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Boulgares et les Sclabes; ils les visitent aussi à main armée; dans ces saintes expéditions, ils pillent ces peuples infidèles et leur enlèvent des captifs (1).

On trouve souvent dans la Boulgarie des os (fossiles) d'une grandeur prodigieuse. J'ai vu une dent qui avait deux palmes de large sur quatre de long, et un crâne qui ressemblait à une hutte (arabe). On y déterre des dents semblables aux défenses d'éléphants, blanches comme la neige et pesant jusqu'à deux cents menns. On ne sait pas à quel animal elles ont appartenu, mais on les transporte dans le Khorazm, où elles se vendent à grand prix. On en fait des peignes, des vases et d'autres objets, comme on façonne l'ivoire; toutefois cette substance est plus dure que l'ivoire; jamais elle ne se brise.

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(1) Ebn Haoucal, p. 144. · — « A présent, dit cet auteur, « p. 147, il ne reste plus ni Boulgares de l'intérieur (Ebn << Haoucal les nomme ainsi pour les distinguer des Boulgares du Danube), ni Bourtasses, ni Khazares; car les Russes les ont << tous attaqués, et leur ont pris leur pays, dont ils sont restés

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<< en possession. Ceux qui ont échappé de leurs mains se sont dispersés dans les contrées voisines. L'amour de la patrie ne << leur a pas permis de s'en éloigner à une plus grande distance, et « ils vivent dans l'espoir que les Russes leur accorderont la paix << en se contentant de leur soumission.

On dit qu'il y a dans le pays des Boulgares un oiseau qui ne se trouve nulle autre part. La partie supérieure de son bec, qui est très-long, décline à droite pendant six mois de l'année, et à gauche pendant les six autres; mais lorsqu'il mange, les deux parties s'appliquent exactement l'une sur l'autre. On prétend que sa chair guérit du calcul dans la vessie, et que son œuf, lorsqu'il le dépose dans la neige ou la glace, la fait fondre comme si elle était exposée au feu (1) (XXVIII).

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Le roi des Boulgares m'a dit qu'au nord de son pays, à la distance de trois mois de chemin, il y a un peuple nommé Vissou (2), chez lequel la nuit, en été, ne dure pas même une heure (3) Les habitants de Boulgar y vont porter leurs marchandises, et leur commerce avec les Vissous se fait de cette manière les Boulgares déposent chacun séparément leurs marchandises, qui sont distinguées par leurs différentes marques, et se retirent; puis ils reviennent et trouvent à côté de chaque objet une production du pays des

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(1) Abou Hamid el Andaloussy, cité par Cazvini, art. Boulgar.

.Vischou, ويشون ويسو (2)

(3) Ebn Fozlan, ap. Yacout; passage publié par M. Fræhn dans son ouvrage Uber die Russen, etc.

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Vissous. Si elle convient au marchand, il la prend en échange, sinon, il la laisse et reprend sa marchandise. Ce trafic a lieu sans que les deux parties se voient, comme cela se pratique aussi dans pays des Soudans (nègres) (1).

le

Les Vissous sont voisins du pays de Youra(2), qui est borné par la mer Ténébreuse. Dans ce pays, le soleil reste, en été, quarante jours de suite sur l'horizon; mais, en hiver, la nuit dure également quarante fois vingt-quatre heures.

Les habitants du Youra n'ont ni troupeaux ni champs cultivés; ils se nourrissent de poissons et des produits de leurs vastes forêts. Le chemin qui y conduit (de Boulgar) traverse une contrée toujours couverte de neige. On dit que les Boulgares y vont porter des sabres fabriqués dans les pays mahométans. Ces sabres n'ont ni poignée, ni ornements; ce sont de simples lames telles qu'elles sortent de la forge et de la trempe. Si on les suspend à un fil et qu'on les frappe du doigt, on les entend résonner. Les habitants de Youra les achètent à grand prix; ils jettent de ces sabres dans la mer Ténébreuse, et Dieu fait sortir du sein des ondes un poisson grand comme une montagne, que l'on voit poursuivi par un

(1) Cazvini et Bacouyi, art. Vissou.

پورا (2)

autre poisson plus grand encore qui veut le dévorer. Le premier dirige sa fuite vers la côte de Youra; l'eau lui manque et il échoue près du rivage. Alors ceux qui ont jeté le sabre à la mer l'entourent dans des barques et découpent sa chair. Quelquefois l'eau, montant par l'effet de la marée, permet au poisson de retourner à la mer après qu'on en a coupé une énorme quantité de chair. D'autres fois il reste échoué, et les habitants achèvent de le dépecer. On prétend que quand ils ne jettent pas de sabre à la mer, ils ne voient pas arriver de poisson, et qu'ils souffrent de la famine.

J'ai ouï dire qu'un de ces poissons ayant échoué sur la côte de Youra, les habitants passèrent une corde dans ses ouïes et le tirèrent sur le rivage. Alors on vit sortir de l'une de ses ouïes une jeune fille d'une beauté accomplie, qui avait le teint blanc et rose et les cheveux noirs. Les habitants de Youra la mirent à terre; mais elle se frappait le visage, s'arrachait les cheveux et poussait des cris lamentables. Dieu lui avait créé sur le devant du corps une peau qui la couvrait comme un tablier depuis la gorge jusqu'aux genoux. Cette fille resta quelque temps parmi les habitants de Youra.

On raconte, entre autres choses étranges, que dès qu'un habitant de Vissou ou de Youra met

le pied dans le pays des Boulgares, la température, même au cœur de l'été, s'y refroidit au point que les fruits de la terre sont détruits par la gelée. C'est un fait avéré chez les Boulgares; aussi ne laissent-ils entrer dans leur pays aucun individu de ces deux nations (1) (XXIX).

A l'ouest des Boulgares sont les Ertsayens, dont le roi réside à Ertsa (2). Je n'ai vu aucun étranger qui ait été chez eux, parce qu'ils tuent tous ceux qu'ils trouvent sur leur territoire. Les Ertsayens descendent le fleuve (Itil) avec leurs marchandises; mais ils ne disent rien de ce qui concerne leur commerce et leur pays, et ne permettent à personne de les y accompagner. C'est d'Ertsa qu'on reçoit (dans le midi) la zibeline, le renard noir et le plomb (3) (XXX).

(1) Cazvini, art. Boulgar.

ارثا (2)

(3) Ebn Haoucal, p. 146.

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