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naire appelle de tous ses vœux, en paraissant toutefois ne réclamer que la sécularisation de l'administration.

Quant aux mesures recommandées par la conférence de 1831 et refusées par le Pape, nous avouons franchement que nous ne saurions nous empêcher de reconnaître la valeur des motifs puissants sur lesquels se fonde le refus de Sa Sainteté. Ces motifs doivent avoir une valeur réelle et pratique, car elle est reconnue aujourd'hui par les représentants des puissances mêmes qui avaient mis le plus d'insistance sur la première proposition.

C'est avec un sincère sentiment de regret que l'Empereur voit le Gouvernement anglais se retirer des affaires romaines. Il en résultera pour Sa Majesté Impériale un devoir plus pressant encore d'aviser au moyen de les terminer de la manière la plus régulière et la plus satisfaisante possible.

la

Nous ne faisons point de politique dans les affaires romaines; la sollicitude avec laquelle nous avons cherché à en écarter les chances de danger qui se sont présentées n'a pas été infructueuse. Notre attention continuera à être dirigée vers un objet aussi important, et si nos efforts devaient jamais échouer, question d'un régime municipal pour la ville de Bologne ou pour telle autre ville de l'État pontifical céderait bien vite la place à des questions d'une tout autre valeur pour la généralité des puissances.

C'est de la politique, et de la politique raffinée, que font les sectaires italiens. Le régime intérieur de leurs villes ne les touche pas; s'ils en parlent, ce n'est que pour jeter du trouble dans les positions. Convaincus qu'ils ne pourront arriver au bouleversement complet de leur patrie que par le moyen violent de la guerre entre les puissances, c'est à les brouiller que tendent leurs efforts. Les factieux jouent leur jeu, nous jouons le nôtre. Nous n'avons pas la prétention de les tromper; nous voulons empêcher leur triomphe, et nous n'hésitons pas à l'avouer. Par contre, leurs phrases ne nous trompent également pas. Nous savons ce qui en elles a la valeur d'une réalité et ce qui n'est qu'un leurre. Nous connaissons leurs plans et leurs

moyens, et c'est parce que nous savons les évaluer que nous ne changerons pas de marche.

Veuillez porter la présente dépêche à la connaissance de lord Palmerston et l'assurer que rien n'a pu me paraître aussi pénible que la nécessité d'entrer, envers un Cabinet dont les premiers et les plus permanents intérêts politiques sont si intimement confondus avec ceux de notre Empire, dans une élucidation telle que la présente. Le Cabinet britannique nous a rendu compte de sa pensée et de ses déterminations; nous avons dû agir envers lui avec une égale franchise.

Metternich à Neumann, à Londres (E. D.). Vienne, décembre 1832.

1095. Une longue expérience avait habitué l'Empereur à compter sur l'amitié de l'Angleterre, et son Cabinet à prendre pour base de ses calculs l'uniformité des intérêts politiques entre les deux Empires. Dans les derniers temps, nous avons toujours pensé que les vœux du Gouvernement britannique et les nôtres se confondaient dans celui du maintien du repos intérieur des États et de la paix politique en Europe.

Si, par contre, nous admettons qu'il puisse exister entre notre Cabinet et celui de Sa Majesté Britannique une divergence dans la manière de juger des questions spéciales, nous ne sommes pas également prêts à admettre qu'elle pourrait s'étendre jusqu'aux grands résultats que tous les Gouvernements réguliers doivent avoir en vue, autant dans leur propre intérêt que dans celui du repos social tout entier. C'est en nous plaçant sur cette base de confiance que nous n'hésitons pas à fixer l'attention particulière du principal secrétaire d'État sur la somme immense d'inconvénients et même de dangers qui serait inséparable de la marche du Cabinet anglais, si celle-ci prêtait aux hommes du mouvement dans d'autres contrées l'espoir d'être soutenus par lui. En nous annonçant sa détermination de retirer son agent diplomatique de Rome, le principal secrétaire d'État nous a développé sa pensée sur la ligne de conduite passive que Sa Majesté Britannique serait dans la nécessité de suivre dans des circonstances pénibles à admettre

d'avance. Entre cette annonce et un appel à ces circonstances elles-mêmes, la différence est grande, et si un procédé peut servir à faire naître les plus fàcheuses complications dans un prochain avenir, c'est certes celui qui fait le sujet de la présente dépêche.

Nous nous reconnaissons des devoirs que nous saurons remplir dans la suite comme par le passé; ce que nous ne nous reconnaissons pas moins, c'est le droit de réclamer de la part d'une Cour amie les égards auxquels nous sommes incapables de manquer envers elle.

Comme la lettre qu'un libéral italien, présentement à Paris, a adressée à ses amis à Bologne et dans d'autres villes de l'État pontifical a été colportée par eux d'après le vœu même de son auteur, il n'est pas surprenant qu'elle soit arrivée à notre connaissance. J'en possède d'autres dont je ne puis faire un même usage, et qui toutes sont rédigées dans le même esprit. Comptant aujourd'hui bien plus sur le secours du Gouvernement britannique que sur celui de la France, les radicaux exilés recommandent à leurs complices la patience dans l'action, mais l'énergie dans le travail révolutionnaire. Craignant les coups qui pourraient les exposer à des risques personnels, ces hommes préfèrent les moyens qui, dans des voies moins dangereuses, leur promettent les mêmes résultats. Ils veulent assurer le triomphe de leurs vues de subversion au moyen de formes pacifiques; en ceci ils suivent l'impulsion de leurs maîtres. Le terrain sur lequel vous devrez vous établir dans toute discussion avec les ministres anglais, c'est celui d'opposer la pratique à la théorie. Quelles que puissent être les thèses qu'ils chercheraient à soutenir pour appuyer leurs idées de perfectionnement de l'ordre social dans les États romains, il y a une vérité à leur opposer: c'est que nous sommes allés, dans les conseils que nous avons donnés à la Cour pontificale, jusqu'à la limite où l'existence temporelle du Souverain Pontife deviendrait inconciliable avec les exigences des novateurs. A cette limite commence la question de l'émancipation des provinces placées aujourd'hui sous sa domination, et cette question serait la plus grave et en même temps la plus

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dangereuse à aborder et à résoudre à toutes les époques et surtout à la nôtre. Elle serait grave pour toutes les puissances et en particulier pour le Roi de la Grande-Bretagne. Si lord Palmerston ne comprend pas ou s'il ne veut pas comprendre cette vérité, s'il oublie que son Maître a plus de cinq millions de sujets catholiques zélés, nous n'y pouvons rien; mais ce qui est en notre pouvoir, c'est de combattre le travail révolutionnaire du Cabinet britannique, sous quelque prétexte et sous quelque forme qu'il se présente. Nous faisons du maintien du repos public en Italie une question d'existence pour nous-mêmes; nous le faisons et nous le disons. Si les ministres réformateurs visent à nous écraser, et à engager le monde dans une conflagration générale, nous ne saurions empêcher l'existence d'une intention aussi coupable; mais il serait loyal à eux de l'avouer.

Vous trouverez certainement dans votre mémoire et dans les actes de l'ambassade les traces d'un langage fort différent qu'a tenu le principal secrétaire d'État à M. le prince Esterhazy sur les affaires romaines, à l'époque de l'explosion des troubles dans la Romagne. Ce langage diffère en effet essentiellement de la marche que suit aujourd'hui, dans la même question, le même ministre. C'est que lui et ses collègues ont fait depuis lors un chemin immense dans la voie nouvelle. Les hommes une fois lancés dans des voies fausses et dangereuses savent rarement s'arrêter et encore moins rétrograder. Le Cabinet anglais nous offre une nouvelle preuve de cette vérité.

CHOIX DU PRINCE OTHON DE BAVIÈRE COMME ROI DE GRÈCE.

1096. Metternich au baron de Gise, ministre bavarois des affaires étrangères, à Munich (D.). Baden, le 11 août 1832.

1096. Au moment même où j'ai reçu la dépêche que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser le 29 juillet, je me suis empressé de soumettre à l'Empereur la lettre du

Roi qui s'y trouvait jointe, ainsi que la convention conclue et signée à Londres, le 7 mai, par les représentants des Cours de Bavière, d'Angleterre, de France et de Russie, en vertu de laquelle Son Altesse Royale le prince Othon de Bavière est appelé à monter sur le nouveau tròne de la Grèce. L'Empereur, infiniment sensible à l'empressement qu'a mis le Roi, son auguste beau-frère, à lui faire part d'un événement aussi intéressant pour le prince Othon son fils, n'a pas voulu tarder à lui exprimer la part sincère qu'il y prend, et c'est dans ce but que Sa Majesté a adressé au Roi la lettre ci-jointe *, que Votre Excellence est priée de vouloir bien faire parvenir à sa haute destination.

Vous n'ignorez certainement pas, Monsieur le baron, que l'Empereur n'a pris aucune part quelconque ni à cette transaction ni aux négociations qui l'ont précédée; mais ayant été informée directement par la Porte Ottomane qu'elle avait solennellement renoncé à ses droits sur la Grèce et qu'elle en avait reconnu l'indépendance, Sa Majesté Impériale n'a pas hésité à répondre au Roi que rien ne s'opposait aujourd'hui à ce qu'elle reconnût le nouveau Royaume chrétien que les Cours d'Angleterre, de France et de Russie viennent de fonder en Orient, et qu'elle s'y déterminait d'autant plus volontiers que le choix de ces trois puissances pour occuper le nouveau trône de la Grèce s'était fixé sur Son Altesse Royale le prince Othon de Bavière. Les titres qu'a ce jeune prince à l'intérêt de l'Empereur, les sentiments personnels d'amitié et de confiance qui existent entre Sa Majesté Impériale et le Roi, son auguste beau-frère, sont le plus sûr garant du prix que mettra le Gouvernement autrichien à établir et à cultiver les meilleurs rapports avec le nouveau Gouvernement grec.

*Cette lettre, écrite à Baden le 10 août, contient la reconnaissance du Roi de Grèce. (Note de l'Editeur.)

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