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Le jeune roi Othon ') partit de Munich le 6 Décembre il arriva, le 18 Janvier 1833, à Corfou qu'il quitta le 23, et le 30, le bâtiment qu'il montait mouilla devant Nauplie. Ce ne fut qu'en 1834 et 1835, que l'agitation fut calmée parmi les Maïnotes et qu'on parvint à arrêter les brigandages des Rouméliotes. Kolocotronis, son fils Grivas, Kolliopoulos et d'autres encore cherchèrent à renverser le conseil de régence, composé de Bavarois, que l'on avait donné au jeune roi Othon accusés de haute trahison, le 21 Mars 1834, ils furent condamnés à mort le 26 Mai: leur peine fut commuée en vingt années de détention.

Le nouveau gouvernement contracta un emprunt de soixante millions sous la garantie des trois cours médiatrices; un synode grec fonda l'indépendance de l'église vis-à-vis du patriarche de Constantinople; le 4 Janvier 1835, Nauplie cessa d'être la résidence du souverain, qui fut se fixer à Athènes; le jeune roi devenu majeur prit, le 4 Juin de cette même année, conformément à la convention du 7 Mai 1832, les rênes du gouverneur, conservant encore près de lui, jusqu'au 14 Février 1837, en qualité de chancelier du royaume, le comte d'Armansperg, l'ancien président du conseil de régence.

Aussitôt que le royaume de Grèce a été établi et que l'administration a pû fonctionner d'une manière régulière, le gouvernement s'est occupé de former des relations avec les pays étrangers: avec l'établissement des consuls et leur envoi dans les ports de l'Europe, de l'Amérique et de l'Orient, parurent, les 1/43 Janvier 1834, et 11 Février 1835, des règlements consulaires, les plus complets que nous connaissions après les règlements français 2); un tarif des droits de

4) Le roi Othon I est né le 1 Juin 1815.

2) V. Règlements consulaires des principaux états maritimes de l'Europe et de l'Amérique, Chap. IV, p. 296 à 323, publié par l'auteur de ce Précis.

navigation et des droits de port, fut publié le 8 Juin 1834') (la loi relative au commerce d'importation et d'exportation, aux visites, aux relâches forcées, et à la contrebande, n'a été promulguée que le 31 Mars 1843) 2); des traités de commerce et de navigation, ainsi que des conventions pour l'abolition des droits d'aubaine et de détraction ont été conclus avec l'Autriche, la Belgique, le Danemarck, les États-Unis d'Amérique, le Hanovre, l'Oldenbourg, les Pays-Bas, la Prusse, la Russie, la Saxe, les villes anséatiques, etc. 3); enfin la Grèce est signataire de la convention sanitaire arrêtée à Paris, le 3 Février 1852, entre les puissances maritimes de la Méditerranée. *)

En peu d'années la marine commerciale de la Grèce avait pris un grand essor que sont venues entraver, momentanément, les hostilités de l'Angleterre en 1850; la conduite du ministère britannique, en cette circonstance, a été désapprouvée par la Chambre des lords à une majorité de 37 voix, qui ont soutenu la motion de lord Stanley contre le cabinet 5), mais le mal n'avait plus d'autre remède que le temps.

1) V. T. X, p. 430 à 435 du Recueil de traités de M. M. d'Hauterive et de Cussy.

2) V. la 3a série No. 49, p. 1 des documents sur le commerce extėrieur, publiés par le ministère du commerce de France.

3) V. Recueil Manuel des traités, T. IV, p. 397, 447, 435, 459, 504, 566, 608; T. V, p. 62, 119, 282, 290, 311, 607, 720; T. VI, p. 17, 194, 407, 465, 570; T. VII, p. 100, 429, 529.

4) V. le même Recueil, T. VII, p. 4.

5) V. Phases et Causes célèbres du droit maritime des nations, T. II, Chap. XXXVII, p. 487 à 509.

CHAPITRE X.

SÉPARATION DE LA BELGIQUE ET DE LA HOLLANDE, ET CRÉATION DU ROYAUME DE BELGIQUE.

(de 1830 à 1839.)

La bataille de Jemmapes livrée, le 6 Novembre 1792, par le général Dumouriez, à l'armée autrichienne, ouvrit aux Français le territoire de la Belgique qui fut réunie à la France, dont elle forma, jusqu'en 1814, plusieurs départements ou préfectures.

Le traité de paix du 30 Mai 1814 1) la détacha implicitement de l'empire, par l'art. II, ainsi conçu :

«Le royaume de France conserve l'intégrité de ses limites >> telles qu'elles existaient à l'époque du 1 Janvier 1792.....»

L'acte final du congrès de Vienne (9 Juin 1815), a créé le royaume des Pays-Bas, en réunissant, pour en former un seul et même état, les ci-devant provinces belges aux anciennes Provinces-Unies des Pays-Bas (ou Hollande)2), dont l'empereur Napoléon avait fait, en 1806, le royaume de Hollande 3) et qu'il réunit, en 1840, à l'empire français.

1) V. Recueil Manuel des traités, etc. T. III, p. 44.

2) Articles LXV à LXXIII de l'acte final du congrès de Vienne.

3) Le prince Louis Napoléon, frère de l'empereur, reçut la couronne du royaume de Hollande qu'il abdiqua en 1810: le roi de Hollande est père de l'empereur Napoléon III.

La différence de religion, de langage, de mœurs et d'intérêts était trop tranchée entre les provinces méridionales et les provinces septentrionales du nouveau royaume, pour espérer qu'il se fit jamais une fusion sincère des Belges et des Hollandais. Deux partis puissants se formèrent en Belgique, catholique et libéral: tous deux étaient d'accord, d'ailleurs, pour se plaindre de ce que la Belgique eût été appelée à supporter, à charge égale, la dette publique du royaume qui s'élevait à 787 millions de florins, et à 4,204,000 florins de dette flottante.

L'opposition au gouvernement grandissait chaque jour, soutenue par le parti catholique; en 1829, le gouvernement eut recours à des mesures de répression dont la sévérité accrut la résistance. De nombreuses pétitions réclamèrent une répartition proportionnelle des emplois publics entre les Belges et les Hollandais, l'égalité proportionnelle des membres dans les États-Généraux, entre la Hollande et la Belgique, le libre usage de la langue française, la diminution des impôts, etc.

Tel était l'état de l'opinion publique en Belgique quand arriva, à Paris, la révolution de Juillet 1830. Depuis que la nouvelle en était parvenue à Bruxelles, des groupes se formaient sur les places publiques: on y applaudissait d'admiration en se racontant les diverses circonstances des trois journées, si emphatiquement nommées glorieuses.

Le 25 Août, on représentait au théâtre de Bruxelles l'opéra du compositeur Auber, «la muette de Portici », on sait que le sujet de cette pièce est l'insurrection du pêcheur Mas Aniello (ou Masaniello) à Naples, en 1647. Au moment où l'acteur chante les vers:

Amour sacré de la patrie

Rend nous l'audace et la fierté!...

des cris de liberté partirent de toutes parts dans la salle et furent répétés au dehors. Aussitôt les exaltés de la rue

détruisent avec fureur toutes les enseignes aux armes royales, et se portent au palais de justice, dont ils brisent les vitres aux cris « d'à bas van Manneu 1), vivent Potter, Tielmans, » Bartels, etc. 2), vivent les Parisiens!» Les magasins des armuriers furent aussitôt pillés, l'hôtel de M. van Manneu saccagé, ainsi que l'hôtel du directeur de la police: c'est ainsi que, toujours et partout, le peuple des carrefours procède quand il agit sous l'influence d'une fermentation inintelligente 3), habituellement boutade dans ses moyens. Le 26, trois hommes du peuple furent tués par la troupe sur la place du grand sablon: l'agitation s'accrut beaucoup de cette circonstance, car les travailleurs révolutionnaires, les hommes de l'émeute ont la prétention de pouvoir attaquer impunément, sans que l'armée cherche à repousser l'attaque.

Le 27, la population se divisa en deux grandes sections, l'une composée des soutiens de l'ordre, l'autre, qu'on désigna sous le nom des sarreaux bleus, voulant le pillage. A la voix du baron d'Hoogvorst, la garde bourgeoise s'opposa vigoureusement aux dévastations pratiquées par les sarreaux bleus, mais ce ne fut pas toujours avec succès.

Quelques hommes ayant arboré les couleurs françaises, il fut décidé que le drapeau de la nation belge serait rouge*), jaune), et noir. 6)

On créa une administration provisoire dont le baron de Sécus fut président: elle fit partir pour la Haye, où se trouvait le roi Guillaume, une députation formée de M. M. le ba

4) M. de Manneu, ministre de la justice.*

2) Trois mois avant, ils avaient été condamnés, avec plusieurs autres écrivains, à diverses peines, à l'occasion d'articles de journaux.

3) N'est-ce pas ainsi en effet que le peuple a toujours procédé à Paris, à plusieurs reprises, à Naples en 1647 et en 1848, à Madrid en 1820, à Palerme en 1848, etc.?

4) Pour le Brabant.
5) Pour la Flandre.
6) Pour le Hainaut.

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