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"Liar, cheat, swindler!" I hissed forth in an impassioned whisper, close to his inclined. ear, "my heart disowns you-my soul abhors you-my gorge rises at you. I abominate-I loathe you most contemptible, yet most ineffable liar."

"Oh, brother!" and a hectic flush came over his chalky countenance, whilst a sardonic smile played over his features. "You can speak low enough now, "Tis a pity that primogeniture is so little regarded in his majesty's vessels of war, but methink that you are but little dutiful, seeing that I am some ten years your senior, and, that I do not scorn to own you, though you are the son of my father's paramour.'

The horrible words shot ice into my heart. I could no longer retain my stooping position over him, but feeling faint, and very sick, I sat down involuntarily beside him. But the agony of apprehension was but for a moment. A mirth stern and wild, brought its relief to my paralysed bosom, and laughing loudly, I jumped up and exclaimed, "Josh, you little vagabond, come, carry me a pick-a-backson of a respectable pawnbroker of Whitechapel-how many paramours was the worthy old gentleman in the habit of keeping? Respectable scion of such a respectable parent, who finished his studies by a little tramping, a little thieving, a little swindling, a little forging-I heartily thank you for the amusement you have afforded me."

"Oh, my good brother, deceive not yourself! I repeat that I have tramped, thieved, swindled, ay, and forged-and to whom do I owe all this ignominy. To you to you to you. Yet I do not hate you very, very much. You showed some fraternal feeling when they seared my back with the indelible scar of disgrace. I have lied to you, but it suited my purpose."

"And I give you the confidence due to a liar."

"What! still incredulous, brother of mine! Do you know these and these?"

The handwriting was singular, and very elegant. I knew the letters at once. They were the somewhat affected amatory effusions of that superb woman, Mrs. Cousand, whom I have described in the early part of this life. They spoke of Edward of Edward Percy, and described with tolerable accuracy my singular birth at the Crown Inn at Reading.

(To be continued.)

LE VILAIN.

SOME folks I know (not over wise) Are very apt to criticise

The "de" before my name; Nay, more, they want me to confess

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DE L'ALLEMAGNE.

PAR MONSIEUR LE DOCTEUR C. M.
FRIEDLAENDER,

sous l'habit national ornées de la perruque de Racine et des manchettes de rigueur de Buffon; et M. Benjamin Constant dans ses imitations du théâtre Allemand a du retrancher des tragédies de Schiller ce qui est pour ainsi dire

MEMBRE CORRESPONDANT DE L'INSTITUT HISTO- indispensable à leur marche, à leur caractère,

RIQUE DE FRANCE, ETC. ETC.

CHAPITRE I.

Observations générales.

à leur élévation poétique, à leur nature; ce qui me fait penser par parenthèse à la femme de chambre d'une dame luxurieuse,qui se coupa les pouces des pieds, afin de pouvoir mettre le soulier que sa maîtresse lui avait donné. Et cependant d'après cette échelle les FranLe tableau que nous nous proposons de dé-çais jugent du mérite et du charme de la litrouler ici, n'est pas ce qu'on appelle un tab-térature étrangère ! leau de voyage comme en font des Anglais L'Anglais plus fier, sans cependant être pour se reposer des fatigues de la saison; ou aussi prétentieux que le Français, se montre un cours littéraire, torturé dans un habit à la moins tranchant, et admire quelquefois ce mode et soumis à toutes les formes de la co- qu'il ne saurait comprendre; mais en Angle quetterie et à toutes les exigences sociales, terre aussi, les chefs d'œuvres Allemands sont comme en font les Français: c'est un tableau bien souvent assujettis à des critiques dépla caractéristique, qui expose l'Allemagne telle cées, et doivent assez souvent subir des arqu'elle est, qui lui laisse ses vues, ses mœurs, rangemens, qui les rendent, à la fin, propres sa société ; et nous serons conduits dans toutes à être présentés devant le public Anglais; les directions possibles à travers les régions mais ils sont alors privés de leur charme nalittéraires et philosophiques de ce pays, si peu tional, privés de toutes les beautés d'une preconnu à l'étranger, ou connu peu favorable-mière inspiration.

ment. Nous ne manquons pas d'auteurs Vis-à-vis de ces actes barbares, de cette étrangers, Anglais, Français, qui se sont ha- transfiguration, de cette torture littéraire, se sardés à peindre ce pays, si intéressant sous place l'Allemagne comme le génie protecteur tous les rapports; nous devons seulement re- de hauts talents; elle s'est créée une véritagretter que ces écrivains, dont le grand nombre ble république des lettres, où toutes les promérite une considération toute particulière, ductions jouissent des mêmes droits que les aient traité l'Allemagne, comme l'homme productions des indigènes. Elle sait appréavec sa prédilection, du reste toute naturelle, cier et rendre justice à chacun selon ses traite l'anatomie de l'animal; ils ont placé œuvres, et ne prétendant pas soumettre les tout en dehors de leur patrie dans un ordre de étrangers au joug de ses règles et de ses formes choses secondaires, et n'ont trouvé de beautés sociales, elle laisse à chaque œuvre sa couque dans les ressemblances. leur, sa grace, ses conceptions. Les tragédies de Shakspeare, de Calderon, de Corneille, y sont représentées, comme on les représente en Angleterre, en Espagne, en France; les traductions sont d'une scrupuleuse exactitude et le public les applaudit sans préoccupation, avec toute la franchise Allemande.

Le caractère réfléchi de l'Anglais, ses penchans religieux, sa lenteur et son rationalisme dans les affaires publique, offrent plus d'un rapprochement avec le caractère Allemand; mais rien de plus opposé à celui-ci que le caractère Français, ses plaisirs positifs, son penchant irreligieux, sa vivacité et sa fantasmagorie dans les affaires publiques; et malgré ce contraste si frappant, nous voyons les auteurs Français formuler tout d'après leur modèle national ou local. Ils prétendent se placer vis-à-vis de l'Europe, comme le Parisien vis-àvis de son compatriote extra muros. Nous aurons occasion de faire apprécier plus spéciale-a devant lui. Est-ce là un défaut de nationment la vérité de cette remarque.

Vouloir formuler l'Allemagne d'après les habitudes si uniformes des Français,d'après la légèreté de leurs mœurs, d'après leur indifférence religieuse; c'est en effet lui ôter son génie, et toutes ses beautés! c'est vouloir comme par enchantement transformer un ecclésiastique en un danseur de l'opéra et juger par sa première pose de l'adresse ou de la maladresse d'une nation. La prétention, les règles sociales, les habitudes si ridiculement consciencieuses du Français, son insouciance et par conséquent son ignorance pour tout ce qui sort de cette cercle, est tellement démesurée et barbare que M. Ducis a du lui présenter les beautés dramatiques de Shakspeare*

Tout sévère qu'il paraît dans ses jugemens, tout exigeant qu'il se montre envers les litterateurs nationaux, l'Allemand ne manque pas d'indulgence envers l'étranger. Original dans sa littérature, il tient bien moins à ses habitudes que toute autre nation, et il se forme assez promptement d'après les modèles qu'il

alité ou est-ce par application qu'il parvient bien plus facilement que toute autre nation à faire comme les autres, à se confondre dans les masses? nous n'entrerons pas ici, dans les détails nécessaires pour approfondir cette question; il nous semble cependant que c'est un peu de l'un et de l'autre. Moins habitué que le Français à étudier les hommes et la vie sociale, il est cependant juge plus compé

quer et surtout corriger ses productions. Qu'en jouant Shakspeare on laisse de côté quelque grossièretés inutiles et choquantes, je le concois. Mais est-il croyable que son théâtre soit tellement dénaturé, qu'on le mette en scène avec toutes les beautés de moins et toutes les niaiseries de plus, que s'il revenait, son fantôme aurait peine à reconnaître cette autre fantôme! -F. F. Ampère, Discours prononcé á l'Athénée de

* C'est manquer de respect au génie que de tron- Marseille, 1830.

ses enfans: que l'Anglais vit dans l'isolement, lui qui peut le moins se passer des autres, le Français dans la foule, et l'Allemand dans l'avenir: c'est-à-dire que l'Anglais fait de l'égoisme à un, le Français à deux, et l'égoisme de l'Allemand le voici scrupuleusement indiqué dans les vers de Schiller intitulés :—

tent; car sa prédilection nationale ne le do- mer, dit-il, est aux Anglais, celui de la terre aux mine pas autant, et quoique plus lent dans ses Français, et celui de l'air aux Allemands: progrès, il avance avec plus de sureté et plus j'ajouterai moi, que le Français se reconnaît d'avenir. L'Allemand est calme parcequ'il à la première vue, dans le monde et sur la tient à sa dignité, il est lourd dans sa conver-place publique où il passe sa vie; l'Anglais sation car il pèse la valeur de ses expressions dans les meetings et à l'église; et l'Allemand et il met du raisonnement dans ses phrases; dans une chaire de rhétorique ou dans le pale Français est vif et léger dans sa conversa- radis domestique entouré de sa femme et de tion, il ne veut que du brillant, et son feu n'est qu'un feu d'artifice où tout vise à l'éclat. L'Allemand sacrifie la forme à la chose, le Français au contraire sacrifie tout à la forme; il parle de ce qu'il ne connaît pas, avec le même aplomb que de ce qu'il connaît, et il n'est jamais embarrassé de se tirer d'affaire; car à defaut de raisonnement, il a toujours quelques couplets de l'un ou de l'autre vaudeville à sa disposition, qu'il fait avancer comme une armée de réserve pour couvrir sa retraite. L'Allemand, au contraire, ne se hasarde pas facilement sur un terrain qu'il ne saurait occuper avec dignité, il ne se jette pas à tête perdue dans la première discussion venue; il garde le silence, pour faire sa reconnaissance, et ne s'avance qu'avec connaissance de cause; sa vie tout entière est dans l'avenir, tandis que le Français ne voit que la jouissance du moment.

LE PARTAGE DU MONDE.

Prenez le monde; s'écria Dieu du haut de

son trône

Aux hommes, prenez-le, il est à vous;
Je vous le donne en héritage et fief éternel,
Mais partagez le fraternellement entre

vous.

Tous se pressèrent alors pour faire leurs arrangemens,

terre,

Le chasseur rôdait à travers la forêt.

Le marchand pris ce que pouvait contenir ses
gréniers,

L'abbé choisit les meilleurs vins,
Le roi ferma les ponts et les chausées
Prétendant que tout dixième était à lui.

Très tard après que le partage fût fait,
S'approche le poëte, il venait de bien loin.
Hélas! on ne voyait plus rien nulle part,
Tout déjà avait trouvé son maître.

Malheureux que je suis! dois-je donc seul

L'Anglais ne manque certainement pas de Jeunes et vieux se mirent en mouvement. dignité; mais il la cherche malheureusement Le laboureur s'empara des productions de la dans une réserve outre mesure, qui lui ôte son caractère noble et franc. Avec un peu moins de sévérité et un peu plus de confiance, il pourrait donner à son caractère ce qui lui manque, et se placer entre l'Allemagne et la France pour inspirer plus de douceur à l'un et plus de force à l'autre. Tout original qu'il paraît isolé des autres, l'Anglais cesse de se montrer tel quand on le voit dans sa société, qui n'est qu'une échelle adossée contre le trône, comme l'échelle de Jacob contre le ciel, et où tout le monde se presse et se singe pour ressembler au plus haut. La grandeur est son idole, il ne vit que dans elle et pour elle, et souvent, et même trop souvent, il se rend plus petit qu'il ne l'est en effet pour de quelques reflets de son astre. L'Anglais s'incline devant ses supérieurs plus humblement que tout autre, il se montre indifférent envers ses semblables et rude et inconvenant envers ses inférieurs; ce qui donne à la nation ce caractère antisocial qu'on lui connaît. Il est généreux sans doute et grand; mais sa générosité ressemble bien souvent au luxe, et sa grandeur au mépris. Il a cependant des qualités incontestables, car il a de la religion dans sa conscience et de la conscience dans sa religion, ce qui vaut bien certaines amabilités certains dehors, entraînants sans doute, mais qui font souvent tomber l'homme d'autant plus bas que les prétentions sociales l'ont plus élevé sur le sommet des formes, où tout, cœur et ame, s'efface dans ces exigences.

Un des écrivains les plus illustres de l'Allemagne, Frédéric Richter,-appelé ordinairement, Jean Paul, comme les Français appellent leur Rousseau, Jean Jacques, et leur Paul Louis Courier, Paul Louis,-expose d'une manière assez piquante les élémens des trois grandes nations de l'Europe. L'empire de la

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Etre oublié, moi le plus fidèle de tes enfans? C'est ainsi qu'il fit retentir ses plaintes déchi

rantes,

En se jetant devant le trône de Dieu.

Si tu séjournes dans l'empire des rêveries,

Répliqua Dieu, ne te fâche pas contre moi: Où donc as tu passé ton temps lors du partage?

J'étais, dit le poëte, auprès de toi.

Mes yeux étaient attachés à ta splendeur,
Et mes oreilles n'entendirent que l'harmo-
nie des cieux;

Pardonne, O Dieu, à l'esprit, qui tout enivré
de ta lumière,

Avait perdu de vue la terre.

Quoi faire? reprit le Seigneur, le monde est donné :

L'automne, la chasse, le marché ne m'ap-
partiennent plus.

Veux-tu vivre avec moi, dans mon ciel ?
Aussi souvent que tu viendras, il te sera

ouvert.

DIE THEILUNG DER ERDE.

Nehmt die Welt, rief Zeus von seinen Höhen
Den Menschen zu: nehmt, sie soll euer
sein,

Euch schenk' ich sie zum Erb und ew'gen
Lehen;

Doch theilt euch brüderlich darein.

Da eilt was Hände hat, sich einzurichten,
Es regte sich geschäftig Jung und Alt.
Der Ackermann grieft nach des Feldes
Früchten,

Der Junker birschte durch den Wald,

tête. Nous regrettons vivement de devoir exercer toute la sévérité Allemande envers l'auteur aussi gracieux que spirituel de "Corinne;" mais il me semble que la prétention de cet ouvrage, de l'Allemagne, ne peut supporter d'autres mesures que celle d'une critique sévère; l'indulgence envers Madame de Staël ne serait que de l'outrage.

Si Piron avait raison de dire, relativement à l'académie des quarante : ils ont de l'esprit pour quatre, nous aussi nous pourrions dire hardiment sans craindre de blesser la vérité, que dans le livre sur l'Allemagne de Madame de Staël il y a de l'esprit pour deux. C'est d'abord cet esprit brillant qui se lève dans

Der Kaufmann nimmt was seine Speicher les airs, comme une fusée et jette ses étinfassen,

Der Abt wählt sich den edlen Firnewein, Der König sperrt die Brücken und die

sen

Und spricht, der Zehnte ist mein.

Ganz spät, nachdem die Theilung längst geschehen

celles aux mille couleurs, sur la toule étonnée, cet esprit Français qui dit tout, et qui par conStras-séquent est la propriété de Madame de Staël, et puis cet esprit réfléchi tout rationnel qui sait tout, l'esprit Allemand de M, de Schlegel. “Les Allemands," dit Madame de Staël dans le chapitre I., "ont le tort de mettre dans les conversations, ce qui ne convient qu'aux livres." Quant à moi, je crois que Madame de Staël a eu tort de faire ce reproche aux Allemands; car si M. de Schlegel n'avait pas mis dans sa conversation ce qui convient aux livres, son livre sur l'Allemagne ne serait jamais devenu la conversation la plus instructive pour les Français; elle n'aurait fait qu'un livre essentiellement amusant.

Naht der Poet, er kam aus weiter Fern'. Ach! da war überall nichts mehr zu sehen Und alles hatte seinen Herrn.

Weh mir! so soll ich denn allein von allen
Vergessen sein, ich, dein getreuster Sohn?
So liess er laut der Klage Ruf erschallen
Und warf sich hin, vor Jovis Thron,

Madame de Staël ne trouve pas en Alle

Wenn du im Land der Träume wich ver-magne les plaisirs, les délices de la France,

weilet,

Versetzt der Gott, so hadre nicht mit mir. Wo warst du denn, als man die Welt getheilet?

Ich war, sprach der Poet, bei dir.

Mein Auge hing an deinem Angesichte,

An deines Himmels Harmonie mein Ohr; Verzeih dem Geiste, der von deinem Lichte Berauscht, des Irdische verlor.

Was thun, spricht Zeus, die Welt ist weggegeben:

Der Herbst, die Jagd, der Markt ist nicht
mehr mein.

Willst du in meinem Himmel mit mir leben,
So oft du kommst, er soll dir offen sein.

elle n'y trouve que des regrets, et tout accablée de ces sentimens elle ne s'avance qu'avec toute la préoccupation Française qui la rend aussi aveugle qu'insensible. C'est en Allemagne qu'elle apprend à apprécier tous les charmes, tout l'entraînement, tout le bonheur de la société Française, et ses observations par fois trop spirituelles, ressemblent bien souvent aux élégies féminines du malheureux Ovide, qui se plaisait tant dans ses larmes. Au reste, le livre de l'Allemagne de Madame de Staël est plutôt un tableau caractéristique, dans lequel brillent, à côté de quelques légers défauts, les avantages immenses d'être Français, que tout autre chose: la partie consacrée à la littérature, quoique jetée çà et là, peut être d'une grande valeur pour la France et pour l'étranger qui a traduit cet ouvrage; mais le livre dans son ensemble, ne ressemble pas plus à l'Allemagne, que le "Pacha du Capt. Marryat ressemble au Grand Turc. La difference entre ces deux, c'est que l'auteur du "Peter Simple " a bien voulu faire une satyre piquante, tandis que Madame de Nous consacrerons quelques uns des chapi- Staël en a fait une sans le vouloir. Quelques tres suivants aux productions diverses des détails pris au hasard mettront le lecteur au écrivains étrangers, afin de pouvoir rectifier courant de mes pensées; j'aime à croire que certaines erreurs, qui sont encore jusqu'ici à l'on ne m'accusera pas, d'avoir opposé de la l'ordre du jour tant en France qu'en Angle-partialité à la partialité. Il n'est pas rare terre. Sans nous interrompre dans nos ré- aujourd'hui de trouver des personnes qui flexions générales, nous aurons l'occasion d'y quoique nées en Pologne vivent en France, exposer nos opinions sur les divers objets que en bonne harmonie avec les Français, les nous pourrions rencontrer dans cette revue. Anglais, les Allemands, les Italiens, les PoloLa politesse sociale et l'influence qu'a exer- nais, comme Madame de Staël vécut jadis en cée à l'étranger l'ouvrage de Madame de Allemagne; elles ont sans doute regretté Staël, nous impose le devoir de la mettre en comme elle leur patrie, les lieux de leur nais.

CHAPITRE II,

Les auteurs étrangers,

MADAME DE STAEL.

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De cette promenade à travers le luxe de la nature, nous conduirons le lecteur dans les régions politiques, qui ont inspiré à Madame de Staël les réflexions suivantes :

"Cette division de l'Allemagne si funeste à sa force politique, était cependant très favorable aux essais de tout genre que peuvent tenter le génie et l'imagination. Il y avait une sorte d'anarchie douce et paisible en fait d'opinions littéraires et métaphysiques, qui permettait à un homme le développement entier de sa manière de voir."

sance, de leur berceau, de leur enfance, de la nature, ce n'est certainement pas par le luxe leur jeunesse; mais comme elles savaient de leurs jardins, car les jardins ressemble nt d'avance qu'elles ne retrouveraient pas en ordinairement à la nature, comme l'homme à France ce qu'elles ont dû abandonner, elles la mode, entortillé dans sa cravate, dans son se sont résignées et ont pris les choses telles pantalon collant, dans son habit serré, resqu'elles se presentaient et non pas comme semble au bon campagnard à la mine toute elles avaient l'habitude de les prendre. Ma- patriarcale. Nous devons, du reste, convenir dame de Staël n'est pas contente de l'Alle- que les Allemands ont fait d'énormes promand parcequ'il ne ressemble pas au Fran- grès dans l'économie politique, car ils savent çais; je suis mécontent du livre de Madame faire du luxe avec bien peu de chose. de Staël parcequ'il est trop Français; c'est à dire que tout y est sacrifié à la belle forme, ce qui me rappelle l'Arlequin que Madame de Staël a vu à Vienne, arrivé revêtu d'une grande robe et d'une magnifique perruque et qui tout à coup s'escamotait lui-même. Oui, il s'escamotait lui-même et devinez, chers lecteurs, ce qu'il nous a laissé, ou plutôt ce qu'il a laissé à la societe Viennoise? Il lui a laissé debout, sa robe et sa perruque pour figurer à sa place, et s'en allait vivre ailleurs! Entrons en matière. "Leur imagination," dit Madame de Staël, “se plaît dans les vieilles Je ne sais quelle opinion l'on peut avoir de tours on dirait que les Allemands sont des cette phrase; quant à moi je ne me serais jacorbeaux-dans les crénaux, et les revenans mais figuré que le génie des Anglais et des et les mystères d'une nature rêveuse et solitaire Français se développe moins que celui des forment le principal charme de leur poésie." Allemands, parcequ'il ne jouit pas de l'agréIl est malheureusement trop vrai que l'Al- ment de faire viser son passeport trois fois par lemand de nos jours, doué de tant soit peu jour, par trois différentes autorités; de faire d'imagination, doit s'arranger de manière que fouiller ses effets par trois différentes douanes, cette imagination se plaise dans les vieilles et se faire suivre par trois différens agens de tours, où il peut s'amuser avec les revenans, la police secrète, qui tiennent sous clef tout qui lui remplacent son maître d'histoire : quant le génie de l'Allemagne. Cette douce et paiaux mystères d'une nature rêveuse, je n'y com-sible anarchie en fait d'opinions littéraires et prends rien. Je sais ce que, du reste, tout métaphysiques, permettait peut-être à Madame le monde pourrait savoir aussi bien que moi: de Staël le développement entier de sa manique la nature peut dormir; mais ce que j'igno- ère de voir individuelle: quant à moi je n'ai rais complettement c'est qu'elle pouvait rêver, et rêver des mystères qui forment le principal charme de la poésie. Il faut donc convenir que la nature est bien plus avancée en Allemagne que par tout ailleurs; et malgré cette importante découverte, nous remarquons dans un autre chapitre du livre de Madame de Staël, qu'en Allemagne "il n'y a que les villes litteraires qui puissent vraiment intéresser, car la société est nulle et la nature peu de chose." En parcourant ce peu de chose, l'aspect de l'Allemagnel ui fait jeter quelques faibles regards sur les jardins; c'est sans doute peu de chose que les jardins, mais voyons toujours ce que Madame de Staël nous en dit, "Les jardins sont presque aussi beaux dans quelques parties de l'Allemagne qu'en Angleterre; le luxe des jardins suppose toujours qu'on aime la nature."

Je n'ai jamais su comprendre le rapport du luxe avec la nature, et je ne le comprends pas encore. Il me semble que l'un finit toujours là où commence l'autre, et qu'il n'y a au monde rien qui dénature plus la nature que le luxe. Les Allemands aiment la nature dans leurs jardins, dans leurs prairies, dans leurs rapports avec la société, dans leur poésie, dans leur amour, c'est vrai, c'est même très vrai. Mais le luxe estropie la nature dans les jardins, abîme les prairies, gâte l'homme dans ses rapports avec la société, surcharge la poésie et détruit l'amour. Or, si Madame de Staël s'est aperçue que les Allemands aiment

jamais joui de ces avantages, pas plus que tous les autres écrivains étrangers ou Allemands, qui ont une manière de voir à eux et de voir tant soit peu clairement. Je conçois que Mde. de Staël, exilée de la France impériale, avait besoin de ménager l'hospitalité de l'Allemagne; mais il me semble inconvenant et déplacé de chercher un mérite quand même ce ne serait qu'un mérite littéraire et philosophique-dans ce qu'il y a de plus outrageant pour le caractère national, et de plus dégradant pour la position politique d'un pays, qu'elle se plaît elle même à signaler par sa position géographique, le cœur de l'Europe, en y ajoutant, que la grande association continentale ne saurait retrouver son indépend ance que par celle de ce pays."

Or si cette anarchie dans le cœur de l'Europe ne perd pas un peu de sa douceur et de son caractère paisible, si elle ne parvient pas à mettre un peu d'ordre dans su littérature et sa philosophie, comment retrouver l'indépendance de la grande association continentale? Il est vrai que les temps ont changé, depuis que Madame de Staël a fait son ouvrage, mais ce qui paraît honteux aujourd'hui ne le fut pas moins alors. Ce cœur palpitant de douces et paisibles anarchies dans trente-quatre différens états, n'aurait pas moins de développement dans sa littérature et sa métaphysique, s'il ne servait qu'à animer un seul et grand corps tel que la situation géographique l'a fait. La division de

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