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le même barreau de l'échelle, comme sol et solb, ré et réb, etc. Il remarque aisément que le nombre de bémols dans l'un de ces tons est complément du nombre de dièses dans l'autre, pour faire toujours le nombre sept. Par exemple, il voit deux dièses en ré et cinq bémols en réb, quatre dièses en mi et trois bémols en mib, etc.; je lui fais voir que ce fait dépend d'un principe plus général, qui est qu'en abaissant la tonique de demi-ton mineur, la gamme perd sept dièses ou acquiert sept bémols, et que c'est le contraire quand on élève la tonique de demi-ton mineur.

Du mode mineur.

Quoique je n'aie rien dit du mode mineur jusqu'ici, pour ne pas interrompre la théorie de la formation des tons, je n'ai pas laissé, chemin faisant, d'y exercer mon élève, surtout au mode mineur de la, dont je lui ai appris à lier les phrases avec celles d'ut majeur. J'ai premièrement bien fixé son idée sur ce qui caractérise ce goût de chant, et qui le distingue du mode majeur d'ut, avec lequel néanmoins il a des notes communes, tout comme en ont les tons majeurs entr'eux. C'est par l'accord de la base qu'il a d'abord senti la différence des deux modes, différence qui ne vient que de la mé

diante, comme on l'a vu ci-devant; il l'a sentier ensuite dans l'insertion du sol dièse à la place du sol pour donner une sensible à ce mode, et quelquefois encore dans l'insertion du fa dièse à la place du fa pour monter de la dominante à la tonique. Mais ce qui l'a frappé davantage, et que je lui ai fait bien observer, c'est la nonpermanence de ces deux dièses et les quatre variétés qu'ils produisent dans le second tétracorde de la gamme, dont l'une, mi fad sold la, appartient distinctement au mode majeur de la; dont l'autre, mi fa sol la, offre un ordre réciproque au précédent entre les trois intervalles de seconde qu'on y voit; et dont les autres, enfin, présentent, soit en elles-mêmes, soit par leur réunion avec le premier tétracorde, des espèces d'intervalles qu'il était loin de soupçonner, et que cependant il a chantés plusieurs fois avant de s'apercevoir qu'ils étaient d'une espèce nouvelle je veux parler des intervalles maximes et minimes, ou, en d'autres termes, augmentés et diminués.

La première fois que je fis passer devant lui un de ces intervalles, ce fut, par exemple, sold ut, ou celui-ci sold fa, qui sont dans le mode mineur; il put alors éprouver un moment d'embarras; mais il fut bien facile de l'en tirer;

comme je l'ai déjà fait voir dans une circonstance pareille à l'origine des leçons. Pour le répéter ici en deux mots, je n'ai eu qu'à prendre un son dont les intervalles au sold et à l'ut lui fussent assez familiers; le la, par exemple, ou le si, ont pu servir à cette opération, c'est-àdire, , que je n'ai eu qu'à faire succéder ces deux chants dans cet ordre la ut-sold la, ou bien faire répéter ce trait: ut si la sold. On voit de même ce que j'ai dû faire pour l'intervalle sold fa ou pour tout autre.

Quand il sut chanter ces deux intervalles, je dus lui faire observer qu'ils ne ressemblaient à aucun de ceux qu'il avait chantés jusqu'alors. Pour cela, je l'interrogeai à l'ordinaire sans le prévenir de rien. Qu'est la quarte sold ut, lui demandai-je ? Il me répondit par ce raisonnement : D'abord, la quarte sol ut est mineure, par conséquent, la quarte sold ut est....... est moins que mineure; mais cela peut-il être, nous n'en avons jamais vu de telle?...... N'importe, lui dis-je ; voici la première, et le raisonnement qui nous l'a fait découvrir est fort juste. De même, continuai-je, qu'est la quinte ut sold? Alors il répondit avec assurance: Elle est plus que majeure, parce que déjà ut sol est une quinte majeure, et que le sol, en devenant dièse,

s'éloigne de l'ut. Il vit de même ce qu'était la septième ou la seconde sold fa: l'une moins que mineure, l'autre plus que majeure; je n'eus donc qu'à lui dire qu'on appelle maximes ou augmentés les intervalles plus que majeurs, tandis qu'on appelle minimes ou diminués les intervalles moins que mineurs. Il est clair que c'est toujours l'élève qui découvre l'idée nouvelle dans la route que je lui fais suivre, et que je ne viens qu'après lui pour y poser une étiquette, y mettre un nom.

Nous avons dit autrefois comment le dièse ou le bémol peut faire passer un intervalle du majeur au mineur, ou réciproquement; il est aisé de voir ici comment ces mêmes altérations peuvent le faire passer du majeur au maxime, ou du mineur au minime, et vice versa: de sorte que l'élève est à présent en état de résoudre cette question générale un intervalle quelconque étant donné par bécarre, par dièse, ou par bémol, dire à laquelle des quatre espèces il appartient, c'est-à-dire, s'il est majeur ou mineur, maxime ou minime.

Nous avions vu aussi que le majeur a pour complément le mineur, et vice versá; nous voyons de même à présent que le maxime a pour complément le minime, et réciproquement.

Je fais remarquer encore à mon élève que dans l'analogie de nos définitions d'intervalles, celui que nous avions appelé demi-ton mineur pourrait s'appeler unisson augmenté, et que son complément ou renversement donne l'octave diminuée; qu'aussi l'intervalle plus petit fad solb, ou mi fab, ou mid fa, qu'on appelle comma, ou quart de ton chez les musiciens (1), est une vraie seconde diminuée, dont le complément est une septième augmentée. En outre, je l'avertis que la quinte mineure si fa, déjà improprement appelée fausse quinte, est encore plus improprement appelée quinte diminuée, et que la quarte majeure fa si, soi-disant fausse quarte, est dite encore mal à propos quarte augmentée. L'élève voit bien que c'est si fab ou sid fa qui serait la quinte diminuée, et que c'est le renversement de ces intervalles qui ferait la quarte augmentée; aussi il se récrie sur ce que l'on prend ainsi les mots à contre- sens dans la musique plus qu'ailleurs je lui réponds que c'est l'usage, car ce mot sert à expliquer beaucoup de choses.

(1) Ce petit intervalle n'est point exactement le quart d'un ton ou d'une seconde majeure; selon l'expérience citée à la note de la page 8o, il serait la moitié du démi-ton mineur, le tiers du demi-ton majeur, et par conséquent la cinquième partie d'un ton entier.

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