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L'empereur don Pédro crut répondre aux vœux des Portugais en nommant l'infant don Miguel, par décret du 3 Juillet 1827, régent du royaume et en l'appelant à partager le trône avec la reine dona Maria II da Gloria, à laquelle ce prince fut fiancé à Vienne le 29 Octobre suivant. 1)

La jeune reine, âgée de 8 ans et quelques mois, partit pour Lisbonne le 3 Juillet 1828; mais, avant son arrivée en Europe, l'infant don Miguel, ne tenant aucun compte du serment qu'il avait prêté en qualité de régent, s'était fait donner le 30 Juin précédent la couronne par une assemblée des cortès convoquées par lui: la jeune reine continua sa route vers l'Angleterre, puis vint en France d'où elle retourna, bientôt après, à Rio-Janeiro.

Au Brésil, les affaires intérieures étaient dans une situation tout aussi déplorable qu'en Portugal. Une animosité croissante s'éleva dans les chambres législatives; le désordre des finances était extrême; le mariage 2) de l'empereur avec la princesse Marie-Amélie de Leuchtenberg fut désapprouvé par une partie de la nation en haine des étrangers dont on redoutait l'influence etc.: tous ces motifs avaient porté le mécontentement au plus haut point. Pour éviter l'effusion du sang prêt à couler par la guerre civile, l'empereur don Pédro I abdiqua la couronne le 7 Avril 1831, et quitta, le 13, le Brésil laissant le trône à son fils don Pédro II, âgé de moins de cinq ans et demi. 3)

1) En 1823, l'infant don Miguel avait dû quitter le Portugal par ordre du roi Jean VI son père.

2) Le mariage eut lieu par procuration, le 2 Août, et en personne, le 17 Octobre 1829.

3) L'empereur don Pédro Il est né le 2 Octobre 1825; il a pris les rènes du gouvernement le 23 Juillet 1840, et a été couronné le 18 Juillet 1844; il a épousé, en 1843, la princesse Thérèse-Christine-Marie des DeuxSiciles.

Arrivé en Europe, l'empereur don Pédro I résolut de replacer sur le trône de Portugal sa fille dona Maria II da Gloria. Il laissa cette princesse à Paris et partit pour le Portugal où il débarqua le 8 Juillet 1832. Soutenu par l'Angleterre et l'Espagne, à l'extérieur, et par le marquis de Villaflor, ') et le marquis (depuis duc) de Palmella, à l'intérieur, il commença les hostilités contre son frère. Il s'empara d'Oporto, le 9 Juillet 1833, de Lisbonne le 24, et des îles Açores. Forcé d'abandonner ses dernières positions à Santarem2) l'infant don Miguel se retira à Evora3) où se trouvait l'infant d'Espagne don Carlos. Le 21 Avril 1834, un traité de quadruple-alliance fut signé à Londres, *) entre la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne et le Portugal contre don Miguel et don Carlos qui, par un manifeste daté de Valenca d'Alcantara, 5) du 6 Octobre 1833, avait protesté contre la pragmatique du roi Ferdinand VII, mort le 29 Septembre précédent. 6)

Le 25 Mai fut signée, à Evoramonte, la convention par laquelle l'infant don Miguel s'engageait à quitter le territoire portugais il s'embarqua, en effet, le 1er Juin, et protesta, le 25, contre la convention d'Evoramonte.

Don Pedro I (qui, depuis son abdication, portait les titres de S. M. I. le duc de Bragance), mourut le 24 Septembre 1834, à Lisbonne, ayant eu la satisfaction de rétablir sur le

4) Créé plus tard duc de Terceire.

2) Ville de l'Estramadure sur la rive droite du Tage, à 18 lieues de Lisbonne.

3) Ville de l'Alentejo.

4) V. Recueil Manuel des traités, etc., T. IV, p. 393.

5) Petite ville de la province d'entre Duro-e-Minho, à une portée de canon de la ville espagnole de Tuy.

6) V. Chap. IV.

trône sa fille, la reine dona Maria II da Gloria, dont le règne, d'ailleurs, a été troublé par de fréquentes révolutions. 1)

1) La reine dona Maria II da Gloria est morte le 15 Novembre 1853, laissant le trône à son fils don Pedro V, roi de Portugal, né le 16 Septembre 1837, issu du mariage de la reine dona Maria avec le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg et Gotha: les six dernières années du règne de la reine dona Maria ont, notamment, été agitées, en 1846 et 1847, par des insurrections miguelistes, à l'occasion desquelles a été conclu, le 24 Mai 1847, un traité de triple-alliance entre la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne, pour mettre fin aux troubles du Portugal et porter secours à la reine dona Maria; en 1852, par la révolte du maréchal Saldanha que la reine se vit obligée de mettre à la tête de l'administration du pays.

CHAPITRE VIII.

CONQUÊTE PAR LA FRANCE DE LA RÉGENCE D'ALGER, ET ABOLITION DE LA PIRATERIE DES CORSAIRES BARBARESQUES

(1830).

Alger était une des trois régences barbaresques et dépendait de l'empire de Turquie, mais cette dépendance était devenue beaucoup plus fictive que réelle. Les janissaires déposaient, massacraient et nommaient leurs souverains: les deys élevés au trône jouissaient, d'ailleurs, dans le poste dangereux qu'ils étaient appelés à occuper, et qu'ils ne pouvaient refuser, d'un pouvoir illimité.

Les Algériens essentiellement pirates armaient, ainsi que les Tunisiens et les Tripolitains, des bâtiments en course tant pour la Méditerranée que pour l'Océan.

L'Europe souffrait patiemment l'ignominie que lui faisait subir un ramas de forbans, et plusieurs souverains, dans le but d'éviter que les navires de commerce portant leur pavillon ne fûssent molestés par les pirates, consentaient à envoyer chaque année au dey d'Alger et aux beys de Tunis et de Tripoli, un présent que ces princes avaient fini par considérer comme un tribut. Charles-Quint, dans le 16 siècle, avait essayé de réduire les Algériens: l'expédition qu'il en

voya à cet effet sur les côtes d'Alger en 1541 n'eut aucun succès.

Dans le XVIIe siècle, les états de l'Europe firent des traités réguliers avec le gouvernement algérien, et les deys n'en devinrent que plus arrogants.

Louis XIV fit bombarder Alger, en 1682, par l'amiral Duquesne le consul français Levacher qui, ecclésiastique, était resté en qualité de missionnaire dans la ville, devint l'objet des persécutions et de la vengeance des musulmans.

Les Algériens exaspérés à la vue des ravages résultant du bombardement, accusèrent le père Levacher d'avoir fait des signaux à la flotte française, et s'emparèrent de sa personne. Ils lui firent offrir, pour échapper à la mort, de renoncer à sa religion et d'embrasser l'Islamisme; sur son refus, la milice d'Alger se saisit de lui, et, dans son aveugle rage, le fit enter de vive force, dans un canon de gros calibre, déjà chargé, auquel on mit le feu.

Cette barbarie méritait et appelait une vengeance; quesne était tout disposé à la faire terrible.

Un second bombardement contraignit le dey à implorer la paix par un ambassadeur qu'il envoya à Versailles.

Le bombardement eut lieu en 1683. Bien qu'il n'eût occasionné que des pertes peu considérables 1), il fut l'origine d'un soulèvement qui ne tarda pas à éclater, à la suite duquel le dey Baba-Hussein perdit le trône et la vie.

Ce fut encore la légitime colère d'un roi de France, descendant de Louis XIV, qui a fait perdre le trône au dernier dey d'Alger, connu également, sous le nom de Hussein. 2)

1) Le dey Baba-Hussein ayant été informé de la somme que ces deux bombardements avaient coûté, dit, ironiquement, qu'il aurait lui-même brûlé Alger si le roi de France lui en avait remis la moitié, et qu'il aurait ainsi évité toute peine à Louis XIV.

2) Plusieurs états ont eu la pensée d'anéantir la régence d'Alger, ou, tout au moins, de réduire sa puissance. En 1815, une escadre améri

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