Sidor som bilder
PDF
ePub

des Portes, qui lui sert de boulevard contre les peuples septentrionaux. Cette place est ainsi nommée de sa situation dans un défilé formé par la rive de la mer Khazare, et par l'extrémité orientale de la chaîne des monts Cabokh. Elle est ceinte d'une muraille construite en pierres, briques et argile; deux murs composés de quartiers de roche, unis ensemble par du plomb, s'avançant circulairement au sein de la mer, embrassent le port, et ne laissent aux vaisseaux qu'un passage étroit, fermé d'une chaîne et d'un cadenas, dont la clef est entre les mains de l'inten+ dant du port, sans la permission duquel aucun navire ne peut entrer ni sortir. Ce port est fréquenté par les Khazares, les Sérires, les vaisseaux du Tabéristan, du Djourdjan, du Deïlem, et de la partie de la côte qui est encore habitée par des païens. On fabrique dans la ville des Portes beaucoup d'étoffes de coton, tandis qu'il ne s'en fait point dans l'Arran, ni dans l'Arménie, ni dans l'Azerbaïdjan. Le safran croît en abondance sur son territoire. On récolte dans le Schirvan, l'Arran et le pays de Tifliss une grande quantité de garance, qui s'exporte par mer à Djourdjan, d'où elle est transportée, à dos de bêtes de somme, jusque dans l'Inde. Il se fait dans la ville des Portes un grand commerce d'esclaves, qui y sont amenés de tous les pays

voisins habités par des infidèles (1), et il s'y tient dans l'année plusieurs foires, où se rendent en foule les marchands des provinces musulmanes et des provinces romaines, ceux de l'Arménie, de la Caschakie (Circassie) et d'autres contrées.

Les monts Cabokh se prolongent depuis les bords de la mer Khazare jusqu'à ceux de la mer Ponttouss (le Pont-Euxin) et de la mer Maïttouss (2) (les Palus-Méotidès), dans l'espace d'un peu plus de deux mois de chemin. On les dit habités par soixante-douze nations, dont chacune a son roi et sa langue particulière (33). Il est de ces peuples qui, bien que voisins, ne se connaissent pas, étant séparés par des montagnes

(1) Ebn Haoucal, pag. 110.

(2) jukić; jubiló.

«La mer Ponttous et la mer Maïttous, « dit Mass'oudi (ch. 11), ne forment qu'une seule mer, quoi◄ que séparées par un détroit; il ne convient donc pas de les distinguer par deux noms différents. Ainsi, nous les appellerons indifféremment Ponttous et Maïttous dans le cours de cet

«

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]

(3) « La ville de Dioscouria (dans la Colchide), dit Strabon (liv. XI, ch. 2), est un lieu de marché pour les peuples voi« sins. Il s'y rassemble, dit-on, des hommes de soixante-dix nations, et même, selon quelques-uns, qui se soucient peu de la

a

vérité, de trois cent nations, toutes parlant des langues diffé

« rentes. Ce sont des Sarmates et des individus de tous les

[ocr errors][merged small]

élevées jusqu'aux nues, des rochers escarpés et d'épaisses forêts.

Ce fut pour garantir ses États des invasions dont ils étaient sans cesse menacés par les peuples au nord de ces montagnes, tels que les Khazares, les Alans, Sérires, Turcs et autres barbares, que Kessra Nouschirévan fit construire un mur à travers le Caucase. L'extrémité de ce rempart, construit en quartiers de roche unis avec du plomb, s'avance, comme nous venons de le dire, dans le sein de la mer Khazare, devant la ville des Portes, l'espace de trois milles. Nouschirévan avait ordonné de conduire en cet endroit des bateaux chargés de pierres; on jeta ces pierres dans l'eau jusqu'à ce qu'elles se fussent élevées au-dessus de sa surface, et l'on bâtit le mur. Il se prolonge de l'autre côté de la ville jusqu'au sommet de la montagne qui la domine (1), et traverse ensuite les monts Cabokh, tantôt s'élevant sur ses plus hautes cimes, tantôt plongeant dans ses plus profondes vallées, et après avoir parcouru l'espace de 40 fersenks (2) il se termine au château fort de Tabarsséran (3).

"

(1) Balazori, l. c.

(2) Le Fersenk (parasange), mesure itinéraire de Perse, est peu près la douzième partie du degré. Selon Mass'oudi (ch. 6), il a 8 milles, et le mille a 4,000 coudées de 14 doigts.

[ocr errors]

Dans les divers exemplaires manuscrits du .طبرسران (3)

e rempart étant coupé, du midi au nord, par plusieurs routes, fut muni, en ces endroits, de portes de fer, flanquées de tours. Le Cosroës établit une peuplade devant chacune de ces issues, pour la garder, ainsi que les parties voisines du mur ("). Ces portes ou forts, destinés à défendre les défilés dont les entrées sont appelées portes, sont au nombre de douze, savoir : le château de la porte de Saoul, de la porte des Alans, de Schabéran, de Mazaca, de Sarnsidjy de Sérir, de Filan-Schah, de Carouyan, d'IranSchah, de Lian-Schah, de Lazica et de Tabarsséran ; et comme la place située au bord de la mer Caspienne est la principale de ces fortecelle qui défend le passage le plus

(2)

resses,

Mouroudj-uz-Zéheb, et dans d'autres ouvrages arabes de géographie, ce nom est écrit ; mais l'histoire des conquêtes

des Arabes, par Balazori, fait plusieurs fois mention du canton de Tabarsseran, dans le Caucase, et l'on sait que ce nom lui a été conservé jusqu'à nos jours. Comme le nom de Tabéristan, province de la Perse, était plus familier aux copistes, ils auront cru rectifier une erreur en le substituant à l'autre.

(1) Ebn Mass'oudi, chap. 15, intitulé:

ذكر جبل القبخ و اخبار الاتم من الآن والسرير و الخزر

باب صول, اللآن, الشابران, مازقه (ازفة) سيسجی (2) ,سریر فیلان شاه کارویان کاروبان ایران شاه ولیان شاه

fréquenté, elle a reçu le nom de Porte des Portes (1) (VII).

Voici, dit-on, à quelle occasion Nouschirévan fit construire ce fameux boulevard. Il venait de conclure la paix avec le roi des Turcs (2); pour la cimenter, il lui demanda la main de sa fille. Ayant appris que ce prince consentait à une double alliance, il lui envoya la fille de l'une de ses parentes, qu'il avait adoptée et fait élever dans son palais, la donnant pour sa propre fille. Le Turc ne se douta pas de la supercherie; il fit conduire sa fille auprès de Nouschirévan; puis les deux souverains eurent une entrevue à Bersiliyé (3), où ils se donnèrent des fêtes et se témoignèrent réciproquement beaucoup d'amitié.

Un jour, le roi de Perse ordonna à quelquesuns de ses officiers d'aller pendant la nuit mettre le feu au camp des Turcs. Le lendemain, le roi

voyez les traités لبان, لاذقه ) لانه طبرسران (طبرستان)

de géographie d'Ebn al-Vardi, et de Schérif el-Idrissy.

(1) Djihan - numa, impr., pag. 395. L'auteur cite un ouvrage géographique intitulé, ou Jardins parfu– mants, par le scheikh Abou Abd-Allah Mohammed Homeïri, africain.

(2) C'est-à-dire, des Khazares, au nord du Caucase.

(3) al. C'est peut-être Barschli, petite ville à 4 ou 5

lieues au nord de Derbend.

« FöregåendeFortsätt »