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Votre Excellence n'ont cessé de lui indiquer comme la seule utile; mais qu'il marche et qu'il ne s'arrête pas. La tâche que vous aurez à remplir, Monsieur l'ambassadeur, c'est d'empêcher que le mauvais parti que le Gouvernement romain pourrait être disposé à prendre ne prévale sur le seul qui puisse conduire les choses à bonne fin.

L'appui de M. Seymour va manquer à l'ambassadeur de France. Si l'Angleterre s'arrête dans sa politique radicale, l'ancien appui ne se retrouvera plus.

Metternich à Lützow, à Rome (D. rés.). Vienne, 29 juin 1832.

1087. Parmi les nombreux embarras que la situation du pays soumis à la domination pontificale reproduit journellement, il est incontestable que le plus difficile à surmonter tient à ce que le Gouvernement ne sait pas gouverner, et que celles de ses provinces où règne le plus d'agitation sont plus particulièrement remuées par un concours de circonstances déplorables dont les unes doivent être attribuées à ce même Gouvernement, et dont les autres sont indépendantes de lui et en dehors de son action.

L'État romain, comme l'Italie tout entière, sont sous l'influence directe du mal général. S'il se présente différemment dans les diverses parties de la Péninsule, la cause en est due à des circonstances locales et à des conditions de gouverne

ment.

Bologne a dans tous les temps été une ville difficile à gouverner. Abstraction faite des nombreuses causes de trouble qui y existent, cette ville a dans les dernières années été choisie par la faction comme le foyer principal de son action délétère. Tout y a été organisé depuis longtemps pour y provoquer un soulèvement, et même pour l'y rendre permanent.

Le Gouvernement pontifical ne sait pas gouverner; il ne sait même pas administrer une ville gâtée comme l'est Bologne.

En admettant ces deux vérités, il serait néanmoins impossible de ne pas admettre en même temps que si la maladie générale n'existait pas, Bologne, malgré ses répugnances,

serait matériellement tranquille sous le faible gouvernement

de Rome.

Je n'entre pas ici dans une recherche minutieuse de la différence très-grande qui existe entre la situation d'Ancône et celle de Bologne. Le trouble et le désordre qui règnent dans la première de ces villes y ont été importés et y sont entretenus par ceux mêmes qui les ont excités. Là, il est permis d'admettre comme certain que l'effet devra cesser avec la cause, tandis qu'on ne saurait entretenir le même espoir à l'égard de Bologne. La cause première de l'agitation qui y règne ne peut en être enlevée; elle devra y être amortie, et ses effets devront y être comprimés.

La maladie générale agit avec plus de force sur les Légations que sur les Marches, car les premières de ces provinces ont plus de prédisposition que les secondes pour la gagner et pour en provoquer les développements. C'est donc cette première cause qu'on ne doit jamais perdre de vue, aussi souvent qu'il s'agit des affaires de Bologne, et sous ce rapport, la formation et la régularisation de l'administration de cette ville se rapprochent davantage du terrain de la politique générale.

Je suis entré dans ces explications, Monsieur l'ambassadeur, pour vous mettre à méme de bien saisir notre pensée à l'égard de la question qui se traite aujourd'hui par les voies diplomatiques entre nous et la Cour de Rome; j'entends parler de la pragmatique.

Si la Cour de Rome entend si mal l'art de gouverner ses peuples, le Cabinet n'est guère plus avancé dans celui de saisir les nuances qui exercent une si grande influence dans les affaires politiques. Il nous fournit une triste preuve de cette vérité par les raisons mêmes qui motivent le présent travail.

Le Saint-Père et le cardinal secrétaire d'État ne se doutent pas que par les dernières ouvertures qu'ils ont adressées à Votre Excellence, ils se sont placés de fait sur notre terrain. Le Souverain Pontife a fait des lois pour le gouvernement des Légations; il veut leur donner de la stabilité. Nous ne voulons pas autre chose à l'égard des Légations, car ces provinces

n'ont pas d'autre vœu à former que nous puissions jamais regarder comme admissible.

Mais l'affaire ne sera pas arrivée à son dernier terme par ce qui se passera entre le Souverain et ses sujets. La question politique reste à vider entre les puissances prises individuellement; entre le Souverain Pontife et les cinq Cours; enfin, et en dernier résultat, entre l'indépendance morale et politique de la Cour de Rome et les prétentions contraires de la France, prétentions à la prédominance en Italie qu'elle n'avoue pas, mais qui n'en exercent pas moins une influence permanente sur la marche de son Gouvernement à l'égard du Saint-Siége et de tous les États de second ordre.

Nous sommes absolument obligés ainsi dans notre for intérieur de séparer toujours les questions, et d'en faire une juste distribution entre ce qui parmi elles appartient au domaine exclusif du Saint-Siége, et ce qui est du domaine de la politique. Dans la présente question, la division n'est pas difficile à établir; la législation est du ressort immédiat du Souverain. Pontife; la forme dans laquelle celui-ci devra demander et exiger la retraite des troupes étrangères, est du ressort de la politique.

La partie législative de la question se compose de la confection des lois, de leur mise en vigueur et de la garantie de leur durée; la partie politique se réduit à une demande et à une acceptation.

Ce que nous avons à demander au Saint-Père relativement à la première partie de l'affaire, sera complété le jour où les lois auront été promulguées et où elles auront été déclarées permanentes. En attendant, nous prenons acte de l'engagement qu'a pris envers nous le Souverain Pontife, « qu'une déclaration conçue dans ce sens et dans cet esprit aurait certainement lieu ».

Ce qu'il nous reste à lui demander à l'égard de la partie politique de la question, c'est que le Cabinet pontifical ne se prive pas, par des démarches imprudentes et mal conçues, des moyens d'affermir le repos futur de ses États et d'assurer en même temps son entière et parfaite indépendance politique.

Comme le seul moyen que nous ayons jugé propre à servir deux intérêts aussi puissants se trouve dans le choix de la forme que nous avons proposée, mais qui n'est pas comprise à Rome, nous nous réservons de revenir sur cette négociation le jour où nous croirons opportun de le faire.

J'espère, Monsieur l'ambassadeur, vous avoir mis à même de connaitre parfaitement notre pensée et la direction qu'elle suit. Ce que nous avons demandé à la Cour de Rome, nous le lui demandons encore aujourd'hui, car la solution de l'affaire entre cette Cour et les puissances ne pourra se trouver que là. Quand il s'agit de sauver des amis, il ne faut pas se rebuter, et l'on ne doit pas même les écouter au delà de certaines bornes. Notre conscience nous dit que nous avons raison, et aussi souvent qu'il en est ainsi, nous ne savons pas reculer.

Nous ne nous tenons pas à des mots; c'est uniquement aux faits que nous nous attachons. Nous n'insistons par sur le mot de pragmatique; mais ce sur quoi nous ne reculerons pas, c'est sur une déclaration qui ait la valeur d'une pragmatique. N'entrez pas aujourd'hui en discussion sur l'affaire, tenez-vousen à la promesse du Saint-Père telle qu'elle vous a été faite.

LA FÊTE DE HAMBACH*.

1088. Metternich au baron Gise, ministre des affaires étrangères de Bavière, à Munich (Lettre). Vienne, le 8 juin 1832.

1088. Dans la lettre que Votre Excellence a bien voulu m'écrire à la date du 3 de ce mois, et qui m'est parvenue aujourd'hui par l'intermédiaire de M. le feld-maréchal de Wrede, vous vous exprimez avec un abandon, avec une franchise qui m'imposent le devoir de vous répondre avec une parfaite sincérité, d'autant plus que l'affaire dont il s'agit a

Nous avons eu déjà l'occasion de dire quelques mots sur cette fête populaire. Voir la note qui accompagne le no 1061, p. 286. (Note de l'Éditeur.)

une gravité exceptionnelle, et que les mesures commandées par les circonstances sont urgentes et ne souffrent point de retard.

Dans ma réponse à votre lettre, je suivrai l'ordre que vous avez adopté pour votre communication; de cette manière nous arriverons le plus sûrement à une entente qui réponde à vos désirs et qui, par suite, justifie mes espérances.

Que Votre Excellence me permette de commencer par déplorer avec vous, si l'intention bien arrêtée du ministère royal était de maintenir l'interdiction de la fête de Hambach, que les autorités subalternes aient agi dans un sens diamétralement opposé à cette intention. L'inconvénient qui est résulté du fait que la Bavière a été la première à ouvrir une sorte d'arène légale aux menées révolutionnaires, est incalculable, car tous les rapports que je reçois d'Allemagne me donnent la conviction que c'est de Hambach que la révolution est partie pour se répandre dans tous les districts d'Allemagne et pour y causer une agitation plus ou moins vive, selon que les Gouvernements ont plus ou moins de force pour arrêter momentanément les violences des fanatiques perturbateurs de l'ordre public. Mais le mal est fait; loin de moi la pensée de remonter à l'origine de ces excès, si ce n'est pour répondre à la question suivante : Quelle voie le Gouvernement royal a-t-il à suivre pour remplir d'une manière satisfaisante ses devoirs envers l'immense majorité de ses sujets qui sont restés calmes et fidèles aux bons principes, ainsi que ses devoirs envers les États confédérés? Votre Excellence trouve qu'il y a deux sortes de moyens propres à conduire à ce résultat : l'un, plus doux, serait de suivre la voie légale; l'autre, plus rigoureux, consisterait à étouffer l'agitation révolutionnaire par l'emploi de la force armée. Je croirais volontiers qu'il faut appliquer en même temps ces deux genres de procédés, si l'on veut atteindre le but que l'on se propose. Que Votre Excellence laisse d'abord à la loi son libre cours; les faits parlent trop haut pour qu'il soit besoin d'autre chose que de l'application consciencieuse des lois pour soumettre les coupables à l'enquête et au jugement qu'ils ont encourus. ... Mais qu'en même temps Votre

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