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teau, son sceptre et son cachet qu'il remit au nouveau khaliphe.

Le règne de Mostekefi ne fut pas long. Au bout d'un an, Touzoun étant mort, Ahmed, fils de Bouyah, qui était déja maître d'une grande partie de la Perse, et se trouvait à Ahvaz, s'approcha de Bagdad avec des forces imposantes. Alors la milice turque, qui avait perdu son chef, évacua la capitale et se retira dans le gouvernement de Moussoul. Le prince déilémite entra dans Bagdad, et rendit hommage au khaliphe, qu'il allait gouverner. Mostekefi combla de graces son nouveau tuteur: il le fit revêtir d'une robe précieuse, lui offrit un collier et des bracelets, lui donna un étendard, voulut que son nom fût gravé sur la nouvelle monnaie, le chargea de présider, en sa place, à la prière publique, et lui conféra le surnom de Moïzz-ud-Devlet.

Cependant Nassir-ud-Devlet, gouverneur de Moussoul, renforcé par les Turcs, qui, en évacuant Bagdad, d'où ils l'avaient chassé deux ans auparavant, étaient allés se ranger sous ses drapeaux, marcha sur la capitale, pour en disputer la possession au prince déilémite. Les deux compétiteurs se livrèrent plusieurs combats sous les murs de la ville, qui finit par avoir deux maîtres : Ahmed, ayant Mostekefi en son pouvoir, passa dans la partie de Bagdad qui était à l'occident du Tigre, et le quartier oriental de cette cité fut occupé, pendant quelque temps, par Nassirud-Devlet.

Le prince déilémite résolut alors de détrôner Mos

tekefi, qu'il accusait d'entretenir des intelligences avec son ennemi. Il se présenta, un jour, devant ce souverain, baisa la terre et s'assit sur un siége qu'on lui avança; peu après il entra deux officiers de sa suite qui firent mine de vouloir baiser les mains du khaliphe. Ce prince les leur ayant tendues, ils les saisirent et le tirèrent à bas de son trône; puis, ils lui otèrent son turban, le lui passèrent autour du cou, et l'emmenèrent à l'hôtel de leur chef. Au même instant le palais du khaliphe fut livré au pillage des soldats déilémites. Ahmed fit venir Fazel, cousin de Mostekefi, lequel se tenait caché dans Bagdad, pour se soustraire aux poursuites de ce prince qui, le sachant protégé par Ahmed, voulait s'en défaire, et le proclama khaliphe sous le nom d'El-Motti'. Le nouveau souverain fit aussitôt crever les yeux à son prédécesseur; c'était le troisième khaliphe vivant qui avait été déposé et privé de la vue.

Vaincu dans un dernier combat, et obligé d'évacuer Bagdad, Nassir-ud-Devlet était retourné à Moussoul. Par sa retraite, Ahmed resta le maître de la capitale, où il exerça jusqu'à sa mort, en 356 (967), une autorité souveraine.

Quant à Mohammed, fils de Moussafir, surnommé El-Merzéban, c'est-à-dire, le commandant de la frontière, qui était, à cette époque, gouverneur pour le khaliphe de l'Azerbaïdjan et de l'Arran, il mourut en 346 (957-8)'.

1 Tarikh-el-Kamil, par Ebn-el-Ethir, tom. VIII. Rihanul-Schébab fi Mératib-el-Adab, par Mohammed, fils d'Ibrahim.

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NOTE XXXIV. (Pag. 121.)

Les Turcs Batchenakes, appelés Patzinakes par les historiens Byzantins, et Pétchéniéguis par les Russes, habitaient anciennement les bords du fleuve Jaïk, au nord de la mer Caspienne. «Ils se nommaient jadis Cancar, » dit Constantin Porphyrogénète; ce nom ressemble à celui des Cancalis, peuple turc que l'on trouve établi dans les mêmes contrées au douzième siècle. Selon l'auteur impérial, ces Patzinakes en furent expulsés, vers l'année 894, par leurs voisins les Khazares, alliés aux Turcs-Gouzes, et ces derniers occupèrent leur territoire. Les Patzinakes émigrèrent dans la direction de l'ouest, et s'emparèrent à leur tour du pays des Madjares, voisin de celui des Khazares, appelé Lébédias du nom du premier voivode des Madjares, et arrosé par le fleuve Khidmas, nomméaussi Khingilous, qui est sans doute l'Ingul, l'un des affluents du Bog. Repoussés vers l'ouest, les Madjares s'établirent dans une contrée que l'on appelait, du fleuve qui la traverse, Etel et Couzou, ou peutêtre Etel-Ouzou; on croit que c'est la Moldavie. Quelques années après, les Madjares, qui venaient d'élire Arpad, leur premier roi, furent une seconde fois attaqués par les Patzinakes. Chassés de leurs nouvelles demeures, ils passèrent dans le pays que leurs descendants occupent encore, et que nous appelons Hongrie 1.

1 Const. Porph. De Adm. imp., cap. 37 et 38.

Au dixième siècle, les Batchenakes ou Patchenakes possédaient les plaines au nord de la mer Noire, depuis le Don jusqu'à l'embouchure du Danube. «< Leur territoire, dit l'empereur Constantin Porphyr., s'étend depuis la rive du Bas-Danube, en face « de Distra, jusqu'à Sarkel, ville des Khazares (sur «<le Don); pays arrosé par plusieurs fleuves, dont deux, le Dniester et le Dniéper, sont très-considé«< rables. Les rives du Haut-Dniéper sont habitées par « les Russes, qui descendent ce fleuve pour se rendre << dans les provinces romaines. La Patzinakie borde <<< toute la Russie, et s'étend jusqu'au Sarat et au Bu« rat (les rivières Szereth et Pruth) '.»

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Les Patzinakes avaient pour voisins, à l'est, les Gouzes, les Alans et les Khazares; au nord, les Mordouins et les Russes; à l'ouest, les Hongrois et les Boulgares du Danube; au midi, les habitants de la Chersonèse. Ces nomades s'étaient rendus redoutables à tous ces peuples par leurs courses dévastatrices. Aussi l'empereur Constantin Porphyr. recommande à son fils : « d'entretenir soigneusement la paix avec les Pat

zinakes, de rechercher même leur alliance et de << leur envoyer chaque année des présents, parce que << si on les avait pour ennemis, ils pourraient ravager << le territoire de Cherson (c'est-à-dire la Crimée 2). << Tant que l'empereur romain, dit-il ailleurs, sera >> sûr de l'amitié des Patzinakes, il n'aura rien à

1 Ibid., cap. 42.

2 Ibid., cap. 8.

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craindre ni des Russes, ni des Hongrois, ni des Boulgares; car si ces nations marchaient contre l'empire, les Patzinakes, soit en vertu de leur alliance <«< avec nous, soit par l'effet de nos lettres et de nos dons, pourraient aisément envahir et dévaster leur pays, traîner en captivité leurs femmes et leurs en« fants 1. >>

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Au temps de Constantin Porphyr., la nation Patzinake était divisée en huit tribus 2, dont cet empereur nous a conservé les noms. Il désigne aussi les six villes qu'elle possédait; les noms de ces villes se terminent en cat, comme la plupart des noms de ville dans le Turkestan et la Transoxane. Quatre tribus Patzinakes demeuraient à l'est du Dniéper; les quatre autres, à l'ouest de ce fleuve 3.

Nous apprenons du même auteur que les Patzinakes les plus voisins de Cherson colportaient en Russie, en Khazarie, en Zéchie, les productions de la Chersonèse, et surtout des étoffes de soie et de laine. Ils vendaient aux Russes des chevaux, des bœufs et des moutons. « Les Russes, dit Constantin, étant voisins des Patzinakes, sont exposés à leurs incursions; c'est pourquoi ils cherchent à conserver la paix «< avec eux. Ces nomades, ajoute-t-il, sont aussi trèsredoutés des Turcs (Hongrois), qu'ils ont souvent vaincus, et presque exterminés . »

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