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vœux de citoyens éclairés sur les véritables intérêts du corps social. Les Gouvernements doivent ainsi mettre tous leurs soins à éviter que des concessions ne deviennent pour eux une nécessité. Ce n'est qu'en gouvernant bien, en ne s'écartant pas des voies légales, en respectant les véritables libertés publiques, mais en faisant respecter également leurs droits, qu'ils peuvent atteindre ce but.

Considérée de près, il y a une analogie évidente entre le but que nous cherchons à atteindre par le système préventif et la valeur qu'attache le Cabinet anglais au système de concessions. Ce qui est indubitable, c'est que le besoin de la répression peut se trouver au bout des deux systèmes, avec cette différence cependant que dans le nôtre elle s'appuie sur la plénitude d'une force intacte, tandis que dans le système opposé elle ne peut être exercée que par le pouvoir décroissant. La répression est également considérée par les hommes. des deux systèmes comme la plus regrettable et la plus dure des nécessités, que, bien loin de vouloir provoquer, ils doivent par conséquent désirer sincèrement d'éviter.

Si je ne me trompe, Monsieur le baron, la cause de la difficulté que nous rencontrons parfois à nous entendre avec le Cabinet britannique ou à être compris par lui, se trouve dans la différence des positions morales que je viens d'esquisser. J'admets que, s'il est impossible de nier qu'il existe une différence notable entre le système préventif et le système de concessions, le Gouvernement britannique pourrait regarder ce dernier système comme lui étant commandé, soit par la force de sa conviction que ce système est le meilleur en luimėme, soit par des raisons particulières qui lui feraient une loi de l'adopter et de le suivre. Nous ne prétendrons jamais nous arroger le droit de scruter à cet égard la marche qu'il croira devoir suivre. Le Gouvernement britannique jouit sous ce rapport de la plénitude de son libre arbitre; mais ce que nous lui demandons avec instance, c'est qu'il nous accorde également et sans restriction la même faculté. Il en est des principes de gouvernement comme des dogmes religieux. La discussion à leur sujet est souvent dangereuse, et elle est tou

jours inutile. Le talent des Cabinets doit consister à vivre en paix et en harmonie; le moyen le plus sûr pour atteindre ce but généralement désirable, c'est d'écarter avec soin des sujets de discussion sur lesquels il n'est guère possible de s'entendre, et de chercher avec un soin égal à se rencontrer dans les objets d'un intérêt commun. Ce que nous voulons avant tout, le Cabinet britannique le veut également marchons donc d'un commun accord dans les voies de la paix et de la conservation de tout ce qui a une existence légale. L'une des conditions inhérentes aux corps qui jouissent de cette existence, est de toujours avancer dans la direction du bien; ils ne sont pas stationnaires, car ils ne pourraient l'être sans rétrograder, ce qui n'est pas dans la nature des corps bien constitués.

Je vous autorise à donner lecture de la présente dépêche à lord Palmerston. En vous transmettant cette direction, je crois devoir y joindre une excuse. L'objet et le but du présent travail pourront paraître abstraits au principal secrétaire d'État, et il n'appartient point en effet au domaine ordinaire de la correspondance diplomatique. Ce qui devra néanmoins en ressortir pour ce ministre, c'est la preuve indubitable de notre désir sincère de placer les deux Cabinets sur une ligne où l'entente devra leur être facile en excluant de leurs points de vue personnels et particuliers ce qui parfois s'oppose à un résultat aussi désirable.

Dépêche-circulaire de Metternich aux Cours d'Allemagne.
Vienne, le 31 octobre 1832.

1099. Parmi les tristes phénomènes de ce temps si riche en exemples de confusion dans les idées et d'anomalies dans les situations, la tentative d'immixtion dans les affaires intérieures de l'Allemagne, que le Cabinet anglais vient de faire à propos des résolutions prises par la Diète, le 28 juin, mérite d'être regardée comme une des plus remarquables.

La dépêche du secrétaire d'État au département des affaires étrangères, dépêche dont l'ambassadeur d'Angleterre, sir Frédéric Lamb, m'a remis une copie, et qui établit

cette immixtion, tend à démontrer que la Diète, en prenant les résolutions susdites, a outre-passé les droits et les attributions que lui confère le pacte fédéral, et que de l'effervescence générale qui est résultée de cet abus de pouvoir, sont nés des dangers qui menacent le repos intérieur et la sécurité extérieure de l'Allemagne, dangers que le Cabinet de Londres se croit obligé de signaler à la Cour impériale et royale, afin qu'elle use de son influence à la Diète pour ramener cette assemblée à des procédés moins violents.

Si le Cabinet anglais s'était borné à renfermer dans les limites d'une simple communication à la Cour de Vienne cette note, qui porte sinon le cachet, du moins la forme extérieure d'un avis amical adressé à l'Autriche, nous aurions, il est vrai, relevé la complète ignorance de la constitution fédérale de l'Allemagne, ignorance qui se révèle dans ce travail; nous aurions fait ressortir les contradictions matérielles et logiques accumulées dans ce document, ainsi que l'idée absolument fausse qu'on semble s'être faite à Londres de l'état moral de l'Allemagne, nous l'aurions fait avec une entière franchise, en priant le Cabinet de Londres de ne pas s'abandonner plus longtemps aux appréhensions, tout à fait dénuées de fondement, que lui inspire le danger qui menace l'Allemagne. Néanmoins, en accomplissant cette táche facile, mais qui répugne à nos sentiments, nous aurions évité avec le plus grand soin de jamais dépasser, de notre côté, les bornes d'un échange d'idées purement confidentiel.

Mais la conduite adoptée par le Cabinet anglais ne nous a pas permis de suivre cette marche.

Ne se contentant pas de nous donner le prétendu conseil amical dont il s'agit, et d'attendre ensuite pour voir si nous pouvions y donner suite et comment nous le ferions, le Cabinet anglais s'est empressé de porter le fait à la connaissance des principales Cours d'Allemagne et de faire pénétrer dans ces Cours les principes dangereux et faux sur lesquels repose le travail du Cabinet anglais. Presque en même temps que nous recevions la communication susdite, le chargé d'affaires qui représente le Royaume de Grande-Bretagne à la Cour royale

de Prusse essaya d'en faire une semblable au ministre des affaires étrangères, M. Ancillon; mais Son Excellence, qui avait été instruite d'avance de l'objet de cette communication, déclina toute ouverture dans ce sens, renvoyant toute la question à la Diete comme étant l'autorité compétente. De même on communiqua à presque toutes les Cours importantes la dépêche de lord Palmerston à sir Frédéric Lamb.

A la Diète même, le ministre plénipotentiaire du Royaume de Grande-Bretagne s'efforça d'appeler sur cette dépêche l'attention de tous les membres de l'assemblée fédérale ; mais il a dû reconnaître, en voyant comment ses ouvertures étaient accueillies partout, qu'il avait à exploiter un terrain bien ingrat.

Après ces faits, il ne nous était pas permis de nous contenter de répondre d'une manière toute simple et toute confidentielle à la communication du Cabinet anglais; au contraire, nous nous devions à nous-mêmes, nous devions à l'autorité de la Diète, si violemment attaquée, et à l'indépendance de la Confédération, de faire parvenir la réponse à l'attaque partout où l'on a eu connaissance de cette dernière.

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Dans les annexes, Votre recevra deux dépêches (no 1097 et 1098), que nous expédions à l'instant au chargé d'affaires impérial et royal à Londres, pour qu'il les communique au Cabinet anglais. Dans ces dépêches, nous croyons avoir démontré d'une manière victorieuse combien est inconvenante l'immixtion en elle-même, et combien sont faibles les raisons par lesquelles on prétend la justifier. M. de Neumann reçoit l'ordre de laisser une copie de ces documents entre les mains du ministère, afin que si jamais ce Cabinet était porté, dans un débat parlementaire, à livrer à la publicité sa dépêche à sir Frédéric Lamb, il publie également notre réponse. voudra bien faire connaître confidentielle

Votre

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sa disposition un exemplaire des annexes qui l'accompagnent et qui vous sont adressées en double à cette fin.

Nous espérons que le Cabinet .. .. partagera la manière de voir que nous avons adoptée relativement à cette tentative, que rien ne justifie, d'un empiétement sur l'indépendance de

la Confédération germanique, et qu'il voudra bien recommander à son représentant à la Diète d'avoir soin, dans le cas où, contre toute attente, le ministère anglais voudrait, en intervenant directement auprès de l'assemblée, renouveler l'expérience qui est restée sans succès à Vienne, de suivre fidèlement la marche tracée dans cette prévision au représentant impérial et royal à la Diète, marche qui peut se résumer en quelques mots : repousser résolúment, énergiquement, toute immixtion arbitraire dans les affaires intérieures de l'Alle

magne.

MESURES COERCITIVES PRISES PAR LA FRANCE ET PAR L'ANGLETERRE CONTRE LA HOLLANDE.

1100. Metternich à Schwarzenberg *, à Berlin (D.), Vienne, le 13 octobre 1832. 1101. Metternich à Trauttmansdorff, à Berlin (E. D.). Vienne, le 13 novembre 1832. 1102. Metternich à Clam-Martinitz, à Berlin (Lettre particulière). Vienne, le 13 novembre 1832. - 1103. Metternich à Trauttmansdorff, à Berlin (D.). Vienne, le 8 décembre 1832.

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1100. La situation de l'affaire belge est devenue éminemment dangereuse. Un grand mouvement s'est emparé des Cabinets français et anglais. Ce qu'il y a eu de plus fautif et de plus répréhensible dans la manière dont l'affaire a été engagée dès le principe, menace de retomber aujourd'hui de tout son poids sur les Cabinets qui se sont le plus directement compromis; le Gouvernement français, de son côté, subordonne toutes les considérations d'une sphère plus élevée aux embarras de sa situation intérieure, et le Cabinet britannique ne répugne pas à seconder le rôle de son complice; dans un dédale pareil, la saine raison diplomatique et les considérations en faveur du bon droit ont perdu leur puissance; les

* Le prince Félix de Schwarzenberg avait été chargé de la direction de la légation autrichienne à Berlin, pendant la durée du congé accordé au comte de Trauttmansdorff, ministre plénipotentiaire d'Autriche dans cette capitale. (Note de l'Éditeur.)

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