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lorsque des deux éléments sur lesquels il cherchait à appuyer sa puissance, la gloire militaire et le jeu des armes, le dernier se fut tourné contre lui, il dut céder la place aux Bourbons.

Il faut s'arrêter ici, et se rendre un compte exact de la nature du terrain sur lequel l'ancien tròne s'est relevé.

En 1814, tout était à faire en France, excepté ce qui a été fait réellement.

Aux différentes causes de lassitude qui existaient à l'époque du 18 brumaire, était venue s'ajouter encore celle qu'avaient fait naitre les efforts nécessités par des guerres continuelles. Ainsi que l'a remarqué Fiévée, à la fin du régime républicain, les Français étaient fatigués de la Révolution, mais ils n'étaient pas dégoûtés des principes qui l'avaient amenée. Soit que le Roi Louis XVIII ait été assez Français pour avoir tous les défauts de sa nation, soit qu'il ait cru assurer peu à peu sa popularité sans exposer le trône et la nation à une nouvelle révolution, en invoquant les principes mêmes d'où la Révolution était sortie, toujours est-il qu'il s'est trompé dans les deux cas et que les suites de son erreur devaient être funestes. En appuyant le trône restauré sur les principes de l'Assemblée constituante, bien qu'appliqués avec beaucoup de modération, il ramenait fatalement la Révolution, que Napoléon avait abattue. C'était élever un trône entouré d'institutions républicaines invention dont Louis XVIII est l'auteur.

Les conséquences de cette faute énorme ne devaient pas tarder à se montrer. Nous avons vu comment, dès les premiers jours, le trône restauré présenta aux yeux de tout observateur clairvoyant le triste spectacle d'un Royaume à l'agonie.

La chute de ce trône a eu lieu en 1830; elle était inévitable. Le trône du 9 août s'est élevé à la place de celui qui était tombé. Est-il dans de bonnes conditions de vitalité? Certainement non. D'un côté, il lui manque l'autorité des suffrages populaires sur lesquels se sont appuyées toutes les formes de gouvernement qui ont existé entre 1792 et 1801; de l'autre côté, l'appui tout-puissant du droit historique sur lequel reposait le trône restauré, lui fait défaut; de la République, il n'a pas la force populaire, quelque brutale que soit cette force;

de l'Empire, il n'a pas la gloire militaire, le génie et le bras de Napoléon; des Bourbons, il n'a pas l'appui du principe de la légitimité.

Il en résulte une situation marquée au coin de ces défauts, exactement comme celle de Napoléon était caractérisée par la conquête, et celle des Bourbons par le droit de la naissance. Le trône de 1830 est quelque chose d'hybride; l'histoire se chargera de montrer sa faiblesse.

Chaque fois que le Roi des Français cherche à se rapprocher de la droite, elle lui ferme ses rangs; il ne peut pas se rapprocher de la gauche sans se perdre. De cette manière, condamné à flotter entre deux réalités, la Monarchie et la République, Louis-Philippe se trouve dans le vide, car le mensonge, c'est le vide.

Une difficulté insurmontable pour le Roi résulte de la nécessité où il s'est mis de vivre dans les conditions de la mort.

La Charte de 1814 avait ses défauts; mais la puissance dont elle émanait reposait sur une base solide.

La Charte de 1830 a ajouté de nouveaux défauts aux anciens, tandis que l'autorité restreinte du Gouvernement. chargé de tenir la main à l'exécution des lois, manque de base et de consistance. Elle ne tire son origine ni du droit d'hérédité, ni du choix de la nation. Au mépris de tous les droits, des Chambres séditieuses ont proclamé Roi Louis-Philippe. Il a pris possession du trône et du gouvernement de la nation. De ces faits il ne résulte aucun droit. Louis-Philippe est Roi de facto.

Le simple fait a besoin, pour se maintenir, de plus d'un appui durable. Comme il ne trouve pas en lui-même la force nécessaire pour subsister, il faut qu'il l'emprunte à des conditions extérieures, morales aussi bien que matérielles. La puissance ne réside pas dans un trône d'occasion; la Charte ne donne au Roi qu'un pouvoir conditionnel. Elle le réduit à se procurer l'autorité dont il a besoin par des moyens qui se condamnent eux-mêmes. La seule puissance véritable dont dispose le Roi des Français consiste dans le sentiment général du besoin d'ordre public, et, par suite, du besoin d'avoir un Gou

vernement qui empêche l'invasion immédiate de l'anarchie. La puissance qui résulte de ce sentiment est négative et partage le sort de toute négation. La seule apparition d'une force qui subsiste par elle-même suffit pour détruire l'autre. Une barrière élevée contre le désordre perd sa valeur dès que l'ordre est rétabli; son importance s'efface avec le sentiment du besoin de sécurité. Si cela est vrai dans toute circonstance, cela arrive à bien plus forte raison dans un pays où l'esprit public est égaré, où depuis longtemps déjà, même chez les hommes les moins prévenus, le sentiment du besoin d'ordre ne s'appuie plus sur la voix de la conscience, indiquant les vrais moyens de l'établir.

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Comme le Gouvernement du Roi Louis-Philippe n'a que valeur d'un fait, on peut aussi bien lui assigner une existence d'un jour qu'une durée indéfinie.

Il est impossible de baser un calcul sur une existence pareille, car elle ne repose que sur un concours de circonstances fortuites.

C'est dans l'habitude seule que le trône de Juillet pourra, dans la suite des temps, puiser des forces. Mais, chez les peuples, l'habitude ne se rattache qu'aux conditions de la prospérité. Entouré d'institutions républicaines, ce trône atteindra-t-il ce but?

Il est au moins permis d'en douter.

Louis-Philippe vient de terminer sa carrière *.

voir

Je me suis trouvé trop souvent en rapport avec lui pour n'apas été à même de le juger, et mon jugement, je crois, est justifié par les événements de sa vie.

Louis-Philippe possédait des qualités incontestables; d'autre part, il avait aussi des défauts qui, loin de trouver un contre

Le prince de Metternich a écrit ce post-scriptum peu de temps après la mort de Louis-Philippe (26 août 1850); il l'a ajouté, à titre de note, au travail précédent, qu'il avait évidemment rédigé dans les premiers jours du Gouvernement de Juillet. (Note de l'Éditeur.)

poids dans son éducation, furent entretenus et développés par ceux qui auraient dû s'acquitter de la tâche, difficile à coup sûr, de soustraire les enfants de Philippe-Égalité à l'impression toujours vivante que l'attitude prise par leur père devait faire sur eux, et que le bouleversement dont la France était victime devait produire à l'époque où remonte l'éducation de Louis-Philippe.

Ce prince avait hérité, avec le nom d'Orléans, de cet esprit de critique et d'opposition à la branche régnante de la Maison de Bourbon qui avait caractérisé la famille d'Orléans pendant le cours des siècles derniers.

J'ai suivi la vie de Louis-Philippe dans toutes ses phases. Né, comme lui, en 1773, je me suis trouvé placé avec lui sous l'influence de la même époque.

Après m'être vu en face de lui sur le champ de bataille de Jemmapes, je restai plus tard en rapport avec lui lorsqu'il eut émigré.

Pas une circonstance de sa vie n'a échappé à mon attention. J'étais en correspondance avec lui lorsque, en 1809, il voulait entrer dans l'armée autrichienne pour combattre contre Napoléon.

1851.

EXTRAITS DU JOURNAL DE LA PRINCESSE MÉLANIE.

SOUVENIRS BIOGRAPHIQUES.

992. Vienne (du 30 janvier au 2 août).

993. Séjour à la

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campagne, à 994. Retour à la

Baden et à Schoenbrunn (du 5 août au 4 novembre).

ville (du 7 novembre au 31 décembre).

VIENNE.

992. Mariage et lune de miel. Accueil fait à la princesse par l'Empereur. Bals et soirées. Thalberg. Insurrections en Italie.

Entretien avec Maison.

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Fête anni

versaire de la naissance de l'Empereur. Détails d'intérieur. Nouvelles de France et d'Italie. Gentz. Mazzuchelli. L'avenir se présente sous des couleurs moins sombres. Marmont. Appréhension: de guerre. Affaires des États de l'Église. On rentre dans une meilleure voie à Paris. La Pologne. Gentz révolutionnaire. Les Russes et les Polonais. - Coups d'œil rétrospectifs. — Dwernicki passe sur le territoire autrichien. Fête anniversaire de la naissance du prince. Mémoires du prince. - Souffrances physiques. - Bonheur Présents du Pacha d'Égypte. Vengeance du prince. Exercices de piété. Jours critiques. A Baden. Gentz et les Mémoires du prince. « Monsieur Joseph · Bulles de savon. Projet de séjour à Baden. Dépêche pour le Roi de Prusse. Louis-Philippe, son discours du trône. Mystification. La chambre des enfants.

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992. J'ai commencé ma journée en faisant ma confession au Père Schmitt, puis nous avons communié tous avec mon père dans la chapelle des Écossais. Le matin, Clément vint m'appor ter mes diamants, qui sont fort beaux et très-bien montés. A six heures, nous sommes allés déjeuner chez Clément avec Adèle et Guillaume Taxis, puis je me mis en grande toilette, robe de dentelle, diamants, voile et couronne de myrte, que la tante

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