient égaux dans la marine et la connaissance géographique. Ils avaient d'autant plus besoin de cartes marines, d'autant plus que les ordonnances royales d'Aragon, prescrivirent, dès l'année 1359, que chaque galère devait avoir non-seulement une mais deux cartes marines. Dans la navigation, dans la composition de leurs portulans, de leurs cartes marines, de leurs mappemondes, ils suivaient la même méthode des vents et de la boussole que les Italiens. Leur boussole était italienne et portait les noms italiens des vents, quoique leur propre idiome et l'idiome provinçal, variassent tous deux.

Le roi de France Charles V, le sage, était curieux de connaître le monde, lequel depuis plus d'un siècle fatiguait la curiosité croissante des Italiens et des Espagnols. La rondelle surmontée de paradis, qu'on voit dans la chron. de S. Denis (no 71 de l'atlas), devenait une image suspecte: il désirait avoir quelque chose de mieux, de plus positif dans sa bibliothèque. Il s'adressa donc à l'école catalane, aux cosmographes catalans, pour en avoir une mappe bien exécutée. La demande pouvait avoir lieu vers 1375, parceque la composition de la mappemonde s'arrête dans ses prolégomènes à cette année. On y lit sachez comme chose certaine

(74) Tastu et Buchon dans la geogr. de Malte-Brun, livre XIX, p. 523, de l'édit. de Huot. (72) Voyez le coin de notre copie de la carte catalane et la note.

que le nombre d'or de l'an 1375 court en VIII, une fois arrivé au janvier, nous laisserons vin et nous prendrons Ix, qui est le nombre d'or de toute cette année 1376 (73).

Ceci prouve que la composition avait lieu en 1375, mais la copie, le dessin n'a été fait que trois années plus tard en 1378, probablement mis à exécution à la suite de la demande qui arrivait en 1378. Voici les indications qu'en donne la carte elle-même.

Dans l'année de la composition 1375, mourut Jacq III roi de Majorque, en conséquence cette île était réunie au royaume d'Aragon: or, le dessinateur couvrit le sol de Majorque de pals d'aragon et écartela son pavillon d'Aragon et de Valence (74).

Rome et Avignon sont dépourvus de pavillons. Cette privation des deux capitales du chef de la chrétienté est significative. La seule vacance ordinairement de courte durée ne pouvait pas l'occasionner : un autre évènement plus grave a dû en être la cause. Le pape Grégoire XI arrivé d'Avignon à Rome le 17 janvier 1377, mourut dans cette dernière ville le 28 mars 1378. L'élection d'Urbain VI, son successeur, eut lieu à Rome le 18 avril 1378. Les mécontents, après un certain délai, élurent, le 20 septembre 1378, à Fundi, Clément VII qui prit possession d'Avignon; le schisme se déclara alors et commença à déchirer la chrétienté. C'est donc l'évènement qui a pu priver de pavillons les deux capitales des papes. Le roi d'Aragon et de Majorque Pierre IV, ne se déclara ni pour l'un ni pour l'autre, et le choix ne convenait pas au dessinateur catalan. Avignon et Rome sont par conséquent privés de pavillon et il est présumable, que cette copie de la composition de l'année 1375, n'a été commencée et exécutée que vers la fin de l'année 1378, au plus tôt, ou dans une des années suivantes (74).

Cette privation du pavillon des deux capitales du chef de la chrétienté, a lieu sur les dernières cartes, 5me et 6me de l'atlas. A la suite de quoi le dessinateur ayant marqué sur la première planche de prolégomènes, à l'interruption de la vignette de la bande circulaire, l'année MCCCLXXVI, ajoute à la seconde petite bande les trois indications LXXV, VI, vi, des années 1575, 1376, 1377, postérieures à la composition de la carte dont il exécutait la copie.

130. L'atlas se trouvait à Louvre à la chambre par bas vers 1580. On le voit dans l'indication faite en 1383 par Giles Mallet, gardien de la bibliothèque; après sa mort il est signalé dans un autre inventaire de 1411; il en est de même dans les années 1415, 1323, 1425, et il se trouve actuellement compris sous le no 6846 ancien fonds.

Bien que son existence continue soit aujourd'hui aussi clairement dépistée, il restait cependant comme un reclus dans une oubliette pendant

(75) L'année courante 1575, est répétée plusieurs fois sapiats que en lany 1575 corra lauro nomero en VIII .... quest ayn de 1375... e sapiat de sert que layn 1375 corre lauro nomre en vit, fins que sarem al primor dia de janer e lexarem vin e pandrem vim pertot a quel ayn de 1376. (74) La pose des pals d'aragon est singulière.

(75) Tastu semble faire peu de cas des pavillons pour la détermination de l'époque des cartes; cependant il tire de cette source des conclusions décisives pour l'atlas catalan. Au fond nous avons suivi sa remarque, présumant toutefois une double rédaction de l'atlas: l'une de l'année 1375, l'autre postérieure à l'année 1378.

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