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23 septembre.

Clément a eu énormément à faire. Blacas lui a pris une heure. Une foule de Français voulaient se réunir pour fêter, le 29 de ce mois, la majorité de Henri V. On a cherché un expédient pour déterminer le Roi Charles X à partir et à l'éloigner de toute cette agitation. Une lettre de Montbel a fourni un prétexte très-simple et très-naturel. La duchesse de Berry a consenti à tout ce que le Roi demandait. Son acte de mariage est déposé à Rome. Montbel est allé le chercher; elle viendra plus tard, et le Roi ira l'attendre avec le duc de Bordeaux à Klagenfurt; ils y resteront assez longtemps pour laisser passer le jour où devaient se produire toutes les intrigues des faux royalistes.

Vierne, le 29 septembre.

Nous sommes partis de Prague le 24.

10 octobre.

J'ai passé la soirée chez Clément, qui avait beaucoup à faire. Le courrier de Berlin n'est pas arrivé; on ne sait pas si Ancillon a signé les conventions arrêtées à Münchengrætz. Dans l'intervalle il a perdu un temps irréparable, un temps qui prouve aux Français et aux Anglais que les trois puissances ne sont pas entièrement d'accord.

12 octobre.

Clément s'est levé de bonne heure, afin de partir pour Linz. J'ai déjeuné avec lui; mais il était tellement pressé que je n'ai pu lui dire adieu comme je l'aurais désiré. J'ai été profondément affligée de le voir partir sans moi. C'est la première fois depuis mon mariage que je suis séparée de lui. Heureusement cette séparation ne sera pas longue; néanmoins je ne saurais dire combien j'en souffre.

17 octobre.

J'ai reçu deux lettres de mon bon Clément; l'une d'elles m'annonce qu'il arrivera avant cinq heures.

19 octobre.

Clément a reçu des dépêches de Berlin; les conventions de Münchengrætz sont enfin signées, et tout est en règle.

26 octobre.

Clément m'a longuement parlé de Prague, où il faudra qu'il se rende à cause des conférences relatives aux affaires d'Allemagne.

3 novembre.

que

Sandor était

Clément m'a fait chercher pour me dire venu chez lui pour lui demander la main de Léontine, et qu'il lui avait répondu qu'il était étonné de cette démarche si brusque, mais qu'il le remerciait néanmoins de cette preuve de confiance. Mais il n'avait pas de goût, ajouta-t-il, pour les gendres morts; aussi n'aimait-il pas à le voir risquer journellement de perdre la vie, et, en général, il appréciait peu les tours de force où l'on peut se rompre le cou. Il ne désirait point que son gendre se distinguat de cette manière. Il lui conseillait donc de s'éloigner de Vienne pendant un temps raisonnable, et, s'il n'entendait plus parler de lui, il pourrait faire une nouvelle tentative; mais, quant à la réponse qui pourrait être faite à sa demande, il ne s'engageait à rien, etc. Sandor a été touché jusqu'aux larmes et s'est retiré presque satisfait.

6 novembre.

Clément a parlé à Léontine de son entretien avec Sandor, et elle est venue après le déjeuner chez moi pour me dire

tout, ce qui me prouve assez qu'elle se considère comme la fiancée de Sandor.

9 novembre.

Neumann a assisté à notre déjeuner. Clément lui a raconté que lord Palmerston ne désirait pas qu'il retournȧt à Londres, et qu'il se plaignait des entrevues qu'il avait eues avec Bourmont, lorsque ce général s'apprêtait à partir pour le Portugal.

29 novembre.

Nous avons eu un grand dîner, auquel se trouvaient six officiers prussiens qui reviennent d'Italie, où ils ont assisté à toutes les manœuvres. Ils sont enchantés de tout ce qu'ils ont vu là-bas, ainsi que de l'accueil qu'ils ont trouvé partout. Nous avions invité plusieurs de nos militaires, de sorte qu'il y avait vingt personnes à table.

26 décembre.

J'ai passé une heure chez Clément, qui lisait quelque chose avec Prokesch. Le soir, j'ai eu du monde, entre autres M. de Cetto, ministre plénipotentiaire de Bavière. Clément met toujours à profit la présence de ce diplomate pour exprimer sans détour ses vues sur la situation actuelle, en ayant l'air de ne pas savoir que M. de Cetto appartient au parti avancé.

SUR LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES DU JOUR.

EXTRAITS DE LETTRES CONFIDENTIELLES DE METTERNICH A APPONYI ET HUGEL, A PARIS, DU 11 JANVIER AU 30 DÉCEMBRE 1833, EN DEUX PARTIES.

I.

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1110. Nouvelles démarches de l'Angleterre et de la France vis-à-vis du Roi de Hollande. 1111. Marche des affaires de Belgique et de Hollande. Attitude singulière de Palmerston. Caractère du Cabinet anglais. Talleyrand. Article de l'Observateur autrichien, - 1112. Conflit entre la Turquie et l'Égypte. 1113. Signature de la convention de Constantinople. 1114. L'amiral Roussin.-1115. Sa conduite à Constantinople. Scènes qui se passent à Francfort-sur-le-Main. d'Apponyi avec Broglie sur la situation de l'Allemagne. 1117. Vues de Broglie relativement à l'Espagne et à la Suisse. 1118. Envoi de troupes de Mayence à Francfort. 1119. Envoi de troupes dans le Tyrol.

1116. Entretien

Metternich à Apponyi. Vienne, ce 11 janvier 1833.

1110. J'ai reçu ce matin des rapports de Londres du 1" de l'an, qui m'informent de la nouvelle démarche que les alliés ont faite auprès de Sa Majesté Néerlandaise. Je doute fort qu'elle ait du succès. Il y a dans tous les essais faits jusqu'à présent par les deux Cours quelque chose qui doit constamment les faire échouer. On sait comment se conduire quand il pleut des soufflets ou des caresses; personne ne le sait quand les uns et les autres arrivent à la fois. Ce que dans cette marche il y a peut-être de plus curieux, c'est qu'il est impossible de déméler au juste ce que veulent les deux Cabinets; est-ce la fin de l'affaire belge ou le contraire? Agissent-ils sous l'influence de la préméditation ou de la gaucherie? Je crois beaucoup à celle-ci.

Ne parlez pas de tout ceci. Votre attitude dans l'affaire hollando-belge devra être toute passive; écoutez tout et ne répondez pas; dites tout au plus que vous répondez des intentions de votre Cour, mais que vous ne sauriez préjuger sa manière de décider des faits spéciaux. Je ne vous donne pas ici une commission qui sera difficile à remplir; s'il en était

autrement, vous sauriez vous en acquitter également à notre entière satisfaction.

Ce 26 janvier.

1111. J'ai une vieille habitude des affaires; je n'ai pas l'esprit obscurci par des préjugés sur les hommes et sur les choses; je comprends avec la facilité que donne le sens commun le plus ordinaire; eh bien, doué de toutes ces facultés et de ces facilités, la marche que suit l'affaire belge passe mon entendement *. Je n'y comprends plus rien; j'ai l'esprit fermé à son égard, et si je n'avais le devoir de ne pas le faire, je l'abandonnerais au gré des vents et des flots, plutôt que de continuer à m'en mêler. Elle est arrivée pour moi à un degré de dégoût indicible.

Veuillez demander à M. le duc de Broglie s'il lui arrive aussi que quand il dit blanc aux ministres anglais, ils lui répondent comme s'il avait dit noir. Il s'agit ici d'un fait et non pas d'une question politique.

Dans les plus récentes communications de lord Palmerston, rien n'est empreint d'un esprit d'opposition ou de méfiance contre nous, un esprit contraire marque même ces communications. C'est un travail parlementaire que ce ministre a évidemment en œuvre. Il m'adresse des questions sur vingt choses qui entre lui et moi sont oiseuses; il veut, en soumettant sa dépêche au Parlement, apprendre à celui-ci comment l'affaire belge a été conduite. Je n'ai non-seulement rien à dire contre ce projet; je suis même prêt à le servir; mais il m'importe de savoir si, quand d'autres que moi disent bonjour à lord Palmerston, il les interpelle pour se justifier du bonsoir qu'il prétend lui avoir été adressé. C'est une recherche de curiosité, de nécessité, si vous voulez, mais sur laquelle M. de Broglie peut me fournir des lumières par un simple oui ou non.

Ce qui est indépendant de cette question et ce qui, à mon

* Voir Reprise des négociations relatives à la Belgique et à la Hollande », n 1126. (Note de l'Éditeur.)

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