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cessait de penser à eux. Alors Clément s'exprima sur le compte de son Maître d'une manière qui me toucha profondément. Il nous raconta des détails du temps de la guerre, et s'étendit sur les dangers auxquels l'Empereur s'était exposé à tout moment; bref, la visite à l'Impératrice fut intéressante au dernier point.

994. Retour à Vienne.

sa capitale.

Gentz.

RETOUR A LA VILLE.

Projets d'avenir. Accueil fait à l'Empereur dans

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La duchesse d'Abrantès et madame Récamier. —

Fin de la révolution italienne. - L'année nouvelle.

7 novembre.

994. Nous avons emballé tout ce que nous avions apporté à Schoenbrunn; les enfants étaient tous partis en avant, et, comme Clément attendait le courrier, nous avons causé ensemble pendant quelque temps. Il parla de ses affaires, des projets qu'il avait relativement à la fortune de ses enfants, etc. Ces conversations sont toujours pénibles pour moi. La pensée que je pourrais le perdre un jour est quelque chose d'épouvantable.

Clément s'est rendu auprès de l'Empereur; je l'accompagnai et je l'attendis pendant une heure dans ma voiture. Enfin nous revînmes à Vienne.

17 novembre.

L'Empereur est arrivé à neuf heures de Schoenbrunn, pour prendre ici ses quartiers d'hiver. Il a été accueilli par les vivat des habitants, qui formaient la haie sur son passage, et d'une foule de peuple immense.

J'ai déjeuné avec maman et mes frères, puis il a fallu aller au Burgtheater, où notre Empereur a été l'objet d'une ovation touchante. Le parterre a entonné l'hymne national; j'avoue que j'ai pleuré comme un enfant.

25 novembre.

Clément a été très-absorbé pendant le déjeuner. Il me semble qu'en Hongrie les affaires prennent fort mauvaise tournure. Je crois que la folie de nos jeunes gens devient toujours plus grande, et cela m'afflige profondément. Ils ne savent pas ce qu'ils font, mais ils préparent au pays des maux incalculables et se font malheureusement à eux-mêmes le plus grand tort.

27 novembre.

Clément m'a montré une lettre adressée par le prince de Wittgenstein à Gentz; elle prouve que ce dernier écrit à tous ses amis de l'étranger que Clément ne fait plus rien et que lui seul est obligé de s'occuper de toutes les affaires. J'avoue que je le regardais au moins comme un homme loyal et honnête. J'admire Clément, qui, bien que sachant tout cela, persiste à être bon et affectueux pour des gens qui cherchent à lui enlever la seule consolation qu'il trouve dans sa vie d'affaires, la considération et la reconnaissance de ceux qui, comme lui, veulent le bien.

16 décembre.

Je trouve que depuis quelque temps notre ami Gentz est dans une triste situation. Il nous a dit aujourd'hui qu'il mettait ses papiers en ordre parce qu'il sentait sa fin prochaine, et qu'il voulait mourir avec la certitude qu'on ne pourra pas découvrir une tache à son nom. Clément croit avec raison qu'il détruit toutes les lettres compromettantes qui sont relatives à quelques affaires de spéculation auxquelles il a malheureusement donné une grande extension.

19 décembre.

J'ai passé ce matin une heure très-intéressante. Clément parla des Mémoires de la duchesse d'Abrantes, qui n'offrent pas, il est vrai, un attrait bien considérable, mais dont l'auteur passera à la postérité ainsi que madame Récamier on les tiendra toutes deux pour des femmes remarquables, des personnalités capables de faire de grandes choses et de concevoir de grands desseins. Leur existence sera enveloppée d'une sorte de mystère, et l'on ne soulèvera le voile que dans l'espoir de recueillir des faits romanesques, de découvrir même les causes des plus graves événements, et de trouver en elles des femmes pareilles à celles du siècle de Louis XIV. Mais ceux qui les ont connues de plus près, comme Clément, par exemple, savent fort bien qu'elles n'ont profité des grands événements de l'histoire que pour acquérir une certaine célébrité en remplissant les moments de loisir des hommes en vue de ce tempslà. La duchesse d'Abrantes joignait à la passion de plaire et à la beauté extérieure un esprit vif et agréable. Madame Récamier n'était que belle, et, pour le dire sans détour, elle avait dans son temps la réputation d'être niaise. A présent elle s'est tout à fait jetée dans la dévotion, ce qui ne l'empêche pas toutefois d'être, selon toute apparence, au mieux avec Chateaubriand. Cette liaison lui a valu une réputation usurpée, parce qu'on se dit qu'il est impossible qu'un homme tel que Chateaubriand se lie avec une femme absolument dépourvue d'esprit. Clément raconta sur ces deux femmes des détails tout à fait curieux. Il est dommage qu'il ne puisse pas les mettre par écrit, afin d'éclairer la postérité et de montrer aussi le revers de la médaille.

22 décembre.

Clément est satisfait, parce qu'il a réussi à étouffer la révolution qui continuait toujours de couver en Italie, en faisant déclarer publiquement par les cinq puissances, et notamment

par la France, qu'on ne tolérerait pas le moindre désordre dans les États de l'Église, et que toutes les puissances avaient garanti à Sa Sainteté le maintien de l'ordre dans les États pontificaux. C'est là un résultat considérable; si l'on avait écouté Clément jadis, on aurait étouffé de méme totues les révolutions, et les Souverains seraient en possession de la puissance qui leur appartient.

31 décembre.

On a soupé à minuit et l'on s'est souhaité la bonne année. J'avoue que tous les ans ce changement de date devient plus pénible pour moi. Il faut que je me fasse violence pour ne pas me laisser aller à la tristesse. Je sais bien, il est vrai, que Dieu est trop bon pour m'ôter le bonheur et le repos qu'il m'a accordés; je ne puis m'empêcher toutefois de songer en tremblant que rien n'est plus inconstant que le bonheur. Que Dieu ait pitié de nous et qu'il bénisse mon bon, mon adorable Clément! Puisse-t-il me le conserver longtemps, l'éclairer de sa divine lumière! puisse-t-il avoir pitié de notre pauvre monde vieilli et me donner la force de rendre heureux ceux qui m'entourent! Que Dieu bénisse mon enfant, afin qu'il devienne digne de lui, et qu'il détourne de moi tout ce qui pourrait nuire au bonheur de ceux que j'aime! Que Dieu ait pitié des malheureux, mais qu'il m'accorde d'étre reconnaissante comme il convient de la grâce qu'il m'a faite!

SUR LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES DU JOUR.

EXTRAITS DE

LETTRES CONFIDENTIELLES DE METTERNICH A APPONYI, A PARIS, DU 3 JANVIER AU 27 DÉCEMBRE 1831, EN DEUX PARTIES.

I.

995. Politique de l'Autriche. Paix morale et politique.

-

son.

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M. de Sales.

--

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polonaise. Tranquillité en Galicie. - 996. L'attitude du maréchal Maise répand du choix du duc de La politique française et la propa

Bruit qui

Leuchtenberg comme Roi des Belges.

gande italienne. - 997. Insurrection à Modène. Le duc de Modène doit reconnaître le Roi Louis-Philippe. Pozzo. Entrée des Autrichiens dans Modène. Sentiments de l'Autriche relativement au choix de Leuchtenberg. 998. Armements de l'Autriche. La France régénérée.

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Fin probable de la révolution polonaise. —999. Victoire de Praga. Renforcement de la garnison de Ferrare. Les fils de Louis Bonaparte à la Expédition partie de Lyon pour soulever la Savoie. Puissance des mots. 1000. Le Cabinet français et l'insurrection italienne. Le général Frimont. Attitude de l'Autriche.

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Instructions. Impression produite par le Échauffourée en Savoie. Opinion de Sébastiani sur les bonapartistes. Passage de la Vistule par les Russes; le Gouvernement polonais se rapproche de Cracovie. -1001. Activité des comités de Paris. La non-intervention. Le Pape et le Roi de Naples menacés par des agents français. La France veut-elle la guerre ou la paix? - 1002. Reconstitution du ministère français. Caractère des révolutionnaires italiens. Du théâtre de la guerre en Pologne. - Le général Skrzynecki. L'Empereur Nicolas. 1003. La politique italienne du Cabinet français. Entrée des Autrichiens dans Bologne avec des armes non chargées. Lâcheté des carbonari.

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Dwernicki. - 1004. L'entrée dans Bologne sauve Rome. Observations générales. 1005. Dépêche de Pozzo à Tatistscheff. taire d'État pontifical à Sainte-Aulaire. M. Denois à Milan. Evacuation des États pontificaux par les troupes autrichiennes. Sir Robert Gordon. Le général Guilleminot. Intrigues à Constantinople et

réponse de la Porte. Embarras du Cabinet français. révolution en Italie.

Fin rapide de la

Metternich à Apponyi. Vienne, 3 janvier 1831.

995. M. Sébastiani devra me rendre la justice que je parle clairement. Ce que nous voulons, c'est la paix, la paix morale comme la paix politique; car si les deux se donnent ordinaire

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