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très-inquiète; mais peu à peu je me suis convaincue qu'il ne s'agissait que d'un simple rhume de cerveau comme j'en ai eu un avant-hier. En effet, bientôt après il s'est senti beaucoup mieux, et, vers cinq heures, il s'est rendu dans son cabinet.

7 octobre.

Il y a vingt-cinq ans aujourd'hui que Clément est ministre. J'espérais accoucher aujourd'hui et lui donner un fils; cela aurait été une compensation à ses préoccupations sans nombre. La chancellerie d'État a demandé la permission de venir le complimenter. A l'heure de midi, Mercy est venu à la tête de tout le département, et il a adressé à mon mari une allocution qui, dit-on, a été très-belle et très-touchante. Clément a répondu que les vingt-cinq années qui venaient de s'écouler avaient amené bien du chagrin et bien des malheurs ; qu'il avait trouvé dans ces messieurs un appui solide et qu'il les priait de seconder ses efforts avec le zèle et la persévérance qu'ils avaient montrés jusqu'à ce jour, etc., etc. L'allocution et la réponse ont fait, d'après ce que j'ai entendu dire, la meilleure et la plus vive impression

*

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Mes enfants avaient appris quelle était la fête qu'on célébrait; ils ont également fait de leur mieux.

A quatre heures et demie, j'étais au salon pour recevoir les visiteurs. Paul Esterhazy, à la tête de ceux de nos diplomates qui sont attachés aux missions à l'étranger et qui se trouvent actuellement à Vienne, a fait un discours qui m'a vivement impressionnée; mais la réponse de mon mari m'a encore bien

A cette occasion, les ambassadeurs et les représentants de l'Autriche offrirent au prince chancelier d'État une médaille commémorative (conservée au Musée de Koenigswart); le prince répondit à cette attention par l'envoi de la lettre suivante :

"

Je prie Votre Excellence d'être l'organe des sentiments qu'a fait naître en moi le don de la médaille qui m'a été offerte au nom de tous les ambassadeurs et de tous les représentants de Sa Majesté Impériale et Royale qui sont actuellement en activité.

« Le sentiment que j'éprouve ne se borne pas à celui de la reconnaissance; il s'élève dans mon âme jusqu'à celui de la fierté; l'image du quart de siècle qui vient de s'écouler me place au milieu des collaborateurs et des amis qui,

plus émue. Que Dieu bénisse ces hommes excellents qui s'efforcent de lui alléger sa lourde tâche, et qui savent apprécier à sa valeur tout ce qu'il fait pour le bien de tous!

13 octobre.

Clément s'est rendu auprès de l'Empereur, qui venait d'arriver de Brünn et qui l'a reçu avec une bonté charmante.

20 novembre.

Que Dieu et sa sainte Mère soient bénis pour la grâce infinie qu'ils m'ont accordée! Je me sens si contente et si heureuse! Ma reconnaissance envers le Ciel est sans bornes, et je ne lui demande qu'une chose, c'est de faire durer le repos et le bonheur qu'il m'a accordés. Le 14 octobre, à cinq heures de l'après-midi, j'ai donné le jour à un beau gros garçon. Mes sœurs ont couru chez mon mari pour lui annoncer cette bonne nouvelle, qui l'a rendu aussi heureux que je l'étais moi-même. L'enfant a été baptisé le lendemain, le 15. Léontine avait fait dresser un bel autel dans le salon bleu. Paul Esterhazy a servi de parrain à mon fils. Je voulais faire donner à l'enfant le nom de Lothaire; mais Clément m'a fait observer qu'il avait une telle préférence pour l'apôtre saint Paul, qu'il désirait avoir un fils portant ce nom. On l'a donc nommé Paul-ClémentLothaire-François-Marie.

Ma belle-sœur Pauline est arrivée dans la quatrième semaine qui a suivi mes couches. Je l'ai trouvée bonne, affectueuse et

par leur fidèle concours, non-seulement m'ont rendu possible l'accomplissement des grands devoirs que j'ai eu à remplir dans le cours d'une aussi longue période, mais qui ont encore assuré l'heureux succès de la grande œuvre de restauration et de conservation à laquelle nous nous sommes dévoués.

Je prie Votre Excellence d'être l'interprète des sentiments sincères qui m'animent auprès de toutes les personnes qui ont souscrit pour un objet qui est pour moi une récompense glorieuse et qui servira à stimuler l'ardeur de ceux qui viendront après moi. Un souvenir offert par des amis va droit au cœur, et j'espère que MM. les signataires de la souscription voudront bien accueillir de même l'expression de ma vive reconnaissance. »

(Note de l'Éditeur.)

naturelle; j'avais à lui parler de choses fort importantes. Il s'agissait, entre autres, des enfants, notamment de Léontine, qui songe sérieusement à épouser Sandor, qui l'a souvent conjurée de se décider. Clément a eu avec Sandor un long entretien d'où il est sorti complétement satisfait. Ce dernier est venu de très-bonne heure; je lui ai parlé ainsi qu'à Clément, puis je les ai laissés seuls, et, à la suite de cet entretien, le oui décisif a été prononcé.

29 novembre.

J'ai été chez Clément, où j'ai trouvé Tatistscheff; tous deux étaient très-préoccupés des événements considérables qui se déroulent actuellement. Clément a lu des dépêches qu'il envoie en Angleterre. La retraite des ministres Grey et Melbourne, qui ont fait place à un ministère tory qui semble avoir les suffrages de tous les partis, s'effectue sous les auspices les plus favorables, et Clément se sent soulagé depuis qu'il voit Wellington prendre tranquillement les affaires en main sans vouloir les diriger lui-même, car on dit qu'il fera entrer Peel dans le ministère, qui n'est pas encore constitué. En se retirant, Palmerston a écrit à l'envoyé qui se trouve ici, Strangway, un billet remarquable, qui était à peu près conçu en ces termes : « We are out! Les whigs ont fait place à leurs adversaires, et le duc de Wellington est chargé de former le nouveau Cabinet. Montrez immédiatement ce billet au prince de Metternich, qui n'a probablement jamais appris une nouvelle aussi agréable que celle qui lui annonce qu'il est enfin débarrassé de moi. » Clément a fait une noble et fière réponse *.

9 décembre.

Après le diner, Clément a expédié un courrier pour SaintPétersbourg. Tatistscheff est venu le soir et s'est longuement entretenu avec lui des projets de son Empereur, qui veut avoir,

* Voir « Retraite de Palmerston »> n 1174. (Note de l'Éditeur.)

au mois de septembre prochain, une entrevue avec le nôtre, et qui veut amener l'Impératrice avec lui.

11 décembre.

Nous avons mis en place un magnifique vase en malachite, que l'Empereur Nicolas vient d'envoyer à mon mari. La forme et la couleur de ce vase sont fort belles; mais il est si grand et si lourd qu'on ne sait pas bien qu'en faire. Nous l'avons logé provisoirement dans le salon des colonnes.

22 décembre.

Après le diner, il m'a fallu aller à la Cour, vu que l'Empereur nous avait invités à un concert. Il a dit à Clément de venir si cela ne l'ennuyait pas trop, et de m'amener avec lui; puis il a ajouté: « Je me réjouis beaucoup de revoir votre femme. » Nous n'avons trouvé que la Cour, ce qui forme déjà un nombre de personnes respectable. L'Empereur m'a dit quelques paroles affectueuses. Le concert n'a pas été particulièrement amusant, mais par bonheur il n'a pas été long. Thalberg, qui a joué du piano d'une manière ravissante, a aidé à faire passer le reste de la soirée, qui a un peu traîné en longueur. L'Archiduchesse Sophie était très-belle; elle aussi a été aimable; elle m'a assuré qu'au moment de mes couches elle avait prié pour moi.

26 décembre.

Clément s'est réveillé avec de fortes douleurs rhumatismales et est resté longtemps couché. Jaeger lui a prescrit un bain.

27 décembre.

Clément souffre encore beaucoup, mais il a pu s'habiller et aller jusqu'à son cabinet.

28 décembre.

Clément continue d'être souffrant; pourtant il s'est levé et a travaillé dans son cabinet. Je l'ai soigné; il est si bon, si affectueux, si reconnaissant des petits services que je puis lui rendre! Nous avons dîné seuls; pendant les premières heures de la soirée, il m'a dicté des dépêches, ce qui m'a fait grand plaisir.

31 décembre.

Ce jour de fête s'est passé tristement pour moi. Clément est tourmenté par son rhumatisme; il a passé toute la journée au lit. Il a été très-souffrant dans la matinée, et il a fallu lui faire des compresses. Je l'ai quitté aussi peu que possible, et j'ai été vraiment heureuse de pouvoir luiêtre utile. J'ai fété l'heure de minuit en appelant la bénédiction céleste sur mes enfants et sur mon mari, qui dormait paisiblement. J'ai remercié Dieu pour les innombrables bienfaits dont il m'a comblée, et je l'ai prié avec ferveur de me conserver ce qu'il m'a donné et d'accorder sa grâce à ma famille, à mon mari et à mes enfants. Ainsi soit-il!

SUR LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES DU JOUR.

EXTRAITS DE LETTRES CONFIDENTIELLES DE METTERNICH A APPONYI, A PARIS, ÉCRITES DU 12 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE 1834, EN DEUX PARTIES.

i.

1147. Le diadème en diamants de la princesse Mélanie.

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1148. La duchesse de Berry est-elle prisonnière en Autriche ? Les royalistes en France. 1149. Entretien avec Sainte-Aulaire sur l'éventualité possible de l'effondrement de la Porte. 1150. L'horizon politique s'éclaircit. - 1151. Expédition contre le Piémont, faite par des réfugiés polonais partis de Suisse.La Giovane Italia.-1152. L'affaire des Échelles.- Justification de l'entrevue des Empereurs à Münchengrætz.- Le comité allemand à Paris. Borne et Heine. Cordon sanitaire moral contre la Suisse. - 1153. La situation

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