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atteindre ce but salutaire, il est bien désirable que les événements de Paris soient envisagés sous leur véritable aspect, et que l'Europe, rendant justice aux motifs qui m'ont dirigé, entoure mon Gouvernement de la confiance qu'il a droit d'inspirer. Que Votre Majesté veuille bien ne pas perdre de vue que tant que le Roi Charles X a régné sur la France, j'ai été le plus soumis et le plus fidèle de ses sujets, et que ce n'est qu'au moment où j'ai vu l'action des lois paralysée et l'exercice de l'autorité royale totalement anéanti, que j'ai cru de mon devoir de déférer au vou national en acceptant la Couronne à laquelle j'étais appelé.

Les liens de famille et de parenté qui m'unissent à Votre Majesté ajouteront encore à mon désir de voir consolider l'heureuse harmonie qui subsiste entre nos États. Ces sentiments sont sincères, Sire, et j'ose croire que vous daignerez les partager.

Je prie Votre Majesté d'agréer, etc., etc.

L'Empereur François au Roi Louis-Philippe ( Lettre).
Schlosshof, le 8 septembre 1830.

969. Monsieur mon Frère, Cousin et Beau - Frère, j'ai reçu par le lieutenant général comte Belliard la lettre que Votre Majesté m'a adressée en date du 19 août. Tout en déplorant vivement les catastrophes qui ont eu lieu en France, je me suis décidé, dès le moment où la nouvelle m'en est parvenue, à ne point intervenir dans les démêlés intérieurs de ce pays. J'ai pris cette résolution dans la ferme et légitime attente que Votre Majesté désirera, de son côté, d'éviter tout ce qui pourrait porter atteinte aux intérêts et à la tranquillité des autres États. Il existe entre la France et toutes les puissances de l'Europe des traités solennels, qui ont fixé d'une manière claire et précise leurs rapports respectifs, ainsi que l'état de leurs possessions territoriales.

J'observerai religieusement ces traités, auxquels l'Europe doit les bienfaits de la paix dont elle jouit depuis quinze ans. J'ai tout lieu de croire que toutes les puissances, connaissant

les devoirs que lesdits traités leur imposent, et les droits qu'ils leur accordent, seront également convaincues de la nécessité de les prendre pour règle invariable de leur politique. Les paroles de Votre Majesté m'autorisant à la regarder comme animée des mêmes sentiments, je n'ai pas hésité à prendre acte de son avénement au trône, et je fais les vœux les plus sincères pour la stabilité et la prospérité de son règne *.

Je suis, etc.

Dépêche-circulaire de Metternich à toutes les missions I. R.
Vienne, le 5 septembre 1830.

970. L'Empereur s'étant décidé à recevoir, le 4 de ce mois, dans la matinée, en audience particulière, M. le général Belliard, chargé d'annoncer à Sa Majesté le dernier changement de Gouvernement qui a eu lieu en France, et de lui présenter des lettres de Sa Majesté le Roi des Français, LouisPhilippe, j'ai l'honneur de vous en prévenir, Monsieur, et de vous informer en même temps que le nouveau Gouvernement français se trouvant ainsi avoir été reconnu par Sa Majesté, les relations diplomatiques, que les derniers événe

En même temps que la réponse officielle ci-dessus, Sa Majesté adressa à Louis-Philippe une lettre confidentielle où il était dit :

« Le lieutenant général comte Belliard m'a remis la lettre particulière dont Votre Majesté a bien voulu le charger pour moi. La réception que je lui ai faite suffira pour prouver à Votre Majesté que j'ai pris acte de son avénement au trône. Je profite du départ du général Belliard pour en donner la confirmation à Votre Majesté.

« Je crois d'autant moins nécessaire de parler à Votre Majesté de la vivacité de mes regrets sur les tristes catastrophes de la fin du mois de juillet, que les propres paroles de Votre Majesté me prouvent jusqu'à quel point Elle en a personnellement reconnu la gravité. Mes vœux se rencontrent avec ceux de Votre Majesté. Ils sont tous concentrés dans le rétablissement de la paix intérieure de la France et le maintien de la paix politique de l'Europe. Que Votre Majesté se pénètre à cet égard de l'entière franchise de ma pensée, et par conséquent de celle de ma marche. Le sentiment d'une parfaite solidarité entre les puissances pour le maintien des traités existants se confond en moi avec celui de la nécessité où se trouve la France d'assurer, par tous les moyens dont elle peut disposer, son repos intérieur, seul gage de la stabilité de ses rapports avec les autres puissances. » (Note de l'Éditeur.)

ments avaient momentanément suspendues entre l'Autriche et la France, vont être rétablies.

L'ordre vient, en conséquence, d'étre donné dans tous les ports de la Monarchie d'admettre le pavillon tricolore. Recevez, etc.

Metternich à Apponyi, à Paris (E. D.). Vienne, le 12 septembre 1830.

971. ...Je vous ai écrit par l'occasion que m'a offerte le retour du général Belliard à Paris. Il me reste cependant presque tout à vous dire, pour compléter ce qu'il vous est nécessaire de savoir pour votre information.

Je n'essayerai pas même, Monsieur l'ambassadeur, d'aborder envers vous le passé. Tout à ce sujet a été dit entre nous. Vous m'avez depuis longtemps vu pénétré de la conviction qu'une crise imminente se préparait en France; votre bon esprit vous avait placé dans un accord parfait avec mes sinistres prévisions. Ce qui m'avait été démontré immanquable s'est réalisé. Telle est l'histoire du passé.

La vue de l'observateur impartial et éclairé plane aujourd'hui sur les décombres d'un monde entier. Rien de ce qui dans ce moment existe en France ne pourra se soutenir, car tout manque et de base et d'appui, tandis que tout ce qui se soutient encore hors du Royaume est exposé à être attaqué. Ce n'est pas une attaque à main armée de la part de la France qu'il est nécessaire de prendre en considération. Ceux qui devraient y donner le signal de la guerre politique n'ont ni le temps d'y songer ni les moyens de la faire. Les réflexions que renferment à ce sujet vos derniers rapports sont d'une parfaite justesse. Je vais même plus loin, et je ne crains pas de me tromper en admettant que le nouveau Gouvernement redoute bien plus une rupture avec les puissances, que celles-ci n'auraient lieu de la craindre. La preuve la plus évidente de la difficulté de sa situation se trouve dans les craintes mêmes qu'il nourrit à cet égard. Il sent l'incompatibilité qui existe entre lui et le repos de l'Europe, et il voudrait pouvoir devenir ce qu'il ne peut être, un garant de la paix du monde ! La diffé

rence véritable entre la situation des choses en France, dans le cours des dernières années, et celle du moment, consiste en ce qu'aujourd'hui la Révolution se montre, tandis que naguère un léger voile la couvrait encore.

Les puissances viennent de prendre le seul parti politique qui se soit trouvé à leur portée. Ce parti, vous en avez été informé par le retour du général Belliard. Dans le précis cijoint de mes entretiens avec ce général, vous apprendrez à juger de l'esprit dans lequel nous avons agi pour notre part, ainsi que nous l'avons fait. Vous me rendrez la justice que j'ai usé d'une entière franchise envers cet envoyé. J'aurais manqué à la conscience de l'Empereur et à la mienne propre, en usant envers lui d'un autre langage. Je n'ai eu qu'à me louer de l'attitude également franche dans laquelle le général Belliard s'est constamment maintenu.

Vous ne recevez pas encore des lettres de créance, Monsieur le Comte, par les deux raisons suivantes : d'une part, le bruit s'est répandu que le nouveau Gouvernement français désirerait supprimer les ambassadeurs par raison d'économie; de l'autre, nous désirerions connaitre le choix du personnage qu'on nous destinera*.

Veuillez vous expliquer franchement sur ces objets envers M. le comte Molé, et placer avec une grande simplicité les deux questions sous ses yeux.

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Les partis les plus difficiles à prendre sont pris; dès lors, toute arrière-pensée se trouve écartée dans notre marche. Le nouveau Gouvernement français, - je l'ai dit au général Belliard, doit, d'après notre conviction la plus intime, avoir aujourd'hui et avant tout un seul objet en vue, — sa conservation. Il doit donc vouloir ce que veulent tous les Gouvernements. Il y a plus: on ne conserve pas par des moyens de destruction; cette vérité rapproche le Gouvernement français de la ligne d'action commune. En exprimant cette vérité,

Le maréchal Maison fut envoyé à Vienne en qualité d'ambassadeur de France. La question se trouva ainsi résolue, et Apponyi reçut les lettres qui l'accréditaient comme ambassadeur d'Autriche près la Cour de Louis-Philippe. (Note de l'Éditeur.)

je fournis par là même une preuve que nous ne suspectons pas ses intentions. En vous autorisant à faire une pareille déclaration à M. le ministre des affaires étrangères, je vous fournis le meilleur argument pour éclairer et fixer son jugement sur notre compte.

Vous vous mettrez en relation directe avec le Cabinet, et vous vous considérerez placé comme le sont les représentants des puissances aux époques de passage d'un règne à l'autre. Chaque événement semblable laisse, sans que le cours des affaires puisse en souffrir, une lacune entre l'extinction des dernières et l'arrivée des nouvelles lettres de créance. Vous vous considérerez donc comme placé dans cette situation.

MOUVEMENTS INSURRECTIONNELS A LEIPZIG ET A DRESDE.

972. Metternich au comte Colloredo, à Dresde (D.), Presbourg, le 28 sepź tembre 1830. 973. Metternich au comte Colloredo, à Dresde (D. rés.). Presbourg, le 28 septembre 1830.

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972. Monsieur le comte, j'ai reçu tous vos rapports jusques et y compris celui du 20 de ce mois. Les nouvelles qu'ils renferment sont infiniment regrettables. Sa Majesté l'Empereur m'a chargé de faire parvenir par votre entremise au Cabinet royal de Saxe des renseignements complets sur ses sentiments et sur ses vues.

Il y a déjà longtemps que Sa Majesté Impériale et Royale avait lieu de regretter la facilité avec laquelle le Gouvernement saxon se prétait à favoriser la naissance de symptômes fâcheux d'agitation populaire. Pas un État allemand ne pouvait se vanter d'avoir un peuple plus sage et plus dévoué à la Maison régnante que le Royaume de Saxe; d'autre part, pas un État ne pouvait ne pouvait se féliciter d'avoir un Gouvernement plus

*Comme on le sait, des troubles éclatèrent, le 3 septembre, à Leipzig; ils amenèrent, le 9, une insurrection à Dresde et se propagèrent dans le pays, sous forme de manifestations de mécontentement presque générales. (Note de l'Éditeur.)

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