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Un autre de ces temples a été bâti par un de leurs rois sur une montagne noire, qui est entourée d'eaux merveilleuses de diverses couleurs et saveurs, dont l'usage est permis à tout le monde. Il y a, dans ce temple, une grande idole représentant un vieillard qui touche avec un bâton des ossements humains. On voit sous son pied droit toutes sortes de fourmis, sous son pied gauche, des corbeaux et d'autres oiseaux du même genre. Les yeux y sont aussi frappés de singulières figures d'Ethiopiens et de Zindjes (1).

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de

Un autre temple sclabe, sur une montagne baignée par un bras de mer, est construit en corail rouge et en émeraudes vertes. Au centre de cet édifice s'élève une grande coupole, sous laquelle on voit une idole dont les membres sont formés de quatre espèces de pierres précieuses de chrysolite vert, de rubis rouge, cornaline jaune et de cristal de roche blanc; mais sa tête est d'or. Vis-à-vis de cette idole est la statue d'une fille qui lui présente des offrandes et lui donne de l'encens. On attribue la fondation de ce temple à un philosophe (Hékim) qui vivait anciennement parmi les Sclabes, et qui, par ses artifices et ses adroites impostures,

(1) Habitants du Zanguebar, en Afrique.

avait su capter les cœurs et gouverner les esprits de tous ces peuples, malgré leur rudesse et la différence de leurs caractères (1).

Il y a en Russie une grande mine d'argent, comparable à celle de Pendjhir, dans le Khorassan (2).

Les Russes habitent une partie des côtes de la mer Pontous, qui est la mer des Russes (3) et des Boulgares. Les Russes seuls la fréquentent. Ils firent, il n'y a pas long-temps, une expédition dans la mer Caspienne; je ne puis pas me rappeler en quelle année; mais ce fut au commencement de ce siècle ("). Ils descendirent dans le Pont avec cinq cents vaisseaux montés chacun par cent hommes, et se présentèrent au détroit qui sépare cette mer de la Méotide, passage toujours gardé par une forte garnison de troupes

ذكر البيوت المعاظم عند : Massoudi, ch, 62, intt (1) ,الصقالبة

ou Des temples chez les Saclabes. Mass'oudi ajoute qu'il a parlé de ce docte personnage (Hékim) dans ses ouvrages précédents.

(2) Mass'oudi, ch. 15. - La ville et la mine d'argent de Pendjhir sont dans les monts Hindoukesch et le district de Bamian. Ebn Haoucal, p. 170. — Djihan-Nouma impr. p. 238 et 254.

(3) « La mer du Pont, dit Nestor, qu'on appelle aussi la mer << des Russes »>, trad. de Scherer, p. 42.

(4) L'année 300 de l'hégire tombe le 18 août 912.

khazares (1); de là ils députèrent vers le roi des Khazares pour lui demander la permission de traverser son territoire, d'entrer dans le Volga et descendre ce fleuve jusqu'à la mer Caspienne, s'engageant à lui donner la moitié du butin qu'ils feraient sur les côtes de cette mer.

Leur proposition ayant été agréée, ils entrèrent dans le golfe Méotide, parvinrent à l'embouchure d'un fleuve (le Don), qu'ils remontèrent jusqu'au Volga (1), descendirent le Volga, passèrent par la ville d'Itil, et entrèrent dans la mer Caspienne. Se répandant alors dans cette mer, ils se mirent à infester les côtes du Guilan, du Deïlem, du Tabéristan, du Djourdjan, du pays de Naphte (Bacou) et de l'Azerbaïdjan, où ils tuèrent beaucoup de monde, hommes, femmes et enfants, firent un butin considérable, ravagèrent, brûlèrent et ruinèrent tout ce qui se trouvait devant eux. Les peuples de ces côtes, qui n'étaient pas préparés à une semblable agression, n'ayant jamais vu d'ennemis étrangers dans cette mer, uniquement fréquentée jusqu'alors par des navires marchands ou pêcheurs,

(1) Il y avait à l'entrée du Bosphore cimmérien, sur la rive orientale, une forteresse nommée Tamatarkha (actuellement Taman) qui appartenait aux Khazares.

(2) Mass❜oudi croyait que le Don est un bras du Volga.

ne surent pas se défendre contre ces. barbares. Cependant les habitants de Barda'a, de l'Arran, de Baïlécan et de l'Azerbaïdjan, se réunirent sous les drapeaux de l'officier qui les gouvernait au nom d'Ebn Abou-el-Sadj, et s'avancèrent vers la côte de Naphte, ou de Bacou, dans le Schirvan, dont le roi, nommé Ali fils de Haïtam, était le prédécesseur du souverain actuel, Mohammed, fils de Yézid. Les Russes, après avoir pillé plusieurs contrées maritimes, étaient venus relâcher près de quelques îles à une petite distance de cette côte. Les Musulmans montèrent sur des barques et des vaisseaux marchands et allèrent les y attaquer; mais ils essuyèrent une défaite qui leur coûta plusieurs milliers d'hommes, tués ou noyés.

Les Russes continuèrent, pendant quelques mois, à inquiéter toutes les côtes de la mer Caspienne. Lorsqu'ils furent rassasiés de butin, et qu'ils eurent beaucoup de captives, ils se retirèrent à l'embouchure du Volga, d'où ils envoyèrent, selon leurs conventions, une partie de leur proie au souverain des Khazares. Il faut savoir que ce prince ne possède pas de vaisseaux, et que ses sujets ne sont pas marins; ce qui est heureux pour les mahométans, auxquels il pourrait, en cas contraire, faire beaucoup de mal. Les Larssiyés et les autres Musulmans d'Itil dirent

au roi: Ces gens ont ravagé les pays

mahométans; ils ont tué nos frères, trainé en esclavage leurs femmes et leurs enfants; nous voulons les venger. Le roi, ne pouvant pas s'opposer à leur dessein, fit du moins avertir les Russes de leurs intentions hostiles. Les Larssiyés, au nombre d'environ quinze mille hommes, parmi lesquels il y avait des chrétiens, habitants d'Itil, sortirent de cette capitale, et, côtoyant le fleuve vers son embouchure, allèrent attaquer les Russes. Ceuxci débarquèrent pour les recevoir. Le combat s'engagea et dura trois jours; enfin Dieu donna la victoire aux Musulmans; un grand nombre de leurs ennemis fut tué ou noyé; il ne s'en sauva qu'environ cinq mille, qui remontèrent le fleuve sur leurs vaisseaux jusqu'au pays des Bourtasses, où ils débarquèrent pour continuer leur retraite; mais les uns furent tués par les Bourtasses; d'autres, qui entrèrent dans le pays des Boulgares musulmans, y éprouvèrent le même sort. On évalue à trente mille le nombre de ceux qui périrent sur la rive du Volga (4) (XXXII).

Nous nous crùmes désormais quittes des Russes; mais ils firent, il y a quatre ans, une nouvelle expédition contre les pays mahométans. On les revit, en 332, dans la mer Khazare; ils remon

1 Mass'oudi, ch. 15.

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