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10 juillet.

Clément m'a ramenée chez nous par les glacis; je me sens souffrante; quant à lui, il était fatigué. Je restai dans son cabinet, et il me donna ses Mémoires. J'en ai lu avidement une partie, et je me propose de les copier. Quel dommage que personne ne l'aide dans ce travail! cela pourrait former un ouvrage si intéressant! Malheureusement on nous appela pour terminer la soirée avec nos hôtes habituels : Marmont, Sedlnitzky, Schulenburg, Félix de Schwarzenberg et autres.

11 juillet.

J'ai parlé à Gentz des Mémoires de mon mari; je voudrais qu'il y mit la main. Lui seul peut l'aider à venir à bout de cette lourde tâche; mais Gentz ne veut pas y consentir : il a peur d'avoir trop à faire. Selon lui, il faudrait consacrer sa vie exclusivement à ce travail, et il dit qu'il n'en a pas la force; les occupations de tous les jours sont trop fatigantes pour que l'on songe à s'en créer de nouvelles.

12 juillet.

Clément avait envie d'aller au théâtre. Nous nous sommes très-bien amusés au théâtre de la Wien, où l'on jouait Monsieur Joseph et Madame Waberl.

19 juillet.

J'ai fait avec Clément une promenade au Belvédère. Cela ne semble pas être une bien grande distraction; mais le plaisir ne nous importe guère quand nous sommes ensemble. Il m'a parlé des projets qu'il avait pour le cas où le choléra viendrait jusqu'ici. Il y a deux choses possibles : ou bien l'Empereur s'enfermera dans un château, à Schoenbrunn par exemple, ou au Belvédère, et les personnes de sa Cour, dont il a absolu

ment besoin, s'enfermeront avec lui; ou bien il partira, avec ces mêmes personnes, pour où? Dieu le sait. J'espère toujours que le Ciel nous préservera de ce fléau. Moi-même je ne veux pas me tourmenter à ce sujet. Clément a travaillé dans son cabinet; il envoie le baron de Werner à Teplitz, où il doit entretenir le Roi de Prusse de toutes les affaires courantes.

20 juillet.

Clément s'est rendu de très-bonne heure auprès de l'Empereur, chez lequel avait lieu une conférence à propos du choléra et des affaires de Hongrie. L'émeute de Pesth a été plus sérieuse qu'on ne le croit. C'est une bien triste histoire.

23 juillet.

Clément a joué avec Richard, et il y a pris tant de plaisir qu'il a fini par faire des bulles de savon avec Gentz, ce qui n'est pas peu dire par le temps qui court. J'ai trouvé le temps de copier quelques fragments de ses Mémoires; puis nous avons soupé avec Tatistscheff chez lady Cowley, à Weinhaus.

25 juillet.

Clément et moi nous sommes partis à onze heures pour Baden; il faisait très-chaud, mais le temps était beau. Nous avons lu des dépêches très-favorables qui venaient d'arriver de Paris et de Londres. Puis Clément me demanda s'il me serait agréable de passer quelques semaines à Baden. Cette proposition me plait beaucoup, car, d'abord, il y fait un peu plus frais qu'à la ville; en second lieu, ses heures de travail seront mieux réglées, et il pourra passer la soirée en plein air. A peine arrivé, Clément se rendit auprès de l'Empereur, qui insista beaucoup auprès de lui pour le décider à séjourner quelque temps à Baden. Sandor et les Meyendorff nous ayant invités à faire une excursion à la Krainerhütte, nous nous y fimes conduire, Clément, Meyendorff et moi, par le premier, et

les autres nous suivirent. Sandor fut très-amusant; Mimi se montra très-gaie; bref, nous fimes une partie charmante. Nous ne quittàmes Baden qu'à huit heures, et je rentrai à Vienne extrêmement fatiguée. Par bonheur, nous ne trouvȧmes pas de visites.

29 juillet.

Clément m'a lu l'intéressante dépêche d'hier*. Elle contient pour le Roi de Prusse un tableau de ce qui s'est passé, de ce qui se passe actuellement et de ce qu'on a négligé de faire, ainsi que de tout ce qu'il faudrait accomplir pour sauver les débris échappés au naufrage.

30 juillet.

Clément m'a lu le discours prononcé par le Roi Louis-Philippe à l'ouverture des Chambres; il est faible et sans caractère, mais plein d'arrogance à l'égard de l'Autriche. On y lit entre autres choses « Répondant à mon désir, les troupes autrichiennes ont évacué l'Italie », etc. Cela est fort pitoyable.

:

Clément m'a communiqué une dépêche très-importante pour Paris **, ainsi qu'une lettre particulière à Werner, qui l'avait prié, au nom du Roi de Prusse, d'aider ce dernier à mystifier Gentz. Je ne puis concevoir comment Clément, le Roi de Prusse et le prince de Wittgenstein, qui sont tous tellement occupés des affaires les plus sérieuses et les plus importantes, trouvent le temps de s'amuser à de pareilles folies. Que le Ciel conserve à mon mari cette bonne humeur, qui l'aide à supporter la triste réalité!

2 août.

Clément et moi nous avons fait une promenade dans le jardin, puis nous sommes allés voir le petit, qui va on ne peut

* Voir no 1033. ** Voir « Évacuation de Bologne par les troupes autrichiennes », no 1031.

(Note de l'Éditeur.)

(Note de l'Éditeur.)

mieux. Pendant que mon mari travaillait dans son cabinet, je m'assis auprès de lui et nous en vinmes à parler de notre future chambre d'enfants. Il accepta la proposition que je lui fis de la faire arranger près de moi, ce qui me tranquillise et me rend heureuse.

SÉJOUR A BADEN ET A SCHOENBRUNN.

993. Séjour momentané à Baden. Un article de journal.

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Affaire de

Belgique. Le choléra se rapproche. Entretien avec l'Impératrice. — Piété de l'Empereur. Le jeune Leykam. Séjour à Schoenbrunn. Discours de Périer et d'autres orateurs. Ficquelmont. Revirement de l'Empereur Nicolas. Zamoyski. Affaires de Russie et de Pologne. Invasion du choléra. - Fin de l'insurrection polonaise.

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--

Journaux.

Bonnes nouvelles de Berlin. — L'Archiduc Charles. — Anni-
Assassinat de Capo d'Istria. - Visite à l'Impératrice.

Baden, le 5 août.

993. Nous avons déjeuné de très-bonne heure avec maman, puis nous sommes allés, Clément et moi, à Baden dans notre voiture fermée; les enfants nous suivaient. Nous avons trouvé la maison que nous avions louée très-commode et suffisamment grande. Nous fimes les premiers arrangements, après quoi je me sentis tellement fatiguée, que je n'eus plus que la force de me jeter sur mon canapé, pendant que Clément lisait les journaux.

10 août.

Mon déjeuner a été très-intéressant, parce que Gentz a lu un très-joli article de journal, traduit par lui, sur l'incertitude et le peu de consistance des opinions libérales qui faisaient de l'opposition au ministère Périer, et qui, en le voyant donner sa démission, s'élevaient contre ce changement, etc.

Clément lut ensuite une magnifique dépêche qu'il adresse à Berlin à propos de la nouvelle affaire de Belgique. Le Roi de Hollande a résolu de marcher contre les Belges, mais ceux-ci

ont demandé du secours aux Français, qui veulent leur envoyer de vingt à trente mille hommes. La confusion augmente tous les jours; mais il faudra peut-être qu'elle arrive à son comble avant que l'ordre se rétablisse.

12 août.

Le choléra se rapproche de plus en plus; on dit que l'Empereur a décidé qu'il irait s'établir la semaine prochaine à Schoenbrunn. Par ces tristes temps, on n'a réellement pas un instant de repos.

L'Impératrice m'a fait dire qu'elle désirait me voir. Je me rendis auprès d'elle à midi et demi. Elle me dit qu'elle souhaitait de parler à quelqu'un qui se trouvât dans la même situation qu'elle, c'est-à-dire agitée et tourmentée par les événements les plus douloureux. Elle parla longuement de la politique, puis du choléra et de l'effet que produiraient les mesures prises chez nous. Ensuite elle s'entretint assez longtemps avec moi de mon intérieur et de Clément, que je rendais si heureux, disait-elle. Elle paraît affligée et même profondément agitée; on voit qu'elle voudrait faire le plus de bien possible, mais elle ne sait par où commencer.

14 août.

Clément a eu une longue conversation avec Gentz. A onze heures et demie, j'allai entendre la messe avec lui à la villa impériale. La chapelle est jolie; je m'y suis sentie chez moi. On a fait des prières pour que Dieu nous préserve du choléra; j'ai été profondément touchée de voir l'Empereur prier avec ferveur dans ce moment; Clément s'est rendu auprès de lui. Quant à moi, j'ai fait une petite promenade avec maman et les Meyendorff.

16 août.

Maman est venue nous voir pendant le déjeuner. Clément a encore trouvé le temps de disputer avec Gentz, qui finalement

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