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ANNÉE 1832.

ANNÉE 1833.

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QUATRE LETTRES CONFIDENTIELLES DE METIERNICH A APPONYI, A PARIS,
DU 14 AVRIL AU 10 JUIN 1830.

Vienne, 14 avril 1830.

955. Je vous avoue que je suis loin de pouvoir me formet une idée satisfaisante de la vérité sur la situation des hommes et des choses en France. Je sais bien que le Roi qui sait vouloir doit également pouvoir beaucoup. Il paraît enfin que Charles X veut; la question est de savoir s'il continuera de rester également ferme, et si les organes de sa volonté sauront choisir les bons moyens.

J'ai en effet la conviction que M. le prince de Polignac est trop engagé dans l'œuvre de la restauration pour ne pas voir le jour au bout de la route qu'il suit. Le Gouvernement qui sait vouloir et qui veut est très-fort, et si de plus il s'appuie sur le bon droit, il doit réussir. Ainsi, d'après votre dernier

entretien avec le prince de Polignac, ce sont plus que de simples espérances que m'inspire l'avenir de la France.

C'est sur le terrain de la Charte que le Gouvernement doit s'établir; c'est ce terrain qu'il doit défendre, et c'est sur ce terrain que je le regarde comme inexpugnable. Le céder à l'ennemi serait une grave faute, et s'il s'agit d'interpréter la loi, c'est certes celui qui l'a donnée qui se trouve investi de ce droit, et non celui qui l'a reçue. Si les administrations antérieures avaient su remplir cette tâche, la situation des choses serait bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui.

9 mai.

954. Il est immanquable que mon apparition sur les rives du Rhin (Johannisberg) serve à la faction de matière à .calomnie. Le Journal des Débats sera le premier à dénoncer mon voyage comme se rattachant à quelque événement en France. Il en sera de même de la course que vous ferez; vous serez le courrier de M. de Polignac, et ce sera moi qui dicterai ce que ce ministre aura à faire. Il nous faudra donc, ou combiner autrement nos mouvements, ou, selon les circonstances, renoncer à ce qui pourtant me conviendrait sous tous les rapports.

Vous aurez appris par le Cabinet français que la Porte a consenti aux arrangements des alliés relatifs à la Grèce*. Le Sultan a bien fait; cela n'empêche pas que les alliés n'aient commis de grands méfaits politiques. Le reis-effendi s'en est expliqué envers M. Gordon dans un sens qui fait autant d'honneur à la religion du Divan qu'à son intelligence. Les barbares n'ont, pour le coup, point été ceux qui portent le turban.

Johannisberg, 5 juin.

955. Le sort de la royauté en France et le repos de l'Europe se jouent aujourd'hui comme une partie d'écarté. Ce

Les trois puissances alliées, l'Angleterre, la France et la Russie, étaient convenues, aux termes du protocole de conférence du 4 février 1830, que la

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