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comme pour l'étrangler, et quand le prince est sur le point de perdre la respiration, on lui demande combien de temps il veut régner; il le dit, et lorsque le terme qu'il a lui-même fixé est écoulé, on le tue (1). J'ai même ouï dire qu'on ne le laisse pas régner plus de quarante ans, au bout desquels on lui ôte la vie, parce qu'on suppose que son esprit est affaibli par l'âge (2) (XXIV).

«

Il arrive quelquefois, dans les calamités publiques, que le peuple va trouver le régent et lui dit: « Nous avons consulté l'augure sur le roi et « sur son règne; les présages sont sinistres; dé<< fais-nous de ce khacan, ou livre-le-nous afin << que nous le fassions périr. » Quelquefois il leur livre le prince, et ils le tuent; ou bien il se charge lui-même de lui donner la mort; quelquefois il en a compassion, et lui sauve la vie, surtout lorsqu'on n'a réellement rien à lui reprocher. Telle est maintenant la coutume des Khazares; je ne sais pas si elle est ancienne (3) .

Les Bourtasses, les Boulgares, les Russes, les Slaves et d'autres peuples, sont soumis au souverain des Khazares. On voit des individus de

(1) Ebn Haoucal, p. 146.

(2) Ebn Fozlan, l. c.

(3) Mass'oudi, ch. 15.

toutes ces nations dans la ville d'Itil, où il y a sept juges (). Deux de ces magistrats sont mahométans et prononcent d'après notre loi; deux sont Khazares et jugent d'après la loi hébraïque; deux sont chrétiens et jugent selon l'Évangile; le septième, qui est pour les Sclabes, les Russes et autres païens, juge par les règles de la raison naturelle. Dans les cas difficiles, ces derniers vont consulter les cadis mahométans et se conforment à leur décision (2). Nul plaignant ne peut s'adresser directement au souverain; les juges seuls ont accès auprès de lui (3); mais pendant les séances des tribunaux, les magistrats lui envoyent des messagers pour l'instruire des causes et prendre ses ordres (4).

Beaucoup de marchands et d'artisans mahométans sont venus s'établir dans le pays des Khazares, parce qu'ils y trouvent justice et sûreté (5) On en compte, dit-on, au-delà de dix mille; c'est la plus nombreuse des quatre sectes; la moins nombreuse est celle des Juifs; mais toutes

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Ebn Haoucal, p. 143. Il y en avait neuf, selon

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les personnes qui composent la maison du roi sont de cette religion (1).

Les mahométans sont soumis, dans Itil, à l'autorité d'un préfet particulier, appelé Khizmet (2) qui est de leur religion, et nommé par le roi. Ils ont dans cette ville environ trente mosquées (Messdjids) et une cathédrale (MessdjidDjami), (3) dont le minaret est plus élevé que le palais royal, avec des colléges où leurs enfants apprennent à lire le Cour'an. Si les Musulmans et les Chrétiens qui se trouvent dans le pays s'unissaient contre les Khazares, ils leur feraient la loi (4).

Dans l'année 310 (922-3), le roi des Khazares ayant appris que les Musulmans avaient détruit les temples des Juifs dans le pays d'Albaboundje (5), fit abattre le minaret élevé de la principale mosquée d'Itil, et mettre à mort les Muezzins de ce temple, disant que s'il ne faisait

(1) Ebn Fozlan.

خزمت (2)

(3) Ebn Fozlan.

Ebn Haoucal, pag. 143.

·Ebn Haoucal, pag. 143. Il y a cette différence entre Messdjid et Messdjid el-Djámi, que c'est seulement dans ces dernières mosquées qu'on célèbre l'office divin, le vendredi. Messdjid el-Djami veut dire mosquée du vendredi. (4) Mass'oudi, 1. c.

W. Ce nom est probablement mal écrit.

البابونج (5)

pas démolir la mosquée même, c'était uniquement pour ne pas provoquer la destruction des synagogues dans les pays mahométans (1).

Il y a dans le pays des Khazares une chaîne de montagnes appelée Batra(2), qui court du midi au nord. Il s'y trouve des mines d'argent faciles à exploiter, ainsi que des mines de cuivre (3) Ce pays n'a aucun produit qui s'exporte dans le Midi, si ce n'est la colle de poisson; car le miel, la cire, les pelleteries, que les Persans reçoivent de Khazarie, y sont apportés de Russie, de Boulgarie et de Couyaba (4) (Kiew) (5). Il en est de même de ces peaux de castor que l'on exporte dans le monde entier, et qui ne se trouvent que dans les fleuves de ces trois contrées septentrionales. La plupart des fourrures, et même les plus belles, viennent de la Russie, ou de plus loin encore, du pays de Yadjoudje et Madjoudje, situé derrière la Russie; c'est de là que les mar

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Couyaba. La meme کوپا به ce doit être ; كرثابة كربانه (4)

;

ville est appelée Kioba, Kiova, par Constantin Porphyrogenète, De adm. Imp., cap. IX.

(5) Ebn Fozlan, 1. c. Ebn Haoucal, pag. 143 et 145.

chands russes les reçoivent, et ils vont les porter à Khazeran, qui, comme je l'ai dit, est la partie orientale de la ville d'Itil, habitée principalement par des marchands (1),

Les Khazares ne fabriquent pas d'étoffes; celles dont ils se vêtissent leur viennent des côtes méridionales de la mer Caspienne, de l'empire romain, et d'autres contrées voisines (2).

Les revenus de l'état se composent des droits que paient les voyageurs, et de la dîme des marchandises sur toutes les routes qui conduisent à la capitale. Les habitants donnent des contributions en nature, comme vivres, boissons, etc.

Les Khazares qu'on voit esclaves sont tous païens; car les Khazares païens vendent leurs enfants, et ont des esclaves de leur propre nation, au lieu que chez les Khazares chrétiens et juifs, de même que chez les musulmans, il n'est

(1) Ebn Haoucal, pag. 144 et 145.

(2) Ibid., pag. 145. Le commerce entre les pays au nord et au midi de la mer Caspienne était fort ancien. Plus de mille ans auparavant, les Aorses, peuple établi sur la côte septentrionale de la mer Caspienne, recevaient des mains des Arméniens et des Mèdes les marchandises de l'Inde et du pays de Babylone, qui étaient transportées à dos de chameau. (Strabon, lib. XI, cap. 5.)

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