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des Turcs lui porta des plaintes sur cet acte hostile commis par les siens. Nouschirévan feignit de l'ignorer; et, peu de jours après, il fit encore mettre le feu pendant la nuit au camp des Turcs. Leur souverain renouvela ses plaintes : cette fois, Nouschirévan lui en fit des excuses, et il réussit à l'appaiser. Puis le roi de Perse fit jeter des matières enflammées dans son propre camp, qui n'était composé que de huttes faites avec des roseaux, et lorsque le jour parut, il se plaignit au Turc, lui disant : « Vos gens fré«< quentent mon camp; je ne puis soupçonner qu'eux. >> Le Turc lui jura qu'il ignorait entièrement le fait. Alors Nouschirévan lui dit : « Mon « frère, mes troupes et les vôtres sont mécon<< tentes de notre paix, qui les prive de la gloire << des combats et des avantages du butin. Je «< crains qu'elles n'en fassent tant que nous fini« rons par nous brouiller; et quel fruit aurons« nous retiré de notre réconciliation, qui vient « d'être scellée par une double alliance ? Il fau«< drait, pour prévenir cette fâcheuse rupture, «< que vous consentissiez à ce que j'élevasse un << mur qui séparerait nos deux empires. J'y met<< trai une porte, par laquelle personne ne pas«< sera sans notre permission. >> Le Turc y consentit et retourna dans son pays. Alors Nouschirévan fit construire la muraille, où l'on laissa

une ouverture qui fut fermée par des portes de fer, et le Cosroïs confia la garde de ce passage à cent cavaliers, tandis qu'il fallait précédemment cinquante mille hommes pour le défendre (1).

Mais il existe deux autres opinions, qui sont même plus généralement répandues, au sujet du véritable fondateur de cette fameuse muraille. Les uns l'attribuent à Alexandre le Macédonien, surnommé Zou-l-Cornaïn (le Bicorne); les autres, à un plus ancien conquérant, aussi nommé Zou-l-Cornaïn, sur lequel on n'a que des notions très-vagues. J'aurai peut-être l'occasion de revenir sur cette matière.

Pendant mon séjour dans la ville de la Porte des Portes, j'obtins quelques renseignements sur les peuples que renferment les monts Cabokh. Je vais d'abord parler de ceux qui habitent le revers méridional de cette chaîne.

Au royaume de Schirvan touche le canton de Tabarsséran (VIII), dont le prince est musulman, et neveu d'Abd-oul-Mélik, dernier gou

verneur de la Porte des Portes.

Plus à l'ouest, on arrive au pays des Gourdjes (2), dont le roi est appelé Berziban (3), titre que

(1) Balazori, l. c.

.Kerkh کر کرج (2)

.Deriban دریبان (Berzenian برزنیان برزیبان (3)

prennent tous les souverains de ce pays. Il est mahométan; mais ses sujets sont chrétiens.

On trouve ensuite le territoire de Tifliss, ville qui, moins grande que celle des Portes, est entourée d'une double muraille d'argile. Elle jouit. grace à la fertilité de son territoire, d'une abondance supérieure à celle de toute autre contrée. Quelqu'un m'a dit y avoir acheté dernièrement plus de 20 rattels (livres) de miel pour un dirhem (drachme). On y trouve, comme à Tabariyé (Tibériade, en Galilée), des eaux naturellement chaudes, qui servent pour les bains. Le Kour la traverse, et forme, en cet endroit, plusieurs cascades, qu'on met à profit pour moudre les grains. Les habitans de cette ville sont extrêmement probes et hospitaliers. Tifliss est l'une des places frontières les plus importantes de l'empire musulman, qui, de ce côté, est bordé de peuples ennemis (1).

Cette ville était, à l'époque de sa conquête par les Arabes, sous le règne du khaliphe Osman, le chef-lieu de la province arménienne de Djorzan (2), habitée par une grande nation chré

(1) Ebn Haoucal, pag. 110.

خزران : Djezvan, جزوان jozran, جزران جرزان (2)

Khazeran; j, Khazeriyet; je, Djezeriyet, 5, Djouriyet. La vraie leçon est Djorzan, d'après le Mérassid-el

tienne de même nom (1), dont le roi actuel s'appelle Tobighi (2). Ce pays est défendu par des forteresses que le Cosroès Nouschirévan y fit bâtir; telles que Sogdbil (3), servant de place d'armes (contre les barbares); Firouz-Cobad (1), sur la frontière de l'empire romain, et une troisième nommée la porte de Lazica (5). C'est dans cette contrée que se trouve le lieu nommé Temple de Zou-l-Cornain (6) le Kour

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et que

Ittilá, qui indique les consonnes et les voyelles de ce nom d'une province de l'Arménie, dont il dit que Tifliss est le cheflieu. Dans le manuscrit de Balazori, ce nom est aussi écrit:

جرزان

(1) Balazori.

طبیعی (2)

(3). L'orthographe de ce nom est indiquée lettre par lettre, dans le Mérassid-el-Ittilá, avec cette explication: « Ville d'Arménie, sur la rive occidentale du Kour, à l'opposite « de Tifliss. »

(4). « Ainsi nommée de Cobad, père de Nouschi« révan; c'est une ville proche de la Porte des Portes, commu« nément appelée Derbend. Nouschirévan fit bâtir en ce lieu << un château qu'il nomma Bab-Firouz-Cobad (Porte de Firouz-Cobad).» (Article du Mérassid-el-Ittilá.)

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. باب لازقه (5)

مسجد ذو القرنين (6)

prend sa source (IX). Ce fleuve

traverse le

pays d'Abkhaze, celui de Tifliss, et le territoire des Savordiens (2), peuple arménien très-redoutable, qui a donné son nom à une espèce de hache d'armes dont se servent les Sipahs et les autres troupes étrangères; on les appelle haches savordiennes (X). Enfin le Kour passe à trois milles de Barda'a, capitale de l'Arran, arrose le district de Bardadj (3), dépendant de cette ville, et reçoit, près du bourg de Sanaret (4), les eaux de l'Aras, qui viennent du côté de Trébizonde. Mêlés ensemble, ces deux fleuves se jettent dans la mer Khazare (5). Le Kour et l'Aras donnent un

poisson nommé sermahi (6) qu'on transporte

"

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(1)« Le Kour, dit Mass'oudi, prend sa source dans la pro

«< vince de Khazeran,

djin, manuscrits

(Djorzan), du royaume de Djor

» Ce dernier nom est aussi écrit dans divers

. جرجين

جربين

Djerbin; y, Djerir, et →→, Djer

djer. Celui de Djordjin ressemble à Géorgie.

;Sarouyet ساروية Siavordiyet سياوردية : الساوردية (2) .Salourdiyet ; سلوردية

(3). Cette ville, sur le bord du Kour, est appelée Bardidj,, dans le Mérassid-el-Ittild, et d'autres géogra– phies.

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